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7 Le Paganisme ancien, c'est-à-dire la religion des Grecs et des Romains, amalgame de toutes les croyances antiques.

8' Le Bouddhisme, qui paraît au premier abora une négation de la Divinite, mais qui au fond est un véritable panthéisme, ou la déification de tous les êtres.

9° La doctrine des Tao-sse ou des sectateurs de la Raison, en Chine et dans les contrées adjacentes, espèce de philosophisme où les rites sont tout, où l'on prétend pratiquer la vertu par amour pour elle-même.

10° Le Fétichisme ou adoration des idoles et des obiets naturels et terrestres, la plus grosBière des religions.

11o Le Chamanisme, fusion du Sabéisme, du Bouddhisme et du Fétichisme, chez les peuples de l'Asie centrale et septentrionale.

12° L'Islamisme ou religion musulmane, mélange de la religion naturelle, du Judaïsme et du Christianisme.

Chacun de ces systèmes religieux se subdivise, en outre, en une multitude de branches. ou sectes différentes, que nous avons recueillies avec le plus grand soin; mais nous n'osons affirmer qu'aucune n'ait échappé à nos recherches. Bien plus, un grand nombre d'autres pourront y être ajoutées par la suite, car chaque jour voit éclore de nouvelles dissidences dans la plupart des cultes actuellement existants, chaque jour on découvre ou on étudie de nouveaux peuples qui ont chacun leur culte particulier.

Pour justifier le titre d'universel donné à ce Dictionnaire, nous y avons compris non-seulement toutes les religions connues, mais tout ce qui a rapport au culte et à ses différentes parties. Ainsi il peut encore tenir lieu des Dictionnaires des IIérésies, des Ordres religieux, de Liturgie, des Rites et Cérémonies, etc. Néanmoins les articles qui appartiennent à ces rubriques ne forment pas double emploi avec ceux des Dictionnaires spéciaux compris dans cette Encyclopédie; car dans ceux-ci ils sont traités ex professo et théologiquement, tandis qu'ici ils ne sont envisagés que sous le rapport descriptif ou historique.

Ce Dictionnaire, tel que nous le publions, peut être considéré comme un ouvrage entiè rement neuf, bien qu'il ait déjà paru en 1770 un Dictionnaire des Cultes religieux, en 3 yolumes, par Delacroix, réimprimé en 1776, et dont il a été donné une troisième édition, en 4 volumes, en 1821, avec un supplément de M. Chaud. Mais ce Dictionnaire n'était plus en rapport avec l'état des connaissances actuelles. Une multitude de sectes se sont élevées depuis; beaucoup d'anciennes avaient été passées sous silence; l'auteur s'était appuyé, quant au paganisme grec et latin, sur les paradoxes de l'abbé Pluche et de Court de Gébelin; et tout ce qui avait trait aux religions de l'Orient était entièrement fautif, car la doctrine de ces contrées était encore pour nous porte close sur la fin du siècle dernier. Aussi n'avons-nous adopté presque aucun des articles de Delacroix, préférant recourir aux originaux, puiser aux sources indigènes, et mettre à profit les précieuses découvertes dues à l'ethnographie et à la philologie modernes, ainsi qu'on pourra s'en convaincre en jetant les yeux sur la liste ci-dessous qui met sous les yeux les principaux ouvrages que nous avons consultés. Le premier volume de la nouvelle édition de Delacroix, qui ne comprend que les trois premières lettres de l'alphabet, ne contient que 900 articles, tandis que les mêmes lettres en ont fourni au nôtre 2530.

Afin de faciliter les recherches dans ce Dictionnaire, nous devons exposer la méthode de transcription que nous avons suivie.

