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LITTÉRAIRE

O U

SUITE DES Lettres fur quelques
Ecrits de ce Temps,

Par M. FRÉRON des Académies d'Angers
de Montauban & de Nancy.

Parcere perfonis, dicere de vitiis. Martial.

TOME I.

A AMSTERDAM.
Et fe trouve à Paris,

Chez MICHEL LAMBERT, Libraire,
rue & à côté de la Comédie Françoise,
au Parnaffe.

M. DCC. LIV

Harvard College Library.

May 18, 1922

Minet fund

(1754-1776,
~158vols)

3

AVERTISSEMENT

Au fujet du nouvel Ouvrage Périodique intitulé, L'ANNÉE LITTÉRAIRE, par M. FRERON, des Académies d'Angers de Montauban & de Nancy.

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Ous les Journaux qui fe publient en France ont leur objet & leur mérite particulier. Le Journal des Sçavans' & celui de Trévoux, les plus eftimables de l'Europe, font fpécialement deftinés à rendre compte des Ouvrages d'Erudition, des Ecrits utiles & folides. Il eft très-rare qu'ils faffent mention des Livres de pur agrément. Des Brochures, des Pièces de Vers, des Romans, des Comédies, &c. font peu dignes en effet d'occuper une place dans des Mémoires compofés par des Auteurs graves & profonds, qui s'interdifent en général le ton de la plaifanterie, & qui ne fuivent que les loix d'une Critique fage, judicieufe & raifonnée.

Le Mercure de France, & le fournal de Verdun ont auffi leur utilité. Ils indi

quent tout ce qui paroît de nouveau ; ils en font fouvent des analyfes; ils recueillent avec foin les Poëfies, les Differtations dignes d'y être inférées ; ils y ajoutent un détail curieux des Nouvelles Politiques, des Naiflances, des Mariages & des Morts illuftres. Mais les Extraits de Livres qu'on y trouve ne font que des Extraits; c'eft-à-dire qu'ils font dénués pour la plûpart de toute espèce de critique.

L'ANNÉE LITTÉRAIRE fera différente de tous ces Ouvrages, & par le fond &

par

la forme.

1o. Labelle Littérature, les productions agréables, telles que les Hiftoires, les Romans, les Brochures qui auront de la vogue, les Pièces d'Eloquence & de Poëfie, principalement les Ouvrages Dramatiques repréfentés fur tous les Théâtres ou imprimés fans avoir été joués, la Mufique, la Peinture, la Sculpture, l'Architecture, &c. en un mot ce que l'on entend communément Belles-Lettres & Beaux-Arts, tout ce qui par conféquent eft du reffort du Goût voilà ce qui fera l'objet de ce nouvel Ouvrage Périodique.

par

:

2o. On ne négligera pas cependant les

Livres utiles, les Livres fçavans mêmes, lorfqu'ils pourront donner lieu à l'inftruction facile du Lecteur, ou à fon amusement. Mais il ne fera jamais queftion d'Ouvrages scientifiques, qui, pour être entendus, demanderoient une application laborieufe. On ne pourroit d'ailleurs en parler que très-imparfaitement, en comparaifon des Journaux des Sçavans & de Trévoux. On fe contentera de les annoncer.

3°. On s'attachera moins à faire des analyfes qu'à tracer le caractère des Ouvrages nouveaux, qu'à faifir le génie de chaque Auteur, qu'à peindre la tournure de fon imagination, & fa façon d'écrire, qu'à rapporter des traits qui puiffent inftruire ou plaire, qu'à rappeller les principes qui ont guidé nos grands Maîtres principes invariables qui rendront fenfibles les erreurs de ceux qui s'en écartent, & qui pourront éclairer les jeunes gens. Enfin, c'eft moins un Journal qu'on prétend compofer que l'hiftoire de l'efprit & du goût de la Nation dans chaque année.

4°. L'Auteur n'auroit jamais entrepris cet Ouvrage, fi on ne lui avoit laiffé la liberté de dire naturellement ce qu'il

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