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ut docent nonnulla ejus opuscula Tolosa typis mandata1.» Nous n'avons pu trouver jusqu'ici que le titre de deux de ces publications, dont l'une au moins paraît être avant tout un ouvrage de piété2; mais il est à croire qu'il y en a d'autres. Deux pièces originales assez curieuses, rédigées par Baricave, sont au surplus conservées aux archives de la Haute-Garonne dans la liasse qui concerne l'archiprêtré de Verfeil, dont notre personnage était titulaire. L'une d'elles est un rapport de 1591 sur la situation et les mœurs de chacun des prètres de cette localité, et l'autre est un état détaillé de l'organisation de la paroisse, dressé en 1596 ou peu auparavant. Dans cette seconde pièce, Baricave nous donne plusieurs renseignements sur son compte, et en les combinant avec ceux que fournit un procès-verbal de visite de la paroisse, d'octobre 1596 (même liasse), et avec quelques autres mentions tirées des archives communales de Verfeil, on rétablit assez bien les premières étapes de sa carrière.

C'est ainsi que l'on voit que Baricave était né vers 1562, et qu'après avoir obtenu le grade de docteur à Angers, il fut nommé curé et archiprêtre de Verfeil en 1591. Il résida d'abord dans cette paroisse; mais tout en conservant ce bénéfice, il ne faisait plus résidence en 1596, l'archevêque l'ayant appelé auprès de lui et nommé chanoine de son église3. Il a été déjà dit qu'il devint official en 1597.

1. Ouvr. cité, pp. 302 et 310. Aux pages 103 et suiv., on voit Baricave occuper l'emploi d'official et de juge métropolitain de 1601 à 160; mais il n'était plus qu'official en 1616 (p. 165).

2. Le guide de l'âme pénitente, par Baricave, docteur en théologie, Toulouse, 1615 (Mém. de la Soc. archéol du Midi, V, 65); La Mort de P. de Savois, par Jean Baricave, 1655 (Notice sur l'imprim. à Castres, par M. Pradel, p. 24), à moins que cet ouvrage ne soit dû à un pasteur de Castres du même nom. (Nicolas, Hist. de l'Acad. protest. de Montauban, p. 408.)

3. L'état adressé à l'archevêque vers 1595 ou 1596 cite alors comme archiprêtre de Verfeil « Me Jean Barricave, docteur en théologie, aagé de trente-deux ans, lequel y a résidé combien qu'il n'y eust habitation, jusqu'à ce qu'il vous pleust, Monseigneur, luy fere cest honneur de l'appeler à votre service ». Les comptes des consuls de Verfeil montrent que ces officiers étaient en procès avec Me J. de Varicave, archiprêtre en 1592; ceux de l'hôpital de cette ville le citent aussi à cette époque, mais déjà M® Lance était archiprêtre en 1602.

Quant à la patrie de Baricave, on s'égarerait complètement si, d'après son titre de docteur de l'Université d'Angers, on le croyait originaire d'un pays éloigné. Il était tout simplement natif de Blagnac, ainsi que nous l'apprend la visite ci-dessus citée de 1596, qui fut faite par Jean Chabanel, l'historien de la Daurade. « Le recteur ou curé de Verdfueilh, dit ce document, est Me Johan Barricave, natif de Blaniac, aagé de trente-cinq ans ou environ, chanoine pénitentié de l'église Saint-Estienne de Tholose et docteur en théologie de l'Université d'Angiers, proveu cinq ans y a de cest archiprestré. Cette origine est confirmée, du reste, par l'existence bien constatée de plusieurs membres de la famille du même nom parmi les propriétaires fonciers de Blagnac en 15301.

SIMON DE LALOUBÈRE.

Nous arrivons maintenant à un contemporain de Louis XIV, å Simon de Laloubère, qui fut à la fois littérateur et diplomate. C'est le même qui par ses démarches fit ériger en Académie royale le collège des Jeux-Floraux; et c'est lui encore qui, l'un des premiers, fut chargé de faire pénétrer l'influence politique de la France dans la péninsule indo-chinoise.

