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AVERTISSEMENT.

E

Le lecteur eft prié d'observer que les fatires de Perfe font prefque toutes des dialogues. Les deux perfonnages qui font fuppofés en fcene, feront diftingués par des lettres initiales. Dans la premiere fatire la lettre A indique que c'est un ami qui parle au poëte, & la lettre P marque que c'eft Perfe qui répond, & ainfi des autres. Lorfque le dialogue fera entre des perfonnages fictifs, & qui ne font point en fcene, le figne divifera les interlocutions. Les guillemets feront employés lorsqu'un des interlocuteurs répete, ou eft fuppofé répéter les difcours de l'autre. Les mots qui ne font point du texte, & qu'on a ajoutés pour lier les paffages, feront enfermés entre deux crochets [...].

EXPLICATION DE L'ESTAMPE.

LA figure principale représente Perfe. D'une main il démafque un hypocrite, de l'autre il lui appuie le trait de la fatire fur la poitrine qui eft découverte par deux jeunes fatires. L'un de ces enfans arrache à l'hypocrite fa fauffe chevelure. Un troisieme enfant préfente un miroir à l'homme démafqué. On y voit de profil fon mafque & fon visage. Le mafque a toute la candeur de la vertu, & le vifage la difformité du vice. Un quatrieme enfant trempe un nouveau trait dans une coquille fuppofée pleine de fiel. Derriere le poëte font encore deux petits fatires. L'un fait des boules de favon, l'autre les reçoit & les creve. Ceci fait allufion aux poëtes ampoullés que Perfe a frondés. Perfe foule aux pieds le bufte d'un poëte cou ronné de laurier.

AULI

AULI PERSII

SATIRE.

SATIRES

DE PERSE.

A

2

PROLOGUS.

NEC fonte labra prolui caballino :

Nec in bicipiti fomniaffe Parnaffo
Memini, ut repentè fic poëta prodirem.
Heliconiadasque, pallidamque Pirenen
Illis relinquo, quorum imagines lambunt
Hederæ fequaces: ipfe femipaganus
Ad facra vatum carmen affero noftrum.
Quis expedivit pfittaco fuum kaïre?
Corvos quis olim concavum falutare?
Picafque docuit verba noftra conari?
Magifter artis, ingenîque largitor
Venter, negatas artifex fequi voces.
Quòd fi dolofi fpes refulserit nummi
Corvos poëtas, & poëtrias picas
Cantare credas Pegafeïum melos,

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PROLOGUE.

JE ne me fuis point abréuvé à la fontaine que le

coup de pied d'un cheval a produite; je ne me fou→ viens pas d'avoir dormi fur la double cime du Par naffe, pour être tout à coup devenu poëte. J'abandonne les habitantes de l'Hélicon & la pâle Pirene, à ceux de qui le lierre flexible a couronné les ftatues. Je fuis un demi-payfan, qui viens apporter mon ouvrage dans le fanctuaire des poëtes.

Qui donc fit articuler au perroquet fon bonjour? Qui donc apprit au corbeau à tirer du fond de fon gofier un rauque falut? Qui donc inftruifit la pie à imiter nos paroles? La maitreffe des arts, la faim qui donne le génie, qui enseigne à rendre des fons que la nature avoit refufés. Faites briller l'efpérance trompeufe d'un écu, les corbeaux & les pies, devenus poëtes & poéteffes, entonneront des chants que vous prendrez pour le concert des Mufes.

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