Les vocables orientaux ne pouvant être que difficilement rendus avec nos caractères eu-ropéens, chaque écrivain, chaque voyageur les a transcrits suivant qu'il le jugeait plus convenable; ceux qui ensuite ont écrit d'après eux ont suivi l'orthographe qu'ils avaient trouvée, sans tenir compte de la langue que parlait leur auteur. Il en est résulté que, dans un livre qui doit être homogène, on voit les mêmes mots écrits de différentes manières, ce qui empêche souvent d'en reconnaître l'identité: ainsi on lira dans un endroit xaca, dans un autre sciaca, ailleurs shaka, schaca ou chaca; heureux encore si, dans l'ouvrage que l'on consulte, on n'en a pas fait quatre ou cinq personnages divers, sans remarquer que c'est le même individu, dont le nom est habillé à la portugaise, à l'italienne, à l'anglaise, à l'allemande ou à la française, suivant les relations ou les traductions que l'on a consul.

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tées. Il en est de même de xeq, cheq, cheic, schek, schaikh, etc., qui sont absolument la même chose. On trouve le nom du livre sacré des musulmans écrit coran, qoran, koran, curan, courann, etc. Le nom de Brahma est aussi transcrit Brame, Brama, Birmah, Brouma, Bremaw, etc.

Souvent aussi il arrive que les indigènes eux-mêmes modifient l'articulation des noms suivant la prononciation ou le dialecte de leur contrée; ainsi Bichen est le même, dans les idiomes modernes, que Vichnou dans les langues anciennes, Baïs ou Bice le même que Vaisya, Abdhout le même qu'Avadouta,

Ne voulant pas multiplier les renvois outre mesure, nous avons adopté le mot primitif, que nous avons soumis à l'orthographe française autant que possible, et en nous conformant à l'usage le plus communément suivi par les savants.

Les mots les plus difficiles à classer sont ceux qui commencent par les articulations c, k, ch, g, j, parce que dans les langues européennes ces lettres varient beaucoup dans leur prononciation.

Les mots d'origine indienne, chinoise, tibétaine, tatare, etc., commençant par la gutturale forte, sont tous compris dans ce Dictionnaire sous la lettre K; ainsi Kama et non Cama; Krichna, et non Crichna.

Les Arabes ayant deux gutturales analogues, le kaf et le qaf, les mots qui commencent par la première sont tous renvoyés au K, Kafir et non Cafir. Ceux qui commencent par gal sont renvoyés au C ou au Q, suivant qu'ils sont suivis d'une voyelle dure ou douce : Coran, Cadi, Quibla, etc.

L'articulation gutturale douce est rendue toujours par Ga, Gue, Gui, Go, etc. Nous avons évité de transcrire Ge, Gi, de peur que l'on ne prononce Je, Ji.

L'articulation gutturale aspirée est rendue constamment par Kh, ainsi Khalife, Khippour, etc., la transcription Ch pouvant faire douter s'il fallait prononcer dur, comme dans chaos, ou doux, comme dans chantre. Néanmoins nous avons respecté cette dernière orthographe dans les mots d'origine grecque, qui, étant reçus dans notre langue, n'ont pas dû être modifiés. Il en est de même de quelques mots bibliques d'origine hébraïque : Chaos, Chartophylax, Chamos, etc

L'articulation grasse, comme dans les mots français chercher, schisme, est rendue par Ch, pour les langues de l'Asie orientale: Chi-king, Chakya, etc., et par Sch pour les mots arabes : Schérif, Scheikh, etc.

Lej français étant à peu près inconnu dans les langues étrangères, les mots non francisés qui commencent par cette lettre dans certaines relations doivent être cherchés dans ce Dictionnaire sous la rubrique Dj ou Y, suivant la prononciation véritable.

Dans les ouvrages portugais on trouve beaucoup de mots étrangers commençant par X; on doit les chercher ici sous les articulations Ch ou Sch.

Les mots étrangers aux langues européennes commençant par ce ou ci, doivent être cherchés sous la lettre S, Sedr, et non Cedr, etc.

LISTE

DES PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTÉS POUR LA RÉDACTION DE CE PREMIER VOLUME.

DICTIONNAIRE historique des Cultes religieux établis dans le monde, depuis son origine jusqu'à présent. Nouvelle édition; avec le Supplément de J.-B.-C. Chaud. Versailles, 1824. 4 vol, in-8°.

HISTOIRE générale des Cérémonies, Maurs et Coutumes. religieuses de tous les peuples du monde, etc. Paris, 7 vol. in-fo.

