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les thérapeutes dont parle Philon, quoique ces derniers paraissent avoir été des chrétiens, au moins en partie, comme l'assurent Eusebe et saint Jérôme. Nous trouvons des modeles de la vie ascétique dans celle de saint Jean-Baptiste, dans celle des premiers chrétiens à Jérusalem, et dans celle des disciples de saint Marc à Alexandrie. Parmi les ascetes, il y en avait qui étaient solitaires et qui menaient une vie purement contemplative; d'autres s'appliquaient aux travaux du ministère ecclésiastique et à l'instruction des peuples.Ils portaienten général deshabits pauvres et ordinairement de couleur noire ou brune. Les uns se consacraient à Dieu pardes vœux et les autres sans vœux. Saint Jacques de Nisibe distingue formellement ces deux sortes d'ascetes. Tous ceux qui avaient embrassé la vie ascétique vivaient dans une grande pauvreté, et faisaient profession d'une continence perpétuelle.Ils ne mangeaient point deviande et pratiquaient des jeûnes rigoureux; leurs veilles étaient longues, et leurs autres mortifications fort austères; la lecture, la prière et le travail faisaient toute leur occupation. Le nombre des ascèles était très-considérable à Nazianze, à Césarée en Cappadoce, en Arménie et surtout en Egypte. On leur donnait encore le nom d'abstinents, de solitaires, de dévots, de nazaréens et de confesseurs. Il y en avait parmi eux qui menaient une vie fort extraordinaire, tels que saint Paul Ermite, qui fut près de cent ans sans voir une créature humaine, et saint Siméon le Stylite, qui était continuellement sur le haut d'une colonne. Ils étaient singulièrement vénérés des chrétiens; les païens eux-mêmes se recommandaient à leurs prières; et plus d'une fois on vit de grands personnages et jusqu'à des empereurs tenir à honneur d'avoir accès auprès d'eux.

2. Il y a encore à présent, chez les Grecs, un ordre de religieux qui portent le nom d'Ascètes, ou Ascétiques; ce sont de véritables ermites. Ils ne doivent manger qu'une fois le jour, excepté dans les jours de fête. Ils gagnent leur vie par le travail de leurs mains; il y en a qui s'appliquent au labourage ou à la culture de la vigne, d'autres vont garder les troupeaux ou fabriquent des chapeaux, ou font d'autres ouvrages manuels.

3o On peut regarder comme des Ascètes certains religieux musulmans qui mènent une vie fort austère, les uns au sein des villes, les autres dans le fond des déserts et des solitudes, vêtus d'habits grossiers, ou demi-nus, mangeant fort peu, jeûnant presque toujours. La plupart des voyageurs européens les ont jugés fort sévèrement, les accusant d'hypocrisie, et avançant qu'ils savent se dédommager de la contrainte extérieure, par des excès de toutes sortes et par de honteuses débauches. Ce jugement est fondé en général, surtout quant à ceux qui vivent dans les villes ou dans leur voisinage, mais il en est quelques-uns dont la vie est réellement austère et mortifiée, et ferait

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honte aux ordres religieux les plus rigides
da christianisme.

4 Mais ce sont surtout les Indes, la Chine et le Japon qui fourmillent d'Ascètes; les religions brahmanique et bouddhique nous offrent par milliers des hommes qui se livrent aux contemplations les plus mystiques et à des austérités dont on ne saurait se faire une idée, dans nos régions moins exaltees. On serait tenté de traiter de fables le rapport unanime des voyageurs anciens et modernes, si on n'avait pas pour ainsi dire sous la main des moyens de vérification. Imchair, la répression des seus, la domination possible de pousser plus loin la haine de la de la nature, la puissance de la volonté et de l'imagination; impossible de trouver une exaltation aussi soutenue. Sans doute qu'il est un grand nombre de bonzes et de faquirs qui, comme les derviches musulmans, ne sont que d'infâmes hypocrites; mais on a des preuves qu'il en est un grand nombre qui ne trompent point et qui agissent sous l'empire de la conviction la mieux établie. Voy. FAQUIR, DJOGUI, TAPACI, MOUNI, etc.

