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eftoient en doute, mais Pierre Maffon fut emprisonnê à Dyjon. Ce qui se recueille auffi par la Lettre que l'un de ces grands hommes écrivit aux Vallées par eux inserée aux 1. Livre.

Stefano Negrino, & Ludovico Pafcale, ( duquel je fuis defcendu en droite ligne de par Mere) furent envoyés en Calabre l'an 1560. pour vifiter les Eglifes de Montalto, Santo Xilto, & lieux circonvoifins, mais Eftienne Negrin, fut enlevé & entreiné à Cofcence, où l'on le fit perir de faim dans les prifons, (ce qui derechef confirme ce que nous venons de dire, que les Vallées eftoient les Meres Eglifes de toutes les autres qu'elles avoient comme engendrées, & les nourriffoient, du laict de la Parole per les Paiteurs qu'elles leur envoyoient) & Louis Pafcal fut emmené à Rome, où il fut brûlé vif en prefence du Pape Pie, & de fes Cardinaux, qu'il cenfura fort courageusement, même du milieu des flammes, les adjournant à comparoitre devant le throne de l'Agneau, pour y rendre compte de leurs cruautés & barbaries, auffi bien que des herefies, fuperftitions, & idolatries, dont ils avoient fouillé l'Eglife.

Giovani de Mus de Provence, ayant efté envoyé en Calabre: mourut en chemin prés de la Ville de Lucas en Italie.

Ceci encore confirme la méme verité
Thomafo Bermonde de Pragelas.

que deffus.

Pietro Benilaque de la Vallée de S. Martin.

Barbe Giovanetto de la Vallée de Fraiffiniere.

Barbe Paolo Barmonde de la Vallée de Pragela.

Pietro Borello du Villaret au Val Clufon, qui fut auffi emprisonné au lieu nommé Poccapaglia en Italie, allant en Calabre, mais qui fut delivré en payant groffe rançon. Matheo Gautiero de la Communauté du Faet en la Vallée de Clufon.

Antonio Gianone d'Angrogne en Val Lucerne.

Martino Gonino auffi d'Angrogne, martyrifé à Grenoble, revenant de conferer avec les Reformateurs d'Allemagne, & avec Monfieur Farel à Geneve, l'an 1536. le 26. d'Avril.

Nartino Arnol encore d'Angrogne.

Laurenzo Pignales de Feneftrelles en Val Clufon.

M. Francefco Vallis du lieu de la Vallée de Lucerne.
M. Gillio de Gilli de la Vallée de Peyroufe.

M. Francefco Laurenzo de la Vallée de S. Martin.

Roole des noms de quelques-uns des Difciples & Succeffeurs des anciens Barbes.
fus-dits, qui ont vecu environ l'an 1587. & quelques fuivans, & ont
efté leurs fucceffeurs en l'œuvre du S. Ministere.

M. Stephano Peyrotte d'Uffeaux en Val Cluson.

M. Philippo Paiteur de Pragela.

M. Hugo Pafteur de Pragela.

M. Pietro Bernardello de Pragela.

M. Daniel Bermondo de Pragela.

M. Andrea Riperto de la Vallée de Fraiffiniere.

M. Giovanni Nicole fo du Villar de Bobi en la Vallée de Lucerne.

M. Auguftino Groffo.

M. Melchior di Dio de la Torre en la Vallée de Lucerne.

M. Paolo Garnero de Boby en la méme Vallée.

M. Diele Chanforano d'Angrogne.

M. Anthonio Bongierno de Boby.

MM. Henry & David Roftain de Val S.Martin, Pere & Fils,cetui-là mon Bis-Ayeul,

qui a prêché à l'âge de cent ans, & a vécu 115.

M. Pietro Jordano de Val Clufon.

M. Daniel Monin de Villar en Val Lucerne.

M. Stephano Laurentio de la Vallée de S. Martin, autre mien Bis-Ayeul, qui a prêché 7. ans.

M. Pietro Gillio de la Vallée de Peyrouse.

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M. Michaele Appia de S. Jean de Lucerne.

MM. Valerio, Cornelio, & Jofepho Groffi, Freres.

