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ACTEURS DE LA COMÉDIE.

Don PÈDRE, gentilhomme sicilien.
ADRaste, gentilhomme françois, amant d’Isidore.
Isidore, Grecque, esclave de don Pedre.
Zaïde, jeune esclave.
UN SÉNATEUR.
ILALi, Turc, esclave d’Adraste.
DEUX LAQUAIS.

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ACTEURS DU BALLET.

MUSICIENS.
Esclave chantant.
Esclaves dansants.
Maures et MAURESQUES dansants,

La scène est à Messine, dans une place publique.

OV

L'AMOUR PEINTRE.

SCÈNE I.

HALI, MUSICIENS.

. Cour. N'avancez pas davantage,et deincarez dans cet endroit jusqu'à ce que je vous appelle.

SCÈNE II.

HALI, seul.

Il fait noir comme dans un four. Le ciel s'est habillé ce soir en scaramouche, et je ne vois pas une étoile qui montre le bout de son nez. Sutte condition que celle d'un esclave, de ne vivre jaunais pour soi, et d’être toujours tout entier aux passions d'un maitre, de n'être réglé que par ses humeurs, et de se voir réduit à faire ses propres affaires, de tous les soucis qu'il peut prendre! Le mien me fait ici épouser ses inquiétudes; et, parce qu'il est amoureux, il faut que, nuit et jour, je n'aie aucun repos. Mais voici des flambeaux; et sans doute c'est lui.

SCÈNE DI.

ADRASTE, DEUX LAQUAIS, portant chacun un

flambeau ; HALI.

ADRASTE.

Est-cetoi, Hali ?

BALI.

ADR ASTE.

Et qui pourroit-ce être que moi , à ces heures de nul? llors vous et moi, monsieur, je ne crois pas que personne s'avise de courir maintenant les rues.

Aussi ne crois-je pas qu'on puisse voir personne qui sente dans son cæur la peine que je sens. Car, enfin, ce n'est rien d'avoir à combattre l'indifférence ou les rigueurs d'une beauté qu'on aime, on a toujours au moins le plaisir de la plainte et la liberté des soupirs : mais ne pouvoir trouver aucune occasion de parler à ce qu’on adere, ne pouvoir savoir d'une belle si l'amour qu'inspirent ses yeux est pour lui plaie ou lui déplaire, c'est la plus làcheuse', à mon gié, de toutes les inquietudes; et c'est où me réduit l’incommode jaloux qui veille, avec tant de souci, sur ma charmante Grecque, et ne fait pas un pas sans la trainer à ses côtés.

HALI.

ADRASTE.

Mais il est, en amour, plusieurs façons de se parler; et il me semble, à moi que vos yeux et les siens, depnis près de deux mois se sont dit bien des choses.

Il est vrai qu'elle et moi souvent nous nous sommes parlé des yeux; mais comment reconnoitre que chacon de notre côté nous ayons comine il faut expliqué ee langage? Et que sais-je, après tout, si elle entend bien tout ce que mes regards lui disent, et si les siens me disent ce que je crois par fois entendre ?

HALI.

"Il faut chercher quelque moyen de se parler d'autre manière.

ADR ASTE. As-tu là tes musiciens ?

HALI. Oui.

ADRASTK. Fais-les approcher. ( scul. ) Je veux jusqu'au jour les faire ici chanter, et voir si leur musique n'obligera point cette belle à parcître à quelque fenêtre.

SCÈNE IV.

ADRASTE, HALI, MUSICIENS.

HALI.

Les voici. Que chanteront-ils ?

ADRASTE.
Ce qu'ils jugeront de meilleur.

HALI.

ADRASTE.

Il faut qu'ils chantent un trio qu'ils me chantèrent l'autre jour.

Non. Ce n'est pas ce qu'il me faut.
Ah! monsieur, c'est du beau bécarre.

HALI,

ADR ASTE.

Que diantre veux-tu dire avec ton beau bécarre?

HALI.

Monsieur, je tiens pour le bécarre. Vous savez que je m'y connois. Le bécarre me charme; bors du bécarre point de salut en harmonie. Ecoutez un peu

ce trio.

ADR ASTE.

Non, je veux quelque chose de tendre et de passionné, quelque chose qui m'entretienne dans une douce rêverie,

HALI.

Je vois biro que vous etes pour le bémol. Mais il ya moyen de nous contenter l'un et l'autre: il faut qu'ils vous chantent une certaine scène d'une petite euinédie que je leur ai vissayer. Ce sont deux bergers amoureux, tout remplis d langreor, qui, sur bemol, viennent sépareinant faire leurs plaintes dans un buis, puis se deconvrent l'un à l'antre la cruauté de leurs maitresses ; et la-dessus vient an berger jogeux avce un bécarre admirable, qui se moque de leur fvib lese.

ADRASTE.

HAL.

J'y consens. Voyons ce que c'est.

Voici tout juste un lieu propre à servir de scène; et voila deux flambeaux pour éclairer la comédie.

Place-toi contre ce logis, afin qu'au moindre bruit que l'on fera dedans je fasse cacher les lumières.

ADRASTE.

FRAGMENT DE COMÉDIE, chanté et accompagné par les musiciens qu'Hali

a amenės.

SCENE PREMIÈRE.

PIIILÈNE, TIRCIS.

PREMIER MUSICIEN, représentant Philène,
Si du triste récit de mon inquiétude
Je trouble le repos de votre solitude,

Rochers, ne soyez point lâchés:
Quand vous saurez l'excès de mes peines secrètes,

Tout rochers que vous êtes,
Vous en serez touchés.

DEUXIÈME MUSICIEN , représentant Tircis.
Les oiseaux réjouis dès que le jour s'arance

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