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Preuve tirée de Pe

lieux, non seulement de Provence, mais de Perigeux, &c, la prétenduë herefie Albigeoise.

Petrus Monachus Vallis Sernenfis, en sa Preface sur son Histoire confirme evidemVallis ment la méme remarque, & encherit encore d'un fiecle par dessus, lors que voulant Sernenfis. étaler les éloges de Simon Comte de Monfort, le grand Archi-perfecuteur des Vaudois, ou Albigeois de Provence, aprés l'avoir fait descendre d'Almaric, Fils-naturel de Robert, Roy de France, il ajoute que fon zele se signala sur tout en ce qu'il eut soin d'opprimer & d'exterminer cette pernicieuse Secte & herefie qui déja dés l'an 1017. levoit la téte à Orleans. Car ne voilà pas felon l'aveu de ce fameux Moyne, la Doctrine des Vaudois bien plantée dés le X. fiecle, & bien connue sous ce nom, puisque dés le XI. à sçavoir l'an 1017. elle estoit établie & enracinée jusques dans le cœur de la France, quafi plus de 150. ans devant le tems de Valdo de Lyon.

Et de Glaber Rodul

La méme chose est encore confirmée par Glaber Rodulphus, au Chap.8, du Liv. 3. phus. de son Histoire, & par d'autres : Et de fait, il feroit bien difficile de comprendre que Et de to- ce fut de Valdo de Lyon, que font venus les Vaudois dont parle Johannes Forbesius à bannes For- Cone, Prétre Theologien, & Professeur en l'Academie d'Aberdon en Efcoffe, en ses In

besius.

structions Historico-Theologiques liv.7.c.14. qu'il dit s'étre puissamment opposés à l'adoration des images des aussi-tôt qu'on l' a voulu introduire dans l' Eglife, c'est à dire, dans le VIII. fiecle, ni mémes ceux qu'il dit avoir eu leur partitout formé, & bien renforcé au tems de la creation du Pape Innocent II. l'an 11 30. toûjours 50. ans devant Valdo Et de Phi- de Lyon, & le confirmant par la Depofition de Philicdorphius, au premier Chapitre licdorphins. de fon Livre.

Et de Belwedere.

de M. A.

Certainement un parti fi redoutable à la Cour de Rome, ne pouvoit point étre en fi grande vigueur l'an 1130. qu'il n'eut été formé long tems auparavant, & ce qu'il a remarqué particulierement de l'opposition qu'il avoit fait à l adoration des Images, fait bien voir que c étoient les successeurs & les Disciples du Grand Claude, Archevéque de Turin, & en fuite d'un Valdo contemporain de Berengaire, qui s'étans détâchés de la communion de Rome dés le VIII. fiecle, & au commencement du IX. bien loin d'y rentrer dans le X. & X1. réveilloient à lors d'autant plus leur zele, que le tems étoit venu auquel Satan avoit été délié, les mille ans de fon liément, seson l'Apocalypse, eftans expires, & l'Anti-Christ ayant levé le masque; comme en effet le Cardinal Hildebrand, depuis Pape Gregoire VII. en qui nous verrons particulierement le déliement de Satan, & cette manifestation de l'Ante-Chrift par la déposition des Docteurs de Rome méme, fût celuy qui en qualité de Legat du Pape, présida au Synode de Verseil contre Berengaire, & par confequent contre ce Valdo son Collegue & principal confident. C'est ce qui paroit d'autant plus-evidemment à qui veut prendre la peine de fuëilleter, & confronter les Histoires mémes de Messieurs de Rome, qu'il y rencontrera des preuves invincibles & fort frequentes, que tant s'en faut, que de ce tems-là, ait pû étre étouffée la Doctrine de Berengaire, & de ses adherens, & par consequent du Valdo sus-dit, son contemporain, & des Vaudois, qu'elle s'étoit mémes merveilleusement accriie & augmentée.