Voilà les noms des principaux & des plus renommés d'entre les Barbes des Vallées, que j'ay pû receüillir de leurs regiftres, qui font peu en nombre en comparaison des autres dont nous ne faifons pas mention, me contentant d'avoir nommé les plus fignalez.

Les fus-mentionnés cependant font plus que fuffifans pour faire voir comme Dieu a toûjours entretenu des Ouvriers en cette fienne Vigne, quoy que leurs Adversaires ayent fait tous leurs efforts, pour en effacer la memoire de deffus la face de la terre, comme les funeltes preuves ne s'en voyent que trop frequentes au Livre fuivant: où nous traitons des Perfecutions de ces pauvres fideles des Vallées.

le nom de

Si le Lecteur me demande maintenant ce que fignifie ce nom de Barbe, je luy ré- D'où vient pons, que c'eft à dire Oncles de forte que d'appeller un Pasteur Barbe, c'eftoit l'appelfer Oncle. C'est encore aujourd'huy, comme dans les fiecles plus reculés, un grand titre d'honneur, & de refpect, dans toutes les Vallées de Piémont, & circonvoifines, & il n'y a que cette difference, que dans celles qui font fous la France, on fe fert du mot Oncle, & l'on appelle ceus pour qui l'on a le plus de veneration l'Oncle Jean, l'Oncle Pierre, &c, bien qu'il n'y ait nul parantage: & és Vallées de Piémont, on dit Barba Giovani, Barba Pietro, &c. Il me fouvient fort bien, qu'encore avant l'an 16 30. c'étoit le titre ordinaire qu'on donnoit aux Pasteurs : Et de fait, qui peut ignorer qu'autres-fois un premier Prefident de Paris n'eftoit fimplement nommé que Maitre Jean, ou Maitre Pierre, & que de Maitre on eft devenu Monfieur, de Monfieur on eft devenu Seigneur, de Seigneur fon Excellence?

L'an 1630. la pefte fut fi violente dans les Vallées, qu'elle en emporta tous les Pafteurs à la referve de deux venerables vieillards,affavoir les Sieurs Gilles & Gros: il fallut avoir recours en France, & fur tout à Geneve, pour en recouvrer des autres. Et au lieu que jufques alors il n'y avoit pas un feul Pasteur qui n'y prêchât en Italien, il en fallut recevoir avec action de graces une dizaine qui ne prêchoient qu'en François. Ceus-là commencerent à eftre Meffieurs, & leurs Femmes Mes-Damoifelles, & pour les originaires des Vallées on commença à les appeller Meffer, Meffer Gillio, Meffer Groffo. Or de ce nom de Barbe, venerable parmi les Vaudois, les Papiftes Italiens Le nom de ont tiré le nom de Barbet, qui fignifie un chien à grand poil, & ont de tout tems appellé les Vaudois Barbets, parce qu'ils eftoient Difciples des Barbes, tout de même lie donne orqu'on appelle les Reformés Huguenots en France; fi bien qu'encore aujourd'huy dinairemens dans le Piemont on ne donne prefque jamais autre fobriquet à un homme de la Reli-ient de gion, finon que c'est un Barbet de quelle nation qu'il puiffe eftre ; & fi l'on veut de- Barbe. mander d'un François, d'un Allemand, d'un Hollandois, eft-il Calviniste, Lutherien, &c. on dira feulement eft-il Barbet?

CHA P. XXXIII.

Quelle est encore à prefent la Difcipline des Eglifes des Vallées de Piémont, & leur Police Ecclefiastique.

Barbet que

toute l'Ita

aus Vaudois

ien qu'au tems de la Reformation, les Vaudois ou habitans des Vallées, ûffent envoyé des Deputés pour conferer avec Bucer, Melanchton, Oecolampade, Zwingle, Luther, Calvin, & autres, touchant les points de Doctrine, & de Difcipline. Je ne trouve point qu'ils y ayent changé la moindre chofe, fi ce n'eft qu'ils étoient prefque De la Di fcipline des Anabâtiftes en ce qui regarde le maniement des armes feulement, car ils croyoient vaudois dequ'il n'appartenoit qu'aus Magiftrats de manier l'épée, & que quand ils étoient per- vant la Res fecutés en un lieu, ils fe devoient contenter de fuir en un autre, ou, en toute extremité formation, d'étre feulement fur la defenfive, fans feulement faire un pas pour pourfuivre leurs ennemis quand ils prenoient la fuite. Ils en étoient méme encore là logés l'an 1560. & 61. pendant la cruelle guerre que leur fit Emanuel Philibert, leur Prince, pouffé à cela, & affifté par le Pape, l'Espagne, & en fin méme par la France, comme le remarque -Pierre Gilles, qui en a fait l'Hiftoire bien exacte, & plufieurs autres devant luy bien qu'enfin à l'exemple des anciens Machabées, ils en ayent uzé autrement du depuis.

