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sa femme Sanjnya, sous la forme d'une jument, ou enfants de la constellation appelée Aswini. L'un de ces jumeaux est nommé Nasatya, et l'autre Dasra; mais collectivement on les appelle indifféremment les deux Nasatyns, ou les deux Dasras.

ASYLE. Voy. ASILE.

ASILÉUS, dieu qui présidait án refuge que Romulus ouvrit à Rome. Son temple élait ouvert à tout venant. On ne rendait ni l'esclave à son maître, ni le débiteur à son créancier, ni le meurtrier à son juge, dès qu'ils s'y étaient réfugiés; et l'on soutenait qu'Apollon lui-même avait autorisé ce lieu de franchise par un oracle formel.

ASYN, déesses de la mythologie scandinave. Elles sont au nombre de douze, comme les Ases; les principales sont : Frigga, épouse d'Odin; Eyra, déesse de la médecine; Gefione, patronne des filles chastes; Freya, favorable aux amants; mais, plus fidèle que Vénus, elle pleure sans cesse Oder, son mari; Vara, reçoit les serments et punit ceux qui les violent; Lofna, raccommode les amants et les époux désunis; Snotra, déesse de la science et des bonnes mœurs, etc.

ATABYRIUS, nom de Jupiter chez les Rhodiens, dont il était la plus ancienne divinité. Il avait un temple sur le mont Atabyre. Le taureau lui était consacré, et on regardait cet animal comme un oracle que l'on consultait. Il y avait aussi dans le temple des brebis de bronze qui bêlaient toutes les fois que l'île était menacée de quelque malheur.

ATAGONJOU, le plus grand dieu des anciens Péruviens; c'est lui qui a créé le ciel et la terre, et qui gouverne toutes choses. Il habite le ciel; mais, se voyant seul, il créa deux autres dieux, Sagad-Zavra et Vaungabrad, pour l'aider dans le gouvernement de l'univers. Ces trois dieux n'ont qu'une seule volonté, et n'ont point d'épouses. Les temples dans lesquels les Péruviens adoraient ces divinités étaient de grandes cours entourées de hautes murailles. Au milieu de chaque cour était une fosse profonde dans laquelle étaient plantés plusieurs mâts; celui qui voulait offrir un sacrifice montait, habillé de blanc, au haut d'un de ces mâts entourés de paille, et là il immolait un coyé (lapin du Pérouj ou un mouton du pays, dont il offrait le saug à Alagonjou, et dont il mangeait la chair sans pouvoir en rien laisser ni emporter. Tout le pays était rempli de ces temples. Les fêtes qui s'y célébraient, et qui se nommaient taquis, duraient cinq jours. Les Péraviens prenaient à cette occasion leurs plus beaux habits et passaient tout ce temps à chanter et à boire; les uns se relevaient à Atamesure que les autres tombaient.

jours un masque d'or, ce qui lui fit donner le surnom de Moukanna (le surnommé). Sous ce masque il débitait les rêveries les plus absurdes, jusqu'à s'attribuer un caractère de divinité. Il prétendait que l'esprit de Dieu avait habité dans Adam, et que, passant successivement dans Noé et dans tous les prophètes des âges suivants, il résidait alors en lui, dans toute la plénitude de la grâce et de la puissance céleste en conséquence une foule d'aventuriers lui rendaient les honneurs divins. Comme il avait suscité de grands troubles dans le Khorassan, le khalife Mouhammed II fit marcher ses armées contre lui. Assiégé dans Sam, sans espoir de s'échapper, cet imposteur mit le feu à la ville, la réduisit en cendres avec toutes ses richesses, et se précipita dans les flammes en s'écriant: Je pars pour le ciel; quiconque veut jouir de mon bonheur n'a qu'à me suivre. Ces paroles échauffèrent tellement les esprits, que sa femme, ses enfants et un grand nom bre de ses sectateurs s'empressèrent de l'imiter (l'an 775 de J.-C.).