Mais sans que je m'amuse à entaffer icy preuves fur preuves, pour faire voir que de tems immemorial, devant que Valdo de Lyon fût au monde, la Doctrine qu'il y a fi glorieusement foûtenuë, illustrée & dilatée, y étoit bien enseignée, & que ceux qui la fuivoient étoient connus sous le nom de Vaudois ; que le Lecteur, qui en aura la loüable curiosité, prenne seulement la peine de lire les Chap.25,26, & 27. de ce Livre, qui ne font qu'un tifsfu des témoignages de l'Antiquité des Vaudois, tirés 1. des Escrits des Vaudois mémes. 2. De ceux des autres Protestans. 3. Enfin de ceux de leurs plus grands Aversaires; Et lors il n'aura plus sujet d'étre en doute, si les Vaudois fous ce nom de Vaudois, ont été connus devant ce Valdo, combattu les Traditions de Rome & rénoncé à sa communion. Dans le premier Chapitre de cette troifiéme forte de preuves, il trouvera le Moine Belvedere, Prefect des Missionaires du Pape, qui re connoit qu'il y en à eû sempre e da ogni tempo nelle Valli di Angrogna, cét à dire, que toûjours & de tous tems ils ont efté dans les Vallées d'Angrogne.

Un Marco Aurelio Rorenco, Grand Prieur de S. Roc de Turin, Conseigneur de Rorenco. Lucerne, qui les y reconoit dans le IX. & X. fiecle, & puis perdant sa piste, ne fa chant aller plus-outre, & ne voulant cependant pas dire qu'ils font dés le tems des Apôtres (quoy qu'ailleurs il les nomme luy méme Apoftolici) rapporte que della loro

rus.

:

origine non si puo haver certezza, e che nel 9. e 10. secolo non era nuova Setta, qu'on ne peut trouver au vray leur origine, du moins qu'elle n'étoit pas nouvelle au IX. & Χ. fiecle. Un fameux Inquifiteur nommé Reynerus Saccone, qui dit que les Vaudois ou Al. de Reynta bigeois sont du tems de Sylvestre, ou mémes dés le tems des Apôtres: & un Claude Seiffel, de claude Archevêque de Turin, & des Vallées, qui asseure que la Secte des Vaudois à commencé Seiffel. par un certain Leon, homme tres-Religieux du tems de Constantin le Grand, c'est à dire, au commencement du IV. fiecle. Un Samuel Caffini, Religieux Italien, qui ose faire de Samuel les Vaudois aussi anciens que l'Eglise Chrétienne. Mr. de la Popeliniere, fameux Hiftorien Callini. de Mr. de la de France, qui affirme que fur tout dés l'an 1100. les Vaudois n'ont cesssé de semer leur ropelinie Doctrine peu differente de celle des Proteftans de fontems, & en un autre endroit, que re. la Confeffion de foy que les Vaudois presenterent au Roy François 1. l'an 1544. étoit toute telle qu'ils l'avoient apprise des Anciens de tous tems & tous âges. Quemadmodum ex omni memoria ætatum & temporum à Veteribus intellexerant. Un Johannes Crifpide Zohan nus, & quelques autres, qui dilent aussi que les Vaudois des Vallées de Piémont sont de nes Crifpitems immemorial, & que d'eux sont venus les Albigeois de Provence. Un Campianus, Je de campiaвід suite, qui les appelle Majores noftros, plus-anciens donc que l'Eglise Romaine. Plu.. fieurs autres fameus Autheurs nous confirment ces verités, que le Lecteur verra au Chapitre sus-nommé, & ailleurs.

nus.

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Aprés la Confeffion ingenuë & autentique de fi grand nombre de Catholiques Romains, qui réconnoiffent non seulement que la Doctrine des Vaudois, estoir de tems immemorial devant Valdo de Lyon, mais mémes que ceux qui la profef fefsoient étoient tous & generalement connus sous le nom de Vaudois; vous étonnerez vous de trouver au second rang des preuves de l'Antiquité des Vaudois, que vous verrez dans le Chap. 26. un Robertus Õlivetanus, qui dit que les Vaudois ont confera de Robertsk vé la pureté de l'Evangile dés le tems des Apôtres, que les Eglises Vaudoises des olivetanus. Vallées, ont toûjours été le Canton inexpugnable, la petite bande invincible, la petite ar mée de Chrift victorieuse, qui par quelque intervale & laps de tems que ce soit n'a pû per, dre fon bon droit?