Ggg

Auffi

Auffi ces grands hommes n'ont ils pas feulement beni Dieu pour la pureté de la Doctrine qu'ils ont reconnu s'étre miraculeufement confervée parmi ces Vaudois, les embraffans pour cela comme vrais Freres en la Foy, mais ils ont admiré l'Exactitude & l'Excellance de leur Difcipline, regretans grandement de n'en avoir pas eû la connoiffance plûtôt,pour avoir auffi bien fuivi leur fus-dite difcipline dans la Reformation, que leur Doctrine, comme vous en avés les preuves dans les Lettres mémes que leur écrivirent Luther, Bucer, & fur tout Oecolampade, & Melanchton, jointes à la Confef fion de Foy prefentée par les Vaudois au Roy de Boheme l'an 1508. inferées cy-devant,& pour ce qui eft desCeremonies, bien qu'ils en prattiquaffent quelques-unes qui n'étoient point mifes en ufage par ces Reformateurs, elles étoient de fi petite confe quance que vous avés veû comme le grand Philippe Melanchton, en la Lettre fus-alleguée dit, qu'il ne trouve point qu'il y ait fujet de difpute pour cela : cependant ce relachement de l'Ancienne Difcipline de la primitive Eglife, que ces Vaudois remarquerent dans la Police Ecclefiaftique de ces Reformateurs leur donna fujet de prendre un ce tems à milieu,relâchant beaucoup de cette grande severité, fur ce qu'effectivement ils comprenoient bien qu'une rigueur pareille (car ils approchoient de fi pres qu'ils pouvoit, celle de la primitive Eglife) non feulement faifoit perdre le courage à plufieurs Papiftes, d'embraffer leur Religion, mais caufoit méme par fois des revoltes, estant arrivé bien fouvant que des perfonnes tombeés en faute, fe rendoient Apoftats, plûtôt que de fouffrir l'ignominie en laquelle, comme des fpectacles publics, ils étoient expofés.

Modorée en

Trine

& trine

Ainfi formerent ils un corps de Difcipline fort ample, exact, & circonftantié, qui s'eft religieufement obfervé entr'eus fans aucune alteration jufques en l'anneé 1630.

Je n'infere pas icy ce traité de Difcipline Reformée, ou moderne parce qu'il eft trop prolixe & fairoit un volume entier plus gros que celuy de la Difcipline des Eglifes Reformées de France, compilé par Pierre Catalan,& imprimé à Orange l'an 1658. avec une belle preface de Mr. de Labadie, qui en recommande fortement l'observation. Je diray feulement que déja le beau premier article de la fus-dite Difcipline approuvoit & ratifioit la fus-mentionée des Eglifes Reformeés de France, & celle de Geneve, & que tout le refte ne traitte que de ce en quoy ils amplifient, éclairciffent ou aggravent prefque tous les articles des fus-dites, & en quelques endroits rendent raifon de ce en quoy ils s'en éloignent: tout le refte n'eft qu'un beau recueil de plu-fieurs reglemens particuliers.

Ils conferverent auffi jufques à l'an 16 30. leur coûtume ou ceremonie de faire la afperfion trine afperfion au S. Baptéme, & la trine fraction en la S. Cene, & de s'y fervir d'oufraction, bli, ou pain fans levain: Ceremonies qui fe pratiquent encore és Cantons Euangeli& pains ques de Suiffe, & que j'ay pratiquées moy méme avec nos tres-Chers Freres de Zurich: c'eft à dire, qu'ils arrofoient trois fois le front de l'Enfant qu'ils batizoient 1. au Nom du Pere, 2. au Nom du Fils, 3. au Nom du S. Efprit, & que l'on rompoit auffi en trois pieces l'oubli qu'on donnoit en lieu de pain, faifant encore la méme reflexion aus trois perfonnes de l'adorable Trinité.