ATAHAUTA. Les Canadiens qui habitent au bas du fleuve Saint-Laurent adorent Alahauta comme le créateur de l'univers. Ils le regardent comme un esprit qui donne l'être et le mouvement à toute la matière.

ATAHOCAN, divinité adorée par les Canadiens, l'Etre souverain. Voy. MICHABOU.

ATA-MIRA, élysée ou paradis des insulaires de la Nouvelle-Zélande; ils croient que les âmes des défunis s'y rendent en plongeant dans la mer, au lieu nommé Reinga, vers le cap Nord.

ATANA, (privé de corps), surnom de Kama-Déva, dieu de l'amour, dans la théogonie hindoue. Voy. ANANGA.

ATCHALA, cérémonie indienne qui a lieu le 7 de la quinzaine lumineuse de la lune de magh (février). Les Hindous regardent comme un acte très-méritoire de se baigner dans une rivière avant qu'un autre en ait agité l'eau cet acte est accompagné d'aumônes.

ATCHAMANYA, cérémonie religieuse des Hindous, des brahmanes principalement; elle fait partie du Poudja et du Sandhya (Voy. ces mots), et consiste à se purifier avec de l'eau la bouche et le visage. Voici comme l'Atchamanya se pratique dans le Sandhya du matin on prend de l'eau dans le creux de la main droite, et on la porte trois fois à la bouche; on se touche ensuite, avec l'extérieur du pouce, le dessous du nez, puis joignant le pouce et l'index, on les porte sur les deux yeux; joignant enfin successivement les autres doigts avec le pouce, on les porte aux oreilles, au nombril, à la poitrine, sur la tête et sur les deux épaules. Cependant, avant de porter l'eau à la bouche, on doit toujours avoir soin de la purifier en récitant ces paroles: Eau, vous éles l'œil du sacrifice et du combat; vous êtes d'un goût agréable, vous avez pour nous les entrailles d'une m`re, vous en avez aussi les sentiments. Je vous ATA-HAKEM, sectaire musulman, natif invoque avec la même confiance que celle d'un de Merw dans le Khorassan, était borgne; enfant qui, à la vue de quelque danger, va se afin de mieux jouer son rôle, il portait lou-jeter entre les bras d'une mère qui le chérit

goujou a deux serviteurs, nommés Ouvigayétro et Ounstiqui, qui exercent auprès de lui la fonction d'intercesseurs; c'est pourquoi les habitants avaient recours à eux comme nous invoquons les saints.

tendrement; purifiez-moi de mes péchés, et purifiez tous les hommes avec moi. Ensuite on passe trois fois la main par-dessus sa tête, on y répand quelques gouttes d'eau, puis on en verse trois fois par terre; on respire fortement, et l'on fait ainsi sortir les péchés qu'on a dans le corps. Puis on récite cette prière: Eau, dans le temps du déluge, Brahma, la Sagesse suprême, dont le nom ne contient qu'une lettre, existait seul, et il existait sous votre forme. Ce Brahma, répandu et confondu avec vous, fit pénitence; et, par le mérite de sa pénitence, il créa la nuit. Les eaux éparses sur la terre, s'étant retirées dans un méme lieu, formèrent la mer. De la mer furent créés le jour, les années, le soleil, la lune, et Brahma à quatre visages. Ce dernier créa de nouveau le ciel, la terre, l'air, les mondes inférieurs, et tout ce qui existait avant le déluge (1). Après ces adorations, le brahmane respire un peu d'eau par les narines, et la rejette aussitôt avec force; avec elle tombe par terre l'homme de péché, qu'il écrase avec le talon gauche.

