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ÉRCXÈNE.
Il efface à mes yeux tout ce qu'on voit paroître;
Et si j'avois un sceptie, il en seroit le maitre.

DAPHNE.
Ce seroit donc en vain qu'à chacune, en ce jour,
On vous voudroit du sein arracher cet amour:
Nos âmes dans leurs væux sont trop bien affermies.
Ne tâchons, s'il se peut, qu'à demeurer amies;
Et puisqu'en même teinps, pour le même sujet,
Nous avons toutes deux formé même projet,
Mettons dans ce débat la franchise en usage,
Ne prenons l'une et l'autre aucun lâche avantage,
Et courons nous ouvrir ensemble à Licarsis
Des tendres sentiments où nous jette son fils.

ÉROXÅne.
J'ai peine à concevoir , tant la surprise est forte,
Conine un tel fils est né d'un père de la sorte;
Et sa taille, son air, sa parole et ses yeux ,
Feroient croire qu'il est issu du sange des dieux.
Mais enfin j'y souscris, courons trouver ce père,
Allons lui de nos cours découvrir le in ystère ;
Et consentons qu'après Myrtil entre nous deux
Décide par son choix ce coinbat de nos væux.

DAPHNÉ.

Soit. Je vois Licarsis avec Mopse et Nicandre.
Ils pourront le quitter,cachons-nous pour attendre.

SCÈNE III.

LICARSIS, MOPSE, NICANDRE.

NICANDRR, à Licarsis. Dis-nous donc ta nouvelle.

LICARSIS.

Ah! que vous me pressez!
Cela ne se dit pas comme vous le pensez.
Que de soltes façons, et que de badinage !

MOPSE.

LICARSIS.

Ménalque pour chanter n'en fait pas davantage.
Parmi les curieux des affaires d'état,
Une nouvelle à dire est d'un puissant éclat.
Je me veux mettre un peu sur l'homme d'importance,
Et jouir quelque temps de votre impatience.
Veux-tu par tes délais nous l'atiguer tous deux ?
Prends-tu quelque plaisir à te rendre fâcheux ?
De grâce, parle, et mets ces inines en arrière.

NICANDRE.

MOPSE.

NICANDRE.

LICARSIS.

Priez-moi donc tous deux de la bonne manière,
Et me dites chacun quel don vous me ferez
Pour obtenir de moi ce que vous désirez.

MOPSE.

La peste soit du fat! Laissons-le là, Nicandre;
Il brûle de parler, bien plus que nous d'entendre.
Sa nouvelle lui pèse, il veut s'en décharger;
Et ne l'écouter pas est le faire enrager.

LICARSIS.
Hé!

NICANDRE.
Te voilà puni de tes façons de faire.

LICARSIS.
Je m'en vais vous le dire , écoutez.

MOPSE.

Point d'affaire.

LICARSJS.
Quoi! rous ne voulez pas m'entendre ?!

NICANDAE.

Non.
LICARSIS.

Hé bien ! Je ne dirai donc mɔt, et vous ne saurez rien.

MPSE.

Suit;

LICARSIS.

Vous ne saurez pas qu'avec magnificence
Le roi vient honorer Tempé de sa présence;
Qn'il entra dans Larisse hier sur le baut du jour;
Qu'à l'aise je l'y vis avec toute sa cour;
Que ces bois vont jeuir aujourd'hui de sa vue,
Et qu’on raisonne fort touchant cette venue.

NICANDRE.

Nous n'avons pas envie aussi de rien savoir.

LICARSIS.

1

:

Je vis cent choses là, ravissantes à voir :
Ce ne sont que seigneurs , qui, des pieds à la tête,
Sont brillants et parés comme au jour d'une fête ;
Ils surprennent la vue; et nos prés au printemps,
Avec toutes leurs fleurs, sont bien moins éclatanis.
Pour le prince, entre tous sans peine on le remarque,
Et d'une stade loin il sent son grand monarque:
Dans toute sa personne il a je ne sais quoi
Qui d'abord fait juger que c'est un maitre roi.
11 le fait d'une grâce à nulle autre seconde;
Et cela, sans mentir, lui sied le mieux du monde.
On ne croiroit jamais comme de toutes parts
Toute sa cour s'empresse à chercher ses regards:
Ce sont autour de lui confusions plaisantes;
Et l'on diroit d'un tas de mouches reluisantes
Qui suivent en tous lieux un doux rayon de miel,
Enfin l'on ne voit rien de si beau sous le ciel;
Et la fête de Pan, parmi nous si chérie,
Auprès de ce spectacle est une gueuserie.
Mais puisque sur le fier vous vous tenez si bien,
Je garde ma nouvelle et ne veux dire rien.

MOPSE.

Et nous ne te vcu!ons aucunement entendre.

LICARSIS.

Allez vous promener.

MOSE.

Va-t'en te faire pendre. SCÈNE IV.

ÉROXENE, DAPIINÉ, LICARSIS.

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LICARSIS.

LICARSIS , sc croyant seul.
C'est de cette façon que l'on punit les gens,
Quand ils font les benêts et les impertinents.

DAPHNÉ.
Le ciel tienne, pasteur, vos brebis toujours saines!

ŚROXÈNE.
Cérés tienne de grains vos granges toujours pleines !
Et le grand Pan vous donne à chacune un époux
Qui vous aime beaucoup, et soit digne de vous !

DAPHNÉ.
Ah! Licarsis, nos vœux à même but aspirent.

EROXÈNE. C'est pour le même objet que nos deux cæurs soupirent,

DAPHNÉ.
Et l'Amour, cet enfant qui cause nos langueurs,
A pris chez vous le trait dont il blesse nos cæurs.

ÉROXÈNE.
El nous venons ici chercher votre alliance,
Ei voir qui de nous deux ara la préscience.
Nyınplace...

DAPHNÉ.
Pour ce bien seul nous poussons des soupirs.

LICA ASIS.

LICARSIS.

Je suis...

ÉROXÈNE.
Ace bonheur tendent tous nos désirs.

DAPHNÉ.
C'est un peu librement exprimer sa pensée.
Pourquoi ?

LICARSIS.

ÉROXÈNE.
La bienséance y semble un peu blessée.

LICARSIS,

Ah! point.

DAPHNÉ
Mais quand le cæur brûle d'un noble feu,
On peut, sans nulle honle, en faire un libre areu.

LICARSIS.

Je...

ÉROXÈNE.
Cette liberlé nous peut être permise,
Et du choix de nos caurs la beauté l'autorise.

LICARSIS.

DAPUNÉ.

C'est blesser ina pudeur que me Natter ainsi.

ÉROXÈNE.
Non, non, n'affectez point de modestie ici.
Enfin tout notre bien est en votre puissance.

ÉROXÈRE.
C'est de vous que dépend notre unique espérance.

DAPHNÉ.
Trouverons-nous en vous quelques difficultés ?

LICARSIS.

Ah!

ÉROXÈNE.
Nos væux, dites-moi, seront-ils rejetés ?

LICARSIS.

Non, j'ai reçu du ciel une âme peu cruelle :
Je tiens de feu ma femme; et je me sens, comme elle,
Pour les désirs d'autrui beaucoup d'humanité,
Et je ne suis point homme à garder de fierté.

DAPHNÉ.
Accordez donc Myrtil à notre amoureux zèle.

ÉROXÈXE.
Et souffiez que son choix règle notre querelle.
Myrtil!

LICARSIS.

DAPHNÉ.

Oui, c'est Myrtil que de vous nous voulons,

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