Voilà, Salviati, le fruit de mes efforts. Contre nos oppresseurs tout s'unit au dehors : SALVIATI. Vous les verrez, seigneur, prêts à tout entreprendre. Eberard de Fondi, Philippe d'Aquila, Oddo, Loricelli, Mario, Borella, Voulaient fixer sans vous la sanglante journée Nous laissons pressentir des changemens heureux; Vous arrivez enfin... PROCIDA. Mon fils est-il instruit? SALVIATI. Par quelques faits brillans ce Montfort l'a séduit. PROCIDA. Mon fils serait l'ami...! Quel est donc ce Français ? SALVIATI. Superbe, impétueux, toujours sûr du succès, Pousse la loyauté jusques à l'imprudence; Il pourrait immoler, sans frein dans ses désirs, PROCIDA. Et voilà ces vertus que Lorédan estime ! Mon fils peut caresser la main qui nous opprime? Mais il vient, laisse-nous; va dire à nos amis Que l'espoir du succès leur est enfin permis. SCÈNE II. PROCIDA, LORÉDAN. LOREDAN. Vous m'êtes donc rendu! Je vous revois, mon père! O bonheur !... Mais pourquoi ce front triste et sévère? PROCIDA. Est-il vrai, Lorédan, qu'un maître impérieux Commande dans ces murs tout pleins de vos aïeux ? LORÉDAN. De ce bruit offensant méprisez l'imposture, PROCIDA. Vous ! LOREDAN. Nous devons ensemble affronter les hasards, Suivre d'un pas égal les mêmes étendards : PROCIDA. De l'empire embrassant la querelle, Le destin des combats peut vous être infidèle; Alors de ces hauts faits qu'attendez-vous?... LORÉDAN. L'honneur, Si fidèle aux Français, même dans le malheur! PROCIDA. N'en attendez, mon fils, que regrets et que honte; Quels que soient les dangers que votre ardeur affronte, Les Français dans les camps vous seront préférés : Songez-vous aux chagrins que vous vous préparez ? Croyez-vous que le roi, distinguant votre audace, Daigne illustrer un sang qu'il accepte par grace? Quand l'esclave imprudent pour ses maîtres combat, Tout son sang prodigué se répand sans éclat. Mais je veux qu'on vous laisse une part dans la gloire: Que produit pour l'état cette noble victoire? Que sont dans leurs succès les peuples conquérans ? Des sujets moins heureux sous des rois plus puissans. Vous flattez nos tyrans; aux premiers feux du jour, Oubliez-vous aussi ce prince infortuné, Conradin, sans défense à l'échafaud traîné? Ne vous souvient-il plus du serment qui vous lie Au pur sang de nos rois? LORÉDAN. J'en atteste les cieux ! Le jour de ses clartés aura privé mes yeux, |