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penfe fur les nouveautés dont il eft a portée de juger. La Critique dominera donc dans fes Feuilles : & c'est encore un point qui les diftinguera des autres Journaux. Il relevera tout ce qui lui paroîtra pécher contre le bon goût, les viles fautes & les ridicules des Ecrits. Cette Critique fera tantôt férieuse, tantôt enjouée, fuivant les objets. Il n'eft pas néceffaire de prévenir que l'on s'interdira toute perfonnalité. Les Ouvrages du fiècle donnent affez beau jeu fans qu'il foit befoin d'attaquer les perfonnes. On ne fera pas moins en garde contre les partialités; & l'Auteur fe croit affez für de fa façon de penfer, pour être en état de promettre qu'il n'écoutera jamais les mouvemens de la prévention, de la haine, de l'amitié, de l'efpérance & de la crainte. La feule attention qu'il aura pour fes amis & pour ceux qui, par leur Naiffance ou par leurs Places, méritent une jufte confidération, fera de ne rien dire de leurs Livres, lorfqu'ils auronteu le malheur d'en faire de mauvais.

5. La carrière que s'ouvre l'Auteur eft affez vafte. Ce n'eft pas qu'il fe croye pourvu d'affez de lumières pour parler de tout avec jufteffe, & principalement des

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Beaux-Arts. Mais il eft né avec le bon efprit de confulter ceux qui font faits pour en juger fainement, & le Public peut être affuré qu'il ne hazardera rien fur ces matières que d'après la décifion des vrais Connoiffeurs & des habiles Artistes. Malgré ces précautions, il pourra fe tromper encore, & il ne rougira point de l'avouer, lorfqu'il s'en fera apperçu, ou que d'autres l'en auront averti. Il recevra, avec autant de reconnoiffance de docilité, les confeils qu'on voudra bien lui donner, foit par écrit, foit de vive voix. Son caractère eft de facrifier à la vérité, non feulement l'amour propre des autres, mais le fien même. Il prie feulement ceux qui lui feront l'honneur de lui écrire, foit pour lui faire obferver fes erreurs, foit pour lui envoyer des Remarques Critiques ou des Réflexions de Littérature dont ils fouhaiteront qu'on faffe ufage dans ces Feuilles, de fe découvrir à lui. Il prévient qu'il ne lit jamais les Lettres Anonymes, & que dès qu'il les voit fans fignature, il les jette au feu. Ainfi il feroit inutile de lui en écrire.

Un Ecrit clandeftin n'eft pas d'un honnête homme;

Quand j'accufe quelqu'un, je le dois, & me

nomme.

Au refte il s'engage à ne faire connoître au Public les perfonnes qui lui écriront, qu'autant qu'elles le defireront. Une grace qu'il demande aux Poëtes c'eft de ne le point perfécuter pour inférer leurs Vers dans ces Feuilles. Ils ont des Ouvrages Périodiques, deftinés à les recueillir. Eh! peuvent-ils ambitionner une place dans de petites Feuilles?

Foliis tantùm ne carmina manda.

6°. Tous les gens de Lettres & tous les: Artistes qui font de quelque Académie, font affurés d'un éloge funèbre après. leur mort confolation refufée à plufieurs Ecrivains & Artiftes, qui, pour n'être d'aucun Corps, d'aucune Société Littéraire, n'en font pas moins estimables: ils meurent incognitò &, pour ainfi dire, tout entiers; on n'en fait fouvent aucune mention dans les Papiers Publics. On fe fera un devoir dans ces Feuilles

de payer un jufte tribut à leurs ta.

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lens. On invite en conféquence les familles & les amis de ces illuftres défunts de communiquer à l'Auteur des notices de leurs perfonnes & de leurs Ecrits, & d'y joindre des faits, & des Anecdotes, s'ils en fçavent, afin qu'on en puiffe parler d'une maniere fatisfaifante pour eux & pour le Public.

7°. L'Auteur fe propose de donner tous les dix jours ; c'est-à-dire, le 10, le 20 & le dernier jour de chaque mois, un Cahier de trois Feuilles d'impreffion, ou de 72 Pages, & tous les trois mois un double Cahier; ce qui fera au boutde l'année quarante Cahiers, ou huit Volumes complets, le Volume étant compofé de cinq Cahiers. Cette année cou rante 1754 fera même complettée, quoique l'on ne l'ait commencée qu'au mois de Février, l'Auteur ayant devant lui des avances qui le mettent en état de prendre & de remplir cet engagement. Ainfi le Libraire fournira aux perfonnes de Paris ou des Provinces qui voudront foufcrire, huit volumes chaque année, à commencer par cette année 1754. La foufcription eft de vingt-quatre livres par an. Les perfonnes de Paris les recevront exactement chez elles, & on les envoyera

aux perfonnes de Province par les voyer qu'elles indiquerom. Le Libraire ne fe charge point des frais de l'envoi. Il avertit feulement le Public que Meffieurs les Fermiers Généraux des Poftes ont eu la bonté d'en faciliter le tranfport, & que chaque Cahier ne coutera par la Pofte que quatre fols de port dans toute l'étendue du Royaume.

8°. Ce n'eft point à l'Auteur qu'il faut s'adreffer pour avoir ces Feuilles, mais au Libraire qui eft MICHEL LAMBERT, rue & à côté de la Comédie Françoise, au Parnaffe. Les Perfonnes qui lui envoyeront des Lettres ou des paquets foit pour lui, foit pour l'Auteur, font priées d'en affranchir le port: fans quoi ils refteroient à la Pofte. On trouvera ces mêmes Feuilles Périodiques chez les Libraires des principales Villes du Royaume.

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