fices ont pour mobile l'espérance: les pratiques de dévotion austère et les observations pieuses sont reconnues provenir de l'espoir d'une récompense. Que le sage observe constamment les devoirs moraux avec plus d'attention encore que les devoirs pieux. Celui qui néglige les devoirs moraux déchoit, même lorsqu'il observe tous les devoirs pieux. Un sacrifice est anéanti par un mensonge; le mérite des pratiques austères par la vanité; le fruit des charités par l'action de la fraude. Celui qui étale l'étendard de la vertu, qui est toujours avide, qui emploie la fraude, qui trompe les gens par sa mauvaise foi, qui est cruel, qui calomnie tout le monde, est considéré comme ayant les habitudes du chat. Le Dwidja (1) aux regards toujours baissés, d'un naturel pervers, perfide et affectant l'apparence de la vertu, est dit avoir les manières d'un héron. Tout acte pieux fait par hypocrisie va aux Bakchasas (2). LOIS DE MANOU (trad. Loiseleur-Deslongchamps), II, 334. Humilité, douceur, pardon des injures. Qu'un homme ne soit pas fier de ses austérités; après avoir sacrifié qu'il ne profère pas de mensonge; après avoir fait un don qu'il n'aille pas le prôner partout. On ne doit jamais montrer de mauvaise humeur, bien qu'on soit affligé, ni travailler à nuire à autrui, ni même en concevoir la pensée; il ne faut pas proférer une parole dont quelqu'un pourrait être blessé et qui fermerait l'entrée du ciel. Celui qui est doux, patient, étranger à la société des pervers, obtiendra le ciel par sa charité. Celui qui pardonne aux gens affligés qui l'injurient est honoré dans le ciel.... Celui qui conçoit du ressentiment ira aux enfers. ibid., II, 161. IV, 236, 246. VIII, 312. 1 .... Devoirs relatifs aux femmes. Renfermées sous la garde des hommes, les femmes ne sont 1. Le prêtre. pas en sûreté; celles-là seulement sont bien en sûreté qui se gardent elles-mêmes de leur propre volonté. Les hommes doivent avoir des égards pour les femmes de leur famille, et leur donner des parures, des vêtements, et des mets recherchés. Si une femme n'est pas parée d'une manière brillante, elle ne fera pas naître la joie dans le cœur de son époux. Ibid., III, 59, 61. IX, 12. Le mari ne fait qu'une seule et même personne avec son épouse. Dans toute famille où le mari se plaît avec sa femme, et la femme avec son mari, le bonheur est assuré pour jamais. L'union d'une jeune fille et d'un jeune homme, résultant d'un amour mutuel, est dit le mariage des musiciens célestes. Qu'une femme chérisse et respecte son mari, elle sera honorée dans le ciel ; et qu'après avoir perdu son époux, elle ne prononce pas même le nom d'un autre homme. Un père est l'image du Seigneur de la création; une mère l'image de la terre. Un père est plus vénérable que cent instituteurs; une mère plus vénérable que mille pères. Pour qui néglige de les honorer, toute œuvre pie est sans prix. - C'est là le premier devoir tout autre est secondaire. Ibid., II, 145, 227, 234, 237. III, 59, 32. V, 155, 157, 160, 166. IX, 45. - La famille. Les castes. Supériorité des prêtres: Un brahmane âgé de dix ans et un kshattriya (guerrier), parvenu à l'âge de cent ans, doivent être considérés comme le père et le fils; et des deux c'est le brahmane qui est le père et qui doit être respecté comme tel. Ibid., II, 133. La royauté. Ce monde, privé de rois, étant de tous côtés bouleversé par la crainte, pour la conservation de tous les êtres le Seigneur 1 créa un roi en prenant des particules éternelles de la substance d'Indra, d'Anita, de Yama, de Sourya, d'Agni, de Varouna, de Tchandra, et de Couvera; et c'est parce qu'un roi a été formé de particules tirées de l'essence de ces principaux dieux, qu'il surpasse en éclat tous les autres mortels. De même que le soleil, Apothéose du roi. il brûle les yeux et les cœurs, et personne sur la terre ne peut le regarder en face. Il est le feu, le vent, le soleil, le génie qui préside à la lune, le roi de la justice, le dieu des richesses, le dieu des eaux, et le souverain firmament par sa puissance. On ne doit pas mépriser un monarque, même dans l'enfant, en disant : c'est un simple mortel; car c'est une grande divinité sous une forme humaine. Ibid., VII, 3, 8. Le châtiment érigé en divinité. Pour aider le roi dans ses fonctions, le Seigneur produisit dès le principe le Génie du châtiment, protecteur de tous les êtres, exécuteur de la justice, son propre fils et dont l'essence est toute divine. C'est la crainte du châtiment qui permet à toutes les créatures mobiles et immobiles de jouir de ce qui leur est propre, et qui les empêche de s'écarter de leurs devoirs. Le châtiment est un roi plein d'énergie, c'est un administrateur habile, un sage dispensateur de la loi; il est reconnu comme le garant de l'accomplissement du devoir des quatre ordres. Le châtiment gouverne le genre humain, le châtiment le protége: le châtiment veille pendant qu'il dort; le châtiment est la justice, disent les sages. Infligé avec circonspection et à propos, il procure aux hommes le bonheur; mais appliqué inconsidérément, il le détruit de fond en comble. Si le roi ne châtiait pas sans relâche ceux qui méritent d'être châtiés, les plus forts rôtiraient les plus faibles, comme des poissons sur une broche. La corneille viendrait becqueter l'offrande du pain, le chien lécherait le