Le brahmane doit encore faire l'Atchamanya dans le Sandhya de midi et dans celui du soir, avec des formules propres à chacun. A celui de midi il dit: L'eau purifie la terre; que la terre purifiée par l'eau me délivre de tous les péchés que j'ai pu commettre en mangeant après un autre, en usant d'aliments défendus, en recevant des présents d'un homme vil ou d'un pécheur; enfin que l'eau me purifie de tout péché quel qu'il soit. Il fait encore deux fois l'Atchamanya; car il n'est rien qui efface plus infailliblement les péchés que l'eau

tout brahmane doit donc faire l'Atchamanya; et par cet acte seul, non-seulement tout crime, fût-ce le meurtre d'un brahmane ou d'une femme enceinte, lui est remis; bien plus, il devient impeccable pour l'avenir. Il prend ensuite trois tiges de l'herbe darba, avec le bout desquelles il répand quelques gouttes d'eau sur sa tête; mais auparavant il a dù purifier cette eau, en récitant sur elle les formules suivantes: Eau, vous êtes répandue dans le sein de la terre; faites que je puisse accomplir le Sandhya, afin qu'étant par là purifié, je puisse faire le Poudja. Eau, vous êtes d'un bon goût, etc., comme ci-dessus. Il répand avec les trois tiges d'herbe darba quelques gouttes d'eau par terre, puis sur sa tête. Celui qui récite en outre la prière qui suit peut compter qu'il arrivera au comble de ses désirs, qu'il vivra dans l'abondance et sera heureux: Eau, vous êtes répandue dans tout ce qui a vie, dans toutes les parties de la terre, et jusque sur les plus hautes montagnes. Vous êtes ce qu'il y a de plus excellent ; vous êtes la lumière, vous êtes l'amrita! Il se lève, et, remplissant d'eau ses deux mains, i la verse par terre, en disant: Adoration au patala! adoration à la terre! adoration au swargal

(1) Cette formule infiniment curieuse rappelle plusieurs faits de la Genèse biblique: La Sagesse suprême répandue et confondue avec les eaux: Spiritus Dei fereba ur super aquas; - la nuit créée d'abord : Tenebræ erant super faciem abyssi; les eaux éparses sur la terre, réu

ATCHARYA. C'est le nom qu'on donne à un brahmane qui est le guide spirituel de ceux qui sont soumis à sa conduite. C'est l'Atcharya qui donne à son élève l'investiture du cordon qui distingue sa caste, qui l'instruit dans les védas et qui lui apprend les règles des sacrifices. Un tel maître est presque toujours adoré de ses disciples, qui ne s'asseyent jamais en sa présence et se prosternent devant lui dans la poussière. Ils boivent l'eau dans laquelle il s'est lavé les pieds, et regardent sa bénédiction comme un gage assuré de salut. Les Atcharyas sont communément des gens d'une veitu consommée; quelques-uns vivent dans la solitude où l'on va chercher leurs leçons et leurs exemples; d'autres accompagnent leurs élèves partout, même à la guerre. Les dieux eux-mêmes ont chacun un Atcharya.

ATCHÉRI. Les habitants des montagnes de Kamaon, au nord de l'Inde, appellent Atchéris, ou fées, les âmes des jeunes filles décédées. Elles habitent les sommets des montagnes, mais elles en descendent à la brune, pour prendre leurs ébats dans des endroits plus convenables. Il est alors fort dangereux de les rencontrer, car les Atchéris punissent de mort les importuns. Elles molestent aussi quelquefois ceux qui passent durant le jour dans les lieux qu'elles habitent, leurs vêtements, car les Atchéris ont pour surtout les femmes qui ont du jaune dans cette couleur une antipathie particulière. Lorsqu'une petite fille tombe malade tout à coup, on en conclut de suite que les Atcheris ont jelé un sort sur elle, dans le dessein d'adjoindre son âme à leur société. Les illusions d'optique et les effets d'ombre qui ont lieu dans ces montagnes, comme dans beaucoup d'autres, sont mis sur le compte de ces fées, ainsi que les processions d'éléparfois sur leurs sommets, et qui cependant phants, de chevaux, etc., qui apparaissent ne sont que l'effet de certaines causes physiques.

