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<<et surintendant des hôpitaux seront tenus y fournir, << pourvoir et suppléer ainsi qu'il a esté accoustumé, le temps « passé. » Quant aux comptes respectifs des deux maisons, deux délégués de chacune de ces maisons devaient assister à leur examen. Et comme il y avait eu déjà prise de possession par l'hôpital Saint-Jacques du Bout-du-Pont des meubles appartenant à la confrérie du Taur, l'appointement réglant cette situation, continue: « Et dedans quinze << jours, les dits surintendants retourneront à ladite maison « de la confrérie, les lits et autres choses que on dict y << avoir esté prinses ou ce qui en reste pour le service des << dits enfants, le tout par provision, jusqu'à ce que autre<<ment en soit ordonné. » L'affaire ne devait pas en rester là. Le syndic des hôpitaux, voyant sans doute que ces enfants n'étaient pas suffisamment entretenus par les bailes de la confrérie, les fit mettre à l'hôpital de la Grave, « les a << récaptez et mis à l'ospital ancien de la Grave, » dit une requête fournie dans la suite de l'instance.

Mais là, ils devaient courir un grave danger une inondation survint, celle de l'année 1523. « La rivière de Garonne se inonda et vint grosse merveilleusement de nuyt, tellement qu'elle ruyna et fit tomber par terre une grande partie du dict hôpital » de la Grave. Le quartier des petits enfants fut envahi par les eaux, et c'est avec grand' peine qu'on put les sauver et emporter les meubles et ustensiles qui les concernaient. Dans ce danger extrême, ils ne pouvaient d'ailleurs y demeurer, car la requête mentionne dès cette époque que cet hôpital « estoit fort mal hédifié, humide, raumatique, obscur, froid, malsain »; les enfants y souffraient, y mouraient en grand nombre. Le syndic de l'hôpital SaintJacques de Bout-du-Pont était donc de plus fort autorisé à demander leur maintien dans l'hôpital du Taur et l'exacte application des règlements donnés par le Parlement.

En 1536, le 5 décembre, on proposa de déménager les enfants de l'Hôtel-Dieu; seulement, les temps étaient bien durs et cette concentration des enfants ne pouvait être aisément accomplie. Ce fut jugé même impossible, à preuve la combi

naison suivante qui fut imaginée. On proposa à divers couvents de la ville de se charger de ces enfants. Les Jacobins, les Augustins acceptaient; les Carmes en prenaient quatre si on les habillait; les Frères de Sainte-Marie, deux si on leur donnait deux setiers de blé; les Croisiers', les Trinitaires faisaient de semblables conditions; quant aux Pères de Saint-Roch, ils refusaient absolument d'en prendre aucun.

Cette mesure ne dut probablement pas être exécutée ou ne le fut pas longtemps, puisqu'en 1538, ces pauvres enfants étaient encore très mal nourris dans cet hôpital. On chercha alors à les placer dans certaines bonnes maisons de la ville, chez Mme de Fontbauzard. En 1539, ils mouraient faute d'espace, ce qui témoigne qu'à l'instar des couvents, les maisons notables de Toulouse avaient montré peu d'empressement dans l'accomplissement de ces actes de charité.

Puis vinrent, au grand détriment du soin des enfants, des temps difficiles, de brouille, de procès entre le syndic des hôpitaux et la confrérie du Taur au sujet de la vente de la maison et de la division du prix, etc. L'oeuvre hospitalière était bien finie, et certes ce n'était pas ainsi que les fondateurs de cette maison eussent voulu voir se terminer leurs dispositions charitables.

N'oublions pas les bienfaiteurs de cette maison: Pierre de Anoya, 1344; Bernard Martial, 3 octobre 1357; Arnaud Vidal, 4 août 1361; Germain de Bonamour, 3 août 1424; Bernard Auriolle, 20 septembre 1464; Vinet, 1471; François de Combes, 26 janvier 1483; Lanfort, 8 juillet 1497; Bérenger Firmin, notaire, 19 février 1498; Antoinette Morebrune, veuve de Jean de Restes, 24 septembre 1517; Bérenger Lanceprie, 15 août 1522 (Archiv. Hospit., liasses, Contrats).

HÔPITAL DE SAINT-ESPRIT DE LA CITÉ.

A-t-on reçu les enfants abandonnés dans l'hôpital du SaintEsprit, ou du Corps du Christ de la Cité de la rue des Couteliers, sur le côté droit de cette rue, en venant du Pont vers

1. Chanoines réguliers de Sainte-Croix.

la Dalbade, mais avant d'atteindre la rue de la Madeleine, mentionné en 1376, dans une maison qu'on avait appelée longtemps l'Auberge de la Couronne, maison que les Capitouls donnèrent, en 1516, aux Filles repenties? Nous ne pouvons rien affirmer encore à ce sujet.

Dans tous les cas, nous connaissons les bienfaiteurs de cette maison, dont plusieurs ont été déjà cités comme ayant fait quelques libéralités aux maisons précédentes Peyre Menescal ou Menestral, 24 juillet 1383; Pierre Roncescas, 20 septembre 1402; Jean Durand, 25 juin 1413; Michel Amat, épicier des Carmes, 17 août 1416; Germain de Bonamour, 3 août 1424; Bernard Auriolle, 20 septembre 1464; Françoise de Combes, 26 janvier 1483; Lanfort, 8 juillet 1497; Bérenger Firmin, notaire, 19 février 1498; Antoinette Morebrune, veuve de Jean de Restes, 24 septembre 1417 (Arch. Hosp., liasses, contrats).