HISTOIRE pittoresque des Religions, Doctrines, Cérémonies et Coutumes religieuses de tous les peuples du monde anciens et modernes; par F.-T.-B. Clavel. Paris, 1845. 2 vol. in-8°.

PARALLELE des religions; par Brunet. Paris, 1792. 4
vol. in-4°.

HISTOIRE ecclésiastique; par M. Fleury. 36 vol. in-12.
ABRÉGÉ chronologique de l'Histoire ecclésiastique, con
tenani l'histoire des Eglises d'Orient et d'Occident,
etc. Paris, 1751. 2 vol. in-12.
ANNALES de philosophie chrétienne, recueil périodique
destiné à faire connaître tout ce que les sciences hu-
maines renferment de preuves et de découvertes en
faveur du christianisme; dirigé par M. Bonnelly.
1830 et anuées suiv. 34 vol. in-8°

PONTIFICALE Romanum.'

HISTOIRE des sacrements, ou de la manière dont ils ont été célébrés et administrés dans l'Eglise, etc.; par le R. P. Dom Chardon, religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Vannes. Paris, 1745. 6 vol. in-12.

EXPLICATION littérale, historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la Messe. etc.; par Pierre Lebrun. Paris, 1843. 4 vol. in-8°. DICTIONNAIRE des Hérésies, des Erreurs et des Schismes, ou Mémoires pour servir à l'histoire des égar ›ments de l'esprit humain par rapport à la religion chrétienne; par Pluquet. Paris, 1845. 2 vol. in-12. PUBLICATION d'un ancien manuscrit contenant un précis curieux des Hérésies qui ont le plus alarmé l'Eglise, etc. Pont-à-Mousson, 1840. 1 vol. in-8°. HISTOIRE des sectes religieuses qui sont nées, se sont modifiées, se sont éteintes dans les différentes contrées du globe, depuis le commencement du siècle dernier jusqu'à l'époque actuelle; par M. Grégoire, ancien évêque de Blois. Paris, 1828-1815. 6 vol. in-8°. THE RELIGIOUS creeds and statistics of every christian denomination in the United States and British provinces with some account of the religious sentiments of the Jews, American Indians, Deists, Mahometans, etc.; by John Hayward. Boston, 1856. 1 vol. in-12. DICTIONNAIRE de la Fable, ou Mythologie grecque, latine, égyptienne, celtique, persane, syriaque, indienne, chinoise, mahométane, slavone, scandinave, africaine, américaine, iconologique, rabbinique, cabalistique, etc.; par Fr. Noël, Paris, 1823. 2 vol. in-8°.

DICTIONNAIRE universel d'histoire et de géographie, etc.; par M. N. Bouillet. Paris, 1847. 1 vol. in-8°. MONDE primitif, analysé et comparé avec le monde moderne; par Court de Gébelin. Paris, 1776. 8 vol. in-4°.

BIBLIOTHÈQUE orientale, ou Dictionnaire universel, contenant généralement tout ce qui regarde la connaissance des peuples de l'Orient, leurs histoires et traditions véritables ou fabuleuses, leurs religions, secles, etc.; par M. d'Herbelot. Paris, 1697.2 vol. in-f®. TABLEAU général de l'empire othoman; par M. de Mouradgea d'Ohsson. Paris, 1788. 8 vol. in-8°.

LE CORAN, traduit par Savary, et le Koran, traduit par M. Kasimirsky.

DOCTRINES et devoirs de la religion musulmane, tirés du Coran, suivis de l'Eucologe musulman, traduit de l'arabe; par M. Garcin de Tassy. Paris, 1840. 1 vol. in-18.

ARABIE, par M. Noël des Vergers. Paris, 1847. 1 vol. in-8°.

CHRESTOMATHIE arabe, ou Extraits de divers écrivains arabes, tant en prose qu'en vers; par Silvestre de Sacy. Paris, 1805. 3 vol. in 8°.

