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tout-puissant? Je crois en Dieu le Père tout-puissant, etc.

2. Dans les pays soumis à l'inquisition espagnole ou portugaise, lorsqu'un hérétique, retenu dans les prisons, se détermine, par la crainte du supplice, à faire abjuration, les inquisiteurs font annoncer au peuple que tel jour, à telle heure, en telle église, un hérétique pénitent abjurera ses erreurs, et que ceux qui assisteront à cette cérémonie gagneront des indulgences. Au jour marqué, il se fait ordinairement un grand concours de peuple dans l'église indiquée. Le pénitent y est placé sur une estrade. On commence par célébrer une messe; après l'évangile, l'inquisiteur, ou quelque autre, fait un sermon contre l'hérésie en général, et particulièrement contre celle qui était professée par le nouveau converti. Le sermon fini, le prédicateur dit au peuple: Mes frères, celui que vous voyez ici est tombé dans l'hérésie contre laquelle je viens de parler, comme vous le verrez par la lecture qu'on va faire. Alors un religieux ou un clerc fait à haute voix la lecture d'une liste où sont contenues les erreurs dans lesquelles est tombé l'hérétique pénitent. L'inquisiteur, après cette lecture, demande au coupable s'il avoue avoir soutenu une semblable hérésie et s'il est disposé à y renoncer. Sur sa réponse affirmative, on lui fait faire une abjuration générale de toute hérésie, et une particulière de celle dont il a été convaincu. On exige aussi de lui une promesse de déférer tous les hérétiques qu'il connaîtra, et de se soumettre humblement à la pénitence que l'inquisiteur jugera à propos de lui infliger. Il y a toujours un greifier qui dresse un procès-verbal de l'abjuration, et il a grand soin d'y insérer que l'hérétique abjure, comme convaincu d'hérésie par sa propre confession, afin que, s'il retombe, il soit puni comme relaps, ce qui entraîne la peine du feu. Puis l'inquisiteur lui fait une vive exhortation de vivre désormais hors de tout soupçon d'erreur et d'hérésie; enfin il l'absout de l'excommunication majeure qu'il avait encourue, et lui impose une pénitence. Elle est quelquefois fort rigoureuse, et consiste soit en pèlerinages, soit à être fouetté publiquement, soit à être banni ou enfermé dans une prison pour un certain nombre d'années, quelquefois même pour toute la vie. De plus, le pénitent ne peut manquer d'être exposé à la vue du peuple, revêtu du sambenito, espèce de scapulaire brun, avec de grandes croix de SaintAndré en jaune. Les inquisiteurs ne se contentent pas d'exiger une abjuration formelle de ceux qui, de leur propre aveu, sont convaincus d'hérésie, ils l'ordonnent aussi à ceux qui en sont simplement soupçonnés; alors la pénitence est moins grave. Ceux contre lesquels on n'a qu'un soupçon léger, en sont quittes pour une punition peu considérable. Ceux qui sont fortement soupçonnés, sont condamnés à la prison pour un certain temps, ou bien à faire quelque pèlerinage. Enfin, si le soupçon est violent, l'accusé est condamné à porter le sambenito à

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la porte d'une église déterminée, aux grandes fêtes de l'année, et à rester un certain temps en prison.

3 L'Eglise russe a aussi ses formules d'abjurations pour les infidèles de l'empire qui embrassent le christianisme; voici celle que l'on exige des Kalmouks: Je renonce et maudis toute croyance qui m'a été enseignée, depuis ma jeunesse jusqu'à ce jour. Je renonce et maudis tous les faux docteurs et les superstitieux Bourkhan et les divinités qui furent jadis des hommes, savoir: Dchakdchamouni, Soukouba, Abidaba, Mansouchari, Maidari, Aerlik-Khan, Loumkhan, les Tengheri, Dantching, Okin-Tengheri, Daraècké, le Dalai-Lama, le Bodko-Lama et toutes les autres idoles. Je renonce et j'abjure la croyance dangereuse de la métempsycose, ainsi que celle du passage de l'âme dans d'autres corps. Je renonce à la doctrine de la création du monde, et j'abjure tous les mensonges des lamas, des choutouke, de tous les prêtres, de tous leurs croyants - Je renonce et j'abjure toutes les images et statues des idoles; toutes les prières adressées aux étoiles et à la lune, qui ne sont que des corps créés par le vrai Dieu. Je renonce et j'abjure la triple sainteté (Gourbin-Erdeni); j'abjure, enfin, tous les dieux et déesses menteurs, tous les idolâtres lamas, tous leurs prêtres, tous leurs écrits, toutes leurs doctrines, toutes les offrandes, jeûnes et reliques du Chalir-Ouroulé; j'abjure, en un mot, toutes les superstitions auxquelles j'ai cru jusqu'ici, et je crache dessus.

et sectateurs.