10

Le grand de Beze, que les Vaudois sont encore des restes de la pure primitive Eglife, de Beza. particulierement ceux des Vallées des Alpes: Un Sleidanus, confirmant la méme cho- sleidanus. se. Le Docte P. Comenius, dont l'Histoire les met au tems de Constantin. L'Histoire Comenius. Ecclesiastique de France, qui rapporte qu'ils font non dés le tems de Valdo de Lyon, mais 'Hiß. Eccl. de tems immemorial, s'étans toûjours opposez aux abus de l'Eglise Romaine, & cependant malgré la rage de tout le monde, toûjours conservés aux Vallées de Piémont, où ils n'ont jamais adberé aux Traditions de l'Eglise Romaine.

de France,

tid

Enfin encores moins trouverons nous étrange que tant les Hiftoriens Papistes que Autres les Proteftans, trouvent des Vaudois de tems immemorial, devant Valdo de Lyon, fi preuves prew rées des nous examinons l'autre forte de Preuves de l'Antiquité des Vaudois, & des Eglises des Escrits des Vallées, que j'ay mise la premiere en ordre, & se trouvera mentionnée dans le Chap, Vaudois mbe 25. Leur langage les y fait affez connoistre, & témoigne plus que suffisamment qu'ils

viennent de plus-loin que les Gabaonites.

:

4

Sans les étaller icy toutes, remarquez, je vous prie, d'où pouvoient étre venus.ces Vaudois, dont fait mention la 2. preuve de ce Chapitre-là, qui l'an 1100. ont fait le beauTraité de la Noble Leiçon, dont je parle en passant en ce lieu-là, mais dont vous verrez un bel échantillon au Chap, 4. de ce Livre, où je commence à vous don ner les originaux de la Doctrine des Vaudois, & où vous remarquerez que les Papi. stes de ce tems-là disoient de ceux des Vallées, el és Vaudés é degné de murir, c'est un Vaudois il merite la mort: peut-il étre que ceux qu'on haissoit fi mortellement l'an 1100. & que l'on entendoit par le nom de Vaudois, fussent defcendus de ce Valdo de Lyon, venu 80. ans aprés? il faut bien, dis-je, qu'ils fuffent dés long tems devant le XI. fiecle, puisque l'on les réconnoifsoit & décrioit fi publiquement sous ce nom, au commencement du dit fiecle. Vous y verrez aussi une tres-belle Confeffion de Foy Deleur Cona des Vaudois, dattée de l'an 1120. Un traitté de l'Ante-Christ du méme tems; Un feffion de Foy de l'an autre contre l'Invocation des SSts. qui marque qu'il fut composé dés le tems qu'on 1120. commença de l'introduire dans l'Italie, la nommant las novas intercessions entermena autres pien per l'home de pecca, c'est à dire, les nouvelles Interceffions que l'homme de péché met en train: Un autre Manufcrit qui les fait encores de tems immemorial descendre de Pe re en Fils dés le tems des Apôtres. Une de leurs Lettres à Oecolampade, où ils le

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con.

ces.

4

confirment. Une Declaration faite au Duc de Savoye leur Prince, où ils luy remon trent la méme chose, à quoy Rome n'ût jamais de Replique, bien que ces Vaudois n'ayent jamais ceffé d'en revenir toûjours là, dans les Requestes & Remonftrances Et de leurs qu'ils ont presentées à leur Princes, à sçavoir ne demandans finon d'étre laissez dans la Requeftes. poffeffion de la Religion, dont ils avoient toûjours joüy de Pere en Fils, devant que les

De Valdo

Ducs de Savoye fussent Princes de Piémont, E da tempo immemoriale.