VOYAGES du chevalier Chardin en Perse et autres lieux de l'Orient. Paris, 1850. 20 vol. in-18. EGYPTE ancienne; par M. Champollion-Figeac. Paris, 1839. in-8°.

MOEURS, Institutions et Cérémonies des peuples de l'Inde; par M. l'abbé Dubois. Paris, 1825. 2 vol. in-8°. MYTHOLOGIE des Indous; travaillée par madame la chanoinesse de Polier, sur des manuscrits authentiques apportés de l'Inde par feu M. le colonel de Po lier. Roudolstadt, 1809. 2 vol. in-8°.

LE MONITEUR indien, par Dupeuty-Trahon. Paris, 1838, in-8°.

A SKETCH of the religious sects of the Hindus; by II. H. Wilson; dans Asiatic Researches, vol. XVI et XVII. Calcutta, 1828, in-4°.

Essat sur le Mythe des Ribhavas, premier vestige de

l'apothéose dans le Véda; par F. Nève. Paris, 1847, in-8°.

LA VIE contemplative, ascétique et monastique, chez les Indous et chez les peuples bouddhistes; par J.-J. Bochinger. Strasbourg, 1831, in-8°.

THE EAST India Gazetteer; by Walter Hamilton. London, 1815, in-8°.

THEATRE indien,........... suivi d'une table alphabétique des noms propres et des termes relatifs à la mythologie el aux usages de l'Inde; par M. A. Langlois. Paris, 1828. 2 vol. in-8°.

SHAKESPEAR'S a Dictionnary Hindustani and Englisch." third edition. London, 1834, in-4°.

VOYAGE aux Indes orientales et à la Chine; par Sonnerat. Paris, 1782. 3 vol. in-8°.

JOURNAL ASIATIQUE ou Recueil de mémoires, d'extraits el de notices relatifs à l'histoire, à la philosophie, aux langues et à la littérature des peuples orientaux. Les 4 séries. Paris, in-8°.

THE JOURNAL of the royal asiatic society of Great Britain and Ireland. London, in-8°.

DU ROYAUME de Siam; par M. de la Loubère. Paris, 1691. 2 vol. in-12.

Histoire nouvelLE et curieuse des royaumes de Tunquin et de Lao, etc.; traduit de l'italien du P. de Marini. Paris, 1666, in-4°.

DICTIONARIUM Anamitico-Latinum; a J. L. Taberd, episcopo Isauropolitano absolutum et editum. Fredericuagori, vulgo Serampore, 1838, in-4°. CHINE, ou Description historique, géographique et litté raire de ce vaste empire, d'après des documents chinois; par M. G. Pauthier. Paris, 1837, in-8°. Nipon o daÏ ISTI RAN, ou Annales des empereurs du Japon, traduites par M. Isaac Titsingh, avec l'aide de plusieurs interprètes attachés au comptoir hollandais de Nangasaki; ouvrage revu, complété et corrigé sur l'original japonais-chinois, accompagné de notes, et précédé d'un aperçu de l'histoire mythologique du Japon, par M. J. Klaproth. Paris, 1834, in-4°.

MÉMOIRES et anecdotes sur la dynastie régnante des Djogouns, avec la description des fêtes et cérémonies observées aux différentes époques de l'année, etc.; par M. Titsingh. Paris, 1820, in-8°. RITUEL des Tatares-Mantchoux, rédigé par l'ordre de l'empereur Kien-Long, etc.; par L. Langlès, Paris. an XII, in-4°.

OCÉANIE, ou cinquième partie du monde, revue géographique et ethnographique de la Malaisie, de la Micronésie, de la Polynésie et de la Mélanésie, etc.; par Domeny de Rienzi. Paris, 1837. 3 vol. in-8°. ANNALES de la Propagation de la Foi, recueil périodique des lettres des évêques et des missionnaires des missions des deux mondes. La collection. Lyon, in-8°. MÉMOIRES de la Société ethnologique. Paris, 1841.2 vol. in 8°.

NOUVELLES ANNALES des voyages et des sciences géographiques. Différentes collections. Paris, in-8°. DICTIONNAIRE de la conversation et de la lecture. 52 vol. in-8°.

