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tarum exhibentes Plantas ritè cognitas ad genera relatas, fecundùm fyftema fexuale digeftas: deuxTomes in-8°. Vous y verrez le tableau en grand de toutes les richeffes que poffède la Nature dans le Regne Végétal. Les familles des Végétaux dif perfées fur la furface de notre Globe font ici diftribuées, arrangées, rapprochées & caractérisées par une méthode qui eft à M. Linnæus. Cet ouvrage fuppropre pofe un travail & des recherches immenfes, & ajoute un nouveau luftre à la célébrité de l'Auteur.

Je fuis, &c.

A Paris ce 22 Mars 1754.

LETTRE XIV.

Mélanges Hiftoriques & Philologiques.

ON auroit fait, Monfieur, un re

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cueil excellent de ces Mélanges Hifloriques & Philologiques, par M. Michault, Avocat au Parlement de Dijon, compilation dans le goût de celle de M. l'Abbé d'Artigny, fi l'on avoit voulu la réduire à un feul Volume. On a Tome I.

mieux aimé en faire deux, & mêler a des morceaux très-curieux, des articles peu intéreffans. Le premier Tome eft celui qui offre le plus de variété. J'y trouve d'abord une vie de M. l'Abbé Geneft, de l'Académie Françoife, Auteur de la Tragédie de Pénélope, que Mlle. Clairon a tirée de l'oubli, & dont le jeu pathétique de cette Actrice couvre les défauts. Cette vie eft de M. l'Abbé d'Olivet, qui l'avoit adreffée à feu M. le Préfident Bouhier.

L'Abbé Geneft étoit de Paris; il eut ce trait de reffemblance avec Socrate, d'être né d'une Sage-Femme. Il perdit fon père peu de temps après la naiffance; & toute l'éducation qu'il reçut de fa mère, fut d'apprendre à lire & à écrire, A dix-huit ans, il fe mit en tête d'aller aux Indes chercher fortune. Il partit avec un de fes Camarades, héritier d'un petit fond de Boutique, & s'embarqua à la Rochelle. A peine furent-ils en haute mer, qu'un vaiffeau Anglois les attaqua, les débaraffa de leur pacotille & les conduifit à Londres, où ils fe trouvèrent fans reffource, Geneft fe tira d'affaire par le moyen d'un Seigneur Anglois qui l'envoya à la campagne pour enfeigner lẹ François à fes enfans. Ce genre de vie ne

l'accommoda point: il revint à Paris, où il fut préfenté au Duc de Nevers. Ce Seigneur aimoit la Poëfie; & Geneft qui avoit déja montré quelque talent pour ce genre, en fut favorablement accueilli. Il crut qu'il lui feroit plus aifé de s'avancer dans le monde en prenant le petit Collet. Péliffon lui procura la facilité de fe faire connoître de ce qu'il y avoit de plus grand à la Cour. Il fut placé en qualité de Précepteur auprès de Mademoifelle de Blois, depuis Madame la Ducheffe d'Orléans. On fçait affez les autres circonstances de fa vie ; mais voici quelques anecdotes plaifantes, que vous ignorez peut-être. L'Abbé Genest avoit le nez fort gros & fort large. M. le Duc de Bourgogne en avoit été frappé. Quand ce Prince apprenoit à deffiner, il tournoit tous fes deffeins à faire le nez de l'Abbé Geneft. S'il étoit en caroffe & que la glace vînt à fe ternir, il y traçoit ce nez avec fon doigt. Un jour le Comte de Matignon ayant paru à fon lever avec un jufte-au-corps tout blanc de poudre, le Prince, avec la dent d'un peigne, repréfenta fi parfaitement ce nez célèbre, qu'il y avoit de quoi rire & admirer, en comparant la copie avec l'original, qui

crayon.

étoit préfent. Une autre fois il na fur une médaille de carton le portrait de l'Abbé Geneft, autour duquel il avoit écrit Carolus Geneftus Nafo. Au revers étoit un Temple de Janus fermé, avec ces mots : Quòd Janum claufit. Vous firez de l'avanture comique à laquelle ces dernieres paroles faifoient allufion. Lą chemise de l'Abbé Genest étoit d'ordinaire fi mal arrangée dans fes culottes, qu'il étoit rare qu'on n'en vît un bout qui en fortoit, Un jour que dans cet état il étoit occupé à voir jouer des Gobelets devant le Roi, l'Opérateur, qui tenoit un grand verre à la main, le fit difparoître à l'inftant; puis ayant prié l'Abbé Geneft de s'approcher de la table, il tira ce verre de l'endroit d'où fortoit fa chemise en difant A quoi fongez-vous, Monfieur l'Abbé, d'avoir là-dedans un Verre qui peut vous bleffer Jamais le Roi n'avoit ri de fi bon cœur, & jamais l'Abbé ne s'étoit trouvé fi déconcerté. Il ne pouvoit fe montrer nulle part qu'on ne fe mît à rire en le voyant. Il fut plufieurs jours fans paroître chez M, le Duc de Bourgogne, Il y retourna enfin, non fans avoir pris fes précautions. On fit remarquer cette

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nouveauté au Prince, qui fur le champ repréfenta le Temple de Janus au revers de la médaille en queftion. M. l'Abbé d'Olivet ́dit avoir vû cette médaille eni tre les mains de l'Abbé Geneft lui-même. Vous avez pû lire, Monfieur, dans les Divertiffemens de Sceaux que M. le Duc & Madame la Ducheffe du Maine, faifant l'honneur à ce Poëte de plaifanter avec lui, & cherchant l'anagramme de fon nom Charles Geneft, trouvèrent ces mots : Eh! c'eft large nez.

Une Lettre fur les Dés de Bade fait ici un article fingulier. On a découvert autrefois, & l'on trouve encore, aux environs de cette Ville, une quantité inépui fable de petites pierres cubiques qu'on prendroit pour des Dés. Les points y font marqués numérairement avec une parfaite régularité. Sont-ce de véritables Dés, ouvrage de l'art, qui ont été pétrifiés, ou bien des pierres produites dans cette forme par la Nature? Cetté question a été traitée par plufieurs Scavans, & il paroît qu'elle eft encore indécife. Ce fait merveilleux mérite bien d'être difcuté; il faudroit donc, avant que de chercher les caufes de cette production, avoir des certitudes & même

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