Et à vray dire, fi ces Vaudois avoient tiré leur nom de quelqu'un de leurs fignalés contempo- Pasteurs nommé Valdo , ce ne feroit pas premierement de celuy de Lyon, qui fleurifFain'de Be- foitlan 1180. Il y auroit plus d'apparence de dire que c'est de l'autre Valdo fus-dit, dont quel qui du tems de Berengaire, au fiecle IX. étoit en fi grande reputation, que Berengaiques uns ti- re preferoit ses instructions & fon Confeil à celuy de tous les autres hommes du monde Vaudois. de, comme vous le lirez amplement au Chap. 23. de ce Livre, où il est dit que Beren

rengaire,

rent le nom

Divers noms de

gaire dissuadé par Valdo (d'où les Vaudois ont tiré leur nom) refusa de se trouver au Concile de Verfeil en Piémont, Dissuafus par Valdo à quo Valdenfes, comme le rapporte Illyrious in Catal. teft. Ver. au Chapitre de Berengaire. Nul homme de bon fens ne dira jamais que ce Valdo fut celuy de Lyon, venu 1 30. aprés au monde, & qui cependant eût dû être déja bien avancé en âge l'an 1049. que le Concile de Verseil fut convoqué, si dés lors les Vaudois euffent etté nommés Valdenses à fon occafion; auffi eft-ce de ce Valdo compagnon de Berengaire, que les Centuriateurs de Magdburg Cent. 11. chap.9. co. 455. tirent le nom de Vaudois, comme auffi Nicolas Vigner en fon Histoire Ecclesiastique sur l'an 1050.

- Ce

qur pourroit encores donner plus de force à ce raisonnement, c'est qu'on ne trouve point d'autre nom à ce Valdo contemporain de Berengaire, au lieu qu'il n'y a Lado de qu'une perpetuelle confufion entre les Hiftoriens qui parlent de Valdo de Lyon, les uns disent que fon nom propre étoit Jean, comme le rapporte Th. de Beze, dans son Portrait des Hommes Illuitres pag. 185. Et les autres Pierre, & c'est la plus-commune opinion, mais pour fon fur-nom, quoy que la plus-part affeurent que c'estoit Valdo, ou Waldo, d'autres Valdio, comme parle Petrus Vallis Sernenfis en son Hiftoire des Albigeois chap. 2. Les autres comme Marcus Junius Boxhornius, en fon Hiftoire Universelle sous l'an 1159. & Petrus Wesembecius, par luy rapporté à la page 711. & Foachim Camerarius au commencement de fon Histoire de Boheme, & de Moravie, & plusieurs autres, disent que c'estoit Baldo, ou Baidon, & non Valdo, Valdoni, ni Valdio. Les autres enfin le nomment Petrus Valdenfis, comme Wernerius Laerius in fafcicul. temp. ætat. 6.

:

Ce qui a donné juste sujet au grand & judicieux de Beze, de nous affurer dans son Que Faldo Livre des Hommes Illuftres pag. 985. que bien loin que les Vaudois des Vallées euffent My même à fom pris leur nom de Valdo de Lyon, que luy tout au contraire a premierement été nomnom des mé Valdo, parce qu'il avoit receu la Doctrine des Vaudois; voicy ses mots, QuelquesKandois. uns ont tenu qu'ils avoient eû pour Chef un Marchand de Lyon nommé Jean, & fur-nommé Valdo, en quoy ils s'abusent, veu qu'au contraire ce Jean a été ainsi sur-nommé, parce qu'il D'où vient étoit des premiers entre les Vaudois. Et de fait c'est ce qu'ont entendu ceux qui l'ont originaire- fur-nommé luy méme Valdensis.

de Vaudois.

Beze.

ment le nom Que fi maintenant on veut sçavoir d'où ces Vaudois avoient donc tiré leur nom, & Témoigna- d'où luy méme il avoit été nommé Valdo, ou Valdenfis ; Je les renvoyeray à la réponge de Mr. de ce du sus-dit Monfieur de Beze, au méme endroit, où il dit que Valdo ou Valdenfis, & Et de Mr. les autres Vaudois, ont tous tiré leur premiere denomination des Vallées : & a Monfieur Congnard. Congnard, Avocat au Parlement de Normandie, en fon Traité touchant la Papeffe Jeanne à la pag. 8. où il avance, non point seulement comme son sentiment particulier, que les Vaudois ayent eu ce nom à cause des Vallées, où ils habitoient, mais comme un sentiment si bien fondé & appuyé, qu'il l'oppose à celuy de ceux qui affirment le contraire.

