Images de page
PDF
ePub

Notes historiques sur le Prieuré, la Société des Prêtres et la Paroisse de Sury-le-Comtal. Communication de M. l'abbé Relave, curé de Sury.

Le prieuré de Sury, prieuré de l'ordre de SaintBenoît », disent expressément les textes (1), présente au premier abord ce caractère singulier qu'on n'y trouve pas trace de religieux quelconques. J'entends de religieux autres que le patron ou le prieur, qui n'étaient d'ailleurs pas toujours des religieux, et qui ne résidaient jamais. Comment cela s'est-il pu faire? Le bon La Mure, qui explique tout en Forez, explique justement la chose.

« Le comte Willelme, dit-il, donna tous les droits. qu'il pouvoit avoir en l'église de Surieu en Forez communément nommé Sury-le-Comtal à l'abbaye de l'Isle-Barbe en l'année 1092... Et ainsi ce comte fut auteur de l'érection du prieuré qui se fit audit lieu de Surieu sous la dépendance de cette abbaye ». - Autre texte : « (Sous le comte Guy II et pendant qu'il était à la croisade) à savoir l'an 1183, Guichard abbé de l'Isle-Barbe-lès-Lyon obtint une bulle du pape Lucius III... par laquelle ce pape assure et confirme à cette abbaye tous les bénéfices qui alors

(1) Statuts et terrier de la Société de Sury, manuscrit de LVI-227 feuillets, in-4o, papier (Bibliothèque de l'auteur). — Ce document ne porte ni date ni signature, mais il est en très grande partie de la main d'Antoine Pasquier, prêtre-sociétaire de 1695 à 1722, et il n'a pu être écrit postérieurement à 1735. J'y puiserai de nombreux et très importants renseignements.

en dépendoient, entre lesquels sont nommées les églises de... Saint-André de Surieu... et autres... » (1).

Que s'ensuivit-il de cette donation qui prouve, par parenthèse, que, dès la seconde moitié du XIe siècle, Sury avait une église sous le vocable de saint André; que le service se faisait dans cette église, puisqu'elle était dotée; et que ce service, très vraisemblablement, était paroissial, puisqu'elle n'était rattachée à aucune abbaye ou communauté -? Il s'ensuivit que l'abbé de l'Ile-Barbe, devenu ainsi le patron de l'église de Sury, dut d'abord, en en percevant les revenus, y faire acquitter le service tant que besoin fut, et qu'il employa probablement pour cela des religieux de son ordre. Mais tout cela se passait en des temps tellement reculés, qu'aucun document ne nous permet d'affirmer sur ce point quoi que ce soit. La seule chose que nous pouvons affirmer, c'est que le service passa, et que le patronat ne passa pas.

Ici il est besoin de quelques explications. Le patron d'un établissement ecclésiastique ou religieux était d'ordinaire un trop grand personnage pour prendre lui-même un contact immédiat et personnel avec son domaine et exercer les fonctions que ce domaine impliquait; il choisissait un intermédiaire sur lequel il se déchargeait de ce soin et auquel il laissait naturellement pour sa peine une portion de ses droits. Celui-ci était qualifié de prieur du lieu; on le connaissait; c'était à lui qu'on avait affaire, puis

(2) Hist. des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, I, p. 107 et 167.

que c'était à lui qu'on payait; et son titre de prieur maintenait à l'église dont il avait la charge la qualité et le nom de prieuré.

Le patronat de Sury demeura à l'abbé de l'IleBarbe jusqu'au XIVe siècle; au siècle suivant, il échut au chapitre de Lyon (1); ensuite, je ne sais par quelle transmission (2), tout en continuant à figurer nominalement parmi les bénéfices de l'antique abbaye, il appartint au roi (3). Ces patrons successifs choisirent naturellement des prieurs, qui malheureusement se trouvèrent eux-mêmes trop importants pour payer de leur personne. Ainsi, en 1479, le prieur de Sury n'était autre que l'administrateur du diocèse de Lyon, Jean de Bourbon, évêque du Puy, abbé de Cluny, prieur de Saint-Rambert, et autres prieurés ; aux XVIe et XVIIe siècles, c'était un membre de la puissante famille des Rostaing; au XVIIIe, ce fut Abraham-Sébastien Majoux de Ferrière, clerc tonsuré (4), et enfin M. Gay, qui était prêtre, mais que ses fonctions de supérieur du séminaire de Saint Charles à Lyon empêchaient évidemment de résider (5). Tous ceux-là ne pouvaient, avec la meilleure volonté du monde, que percevoir la dîme ecclésiastique, et s'en remettre à

(1) Aug. Bernard, Cartulaire de Savigny et d'Ainay, p. 906, 938-939, 958.

