Images de page
PDF
ePub

BIBLISTES. C'est le nom que quelques auteurs ont donné aux hérétiques qui n'admettent pour règle de foi que le texte de la Bible, sans aucune interprétation, et qui rejettent l'autorité de la tradition et celle de l'Eglise pour décider les controverses de religion. Ce mot revient à peu près à ce que les juifs entendent par Caraites; mais ceuxci diffèrent des Biblistes en ce qu'ils recon-naissent l'autorité de la Synagogue et ne rejettent que les traditions. Les Caraites sont regardés aussi par les juifs comme des hérétiques. Plusieurs protestants ont condamné les biblistes dont ils qualifient l'erreur de fanatisme.

BICEPS OU BIFRONS, surnom de Janus, à qui l'on donne deux visages, pour exprimer sa sagesse et la connaissance qu'il a du passé et du présent. Quelquefois il est représenté avec quatre visages, Quadrifrons, par allusion aux quatre saisons, ou aux quatre points cardinaux.

BICHEN, nom vulgaire de Vichnou, seconde personne de la trimourti indienne. Voyez VICHNOU.

BICHNOUB, religieux ou dévots indiens dévoués à Vichnou. Voy. VAICHNAVAS. BIDDLÉENS, branche des sociniens, qui niaient la divinité de Jésus-Christ. Voy. So

CINIENS.

BIDENTAL. Les Romains appelaient ainsi le lieu où la foudre était tombée. Il n'était point permis d'y marcher avant sa purification. On l'entourait de palissades et l'on y dressait un autel pour y sacrifier, en expiation, une brebis de deux ans, appelée en latin bidens, d'où le mot bidental. Après le sacrifice le lieu était rendu à sa destination première.

BIDENTALES, prêtres des Romains chargés de purifier les lieux frappés de la foudre au moyen de certaines cérémonies expiatoires. Voy. le mot précédent.

BIEG-OLMAI, divinité des Lapons; c'est le dieu de la pluie, de la mer et des vents; on l'honorait comme le vainqueur de l'Océan et des tempêtes.

BIEL, dieu de la forêt Hercynie, chez les anciens Saxons. Les bûcherons portaient à ses prétres leurs haches à bénir. Ce mot est peut-être identique avec le mot allemand actuel beil, qui signifie la hache. Chez les Scandinaves c'était le dieu de la végétation, protecteur des forêts.

BIELOI-BOG, le dieu Blanc, ou le bon esprit, divinité des Slaves. Voy. BEL-BOG. BIENHEUREUX. On appelle ainsi, dans l'Eglise catholique, les saints qui jouissent de la béatitude céleste. On dit la bienheureuse vierge Marie, les bienheureux apôtres. Le paradis est le séjour des bienheureux, c'est-à-dire de ceux auxquels une vie pure a mérité le royaume des cieux. On donne spécialement le nom de bienheureux aux fidèles qui, étant morts en odeur de sainteté, ont été déclarés par le souverain pontife dignes des hommages des fidèles. L'Eglise même permet de leur décerner un culle public, subordonné toutefois à celui qu'elle

rend aux saints canonisés par elle. Actuellement un saint personnage qui doit être un jour canonisé doit passer auparavant par la béatification, c'est-à-dire être déclaré bienheureux. L'Eglise s'est réservé à elle seule de faire cette déclaration, après une enquête juridique constatant les mérites et les vertus de celui qu'elle propose à la vénération des fidèles. Lorsqu'un simple particulier donne à quelqu'un qui n'est pas béatifié le titre de bienheureux, ce n'est qu'un terme de respect et un témoignage qui n'a aucune autorité. On donne encore le titre de bienheureux au souverain pontife.

BIFLID, un des surnoms d'Allfader, le dieu suprême des Scandinaves. Ce mot signifie l'agile.

BIFORMIS, surnom de Bacchus, représenté tantôt comme un jeune homme, tantôt comme un vieillard, tantôt avec de la barbe et tantôt sans barbe.

