substanté les pauvres dispersés à plusieurs reprises, selon la reïteration de leurs funestes desolations, mais que ce font elles, qui plus que toutes les autres Puissances Reformées, selon qu'aussi le Ciel les a tres-avantageusement partagées, leur ont le plus fourni dequoy redresser leurs masures, rebâtir les Temples & Sanctuaires pitoyablement confumés par les flammes du Vatican, & qui font en un mot une des causes secondes, que le Pere des Lumieres a benite le plus pour le rétablissement & la conservation du flambeau de l'Euangile és sus-dites Vallées, & qu'on peut dire qu'elles font en bonne partie la cause qu'il y a encore des Eglifes. Je joints à cela les tres - étroites obligations que j'ay non seulement en particulier au tres - Excellent & Venerable Magistrat d'une des plus Illustres Villes de la Hollande, assavoir celle de Leyde, qui a fi agreablement confirmé ma vocation en fon Eglife Walonne, & m'a reçû avec beaucoup de temoignage de sa genereuse & charitatable bienveillance, mais aussi generalement à toutes Vos TRES-HAUTES PUISSANCES, qui m'ont accueilli avec tant de compaffion, & daigné m'écouter avec tant de patience & de témoignage de Chrétienne sympatie, quand j'ay û l'honneur de parêtre devant Elles en qualité de Deputé des Vallées, & en quelque façon méme des tres-Loüables & Charitables Cantons Euangeliques enl'an 1662. & qui n'ont pas plûtôt appris que la Cour de Thurin m'avoit condamné à la mort, comme Criminel de Leze Majesté, rasé mes Maisons, confifqué tous mes biens, sous pretexte que je leur ûfsse demandé hommes argent pour entreprendre la guerre contre mon Prince, comme porte la Sentence fulminée contre moy, qu'elles ûrent la bonté, non feulement de me justifier hautement auprés de Son Altesse Royale le Duc de Savoye, par une belle Lettre, mais mémes de témoigner beaucoup de reffentiment de me voir si rudement traité pour une accusation, dont la noire imposture leur estoit fi bien connuë, & qu'encore n'aguerres Elles ont bien û la compassion d'in ter ! terceder pour moy auprés du Roy de la Grande Bretagne, & par leurs belles Lettres, & par leurs Tres-Excellens Ambassadeurs Mes-Seigneurs Meerman & Boreel, à ce qu'il luy plût de procurer auprés de la méme Altesse Royale de Savoye, le relâchement de mes biens en faveur de ma nombreuse Famille, destituée de tout ce que je possedois dans le monde. Car quoy que cette gratieuse mediation n'ait û aucun bon fuccés pour moy par la faute, comme je crois, du Secretaire, qui dressa la Lettre que sa dite Majesté Britannique accorda à vos instances, & qui le composa, de maniere que je n'ay pas seulement crû la devoir envoyer. Je ne dois pas laifler de reconnêtre la charité & la tendresse des compassions que vôtre Clemence a temoigné d'avoir pour un conftant, & fidele ferviteur de Dieu, avancé dans l'age, chargé de sept Enfans, banni de fa Patrie, & depoüillé de tous ses beaus biens. C'est pourquoy me remettant entre les bras de la mifericordieuse Providence, & à la fuite des bonnes graces de VOS TRES-HAUTES PUISSANCES, & les fuppliant avec toute la soûmission & le plus profond refpect dont je fuis capable, de prendre en bonne part ce fruit de mes travaux & de mes veilles, je ne cesserai tous les jours de ma languissante vie, d'épandre mon ame devant mon fidelle Createur, & Confervateur, pour le supplier du plus intime de mon cœur, qu'il face toûjours reposer sur vous, & fur toutes les sacrées Personnes des TRES-HAUTS ET PUISSANS ESTATS DES PROVINCES particulieres, dont vous estes les Tres-dignes & Illustres Deputés, l'esprit de sapience & d'intelligence, l'esprit de confeil & de force, l'esprit de connoissance & de la crainte de l'Eternel, afin que vous soyés toûjours tous ensemble comme une Couronne d'ornement & une Tiare Royale, entre ses paumes sacrées, & que prenant toûjours plaifir, en toute vôtre sage conduite, il continuë d'y verser abondamment les plus precieuses benedictions de sa grace, face profperer toutes choses entre vos mains, comme au b2 tres-fois entre celles de Jofeph, & continue à Vous rendre toûjours des instrumens tres-puislans pour l'avancement de fon Regne, la conservation, & confolation de fon Eglise, la paix & la profperité de ces Bienheureuses Provinces, & memes pour l'honneur & la gloire de vos tres-Illustres Familles, felon les vœux les plus ardans de celuy qui se glorifiera toute sa vie de l'honneur d'estre, a Verité & la Justice, selon les Oracles celeftes qu'en ont prononcé le Roy & Prophete David, Efaye, & Zacharie, font des vertus si étroitement jointes & liées ensemble qu'il est impossible que fans celle là celle-cy puisse estre administrée comme il faut. C'est pour mettre conti nuellement devant les yeux de tous les Potentats, Juges, & Magistrats de la terre cette importante leçon que l'Ancien Ælianus, nous assure en fon Histoire que le Souverain Juge des Egiptiens portoit ἀλήθφα; c'est à dire, la verité gravée sur un grand saphir qui pendoit de fon col sur sa poictrine à l'endroit de son cœur, & que jamais il ne decretoit Requéte, ne voyoit Remonstrance, ne prononçoit de Sentence, sans avoir sur soy ce bel embléme de son devoir, qui luy