Images de page
PDF
ePub

Est-il trop lent, trop froid, ou bizarre, ou brusqué?

[blocks in formation]

La raison... je viens de vous la dire.

[blocks in formation]

Un éloge est charmant,

Il enivre un auteur qui l'obtient justement;

Son talent s'en accroît, tout lui semble possible.

La critique d'un sot est encor plus sensible!
Eh quoi! mon dénoûment qu'on a trouvé si bon...
Il a tort... très grand tort... Dieu! s'il avait raison!...
J'ai plaint cent fois Damis dans la Métromanie;
Mais, au fond d'un château quand son mauvais génie
L'abandonne à l'horreur d'un noir pressentiment,
Il est seul, nul fâcheux n'irrite son tourment;
Il n'a dans ses terreurs d'ennemi que lui-même.
Si son malheur est grand, ma misère est extrême,
Horrible, insupportable : accablé d'embarras,
Pressant l'un, soufflant l'autre, arrêté par le bras,
Pour qu'un indifférent me flatte ou me censure,
Je vois tous les regards poursuivre ma figure.
Comment cacher mon trouble? où fuir les curieux?
Eh bien ! regardez-moi, traîtres, de tous vos yeux...
Un pauvre auteur qui tombe est-il une merveille?
Qu'entends-je? un bruit sinistre a frappé mon oreille...
Non... ma tête se perd... O toi que ton destin
Pousse pour ton malheur dans ce fatal chemin,
Qui crois le voir semé de lauriers et de roses,
Tiens, contemple mon sort, et poursuis si tu l'oses.

SCÈNE V.

VICTOR, PEMBROCK.

PEMBROCK, dans la coulisse.

Je veux entrer, faquins, et c'est trop in'arrêter;
Je suis milord Pembrock, faut-il le répéter?

[blocks in formation]

Mon bras s'est exercé sur vos laquais dorés;

J'ai forcé la consigne, et vous m'écouterez.
Voyez la perfidie...

VICTOR.

Eh! chacun son affaire.

PEMBROCK.

C'est elle, j'en suis sûr.

VICTOR.

Qui vous dit le contraire?

PEMBROCK.

Ah! vous convenez donc enfin qu'on m'a trompé?
Achevez; le seul mot qui vous est échappé
Prouve que rien ici n'est pour vous un mystère :
Vous parlerez.

VICTOR.

Morbleu!

PEMBROCK.

Vous ne pouvez vous taire.

VICTOR.

Est-on plus malheureux!

PEMBROCK.

Hem! quelle trahison!

VICTOR.

C'est être assassiné d'une horrible façon.

PEMBROCK.

Horrible, ah! oui, monsieur, horrible, abominable.

VICTOR.

Voulez-vous me laisser, fâcheux impitoyable?

PEMBROCK.

Nommez-moi la suivante.

[blocks in formation]

Figurez-vous, monsieur, que l'œil fixé sur elle,
Je crus pendant long-temps ma lorgnette infidèle;
Mais au quatrième acte où, pour tromper Frontin,
L'ingrate dit : Je t'aime, et lui promet sa main,
J'ai reconnu sa voix, ce ton fait pour séduire,
Cet accent de l'amour...

VICTOR, enchanté.

La scène a donc fait rire?

PEMBROCK.

Pas moi, je vous le jure; indigné, furieux,
J'ai déserté ma loge et j'accours en ces lieux.
Eût-elle d'Apollon tous les dons en partage,
Puis-je lui pardonner un si sanglant outrage?
Je veux, je veux la voir; guidez-moi.

VICTOR.

Pas du tout!

Vous troublericz son jeu.

« PrécédentContinuer »