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XII.

Soeur Catherine Gabrielle de Nouveau, de l'Abbaye de S. Antoine, morte en 1626. la Sœur Marthe de Louvières, encore de S. Antoine, morte en 1623, la Sœur Sainte Engratie Paffart de la même maison, morte en 1630. la Sœur Madeleine de S. Auguftin Renaudot, Religieufe de Fontevraud, morte en 1657. la Sœur Marie de S. François Grimoût, encore du Paraclet, en 1623. la Sœur Claire Sainte Martine de Mauriffe, Prieure de S. Martin de Borene, & beaucoup d'autres dans la fuite des tems, de Maubuiffon, de l'Eclache, d'Andecie en Brie, de Collinence, de Roie, de différentes Maifons de la Congrégation de N. D. &c.

& té

On a fçu qu'à Rome lorfqu'on follicita pour la jeune Abbeffe les nouvelles Bulles dont nous allons parler, le Pape & les Cardinaux furent dans un grand étonnement moignérent publiquement leur admiration lorfque ceux qui étoient chargés de l'affaire, apprirent au S. Pere & au Sacré Collège, que celle que la Supplique regardoit, étoit une jeune fille qui avoit déja grandement avancé la Réforme de fa maison, n'ayant pas encore dixhuit ans accomplis.

On ne fe feroit pas attendu à voir la Mere Premiers Di- Angélique obligée de retirer bientôt fa confiande ce de ce Religieux Bernardin fi zélé pour la Ré

recteurs

P. R.

forme, à qui elle avoit l'obligation d'avoir ofé l'entreprendre. Ce jeune Bernardin s'infinua dans l'efprit de quelques Religieufes, & gagna leur confiance au préjudice de celle qu'elles devoient à leur Abbeffe. Ces petites intrigues alloient à traverser les vues de la Mere en plufieurs points. Elle confulta par lettres un P. Archange de Pembrock, Capucin Anglois qui étoit de la connoiffance de Madame sa mere,

homme de bien, & homme d'un vrai mérite.
Dans la fuite elle a fuivi bien utilement fes
confeils, lorfqu'elle l'eut attiré à P. R. Sur
l'expofé des faits, le P. Archange lui confeilla
d'écarter le Bernardin. Il parut bien que ce n'é-
toit pas de fa part, jaloufie d'Ordre:
: car en-
tr'autres avis qu'il lui donna dans le cours de
la direction, il lui recommanda en confiden-
ce de ne jamais fe fervir des Capucins en matiére
de conduite, & de préférer, autant qu'elle le
pourroit, des Prêtres féculiers. La Mere agit fé-
crétement auprès de fes Supérieurs majeurs,
qui rappellérent le Bernardin de P. R. pour l'en-
voyer ailleurs; & le P. Archange entra dans la
direction de la maison à la fin de l'année 1609.
Comme ce vertueux Religieux ne pouvoit pas
venir fouvent à P. R. il pria la Mere de lui affo-
cier un bon Docteur,& un bon Religieux Feuil-
lant, pour partager entr'eux trois la charge
que fes occupations ne lui permettoient pas
de
porter feul. Elle y confentit. Le Docteur qui
fut choifi, fe nommoit M. Galot, Théologal
de la ville de Mortagne; & le Feuillant étoit
un Pere Eustache, dont il fera parlé dans la
fuite. Ce pieux Triumvirat fut très-utile à la
maison par de fages confeils, & par une con-
duite pleine de charité & de prudence.

XIII.

Nous avons annoncé plus haut de nouvelles Bulles, que M.Arnaud devoit faire folliciter pour reçoit de nouAngélique l'Abbeffe de P.R.fa fille en 1609.Son motif étoit velles Bulles que fachant bien que la profeffion de fa fille étoit & fait proferabfolument nulle, à cause de l'incompétence de fion une fe l'âge, où l'Abbé de Morimont la lui avoit fait conde fois. faire, & fe défiant d'autre part de fa fille à caufe du fecret deffein qu'elle avoit toujours de fe défaire de fon Abbaye, vû la nullité de fes vœux &l'irrégularité de fa nomination ; il crut devoir