BIFROLT, arc-en-ciel, pont qui, suivant l'Edda, va de la terre au ciel. Il est de trois couleurs, et construit avec autant d'art que de solidité; cependant il sera mis en pièces lorsque les mauvais génies enfants de Muspelheim y passeront à cheval après avoir traversé les grands fleuves des enfers. Ce pont est en feu, comme il est facile de s'en convaincre à la couleur rouge que nous remarquons dans l'arc-en-ciel; c'est ce qui empêche les géants des montagnes de monter chaque jour au ciel, comme ils ne manqueraient pas de le faire si ce passage était plus accessible.

BIFRONS, surnom de Janus à deux visages. Voy. BICEPS.

BIFUR, génie de la mythologie scandinave, qui présidait à la peur, ainsi que Bafurr.

BIGAMIE, mariage contracté simultanément ou successivement avec deux femmes. Un homme qui est dans ce cas ne peut, d'après la prescription de l'apôtre saint Paul, être promu aux ordres sacrés, sans une dispense du souverain pontife. Le mariage avec une veuve ou avec une femme qui n'est pas vierge emporte la même irrégularité. Voy. notre Dictionnaire des Cas de conscience, art. BIGAMIE.

BIGOE, un des dieux du bon succès chez les Etrusques.

BIGOT, terme injurieux que l'on emploie pour qualifier un homme qui affecte les dehors de la dévotion, qui se montre scrupuleusement attaché à des œuvres de religion qui ne sont pas essentielles, au détriment des devoirs de son état. On s'en sert aussi quelquefois pour désigner un hypocrite. On fait dériver ce mot de l'allemand Bey-Gott où de l'anglais By God, Par Dieu sans doute parce que les premiers qu'on a appelés ainsi avaient sans cesse le nom de Dieu à la bouche. Voy. notre Dictionnaire de Cas de conscience, art. HYPOCRISIE.

BILLETTES, nom que l'on donnait autrefois, en France, aux carmes mitigés, institués en 1432, et qui suivaient la règle des carmes adoucie par Eugène IV.

BIKOUKO, le plus parfait des quatre états dans lesquels les brahmanes peuvent se sanctifier, d'après Ezour Védam. Le premier est la vie commune, et l'état du mariage; le second est l'état de brahmatchari: le troisième, celui de saniassi; et le quatrième, celui de bikouko. Ceux qui sont parvenus à ce dernier état ne sont plus astreints à rien de particulier ni pour la nourriture ni pour le logement; ils regardent tout le monde du même œil, et reçoivent indifféremment de tous ceux qui veulent leur donner. Ils doivent s'appliquer uniquement à la connaissance de Dieu, sans s'embarrasser des choses de la terre, sans s'émouvoir d'aucun événement humain. Il ne doit plus se trouver en eux ni avarice, ni crainte, ni désir, ni passion, mais ils doivent commander absolument à leurs sens; s'ils éprouvent encore la moindre faiblesse pour les choses sensibles, leurs œuvres les plus excellentes deviennent inutiles et dignes de blâme, et l'homme du monde qui remplit ses devoirs leur est infiniment préférable.

BIKOUNI, ordre religieux chez les Japonais. Il est composé de filles qui habitent des monastères situés le plus souvent auprès des couvents de bonzes, avec lesquels elles vivent familièrement. Leur religion consiste uniquement à avoir la tête rasée et à porter un habit particulier. Quelquefois on en trouve dans les temples, où elles chantent à deux choeurs avec les bonzes, les hommes d'un côté et les femmes de l'autre. Elles mènent une vie vagabonde et demandent l'aumône. Les désordres auxquels ce genre de vie est sujet, et dans lesquels les bikounis tombent trop souvent, n'empêchent pas que cet ordre ne soit autorisé au Japon; cependant il faut une permission pour s'y enrôler. Les pauvres briguent cette autorisation pour leurs filles, surtout lorsqu'elles sont jolies et en état d'émouvoir la charité des hommes. Elles forment plusieurs congrégations, ou plutôt chaque ordre de bonzes a ses bikounis. C'est parmi elles que les yamabos choisissent ordinairement leurs femmes, bien que la plupart aient fait profession de libertinage avant d'embrasser ce genre de vie. Ce sont elles qui fabriquent ces robes de papier et autres bagatelles que les bonzes distribuent aux dévots. On les accuse d'avoir introduit au Japon un art beaucoup plus funeste, et maintenant fort répandu dans cette contrée; c'est celui de se faire avorter.

