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tête, bonté, ici, hotte, hote, jeune fou, vertu, tombe. M. Duclos, d'après M. Boindin, ajoute fept autres Voyelles à ces dix; fçavoir, quatre nazales, an, en, on, eun, un a circonfléxe, un eû circonfléxe, & une ouvert bref : les mots fuivans défignent ces fept Voyelles : ban, bien, bon, brun, páte, jeûne, tete. M. Duclos dit avec raifon qu'on pourroit compter un cinquième e, tel que le feconde dans préfère, & le premier dans fuccède. Mais n'étant pas, dit-il, auffi fenfible que les autres e, il ne feroit pas généralement admis: pour moi je le trouve extrêmement fenfible. Ainsi, à ce compte, nous aurions dix-huit Voyelles; mais remarquez, Monfieur, qu'elles ne font toutes que des modifications des cinq principales. M. Duclos augmente ainfi le nombre des Confones, & en trouve vingt-deux; fi l'on y ajoute l'afpiration h, il y en aura vingt-trois, qui, jointes aux dix-huit Voyelles, feront quaranteun fons fimples dans notre Langue.

Le principe lumineux du rapport d'idendité & du rapport de détermination que M. Duclos établit avec beaucoup de netteté, eft une découverte heureufe de M. du Marfais; elle fe trouve dans fa

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Préface de la Méthode Latine, laquelle Préface, comme on l'a dit, a été imprimée & répandue dans le Public en 1730. Voici les paroles de M. du Marfais: "Il eft néceffaire d'obferver qu'il ,, y a entre nos idées un rapport d'idendité & un rapport de détermination; », par exemple, j'ai l'idée d'une Table, ,, & j'ai l'idée abftraite de Quarré; quand ,, je penfe que ma Table eft Quarrée, » j'applique l'idée de Quarré à la Table; ,, je juge qu'elle eft telle. Il y a un rapport d'idendité entre Table & Quarrée, ,,& voilà le fondement de la concordance. L'Adjectif s'accorde en genre, ,, en nombre & en cas avec fon Subftantif, parce qu'ils ne forment ensemble », qu'un même tout, ou plutôt qu'un même objet. Dieu a créé le Monde. Le Monde détermine ce que je dis que Dieu a créé. Le Monde n'a point de », rapport d'idendité avec Dieu, ni avec a créé; mais il a un rapport de détermination avec ce dernier mot; il le détermine, & fait conclure ce que je dis que Dieu a créé. Le rapport de dé» termination que les mots fe donnent » les uns aux autres dans le difcours, eft », le fondement du régime. C'est uni

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», quement de ces principes que je tire », toutes les règles de la Syntaxe nécef„, faire ; c'est - à -dire, de cette Syntaxe ,, qui eft établie dans une Langue, pour ,, marquer les différens rapports de con-,,cordance ou de regime que les mots ,, ont entre eux, felon la liaison des idées qu'ils expriment. » M. Duclos,

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fans dire un feul mot de M. du Marfais,
établit les mêmes règles. « Toutes les
loix de la Syntaxe, tous les rapports
», des mots peuvent fe rappeller à deux
rapport d'idendité, & le rapport
de détermination. Tout adjectif n'é-
», tant que la qualité d'un Subftantif, &
tout Verbe n'exprimant qu'une ma-
nière d'être, ils ont l'un & l'autre avec
,, le Subftantif un rapport d'idendité.
» L'Adjectif doit donc s'accorder avec
fon Subftantifen genre, en nombre, &
,, en cas (dans les Langues qui ont des
», cas ) & le Verbe doit s'y accorder en
nombre & en perfonne..
Le rap-

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», port d'idendité eft le fondement de la concordance du genre, du nombre, &c. Le rapport de détermination est le fondement du régime."

A l'égard du plan pour rendre la Langue écrite l'image fidèle de la Langue

je

parlée, renouvellé de l'Abbé de St-Pierre, fuis étonné de voir encore un Académicien François faire tous fes efforts pour avilir & pour corrompre notre Langue. Car tel feroit l'effet de la prétendue réforme qu'on voudroit introduire dans notre orthographe. Nous defcendons en partie, par rapport au langage, des Grecs & des Romains. Notre origine eft affez belle pour la conferver. On apporte pour raifon que l'on faciliteroit aux Etrangers l'étude de notre Idiome ; je penfe au contraire qu'on la leur rendroit plus épineufe. Ces Etrangers, pour la plûpart, fçavent le Latin, quelques uns même le Grec. Quelles facilités ces deux Langues ne leur donnent-elles pas pour apprendre la nôtre, qui en eft dérivée ? Changez notre orthographe, faites difparoître nos étymologies, vous les privez d'un fecours néceffaire pour l'intelligence de nos mots. Mais je fuppofe qu'ils ne fçachent ni Grec ni Latin, je crois que les Langues s'apprennent plus rapidement & plus folidement par les yeux que par les

oreilles. Si l'on écrivoit comme on prononce, il en résulteroit une confufion, un cahos, qu'il feroit prefqu'impoffible

de débrouiller. Un exemple rendra fenfible ce que je dis ici: Tan, Tant, Tend, Temps; felon M. Duclos, il faudroit écrire tout cela par Tan. Or je demande s'il ne feroit pas plus difficile de faire comprendre à un Etranger que ce feul mot Tan a quatre fignifications différentes, que de lui montrer par l'orthographe, & de lui faire voir par les yeux, que ces quatre mots qui fe prononcent de même à la vérité, mais qui font écrits différemment, ont auffi quatre fignifications différentes. Après qu'on les lui aura expliqués, toutes les fois qu'il les rencontrera en lifant, il fe rappellera fur le champ leurs différentes fignifications. Je pourrois apporter une foule d'exemples pareils : je citerai encore celui-ci: Tu, Tût, Tue; tu fais cela ; il fe tût; il fe tue; écrivez ces mots par Tu comme on les prononce, & ufez - en ainfi par rapport à tous les mots, vous défigurez, vous bouleverfez entièrement notre Idiome : il n'y a plus ni déclinaison, ni conjugaifon, ni analogie, ni conftruction: vous faites un jargon barbare d'une Langue polie & foumife à des règles certaines.

D'ailleurs, fi l'on établit qu'il faut

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