La Biographie toulousaine et les grands dictionnaires historiques 2 indiquent Toulouse comme la patrie de ce personnage; mais est-ce d'après des documents bien authentiques ou ne font-ils que se baser sur des renseignements fautifs ou sur de simples présomptions? Ce qui porte à croire que c'est ce dernier système qui les a guidés, c'est que nous savons d'abord que sa famille n'était pas originaire de Toulouse, mais plutôt de la région de Montesquieu-Volvestre 3;

1. Voyez l'intéressant ouvrage de M. Lavigne sur cette localité : Hist. de Blagnac, p. 58.

2. Moréri, Larousse, etc.

3. Nous trouvons, en effet, que son oncle, le mathématicien Lalou

et, de plus, c'est que des notes rédigées peu de temps après sa mort font positivement de cette dernière ville la patrie de notre Laloubère. Ces notes, qui sont conservées aujourd'hui à la Bibliothèque nationale, font partie des divers documents que les continuateurs de dom Vaissète avaient rassemblés, et qu'ils destinaient à la description géographique de la province. Voici textuellement ce qu'on lit dans cette collection relativement à la petite ville de Montesquieu-Volvestre, arrondissement de Muret1: « Cette ville a donné le jour à deux hommes qui se sont rendus célèbres, l'un dans l'Église, et l'autre dans la République des lettres. 1° Messire Barthélemy de Donadieu de Griet, évêque de Comminges, naquit à Montesquieu, le 24 août 1592, etc. (renseignements connus et tirés sans doute de la Vie de ce prélat, écrite par le fécond Et. Molinier); 2° Me Simon de Laloubère, seigneur de Montesquieu, le Carla, Saverdun, de l'Académie françoise et de celle des belles-lettres, envoyé du roi à Siam, naquit au mois de mars 1642. Il mourut dans son château de Montesquieu, le 26 mars 1729, âgé de quatre-vingt-sept ans. Il savait le grec, le latin, l'italien, l'espagnol et l'allemand. Il a composé plusieurs ouvrages. (Voy. le P. Niceron, Mémoires, etc., t. XXVI, p. xv et suiv.) »

Il nous paraît que ce témoignage, qui s'appuie sans doute sur des renseignements fournis par le curé de Montesquieu, et qui doit remonter pour ainsi dire à l'époque même de Laloubère, doit être préféré à l'assertion des historiens qui n'ont guère connu notre auteur que de nom, et qui presque tous ont vécu longtemps après lui. Encore cette fois, nous restons persuadé que si l'on entreprend de plus amples recherches sur ce sujet, on arrivera à confirmer l'opinion que

bère, était né en 1600 dans le diocèse de Rieux (Dict. encycl. de la France, par Lebas), et cette circonstance, ajoutée à la forme toute gasconne de son nom (il serait Laloubière en languedocien) nous laisse persuadé que cette famille habitait déjà le château de Laloubère, situé près de Montesquieu. (Voir carte de Cassini.) Moréri ajoute d'ailleurs que Simon avait un frère qui vivait lui-même dans cette dernière ville.

1. Coll. de Lang., t. XX.

nous venons de soutenir; mais, pour mettre les choses au pis, aboutirait-on à un résultat opposé que l'on reconnaîtrait, nous l'espérons, que les indications fournies par la Collection de Languedoc méritaient toujours d'être tirées de l'oubli1.

Les renseignements qui viennent d'être donnés sur la patrie de quelques-uns de nos anciens Toulousains ne sont pas les seuls de ce genre que nous ayons recueillis; mais nous devons nous arrêter ici, afin de ne pas retenir plus longtemps l'attention de l'Académie au préjudice de questions plus importantes. S'il était reconnu, d'ailleurs, que ces quelques remarques méritent réellement un accueil indulgent, il serait toujours facile de les compléter par des communications ultérieures.

1. La Bibliothèque de Toulouse a un manuscrit de Laloubère (Cat., p. 333). Rappelons aussi qu'un fac-simile de sa signature a été publié dans le Musée des arch. nat., p. 562.

8 SÉRIE. TOME IX.

26

NOTICE

SUR

LA VIE DU POÈTE RANCHIN

(1616-1692)

PAR M. CH. PRADEL1.

Tout le monde connaît ce joli triolet que Ménage appelait le roi des triolets:

Le premier jour du mois de mai
Fut le plus heureux de ma vie :
Le beau dessein que je formai
Le premier jour du mois de mai !

Je vous vis et je vous aimai.
Si ce dessein vous plût, Sylvie,
Le premier jour du mois de mai
Fut le plus heureux de ma vie.

On sait par cœur ces vers, mais on ignore, en général, à qui l'on doit cette bluette égarée dans une foule de recueils, depuis le dix-septième siècle jusqu'à nos jours. On l'a attribuée à l'esprit facile de l'académicien Etienne Pavillon, à La Fontaine mème. Vous la trouverez aussi bien souvent sans nom d'auteur. Cependant, on l'accorde aujourd'hui à Ranchin. Mais quel est ce Ranchin? La Nouvelle biographie générale n'en dit pas un mot. Si vous vous adressez aux

1. Lu dans la séance du 10 mars 1887.

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