Jans levain.

Mais deus grands changemens arriverent aus Valleés l'an 16 30. fus-dit:une horrible pefte, telle qu'elle y avoit été juftement centes un an auparavant,en moiffonna les trois quarts, ou du moins plus des deux tiers des habitans,& ne leur laiffa que deux de leurs Pasteurs de 15. qu'il y en avoit, encore étoit ce deux bons Venerables Viellards, tout à fait caffés d'années & de travail, affavoir Meffieurs Gilles & V. Gros. Il fallut donc avoir recours en France,& fur tout à Geneve, pour redonner des Pasteurs aus reftes de ces pauvres troupeaus.

Mais il fut impoffible d'en recouvrer un feul pour précher en la langue Italienne en laquelle préchoient auparavant tous les Miniftres defunts (car ils étoient tous originaires des Vallées & préchoient tous en Italien, langue bien entendue par tous ces peuples, quoy qu'entr'eus en leur langue vulgaire ils pratiquent encore en la plus part des lieus, le vieus langage Vaudois, tel que vous l'avés veu dans les pieces Originaires que nous avons rapportées cy-devant tant de leur Doctrine, que de leur Difcipline) langue qui leur eft auffi d'autant plus neceffaire (je parle de l'Italiene) que tous les actes publics,s'y doivent faire & s'y font en Italien. Il fut donc force, ou de demeurer fans Pafteurs, ou de s'accommoder avec les François, ce qui fut aifé à ceus qui fe rencontrerent dans les Valleés de Peyroufe, & S. Martin, & la partie de la Valleé de Lu

cerne

cerne qui comme celles là, voifine avec la France: mais fort incommode aux Eglifes de la Vallée de Lucerne plus proches de Thurin: de forte que M. Gros., qui aupara vant étoit Pasteur en la Vallée de S. Martin, fut logé en l'Eglife du Villar en la Vallée de Lucerne : le bon M. Gilles continua en celle de la Tour, & pour celle de S. Jean il fallut faire revenir de Conftantinople le Sieur Anthoine Leger,mon Oncle, Miniftre de Monfieur Haague Ambaffadeur des tres-hauts & puiffans Etats des Provinces Unies des Païs-bas, entre les mains de qui le Patriarche Cyrille, rendit fa confeffion de Foy, en tout concordante à celle des Eglifes Reformées, imprimée à Geneve,& ailleurs, & dont j'ay l'original figné de la propre main du dit Venerable Patriarche, avec une belle Lettre toute de fa propre main, par laquelle, peu avant que d'eftre cruellement meurtri, il recommanda à mon dit Oncle, de témoigner conftamment à tout le mon de, qu'il mouroit en cette fainte Foy.

ment d'Etal

L'autre grand changement qui furvint aus Vallées en la fus-dite année 1630. c'est change que le Roy, par le moyen du Cardinal de Richelieu, s'en rendit le Maître, & print an 1630. méme la Ville de Pinerol aus pieds des Vallées, avec plusieurs autres places: deforte les Valque voila les Vallées Françoifes: on leur promit méme de les annexer à la Courores an ne de France, & de leur obferver inviolablement le beau traité fait avec elles par couronne de M. le Connétable de l'Ediguier l'an 1592. ratifié par Henry le Grand, fon Maitre, & France. par fon Parlement, ce qui fe trouvera cotté cy-apres dans l'Hiftoire des perfecutions des Vallées.

