Images de page
PDF
ePub

deffinés au crayon rouge, ou à la pierre noire, il y régne un HYACINTHE même efprit; fouvent dans les mains & dans les têtes il employoit un peu de fanguine.

BRANDI.

Ce qu'on remarque de plus confidérable de ce maître à Rome, eft le couronnement de la Vierge peint au maître Autel de l'Eglife du Jefus & Marie al corfo où il a peint encore dans la voûte la Vierge tenant le Jefus avec faint Jofeph. On voit à faint Charles al corfo plufieurs de fes ouvrages, la voûte du milieu représente la chûte de Lucifer, & faint Charles porté au Ciel: il a peint Dieu le pere dans la lanterne de la coupole, quatre Prophétes dans les angles, & le miracle de la pefte dans la tribune. A fainte Marie Madeleine, c'est un crucifiment, & à fainte Marie in via lata il a peint au plafond plufieurs traits de la vie de la Vierge, & un tableau d'Autel qui eft faint André. A faint Auguftin la bienheureuse Rita à genoux. A faint Silveftre delle monache on voit dans la grande voûte l'affomption de la Vierge, faint Jean, & faint Silvestre dans une gloire de faints & d'anges, la voûte des deux côtés de la croifée, & les apôtres peints dans la lunette au-dessus des orgues. A faint Roch, Brandi à peint au maître Autel N. S. foutenu fur des nuages avec faint Roch abbé & plufieurs peftiférés couchés par terre; on voit un faint Jofeph dans une autre chapelle.

A Verone à fainte Marie in organo une affomption de la Vierge au maître Autel.

A la Vittoria delle Monache à Milan faint Charles qui guérit les peftiférés.

A Duffeldorf chez l'Electeur Palatin, l'image de JefusChrist mort, & celles de faint Antoine & de faint François. Il y a une pièce gravée d'après le Brandi dans le recueil de Crozat.

PHILIPPE LAURI.

LAURI,

HILIPPE Lauri prit naiffance dans la ville de Rome en 1623; fon pere Balthafar étoit d'An- PHILIPPE vers, & vint s'établir en Italie où il eut deux fils; l'un Francefco fous la conduite du Sacchi devint habile peintre, & mourut à vingt-cinq ans ; Philippe fut le fecond. Balthafar étoit bon peintre & difciple de Paul Bril; il s'apperçut avec joye que fon fils Philippe en al

atque eodem benè

lant à l'école, fans jamais avoir vu de deffein, faifoit le por- (a) Ergo nunquam trait de tous fes camarades. Une inclination auffi (a) marquée nifi pravio ingenio le destinoit à devenir un grand peintre. Son pere le mit avec erudito manum ad fon autre fils François qui lui apprit les premiers élémens de l'art : la mort prématurée de François le fit paffer dans l'école d'Angelo Carofelli fon beau frere qui s'étoit acquis quel

opus admoveat. Leon. Bap. de Al

bertis de pict. 1. 3.

p.

112,

PHILIPPE

que réputation dans la peinture. Philippe fit de fi grands proLAURI. grès qu'il surpassa son maître de toutes maniéres : il perdit en ce temps là fon pere, & peu après fon maître qui l'aimoit tant que pour le faire connoître il lui amenoit tous les étrangers curieux qui venoient lui rendre vifite à Rome.

Philippe qui avoit beaucoup étudié, quitta auffitôt fa premiére maniére & s'appliqua à peindre des fujets d'histoire en petit avec des fonds de païfage d'un frais & d'une légéreté admirables: il fit auffi plufieurs grands tableaux pour des Eglifes, où il réüffiffoit moins bien que dans les petits; du reste il a laiffé plufieurs ouvrages imparfaits.

La nature qui lui avoit refufé une belle figure, l'avoit doué de plufieurs talens; outre qu'il poffédoit la perfpective, il étoit poëte & fçavant dans l'histoire & dans la fable, fon efprit enjoué & fes heureufes faillies réjouiffoient fouvent fes amis.