affurer les chofes pour l'avenir, & obtenir de nouvelles Bulles de Rome pour réhabiliter le paffé. Dans la Supplique qu'il envoya en Cour de Rome, il demanda pardon au S. Pere da menfonge qu'il avoit fait dans la premiére en 1600. où il avoit avancé que fa fille avoit 17. ans, quoiqu'elle n'en eût que 9. La Cour de Rome vouloit condamner M. Arnaud à la reftitution des fruits: mais fur l'information de l'Official qui fut envoyée à Rome, & par laquelle il paroiffoit que M. Arnaud bien loin d'avoir rien retiré du Couvent, y avoit mis du fren, les Bulles furent accordées fans cette condition, & même expédiées gratis. Ceci arriva en 1609. Mais une autre condition y fut apposée, sçavoir que la jeune Abbeffe feroit une nouvelle Profeffion dans l'efpace de fix mois, faute de quoi les Bulles expédiées demeureroient fans effet. La mere Angélique n'avoit d'autre défir, finon que M. fon pere pût être tellement diftrait de cette affaire pendant toute la durée des fix mois, par fes autres occupations, qu'elle fe trouvât déboutée de fa place, par le défaut d'avoir rempli la condition. Elle prioit Dieu à cette intention avec grande ferveur. Mais elle ne fut pas exaucée. Il ne reftoit déja plus que fept jours jufqu'à l'expiration du terme preferit par les Bulles, lorfqu'elle vit arriver à P. R. l'Abbé de Clairvaux avec M. fon pere. Il n'y eut pas moyen d'échapper. Bien décidée d'ailleurs pour la vocation Religieufe, elle fit fa Profeffion entre les mains de cet Abbé ; prétendant en fon intérieur ne pas s'engager à la ftabilité dans la maifon de P. R. mais feulement aux trois grands vœux : tant elle avoit à cœur une retraite plus entiére & plus humble,à laquelle elle fe réfervoit une porte, dès que l'occasion

feroit favorable. C'étoit chez les Feuillantines de Toulouse, qui étoit un Couvent nouvellement réformé, qu'elle vouloit d'abord fe placer, & n'y être que Sœur Converse. Elle avoit entendu parler de cette maison comme d'un Couvent bien réglé & peu connu dans le monde ; ce qu'elle cherchoit. Dans la fuite elle penfa aux Capucines; puis à une maison de Carmelites de Flandres: & encore aux filles de la Vifitation, lorfque ce nouvel Inftitut fut établi par S. François de Sales. Tout cela lui étoit égal, pourvû que ce fut une Communauté bien · réglée. Elle a confervé long-tems cette pensée ; & ce ne fut que fur les fortes remontrances de M. Hamet Evêque de Langres, avec qui dans la fuite elle s'étoit liée, qu'elle renonça entiérement à ces vues de changement. Il l'obligea de renouveller fes vœux tout haut dans la Chapelle fermée de P. R. & de les refaire dans toute la plénitude de fon cœur. Elle n'eut plus depuis ce tems-là aucun retour de fes anciennes idées. Comme donc par cette feconde Profeffion dont j'ai parlé ci-deffus, elle fe trouvoit pourvue de fon titre dans les régles, & réellement chargée du poids de la fupériorité, elle redoubla de ferveur pour en remplir les fonctions, autant de tems qu'il plairoit à la divine Providence. Elle travailla à infpirer à fes filles toutes les vertus de leur état, s'efforçant d'y croître elle-même pour fe rendre plus agréable à Dieu & plus exemplaire pour fa Communauté.

Puifque j'en fuis à parler des vertus de la mere Angélique, pourquoi ne pas le faire ici dans le plus grand détail, & raffembler tout, comme dans un tableau? Je réunirai une multitude de beaux traits qui font épars dans les Relations de fes Filles, & qui font fans date pour

XIV.

la plupart; & je les rangerai fous les titres des différentes vertus auxquelles ils ont rapport. Je crois pouvoir affurer par avance qu'il en réfultera le portrait de la plus grande chrétienne, & de la Religieufe la plus accomplie. Ce qui aura manqué ici pour achever le tableau, aura fon fupplément dans tous les traits qui fe rencontreront dans la fuite de l'Hiftoire, & dans quelques réflexions que nous ajoûterons au tems de fa mort. Il est à obferver qu'en faifant l'éloge de la Mere, je ferai auffi celui de la Communauté, qui ne pouvoit voir la vie admirable de fa fainte Abbesse, sans être com→ me entraînée à l'imiter: ce qui arriva peu

peu.

à

La mere Angélique avoit une grande affiduiVertus de la té à la prière. Elle regardoit les priéres fréquentes mere Angéli- comme des moyens de parvenir à cette prière conlique. Amour de la prière, tinuelle, qui eft commandée par J. C. dans l'Ede la retraite vangile : & elle faifoit confifter celle-ci dans une & de la régu- vue habituelle & perfévérante de plaire à Dieu

larité.

en toute chofe, fans aucun effort ni aucune contrainte d'efprit, & dans une attention non interrompue à vuider. fon cœur de toute attache & de toute distraction volontaire : » Parce que, difoit-elle, rien ne fçauroit entrer » dans des vaiffeaux pleins, & qu'il faut que > notre cœur foit vuide, pour que Dieu le rem»pliffe. » Elle donnoit l'exemple à fes Sœurs de la fidélité qu'elle recommandoit pour l'affistance devant le S. Sacrement, dès que l'Adoration perpétuelle fut introduite à P. R. Elle y alloit, nonobftant fes infirmités. Elle y paffoit des tems confidérables, & y étoit comme immobile; fans manquer cependant à ce qu'elle devoit en toute rencontre à la Communauté & à fes emplois. Car elle avoit expreffément enjoint que

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