(2) Probablement au XVIe siècle, lorsque le Forez fut rattaché à la couronne, et Sury au domaine royal.

(3) Registres paroissiaux.

(4) Promu prieur royal de Sury et de Magnieu-Hauterive en 1753, à 24 ans. Résidait à Sury avant sa promotion, ainsi que ses père et mère, qui étaient de Lyon; continua d'y résider; mourut en 1763.

(5) Registres paroissiaux et Almanachs de Lyon. - V. d'Assier de Valenches, Les fiefs du Forez.

[graphic]

d'autres pour exercice des fonction ce qulls frent régulerement :.

Je résume. Pendant sept cents ans, be d'abord, puis le chapitre de Lyon.p rent un droit octroyé à Torigine par un en nommant un prieur de Sury: ce di le curé de la parcisse et percevait la di sait une portion dite congrue, c'est-à-d au curé qu'il avait choisi; et c'est de nous fumes à Sury, jusqu'à la Révolu de l'ordre de Saint-Benoît 2).

Le premier curé de Sury dont on nom est Hugues de Serrières qui, a tembre 1265, était en contestation au avec le comte de Forez et ses paroissi

(1) « Le prieur de Sury, qui est noble Jac présente [a] ladicte cure, prenant tout le di le diesme du Prieur, et le seigneur de l'autre diesme appelé le diesme du Seigneu pour tout revenu que deux terres contena: de semaille, un pré contenant une charrée vignes de cinq journées» (Archives du l'Archevêché. Visite pastorale de Mgr Deni le 10 juillet 1614, fo 259, vo. - Je do tion de cette pièce importante, à laquelle je emprunts, à mon excellent confrère et an joux).

(2) Cela est si vrai que Dom Jacques Bo qu'il fit en 1710 des établissements de son d'omettre Sury. (Mémoires de l'Académie de lettres et Arts de Clermont-Ferrand, XXVI

Sonyer du Lac dit d'ailleurs, sans ambag de Sury-le-Comtal consiste en dîmes en (D'Assier de Valenches, Les fiefs du Forez,

(3) Huillard-Bréholles, Titres de la maiso bon, no 599.

[ocr errors][merged small][ocr errors]

date notre petite ville était déjà elle-même, elle avait son enceinte définitive et son marché établi hors de cette enceinte (1); les comtes de Forez l'affectionnaient de plus en plus; Guy VI alors régnant le lui prouvait en affranchissant son marché en 1273 et en confirmant cette gracieuseté en 1277 (2); ses prédécesseurs Guy IV en 1239 (3) et Renaud en 1270 (4) avaient accordé à l'église et au clergé de Sury une ligne dans leur testament; enfin, allait venir le grand bienfaiteur de Sury, Jean Ier (1279-1333). Jean Ier aimait à faire grand. Il se proposait, pour sa chère résidence et le lieu de naissance de son premier né, autre chose que de simples fondations; après l'avoir dotée d'un Hôtel-Dieu (5), il voulait y construire une nouvelle église, et, pour se mouvoir avec plus d'aisance dans son projet et sans doute donner à l'édifice l'importance et les dimensions que réclamait la petite cité florissante, il projetait de la construire en dehors de l'enceinte du château-fort. Il présenta à cet effet une requête à l'archevêque de Lyon, Pierre de Savoie, qui accorda l'autorisation demandée, par des lettres datées du dimanche avant la fête de Saint

[ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small]

(1) Il est bien clair qui si la clôture de la ville n'eût pas été achevée au moment de l'établissement du marché, on n'eût construit qu'une seule enceinte qui eût englobé la ville et le marché. On n'a d'ailleurs qu'à consulter le plan de Sury en 1750 que j'ai publié dans une précédente étude (Bull. de la Diana, IX, p. 362) pour reconnaître, à la direction donnée dès l'origine au béal des moulins qui alimentait d'eau les fossés, que la véritable et sérieuse enceinte était entre le marché et la ville. (2) Hist. des ducs de Bourbon,etc, I, p. 279.

[blocks in formation]
« PrécédentContinuer »