ramentevoit combien il estoit necessaire qu'il prit une exacte connoissance des chofes devant que d'entreprendre de rien prononcer, & moins encore de rien executer. C'est sans doute pour imprimer encore mieux le méme sentiment dans l'ame de ceux à qui l'Eternel nôtre Justice à mis en main l'épée pour faire justice en ire de celuy qui fait mal, que comme on leur reprefente la Justice sous l'embléme d'une Femme toute nüe, c'est en luy faisant aussi bien tenir les balances d'une main que l'espée de l'autre, pour leur monstrer que comme en vain examineroient-ils le poids & des accufations & des crimes, s'ils n'en faifoient point de justice, en vain aussi se glorifieroient-ils de faire justice, s'ils n'estoient premierement soigneus de bien pefer & examiner toutes choses. C'est méme assûrement pour cela que Dieu ayant sous l'ancienne Loy establi les Souverains Sacrificateurs en authorité de Juges parmi son Peuple leur ordonna de porter l'Urim & le Thummin sur le Pectoral du jugement; où estoient gravés sur douze pierres precieuses les noms de toutes les Tubuts d'Israël, puis que si l'Urim signifie lumiere de verité, le Thummin emporte integrité de Justice, & qu'il n'est jamais parlé du Thummin que premierement l'Urim ne precede, pour l'advertir que jamais il ne pourroit exercer Justice en Integrité, s'il n'estoit au prealable suffisamment éclai ré par la lumiere de la verité. Ainsi si l'Ecriture maudit également celuy qui punit l'innocent, & celuy qui absout le coupable, il faut bien de toute neceflité que le Juge qui defire d'eviter une malediction si funeste, bande tous ses soins à discerner l'innocent d'avec le coûpable, afin qu'estant suffisamment instruit & du fait,& du droit tout ensemble, il prononce droit jugement, non ex aliena confcientia fed C 4 fed ex fua. C'est à dire, selon sa propre science & confcience, & non simplement au rapport d'autruy. De deux choses, Altesse Royale, ont souvant esté malicieusement accusés en vôtre préfence vos bons Sujets des Vallées auffi bien que par devant vos Sereniffimes Predecesseurs de glorieuse memoire l'une d'eftre des Heretiques, l'autre d'estre des Criminels & des Rebelles. La premiere est sans doute de la derniere importance, puis-que s'ils font des Heretiques, ils renoncent à la vraye Foy & Doctrine vrayement Euangelique, combattent la vraye Religion, & doivent estre tenus commes les pestes de l'Etat & de l'Eglife; mais s'il en va autrement, ils doivent estre considerés comme les fideles Sujets de l'un, & les vrays membres de l'autre. છડી ????????????????? Dent Il s'agit en ce difcernement de la cause de Dieu, & du falut ou de la damnation eternelle des Ames, & fans doute que les Princes qui font les veritables Lieutenans de Dieu en terre, font obligés pour le salut de leurs ames, & le defir qu'ils doivent avoir de celuy de leurs Peuples, d'y proceder avec le plus grave, & le plus foigneus & ferieus examen dont ils font capables, ne suivans pour cela que la lumiere des Saintes Ecritures, puis-que felon S. Paul, la Foy eft de l'ouye de la Parole de Dieu. C'est pour cela que dans le Chapitre 17. du Deuteronome Dieu commanda exprefsement au Roy d'Ifrael, qu'aufssi-tôt qu'il feroit établi fur le Throne Royal, il écrivit pour luy méme une copie de la Loy divine, la tint par devers foy, & la lût tous les jours de sa vie à ce qu'il apprit à craindre l'Eternel son Dien, & à obferver,& faire obferver les paroles de fes Ordonnances, fans jamais s'en dé- tourner ni à droite ni à gauche. Et Josué ne fut pas plûtôt établi le Chef & le Conducteur du peuple, comme on le void dés le 1. Chapitre de fon Livre, que Dieu luy commanda de faire en forte que le Livre de fa Loy ne se départit jamais de sa bouche, mais qu'il y meditat jour & nuict, & fit fuivant tout ce qui est écrit: moyennant quoy, & non autrement, il luy promit de le benir & faire profperer en toutes ses voyes. : C'est ce qu'à foigneusement pratiqué le grand Roy David, appellé pour cela l'Homme felon le cœur de Dieu. Et que quand és siecles suivans, plusieurs grandes corruptions se sont infinuées en l'Eglife par la faute fur tout des Prelats de ce tems là, les bons Rois Jofaphat, Ezechias, Fofias, c, pour y remedier, ne volurent point simplement suivre en aveugles le jugement ni des Pontifes, ni du Clergé de leur tems, mais euxmémes ayans voulu prendre exacte connoiffance des abus & fuperftitions qui s'estoient gliffées en l'Eglife, & dans la Religion, s'employerent avec un zele heroïque, à les reformer felon la Loy de Dieu. Et tant s'en faut que pour cela ces grands Princes ayent esté blâmés, comme se mélans de choses qui ne toûchassent point à leur charge, que c'est sur tout pour cela que leur memoire a esté, & fera en benediction jusqu'a la fin des fiecles, & qu'ils font extraordinairement loüés és SS. Ecritures commeil est particulierement remarqué de Jofias jeune Prince, qui ayant d'abord à son advenement à la Couronne, banni de fon Esprit les divertiffemens de la jeunesse, s'appliqua tout entier avec un zele incomparable à redresser le service de Dieu selon sa Parole. Constantin le Grand, premier Empereur Chrétien, pour pouvoir bien juger : |