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ABLÉGAT, vicaire ou délégué d'un légat apostolique.

ABLUTION. Nous considérons ici l'ablution comme cérémonie religieuse consistant à laver son corps ou le corps d'un autre en totalité ou en partie, soit pour la propreté extérieure, soit comme signe de la netteté de l'âme. Sous ce point de vue l'ablution fait partie intégrante du rituel d'un grand nombre de religions.

1. Dans la loi des juifs il est ordonné à quiconque a contracté une impureté de se laver avant d'avoir commerce avec les autres hommes. Or on contractait l'impureté par l'attouchement d'un cadavre, d'un lépreux, d'un reptile, etc. On devait encore se laver quand on avait été affecté de lèpre, quand on avait éprouvé une pollution nocturne, quand on avait usé du mariage, etc. Les prêtres devaient recourir aux ablutions avant d'approcher de l'autel et d'offrir des sacrifices. Une femme était impure quand elle était en couche, ou qu'elle avait ses règles. Quiconque touchait un homme ou une femme impure, ou les objets dont ils se servaient, devenait impur lui-même et était tenu de se laver, sous peine de communiquer son impureté aux autres. Les vases ou instruments qui avaient servi à des choses réputées impures devaient être lavés avant de rentrer dans l'usage commun. Plusieurs de ces prescriptions légales sont tombées actuellement en désuétude; mais les juifs leur en ont substitué d'autres moins rationnelles. Ainsi c'est sans doute une coutume

louable et salutaire de se laver le visage et les mains aussitôt après son lever; mais c'est pousser cette pratique jusqu'à la superstition que de n'oser toucher à quoi que ce soit avant d'avoir rempli ce devoir de propreté. Il y a même des rabbins qui ne veulent point qu'on jette à terre l'eau dont on s'est servi pour cette ablution, de peur qu'en marchant dessus quelqu'un ne vint par là même à contracter quelque souillure. D'autres, plus scrupuleux encore, ont décidé que c'était un aussi grand crime de manger son pain sans se laver les mains, que d'avoir commerce avec une femme débauchée. En effet, nous lisons dans l'Evangile que les Pharisiens faisaient un crime aux disciples de Jésus-Christ de manger sans avoir rempli cette formalité.

2. Les chrétiens ont une ablution célèbre qui marque leur entrée dans le monde, ou du moins qui est nécessaire pour opérer leur admission dans l'Eglise, c'est le baptême. (Voy. BAPTÊME.) Il est encore pour eux un autre genre d'ablution qui consiste à s'asperger d'eau bénite en entrant dans les églises, et en différentes autres circonstances. (Voy. EAU BÉNITE.) C'a été aussi chez eux pendant longtemps une pratique pieuse et méritoire que de laver les corps des personnes mortes avant de les confier à la terre: elle est encore en usage dans plu

sieurs endroits.

3. L'ablution est une pratique intégrante du culte musulman; elle est si indispensable, qu'à défaut d'eau on peut et on doit se servir de sable ou de terre. Il y a pour les musulmans trois sortes d'ablutions, Ghast, le lavage, Abdest, l'ablution, et Ghousl, la lotion. (Voir ces trois mots.)

4 Les anciens Romains avaient recours aux ablutions avant d'entrer dans les temples; c'est pour cela qu'il y avait à la porte de ces édifices des vases remplis d'eau lustrale: on en mettait aussi à la porte des maisons où il y avait un mort, pour s'asperger en sortant. On se servait aussi de cette eau pour laver le corps du défunt.

5 Les Grecs avaient pareillement leurs lustrations. Ils croyaient que trois choses avaient la vertu de purifier, l'eau, l'air et le feu, ou la terre, en tant qu'elle renferme du feu. L'eau de la mer était préférée à celle des rivières, et l'eau courante à celle qui est sans mouvement. Les Grecs se lavaient nonseulement pour certaines expiations solennelles, mais encore après la rencontre d'une belette, d'un corbeau, d'un lièvre, après un orage imprévu, ou autre événement de sinistre augure.