Or le Lecteur découvrira parfaitement bien la folidité du fondement sur lequel ont bâti Beze, Congnard, & les autres, si outre ce que nous en avons cy-devant remarqué dans les Depositions de tant d'Hiftoriens, tant Catholiqnes Romains, que Reformez, & dans les Escrits des Vaudois des Vallées mémes, où ils font décrits fous ce nom de Vaudois, & devant ce Valdo de Lyon, & memes devant l'autre Valdo, contemporain de Berengaire, au IX. fiecle, s'il fait bonne reflexion sur la remarque fuivante, qui luy fera voir en fon plein jour, pourquoy l'originaire, naturelle, & plusancien

de Vaudois

ment de

ancienne Denomination des Vaudois vient de ce qu'ils étoient habitans des Vallées. Ce que nous nommons les Vallées en langue Françoise, c'est ce que les habitans que le nom de tous ces lieux-là, en leur propre langage Vaudois, qui s'y est toûjours confervé, ou de val & s'y conferve encore, ont toûjours nommé & nomment VAUX; Et non feule-denfis vient ment les habitans des Vallées, les ont toûjours connus sous ce nom, mais mémes premiereles plus-anciens Ecrivains Gaulois, comme de fait les anciens François avoient de celuy de coûtume de nommer Vaux, les Vallons Vallées, ou Entre-deux des Montagnes, com- Vaux en me on le peut encore remarquer és Escrits de Marot, & de Beze, qui ont paffé pour doise ou de des Oracles d'Eloquence en leur tems, & en plusieurs autres. Ceux dont le langage Valli on tenoit plus du Latin, ou de l'Italien, que de l'ancien Gaulois, au lieu du mot de Vaux, langue Laemployoient celuy de Valli, & par abbreviation celuy de Val ordinairement joint tine & Iavec un di, pour faire la diftinction d'une Val, comme ils parlent encores, à l'autre talienne. Val, disans Val di San Martin, Val di Peirouze, Val di Lucerne.

langue Vau

Vallées en

:

Les premiers qui nommoient les Vallées Vaux, en nommoient les habitans Vaudois, n'entendans purement par le nom de Vaudois que les habitans des Vaux, comme les autres les appelloient Valdefi ou Valdenfes, ayant égard au mot de Val, ou mémes, si vous voulez, au mots Latin & Italien de Vallis ou Valle: comme en effét le nom de Valdefi en Italien, & de Valdenfes en Latin, ne leur a été donné que de ceux qui parloient ces langues, au lieu que parmi eux ils se nommoient Vaudés en leur langue, comme vous l'avez vû cy-devant, ou Vaudois par ceux qui vouloient mieux parler François, mais toûjours foit Vaudés, foit Vaudois du nom de VAUX, par ce qu'ils habitoient les Vaux, à raison dequoy les anciens Latins les nommoient Vallenfes, & quelquesfois comme Thuanus, Convallenses, eû égard à l'assemblage de ces Vallées. Ce que je dis des Vaudois ainsi nommés ordinairement des VAUX, se confirme encore, Ainsi les premierement par la pratique qui s'en voit ailleurs, car par exemple, ce qu'on appel-habitans le Vaudois, encore aujourd'huy les habitans d'une partie des Eitats de l'Illustre Re-s'appellent publique de Berne, qu'on nomme le Païs François, depuis le Mont Jura jusques à la vandois. terre de Jex, & prés de Geneve, c'est par ce que leur Pais s'appelle le Païs de Vaux, & se nomme de la forte, parce que c'est un tissu de Collines & Vallons, & mémes en divers endroits de Vallées affez confiderables, au panchant des Montagnes de Bourgogne, tendans vers le Lac de Geneve.