BILIOUKAK, un des noms de Piliatchoutchi, dieu du Kamtchastka. Voy. PILIAT

CHOUTSI.

BILLI, enchanteur chez les Quojas d'Afrique. Les Nègres redoutent extrêmement les Billis; ils s'imaginent que ces sorciers ont le pouvoir d'empêcher le riz de croitre et d'arriver à maturité, de faire périr les récoles et de gouverner les saisons. Ils pretendent qu'il serait très-dangereux de les - rencontrer occupés à chercher les racines et les plantes propres à leurs malefices; c'est pourquoi jamais ils ne traverseraient un

bois sans être accompagnés, ou sans porter avec eux des amuletes qu'ils regardent comme des préservatifs assurés. Les Billis sont souverainement détestés, et on ne se fait pas scrupule de les mettre à mort. Souvent même des innocents sont enveloppés dans l'anathème, car ceux qui deviennent mélancoliques ou qui fuient la société sont accusés d'être possédés de Sova ou du mauvais génie; dès lors ils sont regardés comme Billis, et traités en conséquence.

BIMATER, en grec Diméter, c'est-à-dire qui a deux mères; surnom de Bacchus. La fable raconte que Sémélé, grosse de lui, ayant exigé témérairement que Jupiter son amant vint la voir avec tout l'appareil de sa divinité, elle fut consumée par l'éclat des foudres qu'il tenait en sa main. Le dieu se hâta de retirer l'enfant qu'elle portait dans son sein, se fit ouvrir la cuisse par Vulcain, y déposa le fœtus, fit recoudre la plaie par Sabasius, et porta le petit Bacchus le reste des neuf mois nécessaires à la gestation. Ce récit absurde ne porte que sur un calembour. Le mot méros, qui signifie cuisse, est en même temps le nom d'une montagne où la tradition porte que Bacchus fut élevé par Jupiter. C'est le mont Mérou dans les Indes.

BIO-SIOU, espèce de tablettes sur lesquel les les Japonais inscrivent le nom de leurs ancêtres défunts. Ils les conservent avec respect, et les suspendent ordinairement à la porte de leurs maisons.

BIOTHANATES. Les anciens appelaient ainsi ceux qui étaient morts par violence. Ils supposaient que leurs âmes étaient arrêtées aux portes des enfers, jusqu'à ce que la durée naturelle de leur vie fût remplie. On remarque une croyance à peu près semblable chez les peuples qui habitent le Kamaon. Voy. BuOUT.

BIRID, un des enfers expiatoires, suivant la mythologie mongole. C'est là où les fautes que l'on a commises sur la terre doivent être effacées par cinq cents ans de supplices. Mais chacun des jours de ces années tenébreuses équivaut à un de nos mois, en sorte que ces tourments ont une durée réelle de 18,000 années communes. Les habitants de ces tristes régions présentent l'aspect de brandons enflammés. Dévorés de faim et de soif, s'ils cherchent à désaitérer leur gosier brùlaat, ils voient aussitôt se dresser autour d'eux des sabres, des couteaux et des lances. Sont-ils assez heureux pour puiser une goutte d'eau, ils ne trouvent plus dans leur main que du sang, ou le jus distillé par le fumier. Des mets appétissants s'offrent parfois à leurs regards, mais leur bouche devient étroite comme le trou d'une aiguille, leur gosier mince comme un Gil, leur ventre se res serre jusqu'à la tenuité d'une paille. Leur nourriture journalière se compose d'ordures et d'étincelles. Quelquefois des arbres leur apparaissent chargés de fruits magnifiques; ils s'en approchent avec de pénibles efforts, mais a peise y portent-ils la main, que la vision séduisante se dissipe, ou s ils reussisseat à en cueillir un seul, son écorce ne ren