Bouddha, qui vint dans le Tibet, et établit ASCHANG. Chinois de la secte de Fo ou dans ce pays les ascètes ou contemplatifs nommés Kiupa.

ASCHAPHIN, astrologues ou devins, célè bres chez les Chaldéens. Il en est parlé au livre de Daniel.

premiers jours du mois de muharram, pen-
ASCHARA, OU ACHOURA, nom des dix
dant lesquels les musulmans schütes célè-
brent la mémoire de Huçain, dans la Perse
jours. Voy DEHA.
et dans les Indes. Ce mot veut dire les dix

ASCHARIENS, discipies d'Aboul Hasan
Ali ben Ismail, surnommé Aschari, un des
plus célèbres docteurs parmi les musulmans,
qui mourut vers l'an 940 de Jésus-Christ.
Les Aschariens enseignent que Dieu, étant
un agent général et universel, est aussi vé-
ritablement le créateur et l'auteur de toutes
les actions des hommes; mais que les hom-
mes étant libres, ils ne laissent pas néanmoins
d'acquérir un mérite ou un démérite selon
qu'ils se portent volontairement vers les
choses qui leur sont commandées ou défen-
dues par la loi. Ainsi, selon les Aschariens,
nos actions sont réellement et effectivement
produites par le Créateur; mais l'application
que nous en faisons, en obéissant ou en dés-
obéissant à la loi, vient uniquement de nous.
Aschari enseigna ce système pour concilier
deux versets du second chapitre du Coran,
qui paraissent tout à fait opposés. Mahomet
avait dit: Tout ce qui est dans le ciel et sur
la terre appartient à Dieu; que vous produi-
siez vos actions au grand jour ou que vous les
cachiez, il vous en demandera compte; il par-
donnera à qui il voudra, et il punira qui il
voudra; car Dieu est tout-puissant. Ce pas-
phète, celui-ci, pour les rassurer, termina
sage ayant effrayé les sectateurs du faux pro-
le chapitre par les paroles suivantes: Dien
n'impose point à l'homme un far leau au-dessus
de ses forces, et ne lui impute que ce qu'il a

acquis par son obéissance ou par sa rébellion. La collation de ces deux versets produisit une espèce de schisme; les uns prétendant que le premier verset avait été abrogé par le suivant, on les appela les Motazales; les autres, c'est-à-dire les Aschariens, crurent tout concilier en émettant la doctrine dont nous venons de donner un aperçu. Au reste l'opinion des Aschariens est devenue la plus générale parmi les musulmans.

ASCHERA, et Aschéroth, divinité des Sidoniens, la même qu'Astarté et Astaroth.

ASCHIMA, nom d'une idole adorée par les habitants de Hamath. Les rabbins disent qu'elle avait la figure d'un bouc. On a accusé les Juifs samaritains d'adorer la même divinité, ou une autre idole sous le même nom. Mais c'est une pure calomnie, qui a pris naissance sans doute dans l'usage où sont les Samaritains de prononcer par respect haschem ou haschima (le nom) au lieu du mot Jéhova, toutes les fois qu'ils le trouvent dans la lecture. C'est d'ailleurs un usage qui leur est commun avec tous les autres Juifs.

ASCHMAI, surnom des Juifs karaïtes; il vient de la racine hébraïque schama entendre, ou du premier mot de la loi, Ecoute, Israel; parce qu'ils n'observent point d'autre règle de leur conduite que les textes de la loi, sans consulter en rien ni les inductions fondées sur le raisonnement, ni l'exemple de qui que ce soit.

ASCHMOG. C'est, dans la théogonie des Parsis, l'ancien serpent infernal à deux pieds, produit par Ahriman, ou plutôt c'est Ahriman lui-même qui sauta du ciel en terre sous la forme d'une couleuvre et qui produit les animaux venimeux, détruit la végétation et enfante l'hiver. Voy. AsмOUG.