nexées à la

ment des

vifites des

Ce changement d'Etat, & fur tout de Miniftres, en caufa plufieurs autres : non feulement on ne fit plus la trine afperfion, ne la trine fraction fus-dites, mais on ceffa en fuite de fe fervir de pain fans levain, pour faire la S. Cene entierement comme à Geneve, & en France: & la Difcipline ne s'y exerça plus avec la méme vigueur & rigueur qu'auparavant: Meffieurs les nouveaus Pasteurs accoûtumés à une conduite plus indulgente, la trouvans encore trop fevere: fur tout ne voulurent ils plus fouffrir que le Moderateur des Eglifes des Vallées, qui avec fon adjoint, & un Ancien à ce AboliffeDeputé, alloit toûjours vifiter une fois l'année toutes les Eglifes, donnant, ou luy, ou fon adjoint, à chacune un préche, & luy faifant les remonttrances qu'il jugeoit necef Eglifes faires, felon les deffaus qu'il y avoit remarqué, & s'informent exactement, & de la Doctrine, & des deportemens du Pasteur du lieu, fur quoy il avoit à écouter non feulement le Confiftoire, mais auffi le peuple, & en devoit per apres faire rapport à la Congregation, c'est à dire, au Synode general des Eglifes, qui fe tenoit d'ordinaire au mois de Septembre continuas à le faire: deforte que ces vifites en furent, & font encore tout à fait bannies. Je laiffe à part plufieurs autres menus changemens de moindre importance.

Des 2. Col.

Cependant ce bon ordre refta toûjours en fon entier, & quoy qu'interrompu par loques, de les guerres, y eft encore rétabli, pour conferver tant les Pafteurs, que les Eglifes, lear ordre. dans leur devoir, & maintenir & appuyer l'exercice de la Difcipline.

C'est que tous les derniers vendredis de châque mois, s'affemble le Colloque de la Vallée de Lucerne, & tous les premiers vendredis du mois, celuy de Peyroufe, & S. Martin, compofé de tous les Paiteurs, & d'un ou deus Anciens de châque Eglife; châque Eglife reçoit ce Colloque à fon tour; châque Pafteur y préche auffi à fon tour: & fa predication eft fujette à la cenfure des affistans: jusques à l'an 16 30. fus-dit elle étoit fujette à la cenfure de tout le peuple, & du depuis encore pour quelque tems à celle des Pasteurs & Anciens, maintenant feulement à celle des Pafteurs.

Et cenfures.

prevenir

Civils, de

Dans ces Colloques l'on traite de tous les differens que les Confiftoires n'ont pû vuider, deforte que rien ne doit estre porté à la Congregation ou Synode general, que par voye d'appel de ces Colloques,ou ce que ces Colloques mémes y renvoyent. C'est Moyen de auffi encore un reglement general, & generalement obfervé par tout, où les Pafteurs toute forte & Confiftoires font bien leur devoir, que de châtier fort feverement quiconque iroit de Proces plaider devant les Juges Papiftes. La Difcipline defendant exactement à quelle per- tout tems fonne que ce foit,d'avoir recours à la Justice contre fes Freres, fous quel pretexte que pratiqués ce puiffe étre, fans avoir au prealable, remis fes interes entre les mains des Anciens entre les des Quartiers: qui ne les pouvans accommoder, les renvoyent aus Confiftoires, & les vallées. Confiftoires les obligent à convenir d'Arbitres, & à faire des compromis fignés de part & d'autre, que les parties promettent d'observer inviolablement, fous les peines & amandes y contenues & de fe tenir entierement à la decifion de tels Arbitres. Que fices

Ggg 2

Vandois des

De qeulle l'on admet les propo

maniere

fans au S. Miniftere.

fi ces Arbitres ne font d'accord entr'eus le Moderateur des Eglifes, s'il s'y peut trouver, eft le Super-Arbitre, ou à fon defaut le Pasteur de l'Eglife.

24.