16 Les Parsis portent leurs enfants au temple après leur naissance, et là le prêtre prend de l'eau bien nette, la verse dans l'écorce d'un certain arbre, et la jette sur l'enfant, en priant Dieu de le purifier. Tavernier prétend qu'ils baptisent aussi les enfants en les plongeant dans une cuve. Ils ont encore d'autres purifications.

7. C'est dans les Indes que l'eau sainte

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coule à grands flots pour les ablutions. Sept fleuves y sont regardés comme sacrés : le Gange est réputé le plus saint. Il a le pouvoir d'effacer les souillures physiques et morales des fidèles qui s'y baignent ou qui boivent de ses eaux avec dévotion. Point de plus grand bonheur que d'expirer dans ses ondes ou au moins sur ses bords; quelque péché qu'on ait commis, quelque souillure qu'on ait contractée, l'âme ne saurait alors manquer de devenir pure. Aussi on y accourt de tous côtés. Lorsque les dévots y entrent pour se purifier ou par dévotion, des brahmanes leur mettent en main trois brins de paille qu'ils gardent respectueusement jusqu'à la fin de la cérémonie; après le bain, les mêmes brahmanes les marquent au front avec de la bouse de vache. Mais si l'on est loin du Gange ou d'un autre fleuve sacré, on tâche de s'en procurer de l'eau, on en arrose une petite étendue de terrain, et on se couche dessus en récitant des prières; on boit aussi quelques gorgées de cette eau précieuse. A côté de la principale pagode de Benarès est le puits Monkernika, dans lequel un dieu se plongea autrefois. C'est pourquoi ses eaux sont sacrées aux yeux des Hindous; les dévots y jettent perpétuellement des fleurs, ce qui rend ses eaux bourbeuses et infectes. Čet inconvénient n'empêche pas qu'on n'y descende par des degrés pratiqués exprès; on plus claire quand on est sorti du puits. en est quitte pour se laver dans une eau Dans le Malabar, les réservoirs destinés aux purifications se nomment tankh; lorsque les lutions, ils commencent par faire rejaillir habitants de ce pays veulent faire leurs abun peu d'eau avec trois doigts de la main droite en l'honneur de Brahma, de Vichnou et de Siva, en prononçant en même temps ces paroles: «En approchant de cette eau et en la touchant, je renonce à mes péchés. » Alors ils entrent dans l'eau, en la séparant des deux mains, et plongent en même temps; puis ils jettent en l'air de l'eau avec la main neuf fois de suite en l'honneur des huit vasous et du soleil; puis après s'être lavé le visage, ils se frottent le front, les épaules et la poitrine avec de la cendre de bouse de vache. Une veuve ne doit pas manquer de se baigner dans un fleuve sacré ou dans un tankh avant d'être brûlée avec le corps de son mari.

8. Dans le royaume de Siam, la pleine lune du cinquième mois est solennisée par une ablution générale. Les Talapoins commencent par laver l'idole avec des eaux parfumées, à l'exception de la tête, ce qui serait un manque de respect; puis ils lavent leurs supérieurs, et sont ensuite lavés par le peuple. Dans les familles on se lave de même les uns les autres, en observant toutefois que l'inférieur fasse la cérémonie de l'ablution à son supérieur, sans distinction de sexe. Ainsi le fils et la fille lavent le père et la mère, l'aïeul et l'aïeule.

9o Le dernier jour de l'année, le roi du

Tunquin sort de son palais et va avec toute sa cour se baigner dans la rivière.

10 Les Chinois ont dans leurs temples des réservoirs pleins d'eau où ils entretiennent du poisson; en outre, il y a à droite et à gauche des salles où l'empereur et les grands de la cour se lavaient autrefois avant de paraître devant les idoles.