Et pour cette période correspondante, ne négligeons pas de dresser une liste de bienfaiteurs qui, par leurs dispositions testamentaires, leurs donations n'ont pas désigné les maisons qu'ils voulaient gratifier de leurs libéralités, mais les ont toutes comprises dans ce seul mot: hôpitaux. Pour être complet, nous devons fournir ces renseignements, qui intéressent les maisons déjà citées et qui peuvent s'adresser aussi à l'hôpital Saint-Jacques-du-Bout-du-Pont, alors surtout que cette maison n'est pas non plus désignée : Hugon de Saint-Bart, 11 avril 1327; Bertrande d'Onax, 9 décembre 1440; Aygalène, boucher, 9 septembre 1474, 4 mai 1491; Bonal, XVI; Pierre Duranti, 4 mars 1503; Chaudon, 10 octoble 1507; Dossau, chirurgien, 11 juin 1509; Pierre de Boisson, 7 avril 1510; Laurent Robin, 22 janvier 1511; Géraud Hébrard, 19 juillet 1512; Bernard de Pradères 26 juillet 1521; Georges d'Olmières, 10 août 1525; Jean de Layga, 30 août 1526; Prohenques, 12 février 1527; Jean de Théza, 5 avril 1530.

Et que nul ne nous fasse le procès si, dans ces listes de bienfaiteurs que nous avons fournies et celles que nous pourrons donner dans la suite, aussi complètes que nous avons

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voulu les dresser, en y comprenant depuis le plus mince legs jusqu'aux générosités les plus larges, car il nous a paru bon de voir le bienfait seul, dans son principe, nous avons omis au point de vue spécial auquel la charité est étudiée dans ces pages, nous avons omis quelques noms.

Mais, deux grands établissements à Toulouse, l'hôpital Saint-Jacques-du-Bout-du-Pont, et l'hôpital de la Grave, ont reçu les enfants abandonnés, exposés, les orphelins, comme on voudra les dénommer. S'il y a eu, comme on le verra, classification de ces pauvres créatures au moment de leur admission, lorsqu'il s'est agi de leurs interêts, une fois reçus dans ces maisons ils ont été soumis à un régime commun, à part quelques exceptions que nous nous ferons scrupule de noter. Nous parlerons d'abord de l'hôpital Saint-Jacques-duBout-du-Pont, puis de l'hôpital de la Grave; en troisième lieu, nous nous ferons un devoir de traiter d'un établissement spécial, d'une origine plus récente : des Orphelines.

HÔPITAL SAINT-JACQUES - DU - BOUT-DU-PONT OU HÔTEL-DIEU.

Des filles et femmes enceintes, Avant toutes choses, nous devons dire qu'autrefois comme aujourd'hui, après la faute commise, la fille, la femme se sont vues presque toujours abandonnées par ceux qui, les ayant poussées à mal, ayant bien voulu être leurs complices, se sont dérobés après aux devoirs qui pouvaient suivre. Ce serait un intéressant sujet d'études morales de rechercher quelles causes plus particulières amenaient dans les hôpitaux les enfants abandonnés; de savoir à quelles époques ils y ont été reçus en plus grand nombre et quelles occasions servaient de prétexte à leurs parents pour les y faire admettre directement ou indirectement; mais cela dépasserait le but de notre étude, le champ que nous devons parcourir étant déjà assez vaste.

Après la faute que la jeune fille, que la femme en des cas particuliers, viennent de commettre, qu'arrive-t-il? S'il leur reste un peu de pudeur, elles voudront la cacher, encoura

gées en cela par leur séducteur, ou obligées à suite de l'abandon où ce séducteur les réduit généralement.

La faute peut demeurer quelque temps cachée; des amis, la famille peut-être fournissent assistance. Mais à mesure que le terme de la délivrance approche, les difficultés grandissent et ne peuvent être résolues que difficilement. S'il y a des ressources pécuniaires, les amis, la famille, n'abandonnent pas les malheureuses. Mais si ces ressources manquent, si l'œuvre de charité des proches ne peut être accomplie, il n'y a pas d'autre alternative que le crime ou l'hôpital le crime, c'est-à-dire la mort ou l'exposition de l'enfant; l'hôpital, si la personne est admise, avec déclararation rendue publique de la faute perpétrée et le témoignage pour la femme ou la fille (car nous ne pouvons toujours distinguer les cas, dans les documents anciens), qu'elle a mené une vie infàme, ou que, si elle n'est pas venue à ces extrémités, son complice possède toutes les lâchetés.

Les hôpitaux admettaient-ils autrefois les femmes enceintes dans les conditions où elles sont reçues de nos jours? Les règlements des hôpitaux les plus anciens que nous avons pu consulter sont muets sur la question des femmes enceintes. Ni l'arrêt du Parlement du 16 février 1504, ni les règlements de 1526-27, ne contiennent de dispositions libérales sur cette matière, malgré les protestations les plus grandes, les plus ampoulées, de chercher les meilleurs moyens de secourir les malheureux. Non, les retirer dans l'hôpital, les y laisser accoucher, mais c'était « scandaleux et de mauvais exemple ». Il est expressément défendu aux officiers de les recevoir. (Hôtel-Dieu. Déliber. 14 fév. 1646, § 35; 31 juillet 1648 fo 82.)

Donc, de grandes impossibilités pour les femmes en cet état de se faire admettre dans les hôpitaux, à l'Hôtel-Dieu, ajoutez à cela la difficulté, en dehors de ces établissements, de se faire secourir aux moments critiques : une déclaration du Roi, du 20 février 1680, interdisant à ceux de la R. P. R., de l'un et de l'autre sexe, de se mêler dorénavant des accouchements de femmes, tant de l'une que de l'autre reli

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