terme que cendre et pourriture. C'est dans ces douleurs que les transgresseurs de la loi, et surtout les avares, doivent être purifiés pour devenir dignes d'un état meilleur. Les iyrans sont plongés dans des océans de sang, et ceux qui ont renié Dieu sont ensevelis dans des mers de la plus dégoûtante fluidité. Au-dessous du Birid est un enfer plus terrible encore, c'est le TAMOU. Voy. ce mot. BIRMAH. Voy. BRAHMA.

BISACRAMENTAUX. On appelle ainsi les hérétiques qui ne reconnaissent que deux sacrements, le baptême et l'eucharistie. Presque toutes les sectes protestantes sont dans ce cas.

BISNÆ, un des Tangæris, ou génies bienfaisants, dans la théogonie mongole. Avec l'aide de ses compagnons Mandi, Oubba et Loukhan, ils secouèrent violemment le mont Summor, et cette secousse produisit d'abord deux grands luminaires, composés l'un de verre et de feu, l'autre de verre et d'eau, qui reçurent le nom de soleil et de lune; ensuite une multitude de flambeaux plus petits, qui furent les étoiles.

BISNOU, BISTNOU, noms vulgaires de Vichnou.

BISOCHES, nom que l'on a donné en France, aux hérétiques dont il a été question plus haut sous l'art. BEGARDS.

BISSEMANA, divinité des Lapons, la même que Ankaka, ou la lune. Voy. ANKAKA.

BISSEXTILE. Voy. ANNÉE.

BISTER DHARIS, une des trois classes des Dadou- Panthis de l'Inde; les Bister Dharis se livrent aux occupations de la vie commune et ordinaire, à la différence des Viraklas, qui sont une sorte de religieux, et des Nagas, qui portent les armes. Voy. DADOU

PANTHIS.

BITHIES, sorcières célèbres dans la Scythie. Elles avaient, dit-on, à l'un des yeux la prunelle double, à l'autre la figure d'un cheval, et le regard si dangereux, qu'elles tuaient ou ensorcelaient ceux sur qui elles l'attachaient.

BITHOS, être chimérique imaginé par les valentiniens, et qu'ils regardaient comme le principe de leurs générations ou combinaisons diurnes. Saint Epiphane remarque que les valentiniens avaient calqué leur Bithos sur le Chaos des Grecs, qu'Hésiode représente comme le premier de tous les dieux.

BITHYNIARQUE, souverain pontife chez les Bithyniens. Il réunissait à l'autorité sacerdotale la puissance civile dans toute son étendue.

BIVIA, divinité des Romains; elle présidait aux lieux où deux chemins aboutissaient.

BIZOQUES, nom que l'on donna en Italie à des hérétiques qui parurent vers la fin du XII siècle : le mot bizzocco signifie hypocrite, bigot. Ils sont plus connus sous le nom de FRATRICELLES. Voy. ce mot et BEGHARDS. Voy. aussi ces mois dans notre Dictionnaire des Hérésies.

BLAKULLE (chefaux cheveux d'azur, nom de Niord, dieu des eaux, chez les Scandina

ves. On peut le comparer au Caruleus des Latins.

