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que la fleur s'épanouiffe; on les fait reffembler à un demi-globe qui finiroit en pointe par le haut; alors on les appelle Rofes.

La maniere de les évaluer eft la même. L'accroiffemenr proportionnel de leur prix eft par le quarré de leur poids. Comme quelques Lecteurs pourroient ne pas entendre cette façon de parler, ufitée en Arithmétique, il ne fera pas inutile de la leur expliquer. On appelle Nombres Quarrés ceux qui font formés de la multiplication d'un nombre par lui-même. Ainfi, par exemple, fi je veux avoir le Quarré de d ux, je multiplie deux par deux; c'eft-à-dire, je compte deux fois deux, & je trouve quatre par conféquent quatre eft le Quarré de deux. Neuf eft le Quarré de trois, parce que trois fois trois font neuf, &c. Cela pofé, prenons un Diamant du poids de trois Karats; (le Karat eft la quatrième partie d'un grain ou la cent - cinquantième partie d'une once. ) Suppofons-le de deux Louis par Karat; le quarré de trois eft neuf; mutiplions neuf par deux; cela donne dix-huit Louis, qui feront la valeur d'un Diamant de trois Karats. Suivez la même

méthode dans les Diamans d'un plus grand poids, & vous connoîtrez au jufte leur valeur. Il y a cependant des exceptions à faire. qui demandent un grand détail, beaucoup de fupputations, & des calculs qu'il faut appren→ dre dans l'Ouvrage même.

La manière dont les Diamans font taillés en augmente ou en diminue le prix confidérablement. Le poids n'est donc pas toujours la règle de leur valeur. Un Brillant qui porteroit plus de poids & de fubftance qu'il n'en faut pour fa jufte proportion, ne feroit pas eftimé fuivant fon poids. Mais quelle eft la jufte proportion que doit avoir un Diamant? C'eft encore ce qui demande une trop longue explication ; je vous renvoye une feconde fois au Livre de M. Jeffries, où vous apprendrez auffi comment une Pierre peut être défectaeufe quand elle a plus d'étendue qu'elle n'a de poids.

Il y a fur-tout une remarque impor tante à faire; c'est qu'il eft démontré que les Diamans perdent la moitié de leur poids en les taillant. Il eft juste d'avoir égard à cette perte pour déterminer leur valeur. Il faut donc fup

pofer qu'un Diamant taillé, qui ne pèfe que trois Karats, en pèfe, fix: par conféquent (en le fuppofant de 2 Louis. par Karat) au lieu de 18 Louis, il en vaudra 72. L'Empereur a un Diamant qui pèfe 139 Karats un deuxième ; & le Mogol en a un, qui pèfe, dit-on, 279 Karats neuf feizièmes. Que de richeffes immenfes renfermées en fi peu de matière ! It ne feroit cependant pas difficile, par la règle que l'Auteur établit, de fixer le prix, énorme à la vérité, de ces bijoux uniques.

La fupériorité des Brillans fur les Rofes, a donné lieu à l'ufage qui regne depuis quelque-tems en Angleterre, de convertir des Rofes en Brillans, fous prétexte d'en faire des Bijoux plus beaux: & de plus grand prix. L'Auteur s'élève avec raifon contre cette mode qui diminue le poids & l'étendue des Diamans. D'ailleurs, fi l'on admet que les Brillans ont plus de mérite que les Rofes, il arrivera que celles-ci diminueront de prix, au grand defavantage des plus nobles & des plus anciennes Famil-, les qui en poffèdent une grande quantité, comme étant des joyaux plus anciens que les Brillans.

-Ileft difficile de fixer le prix du Karat ; il dépend du plus ou du moins de défaut, foit dans la fubstance du Diamant, soit dans la manière dont il eft taillé. Voici les qualités qui diftinguent les plus beaux Diamans. Ils doivent reffembler à une goutte d'eau de roche parfaitement, claire; & fi une Pierre eft d'une forme régulière, qu'elle n'ait ni tâches, ni pailles, ni veines, ni autres défauts de cette, forte, elle formera un Diamant qui aura le plus beau luftre, & qui pourra être regardé comme le plus parfait. Si l'on en trouve qui foient teints de jaune, de bleu, de verd ou de que la rouge, & teinture foit un peu foncée, ce font des Diamans du fecond rang. Mais fi la teinture eft pâle; elle rend la valeur de la Pierre au-deffous de la précédente. On dit qu'un Diamant eft de la première eau, quand il eft dans fa plus grande perfection, S'il manque plus ou moins de cette perfection, on dit qu'il eft de la feconde ou de la troisième eau, &c,, jufqu'à ce qu'on puiffe l'appeller une Pierre colorée.

La forme du Diamant peut en augmenter le prix ou le diminuer. Dans une Table fort inftructive, l'Auteur donne,

les différentes grandeurs des Brillans & des Rofes, par lefquelles on peut connoître fi un Diamant eft bien ou mál taillé, & s'il approche ou s'il s'éloigne de la forme la plus parfaite.

Les Perles tiennent le premier rang après les Diamans; mais toute leur beauté eft l'ouvrage de la Nature; elles ne font fufceptibles d'aucun embelliffement de l'art; circonftance qui les rend plus eftimables. Celles qui ont la plus belle forme, font parfaitement rondes.Cependant, fi une Perle à la figure d'une Poire, on ne la regarde pas comme imparfaite, parce qu'elle eft de la forme qu'il faut pour un Pendant d'oreille, pour des Sofitaires, ou pour d'autres ornemens fem→ blables. Une Perle, pour être belle, doit être unie. Il faut que fa couleur foit d'un blanc de lait,non pas mate & languiffante, mais claire & animée & fans aucune tâche. Les Perles font défectueufes, quand elles manquent de quelqu'une de ces qualités. La règle pour les évaluer eft la même que celle des Diamans; mais cette règle ne regarde que les groffes Perles: il n'eft pas aifé de fixer le prix des petites; auffi l'Auteur n'établit-il rien de bien pofitif là-deffus.

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