ATÉ, déesse malfaisante, chez les Grecs, la même que la Discorde chez les Latins. Elle excita chez les dieux tant de querelles et de dissensions que Jupiter la prit enfiu par les cheveux, la bannit pour jamais du ciel et l'exila sur la terre, où elle se venge continuellement de son expulsion en jetant parmi les hommes des semences de trouble et de haine. Dans Homère, Até n'est autre chose que l'Injure personnifiée, et ce grand poëte nous apprend, par une ingénieuse allégorie, que les prières et les supplications doivent être la réparation de l'injure Les Prières, dit-il, sont filles de Jupiter: boiteuses, ridées et les yeux baissés, elles suivent d'un pas triste l'injure altière, qui, d'un pied léger, les devance de bien loin el, parcourant toute la terre, répand sur son passage l'Outrage et

nies dans un même lieu, forment la mer: Congregentur aquæ in locum unum... Congregationes aquarum appellavit maria; la création postérieure du soleil, de la lune, des années, des jours, le déluge, etc.

l'Insulte; elles viennent ensuite remédier aux maux que l'Injure a causés.

ATERGATA, ATERGATIS, ATARGATIS, ADARGATIS ou ADERGATIS, déesse adorée par les Syriens et par les peuples de la Mésopotamie. Quoique les auteurs anciens aient beaucoup parlé d'Atergatis, on ne sait pas encore bien précisément ce qu'était cette déesse. Les uns la représentent comme la grande déesse de Syrie, dont les statues avaient la figure d'une femme; d'autres semblent la confondre avec Dercéto, qui avait le corps moitié femme et moitié poisson; d'autres pensent qu'elle était la même que la Lune, et qu'elle était épouse d'Adad ou du Soleil. Il en est qui prétendent qu'on adorait sous ce nom la reine Sémiramis divinisée; enfin Selden veut qu'Alergatis soit la même que Dagon, ou la divinité Poisson dont il est parlé dans l'Ecriture sainte. En effet, Ader-Gad pourrait être le même mot qu'Aderdag, qui signifie le puissant Poisson ou le dieu Poisson. On offrait des poissons à cette déesse, et dans certaines contrées on s'abstenait d'en manger par respect pour elle.

ATESCH-DAN, réchaud qui contient le feu sacré chez les Parsis.

ATESCH-GAH OU ATESCH-KÉDEH (Lieu du feu). Les Parsis appellent ainsi une pelite chapelle ou chambre carrée, qu'on trouve à gauche en entrant dans leurs temples c'est-à-dire du côté de l'orient, et qu'on peut regarder comme une espèce de sanctuaire. Elle est grillée au nord et à l'ouest, où sont les portes, et voûtée en bois. Le sol est de pierre; au milieu est une pierre d'un demipied de haut, qui porte l'Atesch-Dan, ou réchaud; ce réchaud, qui est d'airain, va en s'élargissant; au milieu, sur la cendre, est le feu. Une pincette et deux cuillers sont les instruments dont on se sert.

ATESCH-PÉREST (Adorateurs du feu). Adorateurs du feu). C'est le nom que l'on donne aux Guèbres ou Parsis. Voy. PARSIS.

ATHAENSIC, déesse de la vengeance, chez les Canadiens. Elle eut commerce avec un des premiers hommes créés par le GrandLièvre. Celui-ci, s'apercevant qu'elle était enceinte, la précipita d'un coup de pied sur la terre, et elle tomba sur le dos d'une tortue. Quelques-uns prétendent qu'Athaënsic eut deux fils, dont l'un tua l'autre ; mais on croit généralement qu'elle ne mit au monde qu'une fille, laquelle devint mère de TahouetSaron et de Jouskéka. Jouskéka tua TahouetSaron. Cette fable rappelle le meurtre d'Abel par Caïn son frère. Quelquefois on prend Athaënsic pour la Lune, et Jouskéka pour le Soleil. Chez les Natchez, Athaënsic était la femme chef des mauvais génies, comme Jouskéka la femme-chef des bons. Athaënsic est généralement regardée comme malfaisante; c'est elle qui a planté dans les îles du lac Erié l'herbe à la puce; si un guerrier regarde cette herbe, il est saisi de la fièvre; s'il la touche, un feu subtil court sur la peau. Elle planta encore au bord du même lac le cèdre blanc pour détruire la race des hom

mes; car la vapeur de cet arbre fait mourir l'enfant dans le sein de sa mère.