ASCITES, OU ASCODRUGITES, du grec ārzos, outre; secte de montanistes qui mettaient auprès de leur autel un ballon ou une outre gonflée de vent, et dansaient autour en chantant: Nous sommes des outres neuves remplies de vin nouveau; par allusion au verset 17 du chap. ix de saint Matthieu. Ils regardaient ce ballon comme un symbole propre à exprimer qu'ils étaient remplis du Saint-Esprit, car c'était la prétention des montanistes. Voy. MONTANISTES.

ASCLÉPIES, fêtes que les Grecs païens célébraient en l'honneur d'Esculape. On y distribuait des prix de poésie et de musique. A Epidaure on les nommait Megalasclépies. ASCODROUTES, OU ASCODRUPITES, hérétiques qui rejetaient les sacrements. ASCODRUGITES, hérétiques nommés

aussi AscITES. Voy. ce mot.

ASCOLIES, fêtes athéniennes en l'honneur de Bacchus. Elles avaient lieu le 29 poséidon (28 novembre) et faisaient partie des dionysiaques. On les célébrait en sautant à clochepied sur une peau de bouc gonflée de vent et enduite d'huile; et le maladroit qui se laissait tomber servait de risée aux spectateurs. On immolait une chèvre ou un bouc, animaux considérés comme ennemis de la vigne.

Il paraît que ces fêtes passèrent chez les Romains, où on donnait des récompenses à ceux qui sortaient victorieux de ces puérils combats; ensuite on célébrait Bacchus par des vers grossiers, tandis que la foule portait sa statue dans les vignobles, se masquait et se barbouillait de lie.

ASCOPHITES, hérétiques qui parurent vers l'an 173. Ils rejetaient l'Ancien Testament; niaient la nécessité des bonnes œuvres, les méprisaient et prétendaient que, pour être saint, il suffisait de connaître Dieu. Ils brisaient les vases sacrés en haine des oblations que l'on faisait dans les églises. Comme les archontiques, ils supposaient que chaque sphère du monde était gouvernée par un ange.

ASDOUVAZD, nom de Dieu chez les Arméniens. Ce mot dérive des anciennes langues ariennes, étant une contraction de lazdan lazd, composition qui donne Deorum Deus, sens très-conforme au symbole du magisme qui régnait autrefois dans ces contrées; mais actuellement on l'emploie uniquement pour spécifier le vrai Dieu.

ASFENDARMAD, nom d'un génie qui, dans le calendrier yezdegerdique, présidait et donnait son nom au douzième et dernier mois de l'année. Ce mois est de trente jours, comme tous les autres, ce qui forme le total de 360; pour compléter l'année solaire, les Perses ajoutaient cinq jours épagomènes. Ulug-Beg remarque que les talismans contre les scorpions se doivent graver le cinq du mois Asfendarmad.

ASCHMOUN, dieu des anciens Carthaginois; c'était leur Esculape; il avait à Carthage un temple magnifique qui fut incendié par Scipion, lors de la prise de cette ville. On trouve encore son nom sur des monuments puniques.

ASFÉRIVÉ, une des soixante-treize sectes de l'islamisme; c'est une fraction de Khawaridjé ou protestants musulmans. Les Asfériyé sont les disciples de Zend, fils d'Asfer. Ils s'élevèrent contre l'opinion des Ezariké, et ils soutiennent que l'infidélité consiste dans le repos des armes; ils disent que ceux qui commettent des péchés doivent être qualifiés, d'après l'espèce du péché, de voleurs, d'adultères, mais non pas d'infidèles; que l'abandon de la prière et du jeûne est le plus grand péché. (De Hammer, Journ. asiat., juillet 1825.)