BLANCHARDISTES. On a donné ce nom aux partisans d'un nommé Blanchard, ancien professeur de théologie et curé de Saint-Hippolyte, au diocèse de Lisieux, qui publia un grand nombre d'écrits contre le Concordat de 1801. Ainsi que la plupart des anti-concordalistes, il regardait presque comme des hérétiques les Français qui avaient reçu le Concordat, prétendant que l'empereur Napoléon était le véritable chef et fondateur de leur Eglise. Voy. CONCORDAT. Voy. aussi l'art. BLANCHARDISME de notre Dictionnaire des Hérésies.

BLAISE (ORDRE DE SAINT-), établi en Arménie pour faire la guerre aux infidèles, qu'ils parvinrent à chasser du royaume. Ces chevaliers, qui portaient l'habit bleu et la croix d'or, au centre de laquelle on voyait l'image de saint Blaise, évêque de Sébaste en Arménie, étaient de deux sortes : les uns, véritables religieux, vaquaient au service divin et à la prédication, les autres combattaient contre les infidèles. Cet ordre fut aboli en Arménie lorsque la religion chrétienne y fut persécutée par les musulmans. Voy. notre Dictionnaire des Ordres religieux, art. BLAISE (Chevaliers de l'ordre de Saint-).

BLANCS (FRERES). Vers les premières années du xv siècle, un prêtre, dont on ignore le nom, descendit des Alpes, accompagné d'une foule nombreuse d'hommes et de femmes, tous revêtus de robes blanches, marchant en procession, et parcourant ainsi les villes et les campagnes. Ils étaient précédés d'une grande croix en guise d'étendard, et chantaient des hymnes et des cantiques. Leur chef prêchait la pénitence et exhortait les peuples à entrer dans une croisade contre les Turcs; son air inspiré lui attira un grand nombre de disciples, qui, prenant le nom de Pénitents, marchaient en troupe de dix, vingt, trente et même quarante mille personnes. Leur habillement consistait en une longue robe de toile blanche, et ils portaient sur la tête un capuchon qui cachait le visage, à l'exception des yeux. Ce pèlerinage durait souvent plusieurs mois, et pendant cet espace de temps, ils jeûnaient au pain et à l'eau, et chantaient continuellement pour implorer la miséricorde divine. De grands désordres se glissèrent nécessairement dans cette nombreuse agrégation de vagabonds; leur chef arrêté à Viterbe fut jugé coupable de plusieurs actions répréhensibles et condamné au feu. Ses disciples se dispersèrent, et on n'entendit plus parler des Frères Blancs.

BLANCS (SECTE DES), ou Religion blanche: elle est fort peu connue, quoiqu'elle ait pris naissance de nos jours, et qu'elle ait peut-être encore quelques partisans du côté de Roanne. C'est une fraction d'une autre secte fondée par les frères Bonjour, vers 1783. Voy. FA

REINISTES.

BLANCS-BATTUS, confrérie religieuse instituée en 1583 par Henri III, roi de France, plutôt par superstition que par une véri table religion. I la composa de ses courti

sans, de présidents et de conseillers du parlement, de la chambre des comples, et d'un certain nombre de bourgeois et notables de Paris. Henri plaça les nouveaux frères sous la protection de la sainte Vierge, et leur donna le nom de Pénitents de l'association de NotreDame. Il leur donna une règle sévère quifut mal observée. Ils étaient vêtus d'une robe blanche de toile de Hollande en forme de sac, et portaient une discipline à la ceinture. Ils faisaient fréquemment des processions par la ville et dans les environs, en se flagellant pendant la marche; le roi y prenait part, confondu parmi les frères. Cette confrérie, qui donna lieu à bien des désordres et des satires, s'évanouit avec le monarque qui l'avait fondée.

BLANCS-MANTEAUX, nom donné à des religieux de l'ordre des Servites, ou Serviteurs de Marie, à cause des manteaux blancs qu'ils portaient. Ils suivaient la règle de saint Augustin, et avaient été fondés à Marseille puis confirmés en 1257 par le pape Alexandre IV. Leur monastère, situé à Paris, dans la rue dite des Blancs-Manteaux donna son nom aux Guillemites, auxquels il fut cédé en 1298, quoiqu'ils eussent des manteaux noirs; et aux Bénédictins de Cluny, en 1618, bien qu'ils fussent aussi habillés de noir. Les Bénédictins de Saint-Maur en étaient en possession en 1789.