des

Comme Al

d'Albi, Pi

Quand bien donc les habitans des Vallées feroient encore Païens ou Papiftes, ils ne laisseroient pas d'étre appellés Vaudois, eû égard au lieu de leur demeure, sans faire aucune reflexion à la Religion, comme ceux qui en fortirent pour aller demeurer en Albi Ville Epifcopale de Languedoc, furent incontinent nommez Albigeois, par ce bigeois les qu'ils étoient habitans d'Albi, comme depuis furent nommés Picards, ceux qui fe habitans retirerent en Picardie, , & nul ne le doit trouver étrange, puis qu'il n'est rien de plus d commun que de nommer les peuples felon les lieux de leur demeure, comme les Ita-de Picarliens d'Italie, les Allemans d'Allemagne, Piémontois, Daufinois, Normans, de Pie die, or. mont, Dauphiné, Normandie, &c. Pourquoy non donc les Vaudés ou Vaudois, de leurs VAUX, comme Montagnards de leurs Montagnes, & Alpinois de leurs Alpes, & Cifalpins, Transalpins, ou Inalpins, felon Thuanus, & autres, felon qu'ils demeurent deçà, de-là, ou dans les Alpes ?

dois a puis

D'où il soit arrivé en fuite que ce nom de Vaudois ait passe pour le nom de leur Re-comme le ligion, ou comme il plait à Meffieurs de Rome, pour une Secte, certainement il n'eft nom devaugueres mal-aise de le deviner, puisque c'est une methode dont les exemples font sans fignifie une nombre, d'entendre par le nom des habitans d'un lieu, la Religion qu'ils profeffent. Religion on Si l'on veut parler des Turcs vous entendez que ce font des Mahometans, fi des Chi-Sette, nois, ou des Japponois, que ce font des Payens, fi d'un Romain, ou d'un Napolitain, que c'est un Papiste, par ce que les habitans des lieux d'où ils tirent leur nom, font profession de telles Superftitions. Conime au contraire parler d'un Genevois, en Italie ou en Espagne, & parler d'un heretique, d'un Calviniste, ou d'un Proteftant, c'est la méme chose, dés qu'il a plû à Dieu de choisir cette Sion pour y loger fon Tabernacle, en y allumant ce beau Chandelier d'or, auquel tant d'autres Eglifes ont rallumé leurs Lampes; ou bien dés que la Ville d'Albi Cathedrale de Languedoc, fut remplie de ces Vaudois des Vallées, y faisans publique profession de l'Euangile, & de combattre les superstitions de Rome, par les Albigeois, on n'a plus entendu les habitans d'Albi, comme on faifoit auparavant, mais seulement ceux qui faifoient profession d'une telle

E

1

Les Vallées

Pasteurs.

le Religion; Et aujourd'huy mémes, il n'y a pas de cent un de ceux qui parlent ou écrivent des Albigeois, qui face aucune reflexion à la Ville d'Albi, comme fi un Albigeois fignifioit un citoyen d'Albi, comme un Parifien de Paris, &c. Mais generalement chacun entend par un Albigeois, une personne qui fuit la Doctrine que les Vaudois des Vallées introduifirent en Albi. De cette méme façon dés que les habitans des VA U X ou des Vallées, se font ouvertement opposés au Pape, parler d'un Vaudois ou parler d'un heretique, a toûjours été la méme chose chez Messieurs de Rome.

