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toutes ces perfections, on remarque des figures gigantefques, des têtes allongées, des jambes finguliéres, des doigts longs PARMESAN. comme des fufeaux (affectation qui lui eft propre,) des parties incorrectes & peu proportionnées. C'est à toutes ces marques que vous reconnoitrez le Parmefan. Quoique prefque tous fes deffeins foient à la plume avec des hachures fines & croisées, il y en a de lavés au bistre quelquefois rehauffés de blanc, d'au tres à la fanguine avec des hachures prefque droites & croifées. Les eftampes à l'eau forte qu'il a gravées de fa main font un Christ au tombeau avec les trois Maries; une refurrection du Sauveur avec plufieurs foldats, une Judith qui tient un fabre d'une main, & de l'autre la tête d'Holoferne qu'elle met dans un fac que lui tend sa servante, un homme affis avec une femme dans un païfage, un jeune homme avec deux vieillards, un berger de bout ôtant fon chapeau, une adoration des bergers, une Vierge affife tenant l'enfant Jefus, une fainte en extafe avec le Saint-Efprit dans une gloire, l'apôtre saint Jacques marchant avec fon bourdon.

Le Parmesan a encore gravé en clair-obfcur une Vierge avec le Jefus en ovale, un faint Jean en petit, le grand Diogene avec le coq, le martyre de faint Pierre & de faint Paul grande piéce en travers, fainte Cécile en rond, Porcenna, Diane avec fes chiens, un prophéte avec un ange, une femme tenant deux épées avec un instrument dans le fond, un homme affis qui tient une lyre, un autre appuyé fur un côteau, duquel on ne voit que le dos, avec une tête de femme dans un des coins. Cherubin Albert, J. Bonafone, les Sadeler, Bollwert, Hollart, Caraglius de Vérone, Andrea Andreaffi de Mantouë, André Schiavone, le Guide, L. Vofterman, C. Bloëmart, Coëlemans & plufieurs autres ont gravé d'après le Parmesan de belles estampes, tant en cuivre qu'en clair-obfcur, & fon œuvre monte à plus de fix cens morceaux.

Ses principaux tableaux à Parme font le baptême de N. S. par faint Jean dans l'Eglife de l'Annonciade; pour une autre Eglife une Vierge avec l'enfant Jefus, faint Jérôme d'un côté & faint Bernardin da feltro de l'autre, à faint Jean des Bénédictins les coupoles de deux chapelles où font repréfentées fainte Cécile & fainte Agathe avec deux Evêques dans le fond & plufieurs autres figures; au faint Sépulcre la Vierge, le Jefus, faint Jean avec trois anges dans un fond de

PARMESAN.

païfage; à la Madona della feccata Moïfe, Adam & Eve.
On voit à Rome une Vierge & le Jefus recevant des fruits
de la main des anges. Une autre Vierge avec le Jefus dormant;
Une belle circoncifion; ces trois tableaux font dans le palais du
Vatican. Il a fait pour faint Salvator in Lauro une Vierge fur les
nuées avec le Jefus, faint Jean & faint Jérôme font à leurs pieds,

On voit aux religieufes de fainte Marguerite de Bologne une Vierge tenant le Jefus avec fainte Marguerite, faint Jérôme, faint Michel & un ange qui tient la croix de la sainte dont il menace le dragon. Dans l'Eglife de fan-Petronio un faint Roch avec fon chien, en haut la Vierge avec le Jesus qui tient en main le globe du monde.

A Cazal maggiore dans l'Eglife de faint Etienne une Vierge en l'air, faint Jean & faint Etienne debout.

Dans le Duché de Mantouë à Viadana les ftigmates de faint François, les époufailles de fainte Catherine, fainte Claire, trois tableaux à détrempe. Au Dôme de Mantouë fainte Agathe avec deux anges.

Dans la galerie du Grand Duc la Vierge appellée au long cou, Dans celle du Duc de Modéne on voit la fortune avec une figure de femme, un faint Pierre avec faint Jean & sainte Catherine, une Judith demi-figure.

Dans la galerie du Duc de Parme, fainte Catherine & une autre fainte en petit, une autre fainte Catherine & une fainte Barbe, une grande annonciation, la Vierge avec la Madeleine, faint Jérôme & faint Jean, excellent tableau. Une autre Vierge avec faint Jean-Baptifte & faint Christophe, la maitresse du Parmefan appellée Lantea, une Lucréce demi-figure peinte fur bois. Une tête d'enfant, une fainte Claire en habit de religieufe, une Vierge très-belle, le portrait d'une fille appellée la Ricolina.

Dans la galerie de l'Electeur Palatin à Duffeldorf, une Vierge allaitant fon fils, & à fes côtés faint Jofeph & faint Jean-Baptifte; fainte Lucie; une fainte famille.

Le Roy poffède une Vierge & fainte Catherine, une autre Vierge, l'enfant Jefus, faint Jean & faint Jofeph.