LA FINLANDE, son histoire primitive, sa mythologie, sa poésie épique, avec la traduction complète de sa grande épopée le Kalevala, etc.; par Léouzon le Duc. Paris, 1845. 2 vol. in-8°. HISTOIRE naturelle, civile et ecclésiastique du Japon, par Kaempfer. La Haye, 1732, 3 vol. in-12.

Plus un grand nombre de Voyages, de Journaux, de Brochures, et même d'ouvrages volumineux consultés sur quelques points particuliers.

HISTORIQUE ET COMPARATIF,
DE TOUTES LES

RELIGIONS DE LA TERRE.

A

[Cherchez par E, I, les mots que vous ne trouverez pas ici par A.-Cherchez par E simple les mots que vous ne trou verez pas ici par Æ.]

AARNI, un des dieux des anciens Finnois ; il partageait avec Kratti la surveillance des trésors. Sa providence s'étendait spécialement sur l'argent enfoui dans la terre; il avait en conséquence une demeure souterraine. C'est pourquoi on l'appelait Aarnion haltia, Aarni haudan isäntä, hôte du sépulcre; Joka makaa, Aarten päälä, couchant dans les trésors. Quand on voulait retirer de la terre l'argent qui lui avait été confié, on commençait par faire un sacrifice à ce dieu; dieu; c'était ordinairement un coq rouge ou trois têtes de brebis qu'on lui immolait.

Aarni se montrait en plein jour, et pendant les nuits, auprès du feu, dans les bois, sur les collines, occupé à sécher les trésors mouillés par l'humidité de la terre. Souvent on l'entendait glisser bruyamment sur l'argent; c'était signe de faveur pour les avares. AARON, premier pontife des Israélites et le chef des familles sacerdotales dont les membres exercèrent la souveraine sacrificature jusqu'à la ruine du temple de Jérusalem, sous l'empereur Vespasien. Il était de la tribu de Lévi et naquit en Egypte environ l'an 1575 avant l'ère chrétienne, avant l'édit du Pharaon qui ordonnait de faire périr tous les enfants mâles qui naissaient chez les Hébreux. Lorsque Dieu ordonna à Moïse d'aller trouver Pharaon pour obtenir la liberté des enfants d'Israël, il lui commanda de s'adjoindre Aaron, son frère aîné, pour porter la parole en son nom, à cause de la difficulté que Moïse éprouvait à s'énoncer. C'était même Aaron qui portait habituellement la verge ou bâton de commandement. Un an après la sortie d'Egypte, il fut institué solennellement, par l'ordre de Dieu, souverain pontife de la nation; et Dieu fit successivement plusieurs miracles pour confirmer ce choix et affermir son autorité. Des factieux, à la tête desquels étaient Coré, Dathan et Abiron, ayant voulu décliner son autorité et celle de Moïse, furent engloutis tout vivants d'une manière miraculeuse, avec leurs adhérents, à la vue de tout le peuple. Le Seigneur commanda ensuite à tous les chefs des tribus d'apporter leurs verges ou bâtons dans le tabernacle, et le lendemain celle d'Aaron, qui était d'amandier, se trouva chargée de fleurs et de fruits, en signe du choix que le Seigneur avait fait de lui. Cependant on ne saurait

disculper Aaron d'une faute énorme dont il se rendit coupable. Pendant que Moïse était sur le mont Sinaï, occupé à recevoir la loi que le Seigneur donnait à son peuple, Aaron, cédant aux exigences et aux menaces du peuple, qui désespérait du retour de son chef, jeta en fonte un veau d'or qu'il proposa à l'adoration de ces hommes grossiers et charnels. Il est à remarquer que cette chute si honteuse n'empêcha pas le Seigneur de le mettre à la tête de l'ancienne Synagogue; de même que, quinze siècles plus tard, Jésus-Christ choisit saint Pierre, le plus coupable des apôtres, pour le mettre à la tête de son Eglise, malgré son crime, et peut-être à cause de son crime. Admirable disposition de la sagesse de Dieu, qui voulait mettre à la tête de la religion des hommes qui, ayant éprouvé sa miséricorde, eussent pour ceux qui avaient péché comme eux des entrailles de miséricorde. Cependant la justice de Dieu le priva, en punition de son péché et d'un doute injurieux à la puissance divine dont il se rendit coupable dans la suite, de la consolation d'entrer dans la terre promise, objet de tous ses désirs. En effet il mourut sur le mont Hor, dans l'Arabie Pétrée, à l'âge de cent vingttrois ans, et laissa le pontificat à Eleazar, son fils. Les Arabes vénèrent encore son tombeau. M. Alex. de Laborde en a donné une vue dans son Voyage. (Voy. Exod., Lévit., Nombres, passim.) Voy. aussi notre Dict. de la Bibl.