11° Les ablutions religieuses sont en usage chez les nègres de la Guinée; ils se lavent tous les matins, et se font des raies blanches sur le visage avec une espèce de chaux en l'honneur de leur fétiche. Les jours de fête, après que les nègres ont fait leurs offrandes et qu'ils ont pris part aux réjouissances, le prêtre leur fait un discours; ensuite il prend un bouchon de paille, le trempe dans un pot plein d'une liqueur dans laquelle il y a un serpent, et en frotte ou en asperge tous les enfants, en récitant des prières: il en fait autant à l'autel, qui consiste en une table placée au pied d'un arbre, et sur laquelle sont déposées les offrandes. Ces jours-là les personnes adultes ont soin de se laver le visage et le corps avec plus de soin qu'à l'ordinaire.

ABLUTION, dans le culte catholique, signifie encore l'eau et le vin qui servent à laver les doigts du prêtre, et le calice après la messe, et qu'il consomme ordinairement. L'ablution est encore l'eau mêlée de vin que l'on prenait autrefois après avoir communié faciliter la consommation de la sainte pour hostie; pratique qui a lieu encore en diffé

rentes circonstances.

ABOBAS, nom d'Adonis, chez les Perses, d'après Giraldi. Voy. ADONIS.

ABORA, Dieu de l'univers, chez les Haouary thes, anciens habitants de l'ile de Palma. C'était pour eux l'Etre suprême; il siégeait au plus haut des cieux, et faisait mouvoir tous les astres. Les Haouarythes lui avaient élevé des pyramides en pierres sèches, autour desquelles ils se réunissaient à différentes époques pour assister à des fé es religieuses qui se terminaient toujours par des chants et des exercices gymnastiques. Voy. ACORAN, ALCORAC, ACHAMAN, DIEU.

ABOUBEKR, beau-père de Mahomet, et son premier successeur ou khalife; suivant les Schiites, il usurpa cette dignité au préjudice d'Ali, gendre du faux prophète; mais les Sunnites, ou orthodoxes, le considèrent comme légitime et le regardent comme leur chef. Vers l'an 389 de l'hégire, ils établirent une fête en son honneur, et la fixèrent au 26 du mois de zulhidja, en mémoire du jour ou le prophète, en fuyant de la Mecque, se réfugia dans une caverne avec Aboubekr. On prétend que ce fut lui qui le premier rassembla et réunit en volume les chapitres dispersés du Coran.

ABOUDAD, un des deux premiers êtres vivants qui parurent sur la terre, suivant la cosmogonie des Perses. Aboudad était le taureau ou l'homme-taureau; il naquit sans père et sans mère, par le mélange des deux principes, ainsi que Kaioumors, le premier

homme. Ils vécurent ensemble pendant trois mille ans dans les régions supérieures, sans éprouver aucun mal, puis ils passèrent trois mille autres années sur la terre, sans souffrir de peines: ce n'est qu'après ce long laps de temps qu'il commença à s'élever des dissensions.

ABOU-MOHAMMED ABDALLAH, fils de Tomrout, imposteur qui s'éleva dans l'Afrique occidentale, en prenant le titre de Mahdi, et prétendant être cet imam mystérieux. Il prêcha la réforme parmi les musulmans, rassembla de nombreux partisans, s'élança des gorges de l'Atlas à la conquête des vastes Etats que possédaient les Lamtounides et fonda la dynastie des Mouahedin ou unitaires, appelés par les Espagnols Almohades. Voy. ALMOHADES.

ABOU-MOSLIM, célèbre guerrier qui contribua puissamment à la destruction de la maison des Ommiades et à l'élévation des Abassides au khalifat. Il fut injustement sacrifié, l'an 137 de l'hégire, à la haine du khalife Abdallah II. Le peuple du Khorassan, où il commandait, le béatifia, comme un homme surnaturel et comme un prophète, en le placant même au-dessus de Mahomet. C'est cette opinion, plus que ses principes particuliers, qui le fit ranger par les musulmans dans la classe des hérésiarques. Cet homme extraordinaire était d'une sévérité sans exemple la moindre faute était punie de mort. Il fit périr des milliers d'hommes par la main des bourreaux. Il était, du reste, d'une continence et d'une austérité de mœurs extraordinaires, et ne voyait sa femme qu'une fois l'an, disant que c'était assez pour l'homme de faire le fou une fois par année.