ASGARD, ville des dieux. C'est le nom que les Scandinaves donnaient à une ville que les Ases avaient construite au milieu de la terre. Il y avait un temple nommé Gladsheim, où les Ases avaient placé leur douze siéges, au milieu desquels s'élevait le trône d'Odin. C'était dans cette ville que s'élevait le Valhalla, séjour enchanteur, salle étincelante d'or, et plus tard le Vingold, salle de l'amitié, bâtie par les déesses. Les dieux menaient dans Asgard une vie paisible et joyeuse, en jouant avec leurs tablettes d'or. Mais les filles des Géants arrivèrent, et les dieux les pri

rent pour épouses. Dès lors l'harmonie du monde primitif fut troublée; alors on vit pour la première fo s, depuis la mort d'Ymer, couler du sang sur la terre; les Géants livrèrent aux dieux un combat terrible, dont on peut suivre les différentes phases dans l'Edda; mais ils finissent par être vaincus, ou plutôt des alternatives de succès et de défaites se succèdent jusqu'à la fin des temps; alors le Tout-Puissant établit de nouveaux cieux et une nouvelle terre brillante de jeunesse, où des lois éternelles perpétueront le bonheur.

ASHAB. C'est le nom qu'on donne à tous ceux qui, du vivant de Mahomet, embrasserent sa doctrine, furent admis en sa présence, ou assistèrent à ses prédications. Ce mot veut dire compagnons. Les musulmans font monter à 114,000 le nombre des Ashabs. On les distingue en Mihadjirs, et en Ansars, Les premiers sont les habitants de la Mecque, qui s'enfuirent avec Mahomet; en effet Aluhadjir signifie émigré, expatrié. Les Ansars, ou auxiliaires, se composent des habitants de Médine et autres qui vinrent se rallier à ce faux prophète.

ASILE, OU ASYLE; sanctuaire ou lieu quelconque de refuge et de protection, d'où il n'était permis d'arracher personne de force. 1° Chez les Juifs, le temple et surtout l'antel des holocaustes étaient des asiles inviolables; cependant Salomon en fit arracher Joab, sans doute parce que la loi des Juifs exceptait les meurtriers volontaires du droit d'asile. En outre, parmi les quarante-huit villes assignées à la tribu de Lévi, on en avait choisi six pour servir d'asile aux meurtriers, pourvu cependant que le meurtre n'eût pas été volontaire, mais fût arrivé accidentellement ou par imprudence. Ces six villes étaient Cédès en Galilée, Sichem, sur le mont Ephraïm, et Cariath-Arbé, dans les montagnes de Juda. Ces trois villes étaient sur la rive droite du Jourdain; les autres se trou, vaient au delà de ce fleuve, savoir: Bosor près du désert, Ramoth de Galaad, et Gaulon de Basan. Quiconque avait commis un meurtre par imprudence pouvait se retirer dans une de ces six villes et y demeurer comme en exil, jusqu'à la mort du souverain sacrificateur alors en charge. Josèphe dit qu'il n'était pas permis à ces réfugiés de sortir de l'enceinte de la ville où ils résidaient, sous peine d'être mis à mort impunément, ou livrés aux tribunaux par les parents de la victime qui les eussent rencontrés hors des murailles. On peut donc signaler une notable différence entre les asiles des Hébreux destinés à protéger l'innocence, et les as les des païens, qui procuraient l'impunité aux grands coupables. Voy. notre Dictionnaire de la Bible, art. ASYLE et REFUGE.

2. Les chrétiens donnèrent le droit d'asile à leurs églises dès le temps de Constantin. En France, l'église de Saint-Martin de Tours était célèbre par son asile. Les églises de Paris qui jouissaient de ce droit étaient NotreDame, Saint-Jacques-la-Boucherie, SaintMerry, l'Hôtel-Dieu, l'abbaye Saint-Antoine,

les Carmes de la place Maubert et les GrandsAugustins. Outre cela, un grand nombre de chapelles, les maisons des évêques, quelques cimetières même jouissaient de ce droit. Charlemagne y donna atteinte le premier, en défendant en 779 qu'on portât à manger aux criminels. Louis XII l'abolit entièrement.