ATHARA.Strabon prétend que c'est le nom d'Atergatis, prononcé à la grecque. Suivant Justin, Atharès était la femme du premier roi de Syrie; après sa mort, son sépulcre devint un temple où elle fut honorée d'un culte religieux. Sa tête était ornée de rayons tournés vers le ciel, et accompagnés de lions.

ATHARVAN-VÉDA, nom du quatrième Véda; le style de ce livre le fait considérer comme plus moderne que les antres. Il est écrit partie en vers, partie en prose. Dans le grand travail de Véda-Vyasa, c'est Soumantou qui fut chargé d'enseigner ce Véda.

ATHÉE, ATHÉISME. Que quelques philosophes, que des individus privés se soient fait gloire de passer pour athées, c'est ce qui paraît certain; on pourrait citer Diagoras et Théodore chez les anciens Grecs, et certains individus chez les modernes ; mais qu'ils aient été réellement convaincus qu'il n'y a point de Dieu, point d'éternité, point d'immortalité pour l'âme, c'est ce dont il est permis de douter. Toutefois, dans un temps encore fort voisin de nous, il y eut un moment où les législateurs de la France proclamèrent hautement que la Divinité était une chimère et qu'il n'y avait point d'autre dieu que la raison humaine. L'effervescence qui à cette époque bouillonnait dans toutes les têtes porte à croire en effet qu'un certain nombre de ceux qui travaillaient à enfanter un nouvel ordre de choses en avaient absolument fini avec la croyance universelle ; et la salle de la Convention retentit encore des huées qui accueillirent Bernardin de SaintPierre lorsqu'il osa prononcer le nom de Dieu au sein de l'assemblée. Mais ce fut une erreur de courte durée ; on se hâta, au bout de quelques mois, de proclamer à son de trompe l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme.- Il n'entre pas dans le plan de cet ouvrage, qui est purement descriptif, d'apporter des preuves de ces grandes vérités. Nous ne voulons pas non plus énoncer les différents systèmes formulés par ceux qui se sont portés pour athées ; car l'athéisme n'est rien moins qu'un culte ; nous préférons transcrire ces quelques lignes de Sénèque, par lesquelles il réfute à peu près tout ce que l'on a voulu substituer à Dieu : Voulez-vous, dit-il, l'appeler Destin, Fatalité? vous ne vous tromperez pas: c'est de lui que tout dépend; il est la Cause des causes. L'appellerez-vous Providence? vous direz bien; c'est sa sagesse qui dirige le monde, c'est par ses desseins que l'univers se déploie dans le plus grand ordre. Préférez-vous le nommer Nature? vous n'errez pas; c'est de lui que sont nées toutes choses, c'est par son souffle que nous vivons. Enfin, voulez-vous lui donner le nom de Monde? J'y consens; car il est tout ce que vous voyez; il est répandu dans toutes les parties de l'univers, et il se soutient par sa propre force. Nous ne voulons pas cependant admettre dans toute son acception cette dernière proposition, car on en a étrangement abusé, surtout dans l'époque actuelle: mais nous