On voit dans la collection du palais Royal une fainte famille peinte fur toile, la Vierge, le Jefus, faint Jofeph & faint François peints fur bois, le mariage de fainte Catherine peint fur cuivre, une autre fainte famille peinte fur bois,de grandeur naturelle, NOUS

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CAMILLE PROCACCINI

OUS avons dans l'hiftoire pictorefque cinq

Procaccini de la même famille. Ercole Procac- CAMILLE cini étoit le pere, Camillo, Guilo Cefare, & Car- PROCACCINI lo Antonio Procaccini fes trois fils furent fes élé

ves,

Carlo Antonio eut un fils qu'on nommoit Ercole Juniore & qui a été affez bon peintre,

Camille Procaccini l'aîné de fes freres naquit à Bologne en 1546. il reçut de fon pere les premiers enfeignemens, & s'élevant au-deffus de lui-même, il fentit combien l'école des Carraches étoit fupérieure & s'y préfenta avec fon frere Jules Céfar. Une noble émulation, l'envie de devenir habiles, l'exemple des Carraches tout contribua à les perfectionner; Jules eft très-eftimé, mais bien des amateurs aiment mieux Camille,

Ff

Sa maniére & fon goût de deffiner différoient extrêmeCAMILLE ment de celle de fon frere; moins correct, plus capricieux PROCACCINI & plus maniéré que lui, il étoit vague, agréable, résolu & extraordinaire dans fes penfées; il deffinoit légérement &

avec élégance, cherchant les têtes du Parmefan, & les contours reflentis de Michel-Ange.

Il travailla à Bologne en concurrence avec les Carraches, enfuite il fe retira avec fa famille à Milan, où il contribua à élever une fameufe Académie de peinture. De cette ville il fe rendit à Rome avec le Comte Pirro Visconti qui le protégeoit. Là il fit de grandes études, & étant revenu à Milan, il y parut bien plus habile qu'auparavant.

pour

Son coloris vigoureux, fa belle frefque lui acquit un grand nom. Le Duc de Parme le choifit travailler au Ďôme de Plaisance, & le mit en concurrence avec Louis Carrache dont la fociété ne lui fut pas inutile. L'émulation se mit de la partie, & il fit trois beaux tableaux dans le chœur, bien différens de ceux qu'il a peints à Milan, qui préfentent ordinairement des figures terribles & gigantefques, quoique pleines d'expreffion.

Souvent entraîné par la vivacité, Camille fuivoit la fougue de fon genie fans étudier la nature; les proportions n'étoient point gardées, on voyoit des bras, des jambes trop longues, des pieds, des mains trop groffes pour le corps, des figures trop grandes qui faifoient paroître les autres trop petites; mais quand il vouloit revenir fur fon ouvrage, l'étudier, le méditer, il le rendoit tout autre, & il deffinoit

correctement.

On ne peut contefter à Camille les belles ordonnances un génie facile, une liberté de pinceau furprenante, de belles draperies, une grande intelligence de couleur, beaucoup d'expreffion, de beaux airs de têtes, donnant du mouvement à toutes les figures. Le jugement univerfel qu'il a peint à Regio, & le faint Roch qui guérit des peftiférés, tableau que le Duc de Modéne a mis en concurrence avec un autre faint Roch qui fait l'aumône peint par Annibal Carrache, feront toujours connoître la grande capacité de Camille Procaccini.

Ce peintre vivoit avec éclat, il étoit libéral, galant fes mœurs douces le firent eftimer de tout le monde. Il vécut jufqu'à quatre-vingts ans & finit fes jours à Milan en 1626.

Ses difciples ont été Califo Toccagni, Giacinto di Medea, & Lorenzo Franchi.

CAMILLE Les deffeins de Camille font arrêtés par un trait de plume PROCACCINI lavés au bistre, d'autres ont des hachures à la plume prefque paralleles, les yeux pochés de fes figures, fa maniére de draper & de coëffer fes têtes, le peu de proportion dans fon deffein le défignent fuffifamment.

Ses ouvrages à Bologne fe voyent dans l'Eglife du collége d'Efpagne; ce font des prophétes & des pafteurs qui adorent le Jesus. Au Dôme on voit le crucifiement de faint Pierre, le martyre de plusieurs faints & au maître Autel un Christ mort. Aux Capucins un portement de croix ; à faint Grégoire une affomption dans la chapelle Ricci; une créche à faint François dans la chapelle Ghillieri.

A Regio dans le college de faint Profper on trouve un jugement univerfel grand tableau très-fameux qui eft à la tribune. Au Dôme de Plaifance trois tableaux dans le chœur, la mort de la Vierge & deux faints au-deffus de la tribune.

Aux Jefuites de Brescia une nativité au-deffus de la grande porte de l'Eglife.

A Genes chez les religieufes de fainte Brigide l'afcenfion du Sauveur; dans l'Eglife de faint François de la même ville le tableau du Saint.

Au Dôme de Milan le martyre de fainte Agnès, huit an ges qui tiennent des vafes & habits facerdotaux peints à frefque dans la facriftie, il a représenté fur les orgues David jouant de la harpe avec plufieurs femmes qui chantent; fon triomphe fur Goliath, Saül eft de l'autre côté qui lance un dard que David évite. A faint Marc des Auguftins la converfion de faint Auguftin; la transfiguration aux Jéfuites; à faint Antoine des Théatins les actes de faint Antoine dans le chœur, le faint au maître Autel, & une nativité du Sauveur. A fan-Vittore al corpo des Peres Olivetans dans une chapelle faint Grégoire en prière avec plufieurs Evêques pour délivrer la ville de Rome de la pefte; il a représenté fur les côtés les actes de faint Grégoire, les orgues font auffi de fa main. Aux freres Zoccolanti di fan-Angelo il a peint dans la premiére (a) lunette du chœur faint François qui prêche aux animaux; dans le plafond qui eft à frefque, c'est l'affomption de la Vierge avec plufieurs autres morceaux, dans le cloître

(a) On appelle lunette la partie

en vouffure qui eft

au deffus d'une

Porte ou d'une

croifée.

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