3° Les p'us fameux asiles des Grecs étaient le temple de la Miséricorde, l'autel des Euménides à Athènes, le bois de Daphné à Antioche, et l'asile de Cadmus à Thèbes. Cybèle en avait un à Samothrace. Parmi les lieux d'asiles, il y en avait de publics et ouverts à tout le monde ; d'autres étaient appropriés à certaines personnes et à certains crimes. Ainsi les temples d'Hébé à Phthie, et de Diane à Ephèse, étaient des refuges pour les débiteurs. Le temple de Pallas, à Lacédémone, servait d'asile même aux criminels condamnés à mort. Le temple ou tombeau de Thésée était un sanctuaire inviolable pour tous les esclaves ou gens de basse condition qui fuyaient l'oppression. Ce privilége n'était pas réservé aux dieux seuls, mais s'étendait aux statues et monuments des princes et autres personnages de haut rang, aux bois sacrés, etc. Ainsi le tombeau d'Achille au promontoire de Sigée, et celui d'Ajax sur le promontoire Rhétien, devinrent des asiles dans les siècles suivants. Romulus fit un asile d'un bois de chênes situé entre le Capitole et la roche Tarpéienne; il servait aux hommes libres et aux esclaves. Ce fut d'abord le seul asile chez les Romains; plus tard il fut transporté au Capitole, dans un sanctuaire nommé Asylum. Mais dans la suite le droit de refuge s'étendait à un grand nombre de temples de la ville et des provinces. Les suppliants allaient ordinairement s'asseoir sur l'autel; car l'asile ne s'étendait pas toujours à toute l'enceinte du temple. Comme on ne pouvait arracher un réfugié de son asile sans se rendre coupable de sacrilége et encourir la peine de l'exil, on usait de différents stratagèmes, soit pour les faire sortir, soit pour les faire périr; ainsi on allumait près de l'autel ou de la statue du dieu de grands brasiers dont la chaleur incommodait tellement le malheureux réfugié, qu'il était contraint de quitter sa place ou bien on lui coupait les vivres, soit en murant la porte d'entrée, soit en mettaut des gardes à toutes les avenues. Mais sous l'empire les asiles perdirent de leur prestige, on ne se fit plus scrupule d'en arracher les grands coupables; enfin Tibère les abolit pour la plupart.

4 Le droit d'asile n'est pas inconnu aux Japonais. Il y a dans le voisinage de Méaco une montagne nommée Koia, peuplée de moines, qui observent une règle moins sévère que celle des autres ordres. Leur couvent est l'asile des criminels, et aucune puissance civile n'a le droit de les prendre chez eux. Celui qui s'y réfugie y est non-seulement en sûreté, mais il peut encore y être nourri, pourvu qu'il assure aux moines une certaine Somme d'argent. Cet ordre a été institué par un certain Koboday, qu'on honore comme un dieu.

5o Dans l'île de Socotora, près la côte d'Afrique, un voleur poursuivi échappe au châtiment, s'il parvient à se réfugier dans un moquamo ou temple, et à être pris sous la protection de quelqu'un qui s'y rencontre à point nommé. Celui-ci est alors reconnu pour le parrain du criminel. Mais si le voleur ne trouve point de protecteur dans le temple, on l'arrache de cet asile et on lui coupe la main.