rapportons cette pensée dans le même esprit. que Sénèque, qui a prétendu seulement démontrer aux athées que, tout en rejetant Dieu, ils divinisaient ce qu'ils mettaient à sa place. Ce qui rentre dans le sujet de ce Dictionnaire, c'est d'examiner s'il y a eu réellement des peuples athées. Nous pouvons d'abord hardiment poser en principe qu'il n'y a jamais eu sur la terre aucune nation un peu considérable, et tant soit peu civilisée, qui ait professé l'athéisme. On a prétendu qu'avant l'introduction du bouddhisme dans leor pays, les Chinois vivaient dans une parfaite ignorance de Dieu, dont ils n'avaient pas même le nom dans leur langue, et que leur morale était basée uniquement sur les rapports des individus les uns avec les autres, et sur je ne sais quel respect profond qu'ils professaient pour les rites et les traditions qu'ils avaient reçus de leurs ancêtres. Rien n'est plus faux; les anciens Chinois reconnaissaient un Etre primordial et créateur, adoraient les esprits du ciel et de la terre, et leur offraient des sacrifices; Fou-hi, lui-même, empereur qui vivait avant les temps réputés historiques, régla, au rapport de Confucius, les cérémonies du culte; et les dictionnaires chinois fourmillent de caractères antiques qui représentent les vases et autres instruments destinés aux sacrifices. Quant à cette assertion, que la langue chinoise n'a point de mot pour exprimer la Divinité, rien de plus facile que d'en démontrer la fausseté. Entre un grand nombre de vocables destinés à spécifier l'Etre souverain, on remarque les deux suivants : Tien et Chang-ti; le premier signifie le Ciel; mais il ne faut pas croire que par ce terme ils entendissent seulement le ciel matériel, on peut voir dans les Annales de philosophie chrétienne (tome XV), de nombreux témoignages tirés du ChouKing, du Chi-King, de Meng-tse, et d'autres anciens livres qui tous prouvent d'une manière irréfragable que, par le mot Tien, les Chinois entendaient Dieu lui-même dans ces textes on remarque que souvent l'auteur ajoute au mot Ciel l'épithète de régnant par lui-même, afin de le mieux distinguer du ciel matériel. Le mot Chang-ti signifie le Su prême-Seigneur; il est toujours appliqué à Dieu dans les livres cités plus haut; et on le trouve fréquemment uni au mot Tien, afin de les expliquer l'un par l'autre. Le Chou-King surtout fourmille de témoignages tels que ceux-ci : L'auguste Seigneur suprême a mis dans l'homme la raison... Le Seigneur suprême donne aux peuples placés au-dessous de lui la droiture du cœur... Et il servait publiquement le Seigneur suprême avec le plus grand soin... Le Seigneur suprême est près de toi; prends garde de partager ton cœur... Le Seigneur suprême est roi par lui-même... Il existe un Seigneur suprême et auguste...., etc., etc. Voy. CHINOIS, TIEN, CHANG-TI. Il est vrai que dans les lettrés actuels qui ne professent pas le bouddhisme on remarque une sorte d'athéisme, c'est-à-dire de vaines formalités qui leur tiennent lieu de culte et de religion; mais cela ne doit pas plus tirer à conséquence

que l'indifférence qu'on remarque dans un certain nombre des philosophes de l'Occident; et ceux qui les ont vus de près sout plus portés à les taxer d'idolâtrie que d'athéisme; au reste les lettrés de la Chine font profession de suivre. la doctrine exposée dans les Kings, livres sacrés, qui, comme on vient de le voir, sont essentiellement religieux.

2.Il est un autre peuple qu'on a taxé d'athéisme: ce sont les habitants des les Mariannes. Si l'on s'en rapporte au P. le Gobien, ils ne reconnaissaient aucune divinité et n'avaient aucune idée de religion avant la promulgation de l'Evangile dans leur contrée. Ils n'avaient ni temples, ni autels, ni sacrifices, ni prêtres. Il est dificile de faire concorder cette assertion avec ce que le même auteur ajoute immédiatement après. Il atteste en effet que ces peuples croyaient à 'immortalité de l'âme; qu'ils admettaient un paradis et un enfer, qu'ils rendaient un culte aux âmes des morts, qu'ils craignaient le diable, appelé dans leur langue Kaifi, dont la fonction était de faire brûler les âmes, sans pour cela les priver de l'existence. Ils disaient aussi qu'il y avait dans l'espace un être extraordinaire, nommé Pountan, qui chargea ses sœurs de faire avec ses épaules le ciel et la terre, de ses yeux le soleil et la lune, et de ses sourcils Parc-en-ciel. Voyez Dieu, ANITIS, Kaïfi.