Ét comme on dit communement quòd à potiori fit denominatio, que les Denominations se tirent des parties principales: par ce que bien qu'il y ait d'autres Vallées dans l'Italie, & d'où les habitans ont aussi long tems fait profession de la méme Doctrine, comme celle de Chavenna, & de Tellina, d'où les plus-anciens Hiftoriens ont tiré le nom de la Valteline, neantmoins comme ces Vallées-là ne font pas celles qui separent l'Italie de la France, ce ne font que dans ces Alpes d'où les Italiens ont particulierement tiré leurs noms de Gaule Cisalpine ou Transalpine, d'où les habitans ont fur tout été nommés du nom de Vaudois, outre que d'ailleurs en ces autres Vallées, la méme Doctrine n'y a fleuri que long tems aprés qu'on appelloit déja Vaudois les habitans des Vallées, qui separent l'Italie de la France, & que quand on parle des Val lées sans autre addition, ni specification, on entend toûjours celles de Piémont, & les circonvoifines : de-là aussi est venu que comme ce font celles-là qu'on a toûjours nommé les Vallées par excellence, comme on parle, ce sont aussi leurs habitans qu'on a nommés Vaudois par excellence; mémes dés que par le nom de Vaudois on a commencé à entendre des Religionaires, comme les Italiens plus - moderés appellent ceux qui fuivent une Doctrine contraire à celle de Rome, & ce d'autant plus qu'il s'eft justement rencontré par une providence de Dieu merveilleuse, que generalement toutes les Vallées ainsi situées, & universellement entenduës fous ce nom des Vallées, ou Vallées des Alpes, ont de tems immemorial été remplies de gens faifans profession d'une telle Religion.

Si bien que depuis que le nom de Vaudois, n'a plus été pris pour les habitans des Vallées, ou des Vaux, mais pour leur Religion, de-là est venu qu'on à donné ce méme nom de Vaudois à tous ceux qui ont embrassé la méme Religion des Vaudois des Vallées, en quelque Païs ou Nation qu'ils se soint rencontrés, Vaudois en France, Vaudois en Italie, en Allemagne, Angleterre, Boheme, &c.

A quoy n'a pas peu contribué 1. qu'en effet presque tous ces Païs-là mediatement la pepiniere ou immediatement, ont receu la Doctrine de ceux des Vallées : que non seulement des Anciens des Vallées étoient venus les Albigeois, de ceux-cy derechef Valdo, & les Vaudois de Lyon, & de la Difperfion de ces Vaudois, les Vaudois ou Vallons des Païs-Bas, de Picardie, d'Allemagne, de Boheme, Pologne, Moravie, Alface, &c. comme auffi ceux d'Angleterre, de la Poüille, Calabre, Naples, & autres Villes & Païs d'Italie : Mais méme qu'on envoyoit de temsentems en la plus-part de ces Païs-là, des Pasteurs des Vallées mémes, & ce qui n'est pas moins remarquable que de ces lieus-là l'on envoyoit étudier aux Vallées plufieurs de ceus qu'on deftinoit au S. Miniftere, de forte que les Eglifes des Vallées étoient reputées comme l'Université des autres Eglifes de leur Communion.

L'une & l'autre de ces Remarques eft verifiée par nombre d'Historiens irreprochables; car pour la premiere à sçavoir que de ces Vaudois foit emanée la S. Doctrine qui a paffe en tant d'autres endroits de l'Europe, il ny en a presque pas un qui ne l'ait La Doctrine confirmé; Æneas Sylvius, depuis Pape Pie II. en fon Hiftoire des Taborites dit, éparse pref qu'un Pierre de Deyt, & Jaques de Misne, tous deux de nos Vaudois, étans passés en Boque par tou- heme au tems de Jean Hus, l'imburent de leur Doctrine : Les Bohemiens mémes le conte l'Europe feffent, & reconnoiffent que Wiclef aussi a receu la Doctrine de ces Vaudois, car voineas Syl- cy ce qu'ils en difent au Livre de Origine & Confeffione Ecclef. Bohem. Nous ne dou tons point que les choses bonnes 5 veritables, que nous avons en nos Eglifes, elles ne les dois de Bo- ayent prises des Vaudois, & que pour cela elles ne leur doivent encores des particulieres actions de graces, fur tout puisque Wiclef méme eft dit avoir été aidé des Vaudois, & du depuis a reveillé & accouragé nôtre Jean Hus. Et l'Excellent Comenius en son Hiftoire des persecutions de Boheme, que nous citons ailleurs, que ces Eglises n'ont jamais nié d'avoir receu leur vocation des Vaudois. La Cronique Hirsauge en fait l'Histoire tout au long.

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