6. On trouve aussi le droit d'asile dans les iles de la mer du Sud. L'archipel de Sandwich en comptait deux principaux, appelés PahouTabou ou Pahon-Noua. Celui de la partie orientale de l'île Hawaï consistait en un édifice sur les portes duquel on attachait un drapeau blanc, en temps de guerre, et la mort eût été la punition de quiconque eût osé passer ces limites pour poursuivre un coupable. L'impunité était accordée à tous ceux qui pouvaient atteindre ce lieu de refuge. Le meurtrier, le prisonnier de guerre, le sacrilége, y étaient en pleine sûreté. Celui de la partie occidentale était encore plus considérable; c'est un parallelogramme irrégulier d'environ 660 pieds de long sur 380 de large, entouré de murs de 12 pieds de hauteur sur 15 d'épaisseur; ces murailles sont couronnées de nombreuses statues de divinités. Il y avait autrefois trois temples dans cette enceinte, avec des maisons pour les prêtres et pour les réfugiés. En temps de guerre, les enfants, les femmes et les hommes hors d'état de porter les armes venaient s'y réfugier, et ils n'en sortaient qu'à la fin des hostilités. Quelques jours passés dans ces asides suffisaient pour effacer les infractions aux lois civiles. Une fois sortis, personne n'avait droit sur les fugitifs, quels que fussent les crimes dont on les accusái.

ASINARIES, solennité décrétée à Syracuse, en mémoire de la grande victoire remportée par tes Siciliens sur la flotte athénienne, auprès de la petite rivière Asinare. On devait s'y abstenir de toute œuvre des mains et passer la journée en sacrifices.

ASI NATSOU TSI, le premier homme, d'après la mythologie japonaise; sa femme s'appelait Te Natsou tsi. Ils avaient eu huit filles, dont les sept premières avaient été dévorées par un dragon ayant huit têtes et huit queues. Mais le dieu Sosan-no o-no mikoto tua le monstre, etayant ainsi délivré leur huitième fille, la belle Ina da Fime, il en fit son épouse. Voy. YA-MATA-NO OROTSI.

ASIPATRAVANA, un des vingt-un enfers des Hindous, situé dans le Patala ou région inférieure. C'est une forêt dont les feuilles sont des lames d'épées.

ASK ET EMBLA, le premier homme et la première femme, suivant la cosmogonie scandinave. Un jour que les trois fils de Bore se promenaient sur la terre qui venait d'être créée, ils trouvèrent sur le rivage de la mer deux morceaux de bois flottants, qu'ils prirent et dont ils formèrent l'homme et la femme. Le premier des fils leur donna l'âme et la vie; le second, le mouvement et la science; le troisième leur fit présent de la parole, de

l'ouïe et de la vue, à quoi il ajouta la beauté des habillements. Les noms d'Ask, frêne, et d'Embla, aulne, rappellent les bois dont ils ont été tirés; c'est d'eux qu'est descendu le genre humain.

ASKA-NO MIOSIN, c'est-à-dire le grand génie illustre aux pieds ailés, une des divinités secondaires du Japon: c'est leur 27 daïri, qui fut ainsi déifié après sa mort. II portait durant sa vie le nom de Kei tai ten o, et régna de 507 à 531 avant Jésus-Christ.

ASKARI, ou ASKERI. Haçan, fils d'Ali, et père du célèbre et mystérieux Mahdi, est compté pour le onzième imâm légitime. On le surnomme Askéri, de la ville d'Asker, où il résidait et dans laquelle il était né. Il se distingua par sa science et ses lumières, et forma une secte particulière. Il soutenait la prédestination absolue et la prédétermination physique. Dieu, d'après lui, agissait toujours par des lois générales qu'il avait établies. On trouve dans la Bibliothèque orientale de d'Herbelot une contestation qu'Askari eut à ce sujet avec Aboul-Ali Hayan, son beau-père, dans laquelle, pour prouver son sentiment, le docteur apporte l'exemple de trois enfants dont l'un meurt dans l'âge d'innocence, et, des deux autres qui survivent, l'un reste fidèle à Dieu, et l'autre tombe dans l'infidélité. Dieu a pris le premier de ces enfants, répondit Hayan, parce qu'il prévoyait sans doute qu'il tomberait dans l'infidélité. Mais, répliqua Askari, un des deux autres qui reste au monde y tombe..... C'est, dit Hayan, que Dieu le destinait à la gloire; mais qu'usant de sa liberté, lorsqu'il a été plus avancé en age, il n'a pas correspondu aux desseins de Dieu sur lui. — Votre réponse ne me satisfait pas, repartit Askari; car par la même raison que Dieu a pris le premier de ces enfants, il pouvait prendre aussi celui qui est devenu infidèle, s'il eût voulu procurer son bien. Hayan, se trouvant trop pressé par son gendre, lui dit Votre raisonnement est une tentation du démon. Alors Askari, irrité de cette injure, lui répondit Frusquement : L'ane du scheikh est à la porte, c'est-à-dire, la dispute est finie, vous pouvez vous retirer. Askari mourut à Bagdad, l'an de Jésus-Christ 940. On lui rendit les derniers devoirs le plus secrètement qu'il fut possible, afin de dérober son corps à la fureur des Hanbalites, qui, professant une doctrine opposée à la sienne, voulaient le faire exhumer comme impie.

