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écrire comme l'on parle, toutes les Provinces du Royaume écriront autrement qu'on n'écrira à Paris, puifqu'elles parlent autrement. Ainfi l'on n'entendra rien aux Livres imprimés dans les Pays étrangers & dans les Provinces. C'eft déja un affez grand inconvénient que la prononciation ne foit pas uniforme; pourquoi vouloir y ajouter celui de mille orthographes différentes ? N'eft-il pas plus raifonnable de s'en tenir à celle qui eft établie depuis fi long-tems, & qui eft confignée dans le Dictionnaire de l'Académie Françoife, que nous fommes convenus de prendre pour guide à cet égard?

M. Duclos ne s'eft pas contenté de rappeller les vains fonges de l'Abbé de Saint-Pierre ; il a donné l'exemple, en affectant dans ses Remarques l'orthographe fingulière qu'il voudroit mettre en vogue. Mais comme cette orthographe n'a aucun principe, ni même n'en peut avoir, il arrive fouvent que l'Auteur orthographie d'une manière tout-à-fait oppofée à fes vûes,& que fa pratique dément la théorie : par exemple, il écrit toujours Roi, comme nous l'écrivons; cependant, dans fon système, il devroit écrire

Roa, puifqu'il eft certain que c'eft le fon de l'a qu'on entend, & non celui de l'i. Il y a mille mots pareils, fur lefquels je l'ai trouvé en défaut.

M. Duclos voudroit que l'on marquât d'un accent perpendiculaire les fons ouverts brefs; ce qui n'a lieu que pour des e tels que dans pére, mére, frère, &c. L'idée de cet accent perpendiculaire fe trouve dans la Méthode de de Launay, imprimée en 1741, pag. 5o. Il fe plaint, comme M. Duclos

que notre orthographe n'a pas affez d'accens pour exprimer les différens fons des e. « Car il y en »a, dit-il, qui fe prononcent d'une » voix un peu plus ouverte que ceux marqués de l'accent aigu, & pas tout"à-fait tant que ceux marqués de l'ac» cent grave. Ainfi on devroit créer un » accent perpendiculaire, pour expri» mer les fons mitigés ou mitoyens.

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Un reproche affez jufte qu'on fait à M. Duclos, c'eft d'avoir laiffé dans le texte de la Grammaire générale des fautes évidentes contre la langue; il auroit dû les corriger, du moins dans de petites Notes au bas des Pages. On auroit même fouhaité que, dans les Remarques, il eût relevé certaines idées de fes Auteurs qui

manquent de jufteffe, & fur lefquelles it a gliffé. Mrs. de Port-Royal, par exemple, prétendent que des eft le Plurier d'un; ce qui m'a paru affez difficile à concevoir.Des, mis avant les Subftantifs, comme des hommes, des animaux, ou de, quand l'Adjectif précède le Substantif, comme de beaux lits, de bons livres, ne font mis là que pour quelques. J'aimerois autant dire, & peut-être diroisje mieux, que deux, trois, quatre, &c. font le Plurier d'un.

La plupart des irrégularités des Langues viennent de ce qu'on a voulu éviter la cacophonie; & à ce sujet Mrs. de PortRoyal rapportent cette parole d'un An-" cien: Impetratum eft à RATIONE ut peccare fuavitatis caufâ liceret. M. Duclos a laiflé fubfifter la fauffeté dont cette citation eft défigurée. Elle eft tirée de l'Orateur de Ciceron, Chapitre 47; & il y a dans l'original Impetratum eft à confuetudine ut peccare fuavitatis caufa liceret. L'Ufage veut qu'il foit permis de pécher à caufe du plaifir qui en revient. Il eft fingulier que Mrs. de Port-Royal ayent fubftitué ratione à confuetudine. La raison & la coutume font pourtant deux chofes bien. différentes.

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J'aurois encore, Monfieur, plufieurs remarques à faire fur celles de M. Duclos. Mais je crains de m'être déja trop arrêté fur ces difcuffions grammaticales, dont l'utilité eft achetée par un peu de féchereffe. Je pense au refte comme l'Auteur de la Lettre que j'ai inférée ; & malgré les fautes qu'on peut reprendre dans l'ouvrage de notre Académicien les vûes nouvelles qu'il y a femées & qui font à lui, font honneur à la justesse & à la fagacité de fon efprit. Son Livre, indépendamment du texte, eft un très-bon Livre, dont on ne peut se passer, si l'on fe eft jaloux de fçavoir fa Langue autrement que par une aveugle routine. Traduction des Statuts de la Faculté de Médecine de Paris.

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M. Michel Bermingham, Chirurgien Juré, né à Londres, & naturalifé Fran-.. çois, vient de donner au Public une.. Traduction des Statuts des Docteurs Re-, gens de la Faculté de Médecine en l'Univer-.. fité de Paris, Cette verfion dont je ne vois pas trop l'utilité, eft fuivie d'une notice du Collège de Médecine de Londres. L'Auteur nous apprend une anecdote curieuse; c'est que les Maladies Véné..

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riennes étant devenues fort communes en Angleterre, fous le regne d'Elifabeth, » cette bonne Reine, craignant que fes loyaux fujets ne reçuffent quelque » dommage, en fe faifant laver & manier le vifage par les mains de ceux qui font accoutumés de fe fervir de Mer » cure, défendit aux Chirurgiens de "rafer. Le Cardinal Cofcia, ajoute M. Bermingham, vint trouver le Pape » Benoit XIII & lui avoua qu'il avoit gagné le mal François pour s'être effuyé » les mains avec une ferviette dont s'é» toit fervi une perfonne entichée de ce "-mal. Le bon Benoît XIII engageoit » tout le monde à prendre garde de tomber daus le même cas, & ne manquoit pas d'en donner pour exemple » le Cardinal Cofcia. Ce fut pour prévenir femblable accident qu'Elifabeth, Reine d'Angleterre défendit aux Chirurgiens de pratiquer la Barberie, » & aux Barbiers d'exercer la Chirur»gie." Immédiatement après ces mots on trouve cette illumination fondaine : QUELS BEAUX ENFANS NE SE

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ROIENT PAS ISSUS DU MARIAGE DE CETTE Princesse AVEC SIXTEQUINT! Je fuis, &c.

A Paris ce 8 Mars 1754•

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