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Morale de Confucius.

Savoir que l'on sait ce que l'on sait, et que l'on ne sait pas ce que l'on ne sait pas, voilà la véritable science (1).

Si le matin vous avez entendu la voix de la raison céleste, le soir vous pouvez mourir (2).

«Oh! que la loi du devoir de l'homme saint est grande, dit le Philosophe! c'est un océan sans rivage! Elle produit et entretient tous les êtres : elle touche au ciel par sa hauteur! Oh ! qu'elle est abondante et vaste (3)! »

Le parfait est le vrai dégagé de tout mélange... Le parfait est le commencement et la fin de tous les êtres. Sans la perfection, les êtres ne seraient pas... Le parfait est par lui-même parfait absolu (4).

La puissance productive du ciel et de la terre peut s'exprimer par un seul mot: c'est la perfection; mais la production des êtres est incompréhensible (5).

Le parfait est le commencement et la fin de tous les êtres ; sans le parfait les êtres ne seraient pas (6)..

La règle de conduite morale, qui doit diriger les actions, est tellement obligatoire que l'on ne peut s'en écarter d'un seul point, d'un seul instant. Si l'on pouvait s'en écarter, ce ne serait plus une règle de conduite immuable (7).

La loi du devoir est par elle-même la loi du devoir (8).

Elle est si étendue qu'elle peut s'appliquer à toutes les actions des hommes, si subtile qu'elle n'est pas manifeste pour tous (9).

Le ciel et la terre sont grands sans doute; cependant l'homme trouve aussi en eux des imperfections. C'est pourquoi le sage, en considérant ce que la règle de conduite morale grand, a dit que le monde ne peut la contenir (10).

1. Lun-yu, I, II, 17.

2. Ibid., IV, 3.
3. Tch.-young, XXII.
4. Ibid., XXV

5. Tch.-young, XII, 2.

6. Ib., XIII, 1. 7. Tch. young, I, 2. 8. Tch.-young, XII, 2. 9. Ib., XXVI, 7. 10. Tch.-young, XXV, 1.

de plus

« Je ne puis parvenir à voir un saint homme; tout ce que je puis, c'est de voir un sage. »

L'artisan qui taille un manche de cognée sur un autre manche n'a pas son modèle éloigné de lui. Ainsi le sage, pour gouverner et améliorer les hommes, ne doit pas regarder un modèle trop éloigné. Une fois qu'il les a ramenés au bien, il s'arrête là (1).

Est-il riche, comblé d'honneurs, le sage agit comme doit agir un homme riche et comblé d'honneurs. Est-il pauvre et méprisé, il agit comme un homme pauvre et méprisé... Le sage qui s'est identifié avec la loi morale conserve toujours assez d'empire sur lui-même pour remplir les devoirs de son état dans quelque condition qu'il se trouve (2).

Se nourrir d'un peu de riz, boire de l'eau, n'avoir que son bras courbé pour appuyer sa tête, est un état qui a aussi sa satisfaction (3).

Être riche et honoré par des moyens iniques, c'est pour moi comme le nuage flottant qui passe. »

Avant que la joie, la satisfaction, la colère, la tristesse, 80 soient produites dans leur excès, l'état dans lequel on se trouve s'appelle milieu.

L'homme supérieur sé conforme aux circonstances pour tenir le milieu... L'homme vulgaire ne craint pas de le suivre témérairement en tout et partout.

Fuir le monde, n'être vu ni connu des hommes, et cependant n'en éprouver aucune peine, tout cela n'est possible qu'au saint (4).

L'homme supérieur s'afflige de son impuissance, il ne s'afflige pas d'être ignoré et méconnu les hommes (5).

Fantchi demanda ce que c'était que la vertu de l'humanité. Le Philosophe répondit: Aimer les hommes.

«Il faut aimer les hommes de toute la force et l'étendue de son affection. »

« L'homme supérieur est celui qui a une bienveillance égale pour tous. »

« Je voudrais procurer aux vieillards un doux repos, aux amis

1. Teh.-young, XIII, 2.

2. Ib. XIV, 1.

3. Lun-yu, VII, 13.

4. Teh. young, II, 2. XI, 3.

5. Lun-yu, XV, 18.

conserver une fidélité constante, aux femmes et aux enfants donner des soins tout maternels (1). »

Sec-Ma-Nieou, affecté de tristesse, disait un jour: « Tous les hommes ont des frères, moi seul n'en ai point. »<«<< Que l'homme supérieur, répondit le Philosophe, regarde tous les hommes qui habitent dans l'intérieur des quatre mers comme ses fières (2). »

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Mencius ou Meng-Tseu naquit vers la fin du IVe siècle avant JésusChrist dans la ville de Tséou, et mourut vers 314. Il fut disciple de TseuSe, petit-fils de Confucius. Son principal ouvrage est un traité de morale qui porte son nom, le Meng-tseu. Ce traité a été traduit en latin par le P Noël (Prague, 1711), et par M. Stanislas Julien (1821-29); en français, par M. Pauthier (1811, in-12).

La justice et la charité.

La doctrine de notre maître consiste uniquement à avoir la droiture du cœur et à aimer son prochain comme soi-même. Agir envers les autres comme nous voudrions qu'ils agissent envers nous-mêmes, voilà la doctrine de l'humanité. La règle de la vie est la réciprocité (3).