Son barbier ayant entendu dire qu'il avoit donné un tableau à fon apotiquaire pour l'avoir foigné dans une maladie, fe flatta d'obtenir la même faveur. Il le pria donc de lui faire un tableau : Philippe qui connut fon intention, fit sa caricature & imita les geftes ridicules qu'il faifoit en lui parlant : il écrivit au bas du tableau, celui-ci cherche une duppe & ne l'a point trouvé : il l'envoya chez le barbier à l'heure qu'il fçavoit que fe raffembloient dans fa boutique plufieurs de fes amis. Chacun trouvant le portrait des plus grotefques, fe mit à rire & à fe mocquer de lui; fes amis l'empêchérent de le mettre en pièces. Philippe fe réjouit ainfi aux dépens de fon barbier, dont la main lui parut trop dangereuse pour s'en fervir dans la fuite.

On ne peut pas dire que Philippe Lauri ait été un des premiers peintres de Rome; il deffinoit bien, il étoit gracieux, fon païfage étoit frais & de bon goût, fa couleur variée, fouvent trop forte & plus fouvent un peu foible. Il peignoit ordinairement des sujets de métamorphofe, des bachanales, fouvent même des fujets d'hiftoire qu'il traitoit avec beaucoup de fineffe: ces morceaux fe font repandus en Angleterre, en Espagne, en Allemagne & par toute l'Europe.

Il ne voulut jamais fe marier ni se géner à former des éléves; fon plaifir étoit de s'amuser avec les amis, & de leur faire des tours plaifans & pleins d'imagination. On le voyoit dans

les fêtes publiques fe fignaler par des feux d'artifice : il aimoit à faire de la dépenfe; enfin croyant toujours être jeune, il continuoit le même genre de vie, lorfqu'il tomba dans une dangereuse maladie qui l'enleva à Rome en 1694 à l'âge de foixante & onze ans : on le porta à faint Laurent in Lucina sa paroisse, où affifta l'académie de faint Luc qui l'avoit reçu dans fon corps en 1652. Il laiffa à fes petits neveux un bien affez confidérable & fit plufieurs legs.

Ce maître eft très aimable dans fes deffeins : il y en a à la fanguine, dont les hachures font de tous côtés avec des contours peu prononcés: d'autres font peints à gouaffe avec un trait de plume qui en arrête les contours; fa touche légére, un païfage agréable, de la couleur, un goût particulier qu'il s'étoit formé, l'annonceront toujours chez l'Amateur.

On voit de ses ouvrages dans la chapelle Mignanelli à la pace, il y a peint un Adam & une Eve, figures plus grandes que nature. Le tableau de l'Autel de la chapelle des Fonts dans l'Eglife de monte porzio, dans le palais Palavicini le voyage de Jacob, l'entrée de l'Ambaffadeur de Pologne, dont il a fait la perfpective, plufieurs figures de l'efcalier de l'Eglife de la Madona del popolo font encore de sa main.

Les quatres faifons pour l'Angleterre, Mars & Apollon avec plufieurs Satires.

Il a peint dans les palais Colona, Pamphile, Borghefe, Chigi, Ginetti, Cenci.

On a gravé depuis peu quatre fujets qui font les faifons.

PHILIPPE

LAURI.

LOUIS GARZI.

LOUIS GARZI.

OUVENT les difciples en fe faifant un nom contribuent à augmenter celui de leur maître; Louis Garzi né à Pistoia en l'année 1638 en eft une preuve, Salomon Boccali fut fon premier maître, à l'âge de quinze ans il vint s'établir à Rome, & paffa dans l'école d'André Sacchi, ayantCarlo Maratti pour contemporain & pour émule. Sacchi qui affectionnoit Louis plus que fes autres difciples, retouchoit fes ouvrages; ce qui le fit connoître en peu de temps: le prix qu'il en tiroit le mit en état d'étudier & de copier dans les Eglifes les meilleurs tableaux.

Sa réputation fe répandoit de jour en jour, non-feulement dans Rome, mais encore dans toute l'Italie. Affidu au travail,

« PrécédentContinuer »