BLANDRAT OU BLANDRATA (Georges), disciple de Servet, natif de Saluces, et médecin de profession. Il fut très-inconstant dans sa doctrine, et enseigna les erreurs les plus opposées. Aussi il fut mis en prison à Pavie, en 1557, pour y avoir semné l'hérésie de Nouet contre la trinité des personnes divines, et celle d'Arius et de Macédonius contre la divinité du Verbe et du Saint-Esprit. En 1563, il précha dans la Transylvanie une espèce de trithéisme, disant qu'il y avait véritablement trois personnes en Dieu, mais que la première seule était Dieu. Plus tard il publia qu'il n'y avait qu'un Dieu et qu'une personne. Il causa beaucoup de troubles dans les Eglises de Transylvanie, et facilita l'extension des erreurs de Socin.

BLASPHEMATEUR, celui qui prononce des paroles impies et outrageuses contre Dieu ou contre les choses saintes. Dans l'ancienne loi les blasphémateurs étaient lapidés. Dans le moyen âge plusieurs souverains prononcèrent contre eux des peines très-sévères la plus commune était de leur percer la langue avec un fer chaud. Dans la primitive Eglise on se contentait de leur infliger des peines canoniques. Ils étaient soumis à une pénitence de sept ans, et déclarés incapables d'être jamais promus aux ordres.

BLASPHÈME, discours ou parole qui contient un outrage contre Dieu, comme, par exemple, de nier quelqu'un de ses attributs, ou de lui appliquer un attribut qui ne lui convient pas. Ainsi c'est un blasphème de dire que Dieu n'existe pas, qu'il est cruel, ou qu'il n'est pas juste. On appelle aussi blasphèmes les profanations du nom de Dieu, qui ne sont que trop fréquentes dans la bouche des gens grossiers, surtout lorsqu'ils

sont fortement irrités, et les imprécations qu'ils prononcent contre cet être bon et parfait. Les paroles outrageantes, les injures, les railleries proférées contre la religion contre la sainte Vierge et contre les saints sont encore considérées comme des blasphèmes, car c'est insulter Dieu que d'insulter ce qui le touche de près, et ceux qu'il honore de sa gloire et de son amitié. Voy. notre Dictionnaire de Cas de conscience, art. BLASPHÈME.

BLATTUS, juif d'Asie, converti au christianisme; mais il adopta les erreurs des valentiniens; de plus il enseigna, vers l'an 156, que l'on était obligé, sous peine de violation de la loi, de célébrer la Pâque le 14 de la lune de mars, en quelque jour de la semaine qu'elle tombât. C'est de là que ses adhérents furent appelés QUARTODÉCIMANS OU QUATUORDECIMANS. Voy. ces mots dans notre Dictionnaire des Hérésies.

BLEUS (SECTE DES), ou Religion bleue; c'est une branche de la secte des Fareinistes, établis en France vers 1783, par les frères Bonjour. Voy. FAREINISTES.

les

BLODMANDEN, c'est-à-dire Hommes de sang, nom que portaient les sacrificateurs chez les Lapons. Lorsqu'on offrait un sacrifice, le Blodmanden égorgeait l'animal, le divisait en plusieurs parties, en détachait les yeux, les oreilles, le cœur, les poumons, parties sexuelles, si c'était un mâle, et, de plus, un petit morceau de chair de chaque membre. Toutes les parties ainsi enlevées étaient mises avec les os dans un coffre d'écorce de bouleau et arrangées dans leur ordre naturel; c'est en cela que consistait l'essence et la perfection du sacrifice, que l'on appelait Damengare. Le coffre était enterré solennellement avec des rites particuliers.

