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an après, & qui auroit été un cadre bien plus favorable à fa vengeance; & l'on fait au contraire que le parti le plus oppofé aux Solitaires eut le plus à s'en plaindre : il n'en faut pas d'autres preuves que la déclamation que le P. Bourdaloue fit en Chaire contre ce dernier ouvrage. La raifon que le Littérateur affigne au froid accueil que reçut le Mifantrope, donne l'idée d'un Public bien différent de celui qui juge aujourd'hui nos Ouvrages Dramatiques. La découverte d'une malignité de la part de l'Auteur feroit plutôt le garant de fon fuccès que la caufe de fa chûte, & certainement il faut chercher ailleurs le motif d'une erreur qui fit bientôt rougir le Public.

Acte II. Scène I. Eft-ce par l'ongle long qu'il porte au petit doigt? M. le Marquis de Thyard, à l'amitié de qui je dois quelques-unes de mes nouvelles Remarques, fe fouvient d'avoir oui-dire à Mme fa mère, née en 1688, à l'occafion de ce vers, qu'elle avoit vu dans fa jeuneffe des vieillards avec cet ongle long, qu'ils s'en fervoient à table pour prendre du fel, & que ces vieillards étoient des Bourgeois de Province attachés aux anciens ufages; mais que les Gens de qualité, leurs contemporains, avoient déjà aboli celui-là.

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Acte III. Scène V. Et pour ne l'attribuer qu'aux mouvemens fecrets, &c. Je n'ai point fait de Note

fur ce vers,
qui en mériteroit une. Il falloit re-
marquer qu'il contient deux fautes, l'une de Gram-
maire, en ne donnant que trois fyllabes au mot at-
tribuer, qui en a quatre, & l'autre de fens, en y
admettant la particule ne, qui ne peut pas être de
Molière, puifque fi l'on veut y faire attention, on
verra que cette particule négative détruit le fens de
ce qu'Arfinoé veut dire. En la fupprimant la faute
du mot attribuer n'existe plus, & la clarté de la
phrafe renaît.

Madame, je vous crois l'ame trop raisonnable
Pour ne pas prendre bien cet avis profitable,
Et Pour l'attribuer qu'aux mouvemens secrets
D'un zèle, &c.

Il n'y a plus alors dans ce vers qu'une ellipfe; peut être un peu trop forte, ou le retranchement de ces mots à autre chofe qu'aux mouvemens fecrets: au lieu qu'avec le ne la phrafe eft inintelligible, ce qui doit faire rejeter cette faute fur le compte des Editeurs. (Cette remarque eft due à M. d'Alembert.)

Acte IV. Scène V. Obfervation fur un à parte. On pouvoit rapporter ici une Anecdote qui fournit une réflexion utile fur les à parte, & dont Molière fut un des Acteurs. Racine, La Fontaine & notre Auteur étant un jour raffemblés, la converfation tomba fur les à parte; La Fontaine en foutenoit l'ufage abfurde & contraire à toute vraisem

blance, Racine les défendoit, & la difpute devint vive. Molière profita d'un moment d'agitation où il vit le Fabulifte, & dit affez haut, & à plufieurs reprifes, La Fontaine eft un coquin, fans que celui-ci Pentendit; La Fontaine ayant fu l'à fu l'à parte de Mo

lière fe confeffa vaincu.

Fin du troisième Volume.

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