beurre clarifié, il n'existerait plus de droit de propriété, l'homme du rang le plus bas prendrait la place de l'homme de la classe la plus élevée. Toutes les classes se corrompraient, toutes les barrières seraient renversées, l'univers ne serait que confusion, si le châtiment ne faisait plus son devoir. Partout où le châtiment, à la couleur noire, à l'œil rouge, vient détruire les fautes, les hommes n'éprouvent aucune épouvante, si celui qui dirige le châtiment est doné d'un jugement sain. Ibid., VII, 14, 25. La vie contemplative et mystique d'après Les sens sont puissants, mais l'âme est plus puissante que les sens, l'intelligence est plus puissante que l'âme, et au-dessus de l'intelligence s'élève l'Être. Les œuvres sont bien inférieures à la dévotion de l'esprit. - Celui qui est dévot en esprit abandonne à la fois en ce monde les actions bonnes ou mauvaises. Celui qui a la foi a la science, et celui qui a la science et la foi atteint, par cela seul, à la tranquillité suprême. - Celui qui a déposé le fardeau de l'action dans le sein de la dévotion et qui a tranché tous les doutes avec la science, celui-là n'est plus retenu par les liens des œuvres. Comme le feu naturel réduit le bois en cendres, ainsi le feu de la vraie sagesse consume toute action. Délivré de tout souci de l'action, le vrai dévot reste tranquillement assis dans la ville aux neuf portes [c'est-à-dire dans le corps], sans agir lui-même, et sans conseiller aux autres l'action. Le dévot parvient en Dieu à l'anéantissement. BHAGAVAD-GITA, trad. Schlegel, p. 142, 147. Quel est celui que Dieu aime. Mets ta confiance en moi seul; sois humble d'esprit, et renonce au fruit des actions. La science est supérieure à la pratique, et la contemplation est supérieure à la science... Celui-là d'entre mes serviteurs est surtout chéri de moi, dont le cœur est l'ami de toute la nature, que les hommes ne craignent point, et qui ne craint point les hommes. J'aime encore celui qui est sans espérance et qui a renoncé à toute entreprise humaine. Celui-là est également digne de mon amour qui ne se réjouit ni ne s'afflige de rien, qui ne désire aug e chose, qui est content de tout, qui, parce qu'il est mon serviteur, s'inquiète peu de la bonne et de la mauvaise fortune. Enfin celui-là est mon serviteur bien-aimé, q i est le même envers son ami et son ennemi, dans la gloire et dans l'opprobre, dans le chaud et dans le froid, dans la peine et dans le plaisir; qui est insoucieux de tous les événements de la vie, pour qui la louange et le blâme sont indifférents, qui parle peu, qui se complaît dans tout ce qui arrive, qui n'a point de maison à lui, et qui me sert d'un amour inébranlable. BHAGAVAD-GITA, trad. Schlegel, p. 148, 169. Le jeune prince Sieddhårtha, né vers le VIIe siècle avant Jésus-Christ, ayant renoncé au monde à vingt-neuf ans, fut appelé Çakya-Mouni, c'està-dire le solitaire de la famille des Çakyas (branche de la caste militaire qui donnait les rois). Parvenu à la perfection de la science, il prit le titre de Bouddha, c'est-à-dire Savant. « Six siècles environ avant l'ère chrétienne, dit M. Nève, des accents poétiques d'un genre nouveau se faisaient entendre au milieu des contrées civilisées de l'Inde; ils partaient de la bouchè d'hommes de toute classe et de toute profession, et c'est avec surprise que les écoutait la foule, dont l'oreille n'était accoutumée qu'aux chants lyriques et liturgiques du Veda et aux récits héroïques de l'épopée naissante. « Quelles sont ces belles poésies que vous chantez? leur disait-elle, comme le fit un jour Pourna, le héros d'une légende fameuse. « Ce ne sont point des poésies, ce sont les propres paroles du Bouddha! >> Ainsi lui répondaient des hommes graves et méditatifs, vêtus pauvrement, qui venaient de lire à haute voix les hymnes, les prières qui conduisent à l'autre rive », ou des marchands qui récitaient des stances et des préceptes relatifs aux intérêts temporels. A ce nom de Bouddha, plusieurs demandaient aussi quel était ce personnage, et le plus souvent ils se rendaient auprès de lui, dans les lieux déjà célebres où il enseignait (1). » Vanité de la vie sensible d'après le Bouddha. Les hommes sont brûlés par les douleurs de la vieillesse et de la maladie; ils sont dévorés par le feu de la mort et privés de guide. La vie d'une créature est pareille à l'éclair des cieux. Comme le torrent qui descend de la montagne, elle coule avec une irrésistible vitesse. Par le fait de l'existence, du désir et de l'ignorance, les créatures, dans le séjour des hommes et des dieux, sont dans la voie des trois maux. Les ignorants roulent en ce monde, de même que tourne la roue d'un potier. Les qualités du désir, toujours accompagnées de crainte et de misère, sont les racines des douleurs. Elles sont plus redoutables que le tranchant de l'épée ou la feuille de l'arbre vénéneux. Comme une image réfléchie, comme un écho, comme un éblouissement ou le vertige de la danse, comme un songe, comme un discours vain et futile, comme la magie et le mirage, elles sont remplies de faussetés; elles sont vides comme l'écume et la bulle d'eau. La maladie ravit aux êtres leur lustre et fait décliner les sens, le corps et les forces; elle amène la fin des richesses et des 1. Le Bouddhisme, son fondateur et ses écritures, p. 5 et 6. |