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La mer nous interdit tous secours étrangers:
L'audace vaut le nombre et croît par les dangers.
Le retour des proscrits couronnait l'entreprise :
Qui la décidait? nous; l'instant nous favorise.
Déjà, par la prière aux autels rappelé,

Le peuple dans le temple en foule est assemblé.
Offrons un sacrifice affreux, mais nécessaire,
Apparaissons soudain au pied du sanctuaire;
Courons le glaive nu, le bras ensanglanté,
En proférant ces mots : Vengeance et liberté!
Que cette multitude, au carnage animée,

Se lève devant nous et devienne une armée.
Soutenons la valeur de ces soldats nouveaux
Par nos deux cents guerriers vieillis sous les drapeaux.
Pour arrêter mes pas quelques faibles cohortes
Du palais à la hâte ont occupé les portes;
Prévenons leur défense, et, le fer à la main,
Dans leurs rangs dispersés ouvrons-nous un chemin...
Écoutez... l'airain sonne, il m'appelle, il vous crie
Que l'instant est venu de sauver la patrie.
Vous frémissez, amis, d'un généreux transport;
Je le vois, ce signal est un arrêt de mort.
Venez, le cœur rempli d'une sainte assurance,
Reconquérir vos droits et votre indépendance;
Venez, allons venger nos femmes et nos sœurs :

Que Palerme se plonge au sang des oppresseurs.
Frappons, et de leur tête arrachons la couronne.
A ces profanateurs, que Dieu nous abandonne,
Rendons guerre pour guerre et fureur pour
Dieu les terrassera d'une invincible horreur...
Il promet à vos mains la victoire et l'empire...
Venez, marchons; c'est lui, c'est Dieu qui nous inspire!

SALVIATI.

fureur :

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Tous contre un seul guerrier

Plongé dans le sommeil... mais un bras doit suffire.

Eh! qui le frappera?

PROCIDA.

LORÉDAN.

Moi!

SALVIATI.

Vous! qu'osez-vous dire!

PROCIDA.

L'honneur du premier coup sans doute m'appartient:

J'ai droit de le céder, et c'est lui qui l'obtient.

Va, redeviens mon fils. Vous lui faites outrage:

Pour garant de sa foi, je me livre en otage.

Mes jours sont dans tes mains, marchons.

SCÈNE V.

LORÉDAN.

Il mourra. Voilà donc l'instant si désiré

Je l'ai juré.

D'éteindre dans son sang la soif qui me dévore!
Oui, je le punirai, ce rival que j'abhorre.
Mais loin de me flétrir par un assassinat,

Je lui dirai : Montfort, je t'appelle au combat.
Il vient... il va périr... Que vois-je? il est sans armes !

SCÈNE VI.

LORÉDAN, MONTFORT.

MONTFORT.

Lorédan, mon ami, pourquoi ces cris d'alarmes?
Quel tumulte a chassé le sommeil de mes yeux?
J'appelle en vain Gaston... quelques séditieux
Peut-être à les punir ont forcé son courage.

Que viens-tu faire ici?

LOREDAN.

MONTFORT.

Quel étonnant langage?

Tu trembles, tu pâlis...

LORÉDAN.

Cherches-tu le trépas?

Que me dis-tu?

Moi, te fuir!

Eh bien?

MONTFORT.

LOREDAN.

Va-t'en, et ne m'approche pas.

MONTFORT.

LORÉDAN.

Il le faut... fuis... mon devoir m'ordonne...

MONTFORT.

De t'immoler.

LOREDAN.

MONTFORT.

Frappe donc !

LORÉDAN.

Je frissonne...

Je croyais te haïr... Ciel! où porter tes pas?

Le peuple mutiné massacre tes soldats.

MONTFORT.

Il frémira de crainte à ma seule présence.

LORÉDAN.

Téméraire, où vas-tu? désarmé, sans défense,

Arrête... avec ce fer tu m'as fait chevalier,

Tiens,prends,prends...défends-toi;meurs du moins en guerrier!

MONTFORT.

Ce fer va châtier leur insolente audace...

LORÉDAN, l'arrêtant au fond du théâtre.

Pour la dernière fois que ton ami t'embrasse!
MONTFORT, se jetant dans ses bras.

Lorédan!

LOREDAN.

C'en est fait! Nous sommes ennemis

:

Va mourir pour ton maître, et moi pour mon pays!

(Il sort d'un côté et Montfort de l'autre.)

FIN DU QUATRIÈME ACTE.

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