monde. Elle conferva long-temps fon indépendance au milieu des deux grands Empires des Romains & des Parthes, dont le foin principal, lorfqu'ils étoient en guerre, étoit de l'engager dans leurs in

térêts.

La Religion des Palmyréniens étoit payenne : ils adoroient le Soleil. On voit par leurs infcriptions que leur Gouvernement étoit, ou du moins avoit été Républicain. Ils imitoient de grands modèles dans leurs manières, dans leurs vices & dans leurs vertus. Les cérémonies de leurs funérailles venoient d'Egypte, leur luxe de Perfe, leurs Lettres & leurs Arts de la Grèce. L'Hiftoire Romaine ne fait mention des Palmyréniens que fous les Empereurs. Ils étoient gouvernés dans le troifiéme fiécle par la fameufe Reine Zénobie, qui avoit pour premier Miniftre le célèbre Rhéteur Longin, Auteur de ce beau Traité du Sublime, traduit Boileau. Tout le monde fait que fous le regne de cette Princeffe, PALMYRE fut affiégée par Aurélien; qu'elle eut la douleur de la voir paffer fous le joug des Romains; qu'elle fut amenée à Rome avec fes enfans pour fervir au Triomphe du Conquérant, &

par

qu'elle finit triftement fes jours dans une maifon de Campagne. Longin avoit eu un fort moins funefte peut-être ; Aurélien l'avoit fait mourir.

Après les Recherches fur l'état ancien de PALMYRE, on rapporte vingt-fept Inferiptions Grecques & Palmyréniennes, qui ont été copiées fur les Archives des piedeftaux & autres membres d'Architecture, encore entiers. Ces Infcriptions donnent des indications hiftoriques & expliquent l'ufage des principaux monu mens. Elles font accompagnées de remarques utiles & de réflexions juftes.

A ces Infcriptions fuccéde une courte relation du Voyage à travers le Défert que nos favans Auteurs ont été obligés de paffer pour fe rendre à PALMYRE.Ön y arrive par une grande Vallée, où l'on voit encore les fragmens d'un Aquéduc, qui fourniffoit de l'eau à toute la Ville. Il y a, à droite & à gauche de cette Vallée, plufieurs Tours quarrées, extrêmement élevées ; en approchant de plus près, on trouve les anciens Sépul chres des Palmyréniens; enfuite, les montagnes fe féparant des deux côtés, on découvre une prodigieufe quantité de ruines, toutes de marbre blanc, &

derrière ces ruines, vers l'Euphrate, une étendue de plat pays à perte de vûe, fans le moindre objet animé. « Il eft prefque impoffible de s'imaginer, dit l'Éditeur, » rien de plus étonnant que cette vue; » un fi grand nombre de piliers Corin>thiens, avec fi peu de murs & de bâti» mens folides, fait l'effet le plus romanefque qu'on puiffe voir. »

A la fuite de ce récit hiftorique viennent cinquante- fept Planches gravées avec tout le foin & toute la propreté poffibles. La premiére, divifée en trois parties, préfente une Vûe générale, tirée du Nord-Eft, dans laquelle eft exprimé tout ce qui fe voit encore d'élevé de ce côté, aufli bien qu'une grande partie d'édifice beaucoup plus ancien, & dont les ruines font amoncelées d'une manière très-pittorefque. Les principaux monumens de cette Vûe générale font marqués par des lettres alphabétiques qui renvoyent aux autres Planches, fur lefquelles font exprimés les développemens particuliers, les plus intéreffans. La seconde Planche donne le Plan Géométral de PALMYRE & la position exacte des principaux édifices, dont la plus grande partie eft encore fur pied. Elle renvoye

auffi, d'une manière très - intelligible, aux Planches suivantes, qui en font voir l'ordonnance & les différens afpects. La troifième offre le plan de la Cour & du Temple du Soleil, l'un des plus confidérables monumens qui fe voyent parmi ces débris, & dont les dix-huit Planches fuivantes montrent les élévations principales, les profils en grand, & autres détails, Le tout eft rendu avec une précifion & une entente qui font un honneur infini aux Auteurs de ce fuperbe Recueil. Pour donner à ces deffeins généraux plus d'agrément, on a ajouté dans plufieurs Planches des frontons, qu'on fuppofe avoir été élevés lors de la perfection de ces édifices, auffi-bien que d'autres d'autres parties entières, que les fragmens qui reftent annoncent Y avoir été. Ces additions ont déja fait croire & dire à plufieurs perfonnes que le Peristyle du Louvre, bâti par Claude Perrault, avoit été fait fur le modèle de ces ruines; & l'on fe fonde encore fur ce que l'ordre de ce. Temple eft Corinthien, & que les niches & les croifées, couronnées de petits frontons, ont beaucoup de reffemblance avec le Peristyle.Mais ne pourroit-on pas dire, au contraire, que ce font les beautés du

Peristyle dans fon état actuel, qui ont donné l'idée de completter dans ce Recueil ces fameufes ruines? Quoi qu'il en foit, cette imitation prétendue de la part de Perrault, quand elle feroit réelle, ne pourroit que lui faire honneur. Plût à Dieu que nos Artistes méritaffent des reproches de cette espèce ! Nous n'aurions pas tant d'édifices d'une ordonnance fi négligée, & d'une décoration, pour la plûpart, fi triviale.

Les trente-fix autres Planches donnent des deffeins en perspective, des dévelop→ pemens Géométraux, & des détails curieux des autres monumens qui fe remarquent dans la Vûe générale de la première Planche, tels que des Frontifpices, des Arcs, des Temples particuliers, des Tombeaux, & autres fragmens rendus avec la même exactitude que ce qui précéde, & dont la diverfité des ornemens & la variété des compofitions font également précieufes,quoique l'on reconnoiffe dans la plupart un goût peut-être moins eftimable; ce qui fait croire, avec l'Editeur de ce Recueil, que ces édifices ont été élevés dans différens fiècles, fous divers regnes, & par des mains plus ou moins habiles. Toutes ces Planches font