AÁR-TOYON, c'est-à-dire chef miséricordieux, auteur de la création, suivant les Yakoutes, peuples de la Sibérie. C'est un dieu très-puissant, ainsi que sa femme KoubeiKhatoun (brillante de gloire).

AAZERİYÉ. Ce mot, qui veut dire les excusants, est le nom d'une des soixante-treize sectes de l'islamisme; c'est une fraction des Khawaridjé ou protestants musulmans. Les Aazériyés excusent tous les crimes avec l'ignorance des branches de la loi; ils disent qu'un imam, ou chef de religion, n'est pas nécessaire, mais qu'il est permis d'en établir un. (De Hammer, Journal asiat., juillet 1825.)

AB 2N, OU ABIB, mois des Hébreux correspondant à mars. Ce mot veut dire mois des épis, parce qu'en Egypte quelques céréales, et principalement l'orge, étaient déjà en épis pendant ce mois. Les juifs caraïtes jeûnent

-

le 7 et le 10 de ce mois, parce que Jérusalem fut ruinée ces jours-là par Nabuchodonosor, et que ce prince mit le feu à la ville et au temple. Les rabbânites jeûnent le 9, parce que c'est le jour où Titus détruisit le second temple. Le mois d'Ab a trente jours. ABADDIR OU ABADIR. 1°C'est le nom de la pierre que Rhéa ou Ops, femme de Saturne, présenta à son mari à la placé de Jupiter qu'elle avait mis au monde. Saturne, craignant d'être détrôné par un de ses fils, suivant la prédiction de l'oracle, avait soin de dévorer tous ses enfants mâles à mesure qu'ils naissaient. Rhéa, ayant enfanté Jupiter, résolut de le soustraire à la destinée de ses frères aînés; elle emmaillola une pierre dans une peau de chèvre qu'elle arrosa de son lait; quelques gouttes s'étant échappées de son sein formèrent dans le ciel cette longue trace blanche connue sous le nom de Voie lactée. Saturne avala cette pierre, en Arcadie, sur le mont Thaumasium; mais comme elle l'incommodait, il la rejeta au moyen d'un vomitif qui lui fit rendre et la pierre et les enfants qu'il avait absorbés précédemment. Cette pierre se conservait à Delphes dans le temple d'Apollon, où on l'arrosait d'huile en certaines solennités et on la couvrait d'une laine particulière. Les Syriens l'honoraient d'un culte particulier; le nom Abaddir est même un mot syrien qui signifie le Père glorieux. Les Grecs lui donnaient le nom de Bætyle. Voy. BéTYLE.

20 Abadir était encore un titre que l'on donnait à Carthage aux plus grands dieux, pour les distinguer de ceux qui étaient moins considérables. Ce mot est le même que le précédent et a la même signification.

ABADDON, nom d'un ange exterminateur; il vient de l'hébreu 128, abad, faire périr; c'est celui qui porte en grec le nom d'Apollyon. Saint Jean en parle dans son Apocalypse. Quelques auteurs pensent qu'il est le même que celui qui est appelé Asmodée dans le livre de Tobie.

ABAN. C'est l'ange des arts libéraux et mécaniques, suivant les Guèbres.

