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ter fes verrues avec du pourpier, du lait de figuier, d'éfule, de chélidoine & de dent de Lion. Pour les cors, il faut bien fe garder de les couper; il fuffira d'y appliquer des feuilles de lierre, & de porter des chauffures larges pour diminuer la douleur.

Mahomet ne tarda. pas à être inftruit de la naiffance de Faimé. Il frémit de rage, quand il vit qu'il falloit qu'il refpectât comme fa fœur celle qu'il avoit deftinée à être fa maîtreffe. Furieux d'avoir facrifié Irène auffi inutilement, il prend la réfolution de perdre Farmé. Il charge un Efclave fidèle de l'empoifonner. Celui-ci n'exécuta que trop bien sa commiffion. Déja l'amante d'Abdeker étoit tombée dans une affection léthargique; on la croyoit morte,& on fe difpo foit à l'enterrer. L'habile Médecin gagne à force d'argent un Prêtre de la Mofquée où l'on devoit porter le corps; P'Iman permit qu'on lui fubftituât celui d'une Efclave qui venoit de mourir, & pendant la nuit il remit Fatmé à fon Amant, qui la fit bien-tôt revenir de fa léthargie. Les foins qu'il prit de fa fanté & les remèdes qu'il lui donna furent fi efficaces, qu'elle fut bien-tôt en état de

quitter Conftantinople. Ils s'embarquè rent, & abordèrent heureusement en Italie, où, après avoir abjuré le Mahométifme, ils s'unirent folemnellement : & fans doute qu'Abdeker y exerça sa profeffion.

Vous penfez bien, Monfieur, qu'il n'y a qu'un Médecin qui ait pu faire ce Roman. L'Auteur eft en effet membre de la Faculté de Paris. Il a déja donné au Public la Médecine de l'efprit; fon dernier Ouvrage pourroit être appellé la Médecine du corps. Je ne fouhaite qu'une chofe, c'eft que les recettes qu'il indique aux Dames foient réellement infaillibles. Quelles preuves de reconnoiffance ne donneroient-elles pas au galant Médecin Il feroit fûrement obligé de chercher les moyens d'y fuffire. Cette découverte feroit auffi importante pour nous que l'Art de conferver la Beauté l'eft pour les femmes. Ces deux fecrets doivent aller ensemble, & l'un eft affez inutile fans l'autre.

Les Ruines de PALMYRE, autrement dite TEDMOR, au Défert.

des

On ne trouve plus, Monfieur, que fragmens épars de l'Architecture ancien

ne: reftes précieux qui peuvent encore diriger le goût de nos Artistes. Des defcriptions faites avec foin de ces monumens célébres font très-propres à fatiffaire la curiofité du Public, & à contribuer aux progrès de l'Art. C'eft par un motif auffi louable que trois Anglois, Meffieurs Robert Wood, Bouverie & Dawkins, qui joignoient à un goût vif pour ce travail, la capacité, le loisir & les moyens néceffaires pour y réuffir, entreprirent en 1751 un voyage dans les leux les plus renommés de l'Antiquité. Ils prirent un quatrième Compagnon 3 dont ils connoiffoient l'habileté, en qualité d'Architecte. Ils vifitèrent la plupart des Ifles de l'Archipel, une partie de la Grèce, l'Afie-Mineure, la Syrie, la Phénicie, l'Egypte en un mot tous les Pays où ils fe flattoient de trouver quelques débris d'édifices, échappés aux ravages des hommes & des temps. Ils en levèrent des plans exacts, dans le deffein de faire graver cette collection à leur retour en Angleterre.

Ce projet admirable s'exécute aujourd'hui, & l'ouvrage que je vous annonce en eft le premier effai, qui ne peut que faire défirer la fuite avec impatience. Il

repréfente, fur le plus grand & le plus magnifique papier, les Ruines de PALMYRE, autrement dite TEDMOR, au Défert. On a commencé par cette Ville, pour contenter les Amateurs qui fouhaitoient cette partie avec le plus d'empreffement. On lit à la tête une Préface judicieufe de M. Robert Wood, qui eft l'Editeur. Il fait voir que des defcriptions de climats & de fituations, indifférentes d'ailleurs, deviennent intéres fantes par la liaison qu'elles ont avec les grands hommes & les actions illuftres qui ont rendu ces climats célèbres. « On ne fauroit jamais, dit-il, lire la vie de » Miltiade ou de Leonidas avec tant de plaifir que dans les plaines de Mara"thon, ou au Détroit des Thermopyles. "On trouve de nouvelles beautés dans » l'Iliade, fur les bords du Scamandre; » & c'eft dans les Pays où a voyagé Ulyffe, & où Homère a chanté, que » l'Odyffée a des charmes. »

"

Comme les Cartes des contrées, dont il eft parlé dans les Auteurs Claffiques, font goûter davantage le Poëte ou l'Hiftorien, & fouvent même en facilitent l'intelligence, nos Voyageurs ont fait tirer le plan des lieux mentionnés dans

quelques Auteurs anciens. Ils fe font amufés fur-tout à faire des Cartes de Géographie pour les Poëtes, & ils ont paffé quinze jours à dreffer une Carte des plaines du Scamandre, tenant Homère à la main.

Cette Préface eft fuivie de Recherches fur l'état ancien de PALMYRE. On lit dans l'Ecriture Sainte que Salomon bâtit en Syrie une Ville à laquelle il donna le nom de TEDMOR. Jofeph dit que c'eft la même que les Grecs & les Romains appellèrent dans la fuite PALMYRE. Ce fentiment eft appuyé fur la tradition des habitans du Pays, qui la nomment aujourd'hui TEDMOR, & qui prétendent même que les ruines qu'on y voit font les reftes des édifices que Salomon y avoit fait élever. On montre de la meilleure foi du monde le Serrail de ce Roi, fon Haras, le Tombeau d'une de fes Concubines favorites, &c. Ce qu'il y a de bien certain, c'eft que du temps d'Augufte, PALMYRE étoit la Capitale d'un grand Peuple. Elle étoit remarquable par fa magnificence, par fes ruiffeaux agréables, & par un vafte Défert fablonneux qui l'environnoit de tous ôtés, & qui là féparoit du refte du

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