Devoirs du souverain.

Le mandat du ciel qui donne la souveraineté à un homme ne la lui confère pas pour toujours. En pratiquant le mal ou l'injustice on la perd (4).

Obtiens l'affection du peuple, et tu obtiendras l'empire; perds l'affection du peuple, et tu perdras l'empire.

Le gouvernement est ce qui est juste et droit.... Le prince qui est vertueux possède le cœur de ses sujets; s'il possède le cœur, il possède le territoire. Le principe rationnel et moral est la base fondamentale, les richesses n'en sont que l'accessoire (5).

1. Lun-yu, XII, 22.

2. Ib.. XII,

5.

3. Ta-hio, IX, 3. Thoung-young, XIII, 3; Lun yu, IV, 15; V, 2; VI. 28; XV, 23; Meng-tseu, II, VII. 4.

4. Chou-king (Livres saints de l'Orient, 1840), ch. Tai-schi. « Le ciel, en creant les peuples, leur a préposé des princes pour avoir soin d'eux. » 5. Ta-hio, X, 6.

EXT. GR. PHILOS.

2

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Si ceux qui gouvernent les États ne pensent qu'à amasser des richesses pour leur usage personnel, ils attireront indubitablement auprès d'eux des hommes dépravés: ces hommes leur feront croire qu'ils sont des ministres bons et vertueux, et ces hommes dépravés gouverneront le royaume. Mais l'administration de ces indignes ministres appellera sur le gouvernement les châtiments divins et les vengeances du peuple. Quand les affaires publiques sont arrivées à ce point, quels ministres, fussent-ils les plus justes et les plus vertueux, détourneraient de tels malheurs? Ceux qui gouvernent un royaume ne doivent pas faire leur richesse privée des revenus publics, mais ils doivent faire de la justice et de l'équité leur seule richesse (1).

Egoisme et désintéressement.

Yang-Tseu fait son unique étude de l'intérêt personnel, de l'amour de soi devrait-il arracher un cheveu de sa tête pour procurer quelque avantage public à l'empire, il ne le ferait pas. Meng-Tseu aime tout le monde: si en abaissant la tête jusqu'à ses talons il pouvait procurer quelque avantage public à l'empire, il le ferait.

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Meng-Tseu, discutant avec le roi de Thsi, lui demanda ce qu'il faut faire d'un ami qui a mal administré les affaires dont on l'avait chargé. Rompre avec lui, répondit le roi. - Et d'un magistrat qui ne fait pas bien ses fonctions? Le destituer, dit le roi. Et si les provinces sont mal gouvernées, que faudra-t-il faire ? Le roi (feignant de ne pas comprendre) regarda à droite et à gauche et parla d'autre chose (2).

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Le roi de Thsi interrogea un jour Meng-Tseu en ces termes : «Est-il vrai que Tching-Thang [fondateur de la deuxième dynastie] détrôna Kie [dernier roi de la première dynastie], et l'envoya en exil, et que Won-Wang [fondateur de la troisième dynastie] mit à mort Cheou-Sin?»- Meng-Tseu répondit avec respect: « L'histoire le rapporte. » Le roi dit : « Un ministre et sujet a-t-il le droit de détrôner et de tuer son prince? » MengTseu dit : « Celui qui fait un vol à l'humanité est appelé voleur; celui qui fait un vol à la justice est appelé tyran. Or un voleur et un tyran sont des hommes qu'on appelle isolés, réprouvés

1. Ta hio, X, 22.

2. Meng tseu, I, ví, 8; II, vii, 26.

[abandonnés de leurs parents et de la foule]. J'ai entendu dire que Tching-Thang avait mis à mort un homme isolé, réprouvé, nommé Cheou-Sin; je n'ai pas entendu dire qu'il ait tué son prince (1). »

Le peuple.

« Le ciel voit, mais il voit par les yeux du peuple. Le ciel entend, mais il entend par les oreilles de mon peuple (2). »

Le peuple est ce qu'il y a de plus noble dans le monde; les esprits de la terre ne viennent qu'après le prince est de la dernière importance (3).

Solidarité des hommes dans le travail.

Les uns travaillent de leur intelligence, les autres travaillent de leurs bras. Ceux qui travaillent de leur intelligence gouvernent les hommes; ceux qui travaillent de leurs bras sont gouvernés par les hommes. Ceux qui sont gouvernés par les hommes nourrissent les hommes; ceux qui gouvernent les hommes sont nourris par les hommes. C'est la loi universelle du monde.

Le grand homme.

Le grand homme est celui qui n'a pas perdu l'innocence et la candeur de son enfance (4).

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La loi de la grande étude, ou de la philosophie pratique, consiste à développer et à remettre en lumière le principe lumineux de la raison que nous avons reçu du ciel; à renouveler les hommes, et à placer sa destination définitive dans la perfection, ou le souverain bien.

1. L. II, ch. II, 8.

2. Chou-king Tai-schi (Pauthier, Livres sacrés de l'Orient, p. 84). 3. L. II, ch. VIII, 14.

4. Meng-tseu, II, II, 12.

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