BLODUGHADDA, l'une des neuf nymphes des flots, filles d'Eger, dieu de l'Océan, chez les Scandinaves. Les autres nymphes, sont: Haminglaffa, Dufa, Hefringa. Udor, Raun, Bylgia, Drobna cɩ Kolga.

BLOMBERG, novateur qui paraît en ce moment en Suède, et qui prétend reformer la doctrine de Luther. Voici les principaux points de sa doctrine: 1° La Bible est la règle de foi, etle concile d'Upsal ne détermine aucune religion d'Etat fixe. Le lutheranisme est faux, car Lu ther n'est jamais nommé dans la Bible, d'où il suit que les prédicants de cette doctrine sont des meurtriers de l'âme et des docteurs du diable; 2° la foi (que Blomberg ne définit pas) procure seule le salut à l'homme, et pour cette foi il n'est pas besoin de contrition ni de conversion; elle est facile à acquérir pour quiconque le veut; elle vient d'en haut; 3° celui qui possède cette foi est entièrement exempt de tout péché ; il ne peut pas pécher aussi longtemps qu'il la possède. Il est exempt même du péché originel. Les parents fidèles mettent au monde un enfant sans péché ; ces enfants deviennent une semence sain.e, participant à la gloire du Christ, et y étant renfermés dès ce monde même; 4°le culte qui a lieu dans les églises est inutile, car le croyant ne peut prendre part à la confession des pe

chés. Blomberg, qui n'a pas la prétention de passer pour un pauvre pécheur, se dit au contraire riche de la grâce du Christ. Aussi, dans la cinquième demande du Pater, il ne dit pas: «Pardonne-nous nos offenses,» mais: "Pardonne-leur leurs offenses, » c'est-à-dire à ceux qui ne sont pas encore croyants. Il est remarquable que plusieurs des articles de cette doctrine sont de Luther lui-même; toutefois ils scandalisent grandement la Suède, pays essentiellement luthérien, tant les Suédois sont déjà éloignés de l'esprit de leur réformateur. Aussi Blomberg a-t-il été mis en accusation.

BLOTMADUR ET BLOTSVEIRN, nom des prêtres qui, chez les Scandinaves, sacrifiaient des victimes humaines.

BLOTTRIE, représentation grossière de la Divinité chez les anciens Saxons et Frisons.

BOA, divinité supérieure des Tongouses peuplade de la Sibérie. Ce dieu a créé le ciel et la terre, et son trône est placé au-dessus des nues. Il commande à tous les dieux subalternes, et il leur a assigné à chacun leur emploi et leurs fonctions. Aussi, lorsque ces peuples croient avoir à se plaindre de ces derniers, c'est à Boa qu'ils adressent leurs réclamations.

BOCAGES. Les temples des Syriens étaient la plupart construits au milieu des bocages, et très-souvent même, lorsque ces temples se trouvaient dans les cités, on avait soin de planter à l'entour un petit bois ou bosquet. Ces bocages étaient très-propres à favoriser les désordres, surtout lorsqu'ils étaient consacrés à des divinités qui présidaient à l'amour. Voilà pourquoi Dieu reproche si souvent aux Juifs d'aller adorer Baal et Astharoth sur les hauts lieux et dans les bosquets ; tandis que les pieux rois de Juda sont félicités d'avoir détruit ces petits bois en même temps qu'ils abattaient les temples et leurs idoles (Voy. notre Dictionnaire de la Bible, art. HAUX LIEUX). Les Grecs avaient aussi des bosquets sacrés autour des temples, surtout de ceux qui étaient élevés à Vénus ou à Adonis; quelques-uns même rendaient des oracles, comme les chênes de la forêt de Dodone. Il en était de même chez les Slavons. Il y avait chez eux des bois et des bocages consacrés aux dieux, surtout dans certaines provinces, entre autres à Péroun; et d'autres étaient regardés comme des divinités. H n'était permis d'y prendre ni oiseaux, ni bêtes, ni même d'y couper du bois : le sacrilége eût été puni de mort. Plusieurs pagodes des Indiens sont pareillement situées au milieu des bocages ou des forêts, qui servent d'habitation aux nombreux faquirs et mounis qui desservent les temples, ou qui se sont dévoués à vivre dans la solitude.