Enfin les Australiens, habitants de la Nonvelle-Hollande, ont été pareillement aceasés de n'avoir point de religion. Quand cela serait vrai, nous ne voyons pas ce que l'athéisme pourrait gagner de compter pour ses seuls partisans parmi les peuples, des barbares placés au dernier degré de l'échelle de la civilisation; mais cette faible consolation lui est ravie. Les voyageurs les plus récents ont trouvé chez eux le système du dualisme: ils croient à un bon esprit qu'ils nomment Coyan, et à un mauvais esprit nommé Potoyan. Ils tiennent pour certain que le premier surveille les machinations du dernier, contre lesquelles il les protége.C'est pourquoi ils cherchent à se le rendre favorable par des offrandes de dards. Dans d'autres localités de cette vaste contrée, les voyageurs qui ont recueilli des vocabulaires des langues qui s'y parlent nous offrent au nombre des vocables le nom de Dieu. Voy. AUSTRALIENS.

En dernière analyse, on n'a pas encore trouvé de peuple, si misérable qu'il soit, qui n'ait au moins une notion quelconque de la Divinité.

ATHENA OU ATHÉNÉ, nom grec de Minerve. Il paraît être l'anagramme de Netha, déesse des Egyptiens, dont les attributs ont rapport à ceux que les Grees donnent à Minerve. Il est d'autant plus probable qu'Athina et Nétha sont la même divinité, que c'est l'Egyptien Cécrops qui a apporté dans l'Autique le culte de Minerve. Voy. MINERVE.

ATHÉNÉES, tétes instituées chez les Grecs en l'honneur de Minerve par Erichton us, troisième roi d'Athènes. Dans la suite, lorsque Thésée eut réuni douze bourgades des

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environs d'Athènes pour augmenter celle ville, les Athénées prirent plus d'extension et furent célébrées par tous les peuples du Péloponése; on les appela alors PANATHÉNÉES. Voy. ce mot.

ATHI. Suivant la doctrine des Cambo giens, lorsque le règne de Sommonacodom sera terminé (et il ne doit durer que 5000 ans), viendront deux autres saints, MéréatTireah et Athi son cousin, envoyés par Tiveatot ou Tevetat, qui, deviendront bouddhas, et auxquels succédera Préa-Sreyar.

ATHINÉES. Ce mot, qui, ainsi que le mof Athénées, vient d'Ath na,Minerve, est le nom des fêtes que l'on célébrait en Libye en l'honneur de cette déesse. Elles avaient lieu sur les bords du lac Triton, auprès duquel Minerve avait secondé Persée lorsqu'il combattit Méduse, ce qui fit qu'elle porta dans la suite la fête de cette gorgone sur son égide. Hérodote raconte que dans cette fête les filles du pays se battaient ensemble à coups de pierres et de bâtons; que celles qui mouraient de leurs blessures étaient soupçonnées d'avoir perdu leur honneur, tandis que celle qui se dis inguait parmi ses compagnes montait sur un char armé à la grecque et faisait le tour du lac, environnée de ses rivales.

ATHLETES. Les Grecs avaient un extrême penchant à rendre aux athlètes les honneurs divins, malgré les soins des Hellanodiques à prévenir cet abus. Le premier exemple connu est de Philippe de Crotone, vainqueur aux jeux Olympiques et le plus bel homme de son temps, à qui les Egestains élevèrent après sa mort un monument superbe et sacrifièrent comme à un héros. Le second est d'Euthyme de Locres, athlète célèbre dans le pugilat, qui reçut de son vivant les honneurs divins par ordre de l'oracle. Le troisième est de Théagène, adoré après sa mort par les Thasiens ses compatriotes et par plusieurs autres peuples grecs et barbares.