ASKARIENS, disciples d'Askari. Ils regardaient Dieu comme un agent universel, auteur et créateur de toutes les actions des hommes, libres toutefois d'élire celles qu'il leur plaît. Ainsi la responsabilité des hommes roule sur une chose qui ne dépend aucunement d'eux quant à la production, mais qui en dépend entièrement quant au choix. Leurs principaux adversaires sont les Hanbalites. La différence de leurs opinions est fondée sur deux passages du Coran qui semblent se combattre. En effet, on lit dans le Coran, ch. 11, vers. 284 : Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre appartient à Dieu; que

vous produisiez vos actions au grand jour ou que vous les cachiez, il vous en demandera compte. Il pardonnera à qui il voudra, et punira qui il voudra. Dieu est tout-puissant. On dit que les premiers sectateurs de Mahomet, effrayés de cette doctrine, députèrent vers lui Aboubekr et Omar, pour lui représenter que ce passage était capable de désespérer les fidèles; mais Mahomet éluda la difficulté en leur répondant: N'imitez pas les enfants d'Israel, qui dirent à Moïse, lorsqu'il leur eut annoncé les volontés de Dieu : « Nous vous avons entendu, mais nous n'exécuterons pas ce que vous nous avez ordonné; » dites plutôt, comme de vrais fidèles: Nous avons entendu la volonté du Seigneur, et nous nous y conformerons. Mais comme cette réponse laissait la question dans toute son obscurité, il résolut de promulguer un nouvel oracle pour dissiper les impressions fâcheuses que faisait naître le verset ci-dessus; c'est pourquoi on lit dans un autre chapitre que Dieu ne charge l'homme que de ce qu'il peut faire, et ne lui impute que ce qu'il a mérité par son obéissance ou sa rébellion. Quelques-uns crurent que ce dernier passage abrogeait l'autre ; mais d'habiles docteurs soutiennent le contraire, parce que, disent-ils, il n'y a d'abrogation que dans les lois, et que ces deux passages ne renferment ni loi ni précepte, mais exposent seulement la manière d'agir de Dieu. C'est pourquoi ces deux passages firent éclore deux sectes différentes, les Askariens et les Hanbalites,

ASKÉNOS, nom du dieu Lunus adoré en Lydie; sur plusieurs médailles il est représenté porté sur un croissant et coiffé d'un bonnet phrygien; il tient à la main une pomme de pin. Il avait aussi des temples en Phrygie et en Pisidie sous le nom d'Askéus.

ASLYR, un des dieux subalternes des Tchouvaches, peuple de Sibérie.

ASMAN, le ciel; un des Hamkars ou génies assistants de Mithra, dans la théogonie persane. Il présidait à tout ce qui arrivait le 27 de chaque mois. Les Parsis croient que cet ange est le même que Mordad, ou l'ange de la mort. Asman est aussi le nom du Ciel en persan.

