Images de page
PDF
ePub

دو

par

le

traits) commence ainfi : Cet Homme ce lèbre.....vouloit beaucoup de chofes, & pouvoit tout ce qu'il vouloit. Cependant, quelques lignes après, on voit qu'il voulut être Pape, & qu'il ne put l'être. Voici une cenfure des plus févères, au fujet des difpenfes accordées Pape Jules II à Henri VIII, pour époufer Catherine d'Arragon, veuve d'Arthur, frère de ce même Henri. « Si on avoit » cherché la voie que la Religion prefcrivoit de fuivre dans cette grande af faire, on auroit commencé par s'infor» mer fi le mariage avoit été confommé entre Arthur & Catherine: circonftance » décifive dont il ne fut pas queftion. C'est dommage que cette remarque Apoftolique porte à faux. Si l'Auteur avoit bien lu fes Actes de ce fameux Procès, il auroit trouvé, dans le Recueil de Rymér, les dépofitions, le ferment même de la Reine, qui certifioient que le mariage n'avoit pas été confommé; & c'eft tout ce qu'on pouvoit exiger fur un pareil fujet. Il y eut depuis des déclarations contraires; mais ce fut peu de tems avant le divorce.

"

دو

L'Auteur paroît fcandalifé du titre de Protecteur & de Chef fuprême de l'Eglife

Angleterre, que Henri VIII obligea tous fes Sujets de reconnoître en sa per fonne. Il appelle ce titre nouveau & fingulier; & il ajoute que cette flatterie révolta tout ce qui comptoit les bienséances ou la Religion pour quelque chofe. 1°. Le titre de Protecteur ne fauroit être contefté à aucun Souverain, même à ceux qui ne profeffent pas la Religion dominante dans leurs Etats. Nous en avons plus d'un exemple récent & authentique : &, à proprement parler, le Gouverne→ ment, dans tous les Etats, eft, de droit, cenfé Protecteur de toutes les Sectes qui y font établies ou tolérées par l'Autorité Légiflative. 2°. Quant au titre de Chef, quoique plus contesté, il eft certain que les premiers Empereurs Chrétiens en ont exercé toutes les fonctions, & que plufieurs Rois de Nations Barbares nouvel lement converties au Chriftianisme en ont réuni les prérogatives à la Souveraineté, en convoquant les Affemblées où ils préfidoient, & dans lesquelles l'on në règloit pas moins le fpirituel que le temporel. Ces titres ne font donc ni nouveaux, ni finguliers, ni flatterie révol tante. Auffi M. l'Abbé Raynal avoue-t-il que l'on fe conforma à la volonté de

Henri VIII, ou, pour mieux dire, aux décifions du Parlement il n'y avoit point, dit-il, d'autre parti à prendre,

22

دو

رو

Je ne fais de quel gothique & poudreux Ecrivain l'Auteur a copié la defcription de l'entrée d'Anne de Boulen à Londres. On reconnoit à certains mots la vétufté de fon texte, malgré le foin qu'il prend de le rajeunir par des élégances dans le goût de celles-ci : « Six jours après, Anne de Boulen arriva de Granevich à Londres dans une Barque peinte galamment, & précédée ou fuivie de cent vingt autres remplies de » ce que le Royaume avoit pu fournir de meilleurs inftrumens, & la Cour » de perfonnes plus confidérables.... On voyoit autour d'elle Mylord Guillaume » & le Duc de Suffolck."Qui n'admirera cette Barque peinte galamment, & ces cent vingt autres où les Grands de la Cour figurent en feconde ligne avec les Violons du Royaume? Le nom de Granevich, orthographié ainfi par tous nos anciens Auteurs (c'eft Greenwich qu'il faut écrire) & celui de Mylord Guillaume, nous indiquent affez que notre Collecteur d'Anecdotes ne s'eft pas informé, en les tranfcrivant, ni du lieu ni de la

[ocr errors]

perfonnne. Un Contemporain aura pu appeller Mylord Guillaume un Seigneur connu alors à la Cour d'Angleterre par ce nom de Baptême; mais n'eft-il pas fingulier de retrouver ce nom plus de deux cens ans après dans un Auteur moderne: à moins qu'il ne dife, pour fa juftification, que ce Mylord defcendoit des bons Guillaumes de l'Avocat Patelin, dont la Maison eft éteinte ?

Henri VIII, mécontent de François I, vouloit lui envoyer un Ambaffadeur chargé de l'infulter par des difcours fiers & menaçans. Il jetta les yeux fur un Evêque Anglois : le prudent Prélat fentit & repréfenta tout le danger de cette commiffion. Ne craignez rien, lui dit Henri: fi le Roi de France vous fait mourir, je ferai abattre bien des têtes à quan tité de François qui font en ma puiffance. Je le crois, répondit l'Evêque; mais de toutes ces têtes il n'y en a pas une qui vint fi bien fur mon corps que celle qui y eft. M. l'Abbé Raynal appelle cette puérile facétie une agréable réponfe; il prétend qu'elle divertit beaucoup le Roi d'Angleterre, & que l'Ambaffadeur en obtint pour récompenfe de ne point partir.

L'Auteur termine ainfi le portrait de ce Prince: Pour peindre Henri d'un trait, il fuffit de répéter ce qu'il dit à fa mort: Qu'il n'avoit jamais refufé la vie d'un homme à fa haine, ni l'honneur d'une femme à fes defirs. Ce dernier trait n'a jamais pû convenir à Henri VIII, ni lui être attribué que par quelque Moine fanatique. Violent dans fes paffions, ib eût été moins dangereux, s'il n'avoit pas eu la manie de les légitimer. Loin de facrifier à fes defirs l'honneur de ses Maîtreffes, il ne trouvoit pour elles aucun rang au-deffous du Trône,& l'Hymen ne manquoit jamais de couronner fa flamme. On ne lui connoît qu'une Concu bine, dont il eut, dans fa première jeuneffe, un fils qu'il créa Duc de Richemont, & qui mourut dans un âge affez tendre.

Je ne vous parlerai point, Monfieur, de la Conjuration de Fiefque qui termine le fecond Volume de M. l'Abbé Raynal. C'eft toujours le même efprit, le même goût, le même style. Je remarquerai feulement qu'il faut qu'il ait eu des Mémoires bien détaillés fur le caractère du Comte de Fiefque ; car, dans le portrait qu'il en fait, on trouvez

« PrécédentContinuer »