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ACTEURS.

1

MélicerTE, bergère.
DAPHNÉ, bergère.
EROXẾNE, bergère.
Myrtil, amant de Mélicerte.
Acante, amant de Daphné.
TIRÈNE , amant d'Éroxène.
Licarsis, pâtre, cru père de Myrtil.
CORINNE , confidente de Mélicerte.
NICANDRB , berger.
Mopse, berger cru oncle de Mélicerte.

La scène est en Thessalie, dans la vallée de Tempe

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ACANTE.

A.!
u! charmante Daphné!

TIRÈNE.

Trop aimable Eroxène !

DAPHNK Acante, laisse-moi.

ÉROXÈNE.

Ne me suis point, Tirène,

ACANTE, á Daphné. Pourquoi me chasses-tu ?

TIRÈNE, å Eroxène.

Pourquoi fuis-tu mes pas ?

DAPANÉ , à Acante. Ta me plais loin de moi.

ÉROXÈNE , è Tirène.

Je m'aime où tu n'es pas. Ne cesseras-tu point cette rigueur mortelle ?

TIRÈNE.
Ne cesseras-tu point de incêtre si cruelle !

DAPHNÉ.
Ne cesseras-tu point tes inutiles voeux?

BROKEN R.
Ne eesseras-tu point de m'élre si fåcleus i

ACANTE.

ACANTE.

Si tu n'en prends pitié, je succombe à ma peine,

TIRÈNE.
Si tu ne me secours, ma mort est trop certaine,
Si tu ne veux partir, je vais quitter ce lieu.

ÉROXÉNE.
Si tu veux demeurer, je te vais dire adieu.

DAPHNÉ.

ACANTE.

ACANTE.

Hé bien ! en m'éloignant, je te vais satisfaire,

TIRÈNE.
Mon départ va t’oter ce qui peut te déplaire,
Généreuse Éroxène , en faveur de mes feux,
Daigne au moins, par pitié, lui dire un mot ou deux,

TIRŠNE.
Obligeante Daphné, parle à cette inhumaine,
Et sache d’où, pour moi, procede tant de haine,

SCÈNE II,

DAPIINÉ, ÉROXÈNE.

ÉROXÈNE,
Acapte a du mérite, et t’aime tendrement;
D'où vient que tu lui fais un si dur traitement ?

DAPHNÉ.
Tirène vaut beaucoup, et languit pour tes charmes ;
D'où vient que sans pitié ly vois couler ses larmes ;

ÉROXÈNE.
Puisque j'ai fait ici la demande avant toi,
La raison te condamne à répondre avant moi,

DAPHNÉ.
Pour tous les soins d’Acante on me voit inflexible,
Parcequ'à d'autres veux je me trouve sepsible,

ÉROXÈNE.
Je ne fais, pour Tirène, éclater que rigueur,

Parcequ'un autre choix est maître de mon cæur.

DAPHNÉ.
Puis-je savoir de toi ce choix qu'on te voit taire ?

ÉROXÈNE.
Oui, si tu veux du tien m'apprendre le mystère.

DAPHNÉ.
Sans te nommer celui qu'amour in'a fait choisir,
Je puis facilement contenter ton désir ;
Et de la main d'Atis, ce peintre inimitable,
J'en garde, dans ma poche, un portrait admirable,
Qui, jusqu'au moindre trait lui ressemble si fort,
Qu'il est sûr que tes yeux le connoîtront d'abord.

ÉROXÈNE. Je puis te contenter par une même voie, Et payer ton secret en pareille monnoie. J'ai de la main aussi de ce peintre fameux Un aimable portrait de l'objet de mes væux; Si plein de tous ses traits et de sa grâce extrême, Que tu pourras d'abord te le nommer toi-même,

DAPHNÉ.

La boîte que le peintre a fait faire pour moi
Est tout-à-fait semblable à celle que je voi.

ÉROXène.
Il est vrai, l'une à l'autre entièrement ressemble,
Et certe il faut qu'Atis lus ait l'ait faire ensemble.

DAPHNÉ. Faisons en même temps, par un peu de couleurs, Confidence à nos yeux du secret de nos cours.

ÉROXENE.
Voyons à qui plus vite entendra ce langage,
Et qui parle le mieux, de l'un ou l'autre ouvrage.
La méprise est plaisante, et tu te brouilles bien ;
Au lieu de ton portrait, tu m'as rendu le mien.

ÉROXÉNE.
Il est vrai ; je ne sais comme j'ai fait la chose.

DAPHNÉ.
Donne. De cette erreur, ta rêverie est cause.

DAPHNÉ.

ÉROXÈNR.
Que veut dire ceci ? Nous nous jouons, je croi :
Tu fais de ces portrails même chose que moi.

DAPHNÉ.
Certes, c'est pour en rire, et tu peux me le rendre.
ÉROXÈNE , mellant les deux portrails l'un à côté de

l'aulie.
Voici le vrai moyen de ne se point méprendre.

DAPHNÉ.
De mes sens prévenus est-ce une illusion ?

ÉROXÈNE.
Mon âme sur mes yeux fait-elle impression ?

DAPHNÉ.
Myrtil à mes regards s'offre dans cet ouvrage.

ÉROXÈNE.
De Myrtil dans ces traits je rencontre l'image.

DAPHNÉ.
C'est le jeune Myrtil qui fait naître mes feux.

ÉROXÈNE.
C'est au jeune Myrtil que tendent tous mes væux.

DAPHNÉ.
Je venois aujourd'hui te prier de lui dire
Les soins que pour son sort son mérite m'inspire.

ÉROXÈNE.
Je venois te chercher pour servir mon ardeur
Dans le dessein que j'ai de m'assurer sun cœur.

DAPHNÉ.
Cette ardeur qu'il t'inspire est-elle si puissante ?

ÉROXÉNE.
L’aimes-tu d'une amour qui suit si violente?

DAPHNÉ.
Il n'est point de froideur qu'il ne puisse enflammer,
Et sa grâce naissante a de quoi tout charmer.

EROXÈNE. Il n'est nymphe en l'aimant qui ne se tînt heureuse; Et Diane , sans honte, en seroit amoureuse.

DAPHN... Rien que son air charmant ne me touche aujourd'hui; Et si j'avois cent cæurs, ils seroient tous pour lui.

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