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accompagnées de defcriptions, d'obfervations & d'explications alphabétiques d'un ftyle convenable à l'Art; ce qui rend encore ce travail recommandable. Il eft à obferver que l'Editeur, quoiqu'Anglois, n'a écrit qu'en François : hommage affez flatteur pour notre Langue. Des Connoiffeurs m'ont dit qu'il feroit à defirer qu'on trouvât un peu plus de goût dans les Vûes générales & dans les ornemens de la plus grande partie des Planches d'Architecture, qui d'ailleurs font d'une très-belle exécution.'

Cet ouvrage intéreffe les amateurs de l'Antiquité & tous les Artiftes. On ne fauroit trop recommander à ces derniers l'étude de ce Recueil & l'examen des Deffeins, dont la plupart des profils font excellens, les ornemens d'un bon choix & diftribués avec art, les formes belles en général, & toutes tracées avec une exactitude qui mérite les plus grands éloges.

Il n'y a perfonne, pour peu qu'il ait d'ame & de goût, qui ne fe fente émû à l'afpect de ces merveilles de l'Antiquité, & qui ne foit pénétré d'eftime & de reconnoiffance pour d'illuftres Voyageurs, qui, conduits par le feut

amour

amour des Arts & du bien public, ont volontairement confacré leur loifir > leurs veilles, leur fanté, leurs richesses, à nous procurer tant de chefs-d'œuvres, & à les transmettre à la Poftérité. M. Dawkins a droit fur-tout à la gratitude de notre âge & des fiècles à venir. Ce généreux Anglois ne s'eft pas borné à vouloir que tout fût fait avec la plus. grande exactitude, à prendre lui-inême prefque toutes les mefures qu'on trouve dans cet ouvrage : fenfible au feul intérêt des Arts & de leur avancement, il a abandonné à M. Wood tout le profit qui pourra revenir de cette entreprise.

fe con

On demandera fans doute comment les ruines de PALMYRE ont pu ferver jufqu'à préfent. M. Wood fatisfait à cette question, en nous apprenant qu'il y a peu d'habitans dans le pays pour les gâter ou les détruire; que le climat en eft fec, & qu'étant éloignées des autres Villes, on n'a pu en employer les matériaux à d'autres ufages. Elles peuvent maintenant braver plus fûrement encore les injures du Temps, de l'Ignorance & de la Barbarie. Ce Recueil eft un monument durable de la gloire de PALMYRE & de LONDRES. Je fuis, &c.

Tome I.

A Paris ce 6 Mars 1754.

I

LETTRE

IX.

Grammaire Générale & Raifonnée.

L

Es Gens de Lettres qui font lettrés ne feront point embarraffés, Monfieur, à la première infpection de ce petit Volume, imprimé depuis peu chez

Prault fils, l'aîné, Quai de Conti, à la defcente du Pont-Neuf.Mais les Lecteurs non inftruits, & qui veulent l'être, feront affez étonnés en ouvrant ce Livre, Ils trouveront d'abord une Préface dont le ftyle eft prefque gothique, & tout de fuite la Grammaire, en deux Parties, divifées par Chapitres, avec des Remarques à la fin de quelques Chapitres. Qu'en auroit-il coûté à M. Duclos, Hiftoriographe de France, de l'Académie Françoise & de celle des Belles-Lettres, éditeur & commentateur de cet ouvrage, de donner un Avertiffement où il eût appris au Public que cette Grammaire admirable a été faite il y a près de cent ans; qu'elle eft de l'invention du grand Arnaud, & (du moins pour la plus grande partie) de la compofition de Dom Lancelot, ce docte Religieux Bénédictin,

retiré à Port-Royal, relégué dans la fuite à Quimperlé en Baffe-Bretagne, où il mourut en 1695: le même à qui nous fommes redevables des excellentes méthodes pour apprendre les Langues Grecque & Latine, & de beaucoup d'autres bons Livres qu'on attribue à Mrs de Port-Royal; que la Grammaire Générale étoit devenue extrêmement rare; qu'on a cru devoir la réimprimer, en y ajoûtant des remarques nouvelles, faites depuis fur notre Langue ; & que la Préface qu'on lit à la tête eft celle de Dom Lancelot lui-même ? Ce peu de lignes eût d'abord mis le Lecteur au fait de ce qu'on lui préfentoit.

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J'étois occupé, Monfieur, à examiner " le travail de M. Duclos, lorfque j'ai rete çu une Lettre anonyme, qui contient quelques obfervations à ce fujet. Je vais d'abord vous la communiquer ; je vous ferai part enfuite de mes propres réflé

xions.

« Je viens de lire, Monfieur, les Re» marques de M. Duclos fur la Gram"maire Générale & Raifonnée. Elles » m'ont paru dignes & des fçavans Au»teurs qui les ont occafionnées, & de celui qui les a faites. On y trouve

» fondus les cinq ou fix meilleurs ou»vrages de notre Langue fur cette matière; favoir, les differtations de l'Ab» bé de Dangeau, le projet pour réfor» mer l'orthographe de toutes les Lan»gues de l'Europe par l'Abbé de Saint»Pierre, l'Art de parler, par l'Abbé Gi»rard, les Remarques fur les fons de la Langue, par M. Boindin, la Pré» face de la Grammaire Latine, par M. » du Marfais*, les Réfléxions fur la Ma» nière d'enseigner de feu M. Rollin, par le même, & l'Encyclopédie, pour la partie Grammaticale, par le même. Si » M. Duclos écrit d'après les Auteurs que je viens de citer, c'eft qu'ils font venus » avant lui. Le bon ufage eft un; la manière de penfer, en fait de Langues, eft » fondée fur le bon ufage; elle eft donc » une auffi ; & dès qu'elle a été employée, il ne refte d'autre parti que celui du

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* M. du Marfais, l'un des plus habiles Grammairiens qu'il y ait jamais eu, annonça en 1730 une Nouvelle Méthode d'apprendre le Latin. Il n'en fit imprimer alors que la Préface écrite en François, & pleine de vûes nouvelles & philofophiques. Cette Préface, où se trouvent auffi les Réfléxions judicieufes fur la Méthode d'enfeigner la Langue Latine, felon M. Rollin, dans fon Livre de la Maniére d'enfeigner & d'étudier les Belles-Lettres, fe vendit publi quement & eut beaucoup de fuccès. La Méthode Latine de M. du Marfais ne parut point; on m'a dit qu'elle étoit actuellement fous Preffe,

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