ASMODÉE. Ce mot, qui signifie destructeur, est le nom d'un démon qui tua les sept premiers maris de Sara, fille de Raguel, la première nuit de leurs noces. Lorsque celleci épousa Tobie, l'ange Raphaël saisit Asmodée et alla l'enchaîner dans le désert de la haute Egypte. C'est ce que nous lisons dans le livre de Tobie. On ne trouve le nom de ce démon nulle autre part dans la Bible, mais on le lit dans plusieurs livres des rabbins; les uns le font fils d'Adam, qui, s'étant séparé de sa femme pendant cent trente ans après le meurtre d'Abel, aurait eu commerce avec des démons femelles; d'autres veulent qu'il soit fils de Noéma, sœur de Tubalcaïn, mère de plusieurs autres démons; d'autres enfin veulent qu'Asmodée soit le même que Sammaël. Voy. nos Dictionnaires de la Bible et des Sciences occultes, art. ASMODÉE.

ASMOUG, nom d'un démon qui, selon la tradition des Parsis, est un des principaux émissaires d'Ahriman, génie du mal. Il a pour fonction particulière de semer la discorde dans les familles, les procès entre les voisins et la guerre entre les princes.

ASOURA. Les dieux sont souvent nommés Souras ou lumineux chez les Indiens; le mot contraire est Asouras ou ténébreux. Les Asouras sont en effet les ennemis des dieux, auxquels ils font une guerre perpétuelle. Ils surpassent de beaucoup en nombre les divinités de la lumière, dont on ne compte pas moins de trois cent millions, car ils sont eux-mêmes au nombre de huit cent millions. Les uns et les autres sont sujets aux blessures et à la mort dans les combats qu'ils se livrent, mais fort heureusement leurs Gourous et leurs Atcharyas (directeurs spirituels) ont toujours à leur disposition un baume souverain qui les rend à la santé et à la vie. L'origine des Asouras rappelle involontairement la chute des mauvais anges dans le système chrétien. Dans l'origine des choses, les intelligences célestes vivaient au sein d'une félicité sans bornes, sous l'empire de Dieu et soumises aux grandes divinités qui composent la trimourti indienne. Mais une partie de ces esprits, supportant impatiemment cette domination divine, céda aux suggestions de Mahachasoura, leur chef, leva l'étendard de la révolte et voulut s'emparer du gouvernement de l'univers. Le Dieu suprême députa vers les révoltés ses trois émanations directes, Brahma, Vichnou et Siva, qui, prenant les voies de la douceur, firent d'inutiles efforts pour faire rentrer les Asouras dans leur devoir. Alors il investit Siva de sa toute-puissance, et lui ordonna de chasser du ciel ces impics et de les précipiter dans l'abîme. Indra marcha contre eux à la tête des divinités restées fidèles; mais après une lutte de cent ans, les Souras furent vaincus par Mahachasoura transformé en taureau, et expulsés eux-mêmes des demeures célestes. Vichnou et Siva exhalèrent alors de leur bouche un rayon de flamme qui se convertit aussitôt en une déesse d'une incomparable beauté; c'était Bhavani on Dourga. Montée sur un tigre, et ses quatre bras armés d'un glaive, d'une lance, d'un serpent et d'un cric, elle marcha contre Mahachasoura, le combattit sous toutes les formes qu'il revêtit pour échapper à son cour-roux, et enfin lui écrasant la tête sous ses pieds, elle la lui trancha d'un coup de son glaive. Mais du tronc mutilé du taureau sort un corps humain armé d'un sabre et d'un bouclier, prêt à recommencer la lutte, quand la déesse lui jette son serpent autour du cou, le terrasse, et lui perçant le cœur de sa lance, met le sceau à la défaite des Asouras. Ceux-ci furent condamnés à des supplices éternels: toutefois ils peuvent espérer être un jour réintégrés à leur place primitive, s'ils profitent des modes d'expiation que Dieu leur a préparés dans quinze mondes différents, qui sont les sept patalas ou enfers situés au-dessous de la terre,

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