ABOUNA, N. Ce mot, qui signifie notre père, est le nom que les Abyssins donnent à leur métropolitain. Il est toujours Egyptien. C'est le patriarche d'Alexandrie qui lui donne les ordres et lui confère la juridiction sur 'Ethiopie; car, afin de tenir cette Eglise dans une plus grande dépendance, il ne lui donne jamais de métropolitain du pays. C'est dans le même but que le patriarche a toujours refusé d'ordonner d'autres évêques pour l'Abyssinie, malgré les instances que firent plusieurs fois les rois de cette contrée.. Il craignait que s'il y avait plusieurs évéques en Ethiopie, ils en vinssent dans la suite à élire eux-mêmes un patriarche. I n'y a donc qu'un seul évêque pour tout l'empire, et comme il est Egyptien, il arrive souvent qu'il n'entend pas la langue des peuples qu'il doit diriger: de là l'ignorance crasse dans laquelle sont tombés actuelle ment les Abyssins. Quand l'empire d'Abyssinie était florissant, l'abouna jouissait d'une grande autorité; les rois eux-mêmes n'étaient reconnus que lorsqu'ils avaient été sacrés par ses mains; souvent même l'abouna s'est servi de cette autorité pour conserver la dignité royale à l'héritier legitime de la couronne et pour s'opposer aux usurpateurs. Il possédait de grandes terres. Ses fermiers étaient exempts d'impôts et de tribuis. On faisait pour lui une quête de toile

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et de sel qui lui rapportait beaucoup. C'est lui qui ordonne tous les prêtres et les ministres inférieurs. Lui seul peut donner des dispenses; et il a souvent abusé de ce pouvoir, car il est ordinairement fort avare et fort ignorant. Cela n'est pas. surprenant, car, par le même système de vouloir maintenir l'Eglise d'Ethiopie dans la dépendance, le patriarche d'Alexandrie choisit quelquefois le métropolitain dans les degrés les plus humbles du cloître et élève même un simple frère lai sur le siége métropolitain. - Actuellement, cependant, les Abyssins se trouvent souvent sans abouna, à cause de la dépense que leur occasionne un voyage à Alexandrie, dont tous les frais sont à leur charge. En effet il ne faut pas moins, géné ralement, de 4000 talaris (1) pour que l'abouna arrive en Abyssinie, à cause des redevances continuelles qu'il faut payer sur la route aux diverses tribus. De sorte que le faible lien qui rattachait ce peuple à une Eglise chrétienne se trouve encore rompu; et les Abyssins professent aujourd'hui un christianisme fort dégénéré.

ABOU-YAHYA, nom de l'ange de la mort chez les musulmans. Les Arabes lui donnent encore le nom d'Azraïl, et les Persans celui de Mordad. Voy. AzRAÏL.

ABOU-YAZID, imposteur musulman qui s'érigea en prophète l'an 360 de l'hégire (970 de J.-C.). Il déclamait contre le Coran, débitant une nouvelle doctrine, et remplit l'Afrique de séditions et de troubles.

ABOYEURS, fanatiques méthodistes des Etats-Unis. Voy. BARKERS.

ABRACADABRA, mot magique auquel on supposait autrefois la vertu de guérir la fièvre, et principalement la fièvre quarte. Des amulettes grecs nous le représentent orthographié de cette sorte: ABPACAAABPA, ce qui prouve qu'il doit être lu abrasadabra (la lettre C étant un sigma en grec). Mais pour avoir la vertu qu'on lui attribuait, il fallait, d'après le médecin basilidien Serenus Sammonicus, qu'il fût écrit de manière à figurer un triangle magique, comme :

ABRACADABRA

BRACADABR

RACADAB

ACADA

CAD
A

La formule étant écrite de la sorte, on trouve, quelle que soit la ligne que l'on parcoure, le mot abrasadabra, en prenant les premières et les dernières lettres des lignes précédentes. On la disposait encore d'une autre manière, dans laquelle on n'avait besoin que de remonter aux finales des lignes supérieures pour trouver le mot entier; la Voici :

ABRACADABRA ABRACADABR ABRACADAB ABRACADA ABRACAD ABRACA ABRAC

ABRA

ABR

AB

A

Quant à la signification de ce terme barbare, elle est douteuse : il est probable, cependant, qu'il est formé d'Abrasux, nom mystique de la Divinité, et des initiales des mots hébreux Ab, Ben, Ruah-Acodesch, qui signifient le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Voy. ABRASAX. Voy. aussi nos Dictionnaires de la Bible et des Sciences occultes, au mot ABRACADABRA.