heures ren

Il arrive rarement que les differans ne fe puiffent terminer par cette voye : & quand cela arrive, l'on en vient aus fus-dis Colloques : & enfin aus Congregations, & par ce moyen l'on bannit les procés, & previent-on la ruine inévitable des Familles, qui dés qu'elles entrent en procés par devant les Juges Papistes ( car au lieu qu'autre-fois, ils en avoient de la Religion,maintenant à grande peine peut on feulemant avoir des Notaires) on ne les fort prefque jamais d'affaires, qu'elles ne foint ruinées. Pour les Pafteurs, on ne les y reçoit encore point qu'aprés des Examens bien rigoureus, tant de la vie que de la Doctrine; il faut que les Propofans aprés avoir été ouys en l'un & l'autre Colloque, tant en Latin, qu'en François, ou Italien, dans deus fois dent encore deux propofitions devant le Synode, l'une en François, ou Italien, & l'autre en Latin,devant que d'étre admis au dit Examen. Que fi aprés toutes ces épreuves, ils en font Jugés dignes par les Pasteurs & Anciens deputés, le Moderateur, aprés leur avoir fait une grande remonstrance, & exigé d'eux les promeffes accoûtumées, les fait venir mettre à genous devant luy ( comme auffi châcun s'agenouille en ce païs là pendant la priere) & leur tenant les mains fur la tête, par une ardante, & belle priere, il implore l'abondance des dons du S. Efprit fur les Appellés ou l' Appellé, & en fin il luy donne la main d'affociation, aprés quoy on le va prefenter à l'Eglife, à laquelle il est destiné, en la méme maniere qu'on le pratique en France, & méme en ces ProvinManiere de ces Unies. Châque Miniftre devant que d'aller au Synode, doit faire arrefter avec le Confiftoire, aufli les Chefs des Familles du peuple aprés le préche, les advertir de la ausSynodes. tenue du Synode, afin qu'ils y deputent qui bon leur femble (car on ne va point aus Synodes par tour comme és Païs-bas, mais par chois & par election, & c'eft le peuple qui fait les Deputés) & dans la Lettre d'Envoy ou le Mandat, comme ils l'appellent, s'ils fe contentent de leur Pasteur (qui doit faire place & fortir du Temple tandis que le premier Ancien, ou le Syndique de la Communauté recueille les fuffrages du peuple pour ce qui le regarde, & puis le rappelle ) ils en demandent la confirmation au Synode, qui d'ordinaire la leur accorde, s'il n'y a quelque grande raifon au contraire & qu'il juge neceffaire d'envoyer un tel Pasteur en quelque autre Eglife, auquel cas il peut faire. Dans la méme Lettre d'Envoy ou de Mandat,le peuple declare toûjours sil trouve quelque chofe à redire à la Doctrine, & à la converfation, non feulemant de fon Pasteur, mais méme de fa Famille. Si quelque Eglife ne fe contente de fon Pasteur, elle demande changemant, en donne les raisons, fait connétre celuy qu'elle defire avoir en fa place, & le Synode en ufe felon fa prudence, & fouvant, quand il juge que la plus grande edification de l'Eglifele requiert il fait des échanges.

faire des De

putations

Maniere de

le

Nulle Eglife quoy que vaquante ne peut appeller un Pafteur, fi ce n'est par permifpourvoir les fion du dit Synode, mais felon l'ordre, il faut qu'elle nomme deus ou trois de ceus fur qui elle auroit jetté les jeus, & le Synode luy donne qui bon luy femble.

Eglifes.

Des Ecoles.

Des Anciens.

Diacres.

Toutes les Églifes font obligées à avoir un nombre fuffifant d'Ecoles, bien reglées, où l'on enfeigne les fondemens de la Religion. Comme il n'y a prefque point de negoce, dans ce païs là, on ne fe foucie pas beaucoup que les Enfans apprenent à écrire, & il y en a fort peu qu'encore qu'ils fachent bien lire, & foient fort exercés és SS. Ecri tures, fachent cependant écrire leur nom.

Il y a méme plufieurs Collecteurs de Tailles qui tienent tous leurs comtes fur un bâton carré, par le moien de certaines marques domeftiques qu'ils y font, qui denotent les noms de ceus qui payent, & pour les fommes, qu'il reçoivent, ils les y marquent avec un coûteau. Mais il y a une Ecole generale entretenue par toutes les Vallées, où l'on envoye les plus beaus Efprits, & dont on choifit en fuite ceus qu'on deftine au S. Miniftere, où ils font pouffes jufqu'en Philofophie, fans avoir befoin d'aller faire leurs Claffes en aucun College.

On n'admet aucun en la Charge d'Ancien du Confiftoire, qu'aprés un Examen fort exact, & les deües annonces faites en l'Eglife, mais celuy qu'on appelle en cette Charge,y continue toute la vie,s'il ne commet chofe qui l'en rende indigne. Il n'y a qu'un Diacre en châque Eglife, & c'eft toûjours un des Anciens qui eft en la meilleure éftime: il ne diftribue rien que felon les ordres du Confiftoire,ou du moins au Mandat du Pasteur, qui luy fert d'acquit quand il rend fes comptes.

On ne celebre en ces Eglifes là, la S. Cene que quatre fois l'an,mais devant celle de
Noel

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