BOCCA DELLA VERITA (Bouche de la vérité). C'était une tête antique conservée à Rome, près de l'église de Sainte-Marie en Cosmédin. Autrefois une femme soupçonnée d'infidélité était conduite devant cette lête, et obligée de mettre sa main dans la bouche de la statue: si la bouche se fermait, la femme était jugée coupable. On conçoit Dictionn. deS RELIGIONS. I.

facilement que la plupart de celles qui étaient soumises à l'épreuve devaient s'en retourner justifiées.

BOCHICA, législateur des Muyscas ou Mozcas, peuples d'Amérique. Voici ce qu'en rapporte M. de Humboldt, d'après la mythologie de cette nation : « Dans les temps les plus reculés, avant que la lune accompagnât la terre, les habitants du plateau de Bogota vivaient sans loi et sans culte. Tout à coup parut chez eux un vieillard qui venait des plaines situées à l'est de la Cordillère de Chingala il paraissait d'une race différente. de celle des indigènes, car il avait la barbe longue et touffue. Il était connu sous trois noms différents, ceux de Bochica, Nunqueteba el Zuhe. Ce vieillard apprit aux homines à construire des cabanes et à se réunir en société. Il amena avec lui nne femme, à laquelle la tradition donne aussi trois noms, savoir ceux de Chia, Yabecayguaya et Huythaca. Cette femme, d'une rare beauté, mais d'une méchanceté excessive, contraria son époux dans tout ce qu'il entreprenait pour le bonheur des hommes. Par son art magique elle fit enfler la rivière de Funzha, dont les caux inondèrent toute la vallée de Bogota. Ce déluge fit périr la plupart des habitants, et quelques-uns seulement s'échappèrent sur la cime des montagnes voisines. Le vieillard, irrité, chassa la belle Huythaca loin de la terre; elle devint la lune, qui, depuis cette époque, commença à éclairer ntre planète pendant la nuit. Ensuite Bochica, ayant pitié des hommes dispersés sur les montagnes, brisa d'une main puissante les rochers qui ferment la vallée du côté de Canaos et de Téquendama. Il fit écouler par celte ouverture les eaux du lac de Funzha, réunit de nouveau les peuples dans la vallée de Bogota, construisit des villes, introduisit le culte du Soleil, nomma deux chefs, entre lesquels il partagea les pouvoirs ecclésiastique et séculier, et se retira, sous le nom d'idancazas, dans la sainte vallée d'Iraca, près de Tunja, où il vécut dans les exercices de la pénitence la plus austère, pendant l'espace de deux mille ans.

« Cette fable américaine, qui attribue au fondateur de l'empire du Zaque la chute d'eau du Téquendama, réunit un grand nombre de traits que l'on trouve épars dans les traditions religieuses de plusieurs peuples de l'ancien continent. On croit reconnaître le bon et le mauvais principe personnifiés dans le vieillard Bochica et dans sa femme Huythaca. Le temps reculé où la lune n'existait pas encore rappelle la prétention des Arcadiens sur l'antiquité de leur origine. L'astre de la nuit est peint comme un être malfaisant qui augmente l'humidité de la terre, tandis que Bochica, fils du Soleil, sèche le sol, protége l'agriculture, et devient le bien... faiteur des Muyscas. »

Nos lecteurs auront saisi pareillement les analogies de cette légende avec la cosmogonie de la Bible: l'intervention de la femme, le déluge, le petit nombre d'hommes sauvés, l'écoulement des eaux.

17

« PrécédentContinuer »