ABARIS, Scythe de nation, qui fut fait grand prêtre d'Apollon pour avoir chanté le voyage de ce dieu au pays des Hyperboréens, et reçut de lui, outre la connaissance de l'avenir, une flèche d'or sur laquelle il traversait les airs. Il prédisait les tremblements de terre, chassait la peste, apaisait les tempêtes, et fit à Lacédémone des sacrifices si efficaces que ce pays, si exposé antérieurement à la peste, n'en fut jamais affligé depuis. Eufin il passait pour vivre sans prendre aucune nourriture. On ajoute qu'ayant fabriqué une statue de Minerve des os de Pelops, il la vendit aux Troyens, qui crurent sur parole que celte statue venait du ciel, d'où il l'avait fait descendre. C'est ce simulacre qui depuis fut célèbre sous le nom de Palladium.

ABAZEES, fêtes qui étaient célébrées chez les Grecs de l'Asie inincure. On y observait le plus profond silence, ainsi que l'exprime leur nom. Elles avaient été établies par Denis, fils de Caprée, roi d'Asie.

ABBA, NZN. 1° Mot syriaque qui signifie père; c'est de lui que vient le titre d'Abbé, que l'on donne aux supérieurs des monastères, et même actuellement à tous les ecclésiastiques. Voy. ABbé.

2° Nom de la principale divinité de certains peuples voisins des iles Philippines.

ABBAYE. On donne ce nom, chez les ca tholiques, aux monastères d'hommes ou de femmes qui sont soumis à des abbés ou à des abbesses. Ce nom était inconnu dans les premiers siècles de l'Eglise, quoiqu'il y eût des abbés. On appelait les réunions d'hommes ou de femmes qui se vouaient à servir Dieu loin du monde, monasteria ou cœnobia. L'origine des abbayes de femmes en France est attribuée à la reine sainte Radegonde, quatrième femme de Clotaire Ir, qui fonda, vers l'an 567, le monastère de Sainte-Croix, à Poitiers, et dont l'exemple fut suivi de plusieurs autres princesses ou dames de qualité. On a compté en France plus de dix-sept cents abbayes. Le nombre des simples couvents était encore plus considérable.

Les abbayes ont toutes été abolies en France à l'époque de la révolution, et les maisons religieuses existantes aujourd'hui ne sont reconnues que sous le nom de congrégation.

ABBÉ. Ce nom, en latin abbas, en grec la, vient du syriaque xx, abba, qui signi fie père. Jésus-Christ et saint Paul donnent ce nom à Dieu; on le trouve aussi appliqué à Jésus-Christ. Ainsi, au xin siècle, on disait encore, dans notre vieux français, « del bon abbé Jésus. » Ce nom a indiqué généralement chez les chrétiens le fondateur ou le supérieur d'un monastère, qui étaient en effet les pères spirituels de leurs moines.

«La hiérarchie ecclésiastique a toujours donné le pas aux évêques sur les abbés; cependant l'histoire nous fournit plus d'un exemple de la supériorité de ces derniers sur les autres. En 580, saint Colomban, ayant fondé le monastère de Hy, en Ecosse, soumit, comme abbé, à sa juridiction tout le pays et l'évêque même. C'est, je pense, le premier exemple de ce genre. Il fut imité en Italie, où l'abbé du mont Cassin jouit d'une pareille autorité sur des évêques qui avaient juridiction. L'on ne connaît que ces deux abbayes qui aient eu ce droit singulier. Les autres exemples que l'on pourrait produire pour prouver que certains évêques ont été soumis à des abbés ne sont point dans le même genre, et ne regardent point les évêques qui avaient une juridiction determinée sur des séculiers, mais seulement les évêques tirés du nombre des religieux qui n'avaient d'autres sujets que les moines mêmes de la maison dont ils dépendaient, et qui étaient élus et sacrés, à la demande de l'abbé, pour l'ordination des religieux. On a vu de pareils exemples à Marmoutier, à Saint-Denis, à Morbach, etc. « Les abbés furent d'abord élus, selon le doit naturel, par ceux qui devaient leur obéir, dit dom de Vaines, mais quelquefois la jalousie, l'ambition et la cupidité intervertirent cet ordre, et les élections furcut

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