ABRACALAN, autre terme mystique emprunté à la superstition syrienne; il était pour les Juifs ce qu'était le mot abracadabra pour les Grecs.

ABRAHAM, illustre patriarche des temps primitifs, qui fut le père d'un grand nombre de peuples, mais principalement des Hébreux et des Arabes. Il était fils de Tharé et descendant de Sem. Né en Chaldée, d'une famille probablement idolâtre, Dieu lui commanda de venir dans le pays de Chanaan, lui promettant que ses nombreux descendants posséderaient un jour cette contrée, et lui annonçant d'une manière figurative que le Messie naîtrait de sa race et que toutes les nations seraient bénies en lui. Ce patriarche est renommé par sa loyauté, par son esprit de douceur et de conciliation, par ses pérégrinations, par sa bravoure même, et surtout par sa foi, dont il donna une preuve signalée en ne balançant pas à immoler son fils Isaac, seul héritier des promesses, pour obéir à la voix de Dieu. Mais le Tout-Puissant, qui ne lui avait fait ce commandement que pour mettre sa foi au grand jour, arrêta son bras prêt à frapper, et se contenta de sa bonne volonté. Le nom d'Abraham lui fut donné par Dieu lui-même à la place de celui d'Abram, qu'il portait auparavant. Abraham reçut de Dieu l'ordre de la circoncision, comme témoignage de l'alliance qu'il faisait avec lui et comme marque distinctive de sa race c'est pourquoi encore aujourd'hui tous les peuples qui descendent de lui sont circoncis. Par son fils Ismaël, qu'il eut de son esclave Agar, il fut père des Ismaélites, notable portion de la nation arabe; par son fils Isaac, que lui donna Sara, sa femme légitime, il fut père des Israélites et des Iduméens; et les enfants qu'il eut de Céthura, qu'il épousa après la mort de Sara, furent la source de plusieurs autres peuples confondus aussi avec les Arabes. L'histoire d'Abraham tient une partie notable de la Genèse.

2o Les musulmans professent une grando

(1) Le talari vaut à peu près 5 franes de notre monnaie.

vénération pour Abraham, qu'ils nomment
Ibrahim, et une grande partie des Arabes
prétendent descendre de lui; mais ils racon-
tent son histoire d'une manière qui diffère
de beaucoup avec les livres saints. Nemrod,
fils de Chanaan, tenait, disent-ils, à Babylone
le siége de son empire; ce prince vit en
songe une étoile dont la lumière effaçait
celle du soleil. Les devins consultés répondi-
rent tout d'une voix qu'il devait naître dans
cette ville un enfant qui deviendrait en peu
de temps un grand prince, et dont il avait
tout à craindre, quoiqu'il ne fût pas encore
engendré, Effrayé de cette réponse, Nemrod
ordonna sur-le-champ que les hommes fus-
sent séparés de leurs femmes, et établit une
surveillance de dix en dix maisons pour les
empêcher de se voir. Azar, un des grands de
la cour de Nemrod, trompa la vigilance des
gardes et alla trouver une nuit sa femme
Adna. Le lendemain, les devins annoncèrent
à Nemrod que l'enfant dont il était menacé
avait été conçu la nuit précédente. Le prince
donna de nouveaux ordres pour qu'on gar-
dât soigneusement toutes les femmes gros-
ses et qu'on fit mourir tous les enfants mâ-
les qu'elles mettraient au monde. Adna, qui
par la permission de Dieu ne donnait aucun
signe de grossesse, ne fut point gardée : de
sorte qu'étant près d'accoucher elle se ren-
dit dans les champs, où elle se délivra de
son fruit dans une grotte dont elle ferma
soigneusement l'entrée; et, de retour à la
ville, elle dit qu'elle était accouchée d'un fils
mort aussitôt après sa naissance. Adna, ce-
pendant, allait souvent à la grotte pour al-
laiter son enfant; mais elle ne tarda pas à
s'apercevoir qu'il avait peu besoin de ses
soins; car il se nourrissait en suçant le bout
de ses doigts, dont l'un lui fournissait du lait
et l'autre du miel; de plus, il croissait au-
tant en un jour que les autres enfants en un
mois de sorte qu'au bout de quinze lunes
il avait l'apparence d'un jeune homme de
quinze ans. Ce fut alors que sa mère le con-
duisit à la cour de Nemrod, plongée tout en-
tière dans l'idolâtrie et ne reconnaissant
point d'autre Dieu que son roi. Ibrahim s'é-
leva par ses seules réflexions, et d'induc-
tions en inductions, à l'idée d'un Dieu qui
était fort au-dessus du roi, au-dessus des
idoles, au-dessus des étoiles, de la lune, du
soleil et de tout ce qui existe. La révélation
fit le reste. Il prêcha donc l'unité de Dieu,
convertit son père et plusieurs grands de la
cour de Nemrod, qui, en haine de cette nou-
velle doctrine, fit jeter le prédicateur dans
les flammes; mais Dieu l'en fit sortir mira-
culeusement. Ce dernier fait est admis aussi
par les Juifs, qui traduisent: Dieu fit sortir
Abraham du feu des Chaldéens, au lieu de :
Dieu fit sortir Abraham de Ur des Chaldéens,
parce que le nom de la ville de Ur signifie en
même temps le feu. La légende des musul-
mans offre encore une variante importante
dans l'histoire d'Abraham; car, d'après eux,
ce ne fut pas Isaac qui fut sur le point d'être
immolé par son père, mais bien Ismaël le
père de leurs tribus.