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ATHORNES, prêtres des Parsis; ils forment le premier ordre de la hiérarchie, et sont à la tête du gouvernement.

ATHYTES. On appelait ainsi, chez les Grees, les offrandes que les pauvres faisaient aux dieux, parce que, n'ayant point le moyen d'immoler des victimes, ils se contentaient d'offrir des gâteaux et des fruits. Lucien les nomme plaisamment acapnothysies, des sacrifices sans fumée.

ATINGANES, sectaires qui habitaient principalement vers la Phrygie. On les nommait ainsi parce qu'ils n'osaient toucher à ceux qui n'étaient pas de leur secte, de peur de se souiller. Si on leur offrait quelque chose de la main à la main, ils ne le prenaient pas; il fallait préalablement le déposer à terre. De même ils ne présentaient rien avec la main, mais ils le mettaient à terre,

d'où on pouvait le relever. Les Atinganes n'étaient proprement ni juifs, ni chrétiens, Di païens. Ils paraissaient être une branche des manichéens; ils n'admettaient point la circoncision, et ne célébraient point le sabbat; mais ils avaient une extrême vénération pour Melchisedech.

ATIT OU ATITHI, ordre religieux chez les Hindous. Les Atits appartiennent à la secte des Dandis, et vivent des aumônes en nature que leur font les brahmanes. Ils sont souvent réunis dans des couvents ou Maths, comme les Dandis; mais ils sont libres de vaquer aux affaires temporelles. On en voit exercer les fonctions du sacerdoce dans des chapelles tumulaires, tandis que d'autres se marient.

ATKALLA - ANDA-OR-LOPTER, magie en usage chez les Islandais dans les temps modernes; elle consistait à évoquer les esprits aériens et à les faire descendre sur terre pour s'en servir. Elle était regardée comme la magie des grands.

ATLANTES (RELIGION DES). Les Atlantes étaient des peuples qui habitaient les plages de l'Afrique occidentale. Leur premier roi, selon le rapport de Diodore de Sicile, avait été Uranus, à qui ils se croyaient redevables de leur civilisation, de leurs arts, de leurs sciences, surtout de l'astronomie et du règlement du calendrier. Uranus eut plusieurs femmes qui lui donnèrent quarante - cinq enfants. Titée ou Ghé lui en donna elle seule dix-huit. Uranus et Titée (le Giel et la Terre) méritèrent l'un et l'autre d'être mis au rang des dieux. De deux filles qu'ils avaient eues, nommécs Basilée et Rhéa, ou Pandore, la première épousa Hypérion, né du même père et de la même mère qu'elle. Hypérion et Basilée eurent de leur mariage une fille et un fils appelés Sélène et Hélion (la Lune et le Soleil), admirables par leur beauté et par leur vertu. Ce dernier fut jeté dans l'Eridan par ses oncles qui venaient de massacrer son père, et Sélène, de désespoir, se précipita du haut de son palais. Vivement afiligée de ces événements tragiques, Basilée court sur les bords du fleuve pour chercher son fils : elle s'y assoupit par l'excès de la fatigue et de la douleur: alors Hélion lui apparaît, et lui prédit que les Titans seront punis de leur cruauté; qu'elle et ses enfants seront mis au rang des dieux; que le flambeau céleste ou le feu sacré qui éclaire les hommes s'appellerait désormais Hélion; et que la planète qui sé nommait auparavant Méné, prendrait le nom de Sélène. Basilée, à son réveil, raconte son rêve, ordonne qu'on rende à ses enfants les honneurs divins, et prenant en main les jouets de sa fille, elle parcourt l'univers, courant avec ses cheveux épars et dansant au son des cymbales, au grand étonnement de ses sujets, qui voulurent Parrêter, par compassion pour son état; mais dès qu'on l'eut touchée, malgré ses ordres, le ciel parait en feu, il tombe une pluie affreuse, mêlée d'horribles coups de tonnerre, et Basilée disparait aussitôt. Alors les peuples la mettent au rang des déesses, sous le nom de la

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