3° Quelques savants europeens pensent que le nom dAbraham n'est pas inconnu aux Indiens, et que c'est lui qui est divinisé chez eux sous le nom de Brahma. Ils en apportent d'autres preuves que la similitude du nom. Il est en effet remarquable que sa femme porte le nom de Sara-Swati, qui peut se traduire par la dame Sara. Or l'on sait que le nom de Sara, femme d'Abraham, signifie en hébreu la dame.

Voy. nos Dictionnaires de la Bible et des Sciences occultes, au mot ABRAHAM.

ABRAHAMITES: 1 Hérétiques du 1x siècle, ainsi nommés d'Ibrahim ou Abraham leur chef, qui renouvela les erreurs des pauliciens ou paulianistes, en niant la divinité de Jésus-Christ. Cet Abraham était d'Antioche, qui fut ainsi le berceau de sa secte. Ses erreurs furent réfutées par Cyriaque, évêque de la même ville.

2o On a donné aussi le nom d'Abrahamiles à des paysans ignorants de la Bohême, qui, vers 1782, se confiant dans l'édit de tolérance de Joseph 11, firent profession publique de la foi que suivait Abraham avant sa circoncision. Ils ne prirent dans la Bible que le dogme de l'unité de Dieu et l'Oraison dominicale. On refusa de leur accorder le libre exercice de leur culte, parce qu'ils ne voulaient appartenir ni à la religion juive, ni à aucune des confessions chrétiennes reconnues. Enfin l'empereur les chassa de leurs possessions et les fit disséminer dans plusieurs des places frontières de ses Etats, où un certain nombre d'entre eux se convertirent à la foi catholique.

ABRASAX OU ABRAXAS. Plusieurs anciens philosophes, Pythagore entre autres, ayant considéré l'ordre et l'harmonie qui règnent dans l'univers, les mouvements et les distances réciproques des corps célestes, distances et mouvements qui pouvaient s'exprimer par des nombres qui avaient entre eux des rapports nécessaires, s'imaginèrent qu'il y avait des nombres qui plaisaient plus que d'autres à la Divinité; ils se mirent donc à rechercher quels étaient ces nombres divins; ils virent qu'il n'y avait qu'un soleil, et jugèrent que l'unité était le nombre fondamental; ils comptaient sept planètes, ils en conclurent que le septénaire n'était pas moins agréable à Dieu. Basilide d'Alexandrie, qui, au siècle, avait fait un mélange de la philosophie de Pythagore, de la doctrine des juifs et des dogmes des chrétiens, remarqua que l'année était composée de trois cent soixante-cinq jours, formés, comme il le croyait, par autant de révolutions du soleil autour de la terre. Il jugea donc que le nombre de trois cent soixante-cinq était celui qui plaisait le plus à la Divinité; et, afin de mieux formuler sa découverte, il forgea un mot, dont les lettres réunies, prises numéralement, offrissent ce nombre mystérieux. Ce mot est Abrasax ou Abraxas, en grec 'Aбparas; en effet:

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