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SGANARELLE.

M. Macroton, en allongeant ses mots.) Je vous rends très-hum-ble grâ-ce.

(à M. Bahis , en bredouillant. Et vous suis infiniment obligé de la peine que vous avez prise.

SCÈNE VI.

SGANARELLE, seul.

Me voilà justement un peu plus incertain que je n'étois auparavant. Morbleu l'il me vient une fantaisie. Il faut que j'aille acheter de l'orviétan, et que je lui en fasse prendre. L'orviétan est un remède dont beaucoup de gens se sont bien trouvés. Hola!

SCÈNE VII.

DEUXIÈME ENTRÉE.

SGANARELLE, UN OPÉRATEUR.

SGANARELLE.

Monsieur, je vous prie de me donner une boîte de votre orviétan, que je m'en vais vous payer,

L'OPÉRATEUR chante.
L'or de tous les climals qu'entoure l'océan
Peut-il jamais payer ce secret d'importance ?
Mon remède guérit par sa rare excellence,
Plus de maux qu'on n'en peut nombrer dans tout

La gale,
La

rogne,
La teigne,
La fièvre
La peste,
La goutte,

un an:

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Vérole,
Descente,

Rougeole.
O grande puissance
De l'orviétan!

SGANARELLE. Monsieur, je crois que tout l'or du monde n'est pas capable de payer votre remède, mais pourtant voici une pièce de trente sous, que vous prendrez, s'il vous plaît.

L'OPÉRATEUR chante.
Admirez mes bontés, et le peu qu'on vous vend
Ce trésor merveilleux que ma main vous dispense.
Vous pouvez avec lui braver en assurance
Tous les maux que sur nous l'ire du ciel répand:

La gale,
La

rogne,
La teigne,
La fièvre ,
La peste,
La goutte,
Vérole,
Descente,
Rougeole.
O grande puissance
De l'orviétan!

SCÈNE VIII.

Plusieurs Trivelins et plusieurs Scaramouches, valets de l'opérateur, se réjouissent en dansant,

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FIN DU DEUXIEME ACTE,

SCÈNE I.

MESSIEURS FILLERIN, TOMÈS,

DESFONANDRÈS.

M. FILLERIN.

Niny

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'Ayez-vous point de honte, messieurs de montrer si peu de prudence, pour des gens de votre âge, et de vous être querellés comme de jeunes étourdis ? Ne voyez-vous pas bien quel tort ces sortes de querelles nous font parmi le monde? et n'est-ce pas assez que les savants voient les contrariétés et les dissentions qui sont entre nos auteurs et nos anciens maitres, sans découvrir encore au peuple, par nos débats et nos querelles, la forfanterie de notre art? Pour moi , je ne comprends rien du tout à cette méchante politique de quelques uns de nos gens; et il faut confesser que toutes ces contestations nous ont décriés depuis peu d'une étrange manière, et que, si nous n'y prenons pas garde, nous allons nous ruiner nous-mêmes. Je n'en parle pas pour mon intérèt; car, dieu merci, j'ai déjà établi ines petites allaires. Qu'il vente, qu'il pleuve , qu'il grêle; ceux qui sont morts sont morts, et j'ai de quoi me passer des vivants. Mais enfin toutes ces dispules ne valent rien pour la médecine. Puisque le ciel nous fait la grâce que, depuis tant de siècles, on demeure infatué de nous, ne désabusons point les hommes avec nos cabales extravagantes, et profitons de leurs sottises le plus doucement que nous pourrons? Nous ne sommes pas les seuls, comme vous savez, qui tâchuns à nous prévaloir de la foiblesse humaine. C'est la

que tude de la plupart du monde ; et chacun s'efforce de prendre les hommes par leur foible pour en tirer quelque profit. Les flatteurs, par exemple, cherchent

va l’é

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à profiter de l'amour que les hommes ont

pour

les louanges, en leur donnant tout le vain encens qu'ils souhaitent; et c'est un art où l'on fait, comme on voit, des fortunes considérables : les alchymistes tâchent à profiter de la passion que l'on a pour les richesses, en promettant des montagnes d'or à ceux qui les écoutent : les diseurs d'horoscopes, par leurs prédictions trompeuses , profitent de la vanité et de l'ambition des crédules esprits. Mais le plus grand foible des hommes, c'est l'amour qu'ils ont pour la vie ; et nous en profitons, nous autres, par notre pompeux galimatias, et savons prendre nos avantages de cette vénération que la peur de mourir leur donne pour notre métier. Conservons-nous donc dans le degré d'estime où leur faiblesse nous a mis, et soyons de concert auprès des malades pour nous attribuer les heureux succès de la maladie, et rejeter? sur la nature toutes les bévues de notre art. N'allons point, dis-je détruire sottement les heureuses préventions d'une erreur qui donne du pain à tant de personnes, et, de l'argent de ceux que nous mettons en terre, nous fait élever de tous côtés de si beaux héritages.

M. TOMÉS. Vous avez raison en tout ce que vous dites; mais ce sont chaleurs de sang dont par fuis on n'est pas le maître.

M. FILLERIN.

ne ,

Allons donc, messieurs, mettez bas toute rancuet laisons ici votre accommodement.

M. DESFON ANDRÈS. J'y consens. Qu'il me passe mon émétique pour la malade dont il s'agit, et je lui passerai tout ce qu'il voudra pour le premier malade dont il sera question.

On ne peut pas mieux dire; et voilà se inettre à la raison.

M. DESEON ANDRÈS..
Cela esi fait,

DE. FILLERIN.

M. FILLKRIN.

Touchez donc là. Adieu. Une autre fois montrez plus de prudence.

SCÈNE II.
M. TOMÈS, M. DESFONANDRÈS,

LISETTE,

LISETTE, Quoi! messieurs, vous voilà , et vous ne sopgez pas à réparer le tort qu'on vient de faire à la médecine !

M. TOMÈS. Comment ? Qu'est-ce?

LISETTB.

Un insolent qui a eu l'effronterie d'entreprendre sur votre métier; et, sans votre ordonnance, vient de tuer un homme d'un grand coup d'épée au travers du corps.

M. TOMÀS. Écoutez : vous faites la railleuse ; mais vous passerez par nos mains quelque jour.

LISETTE.

Je vous permets de ine tuer lorsque j'aurai recours à vous.

SCÈNE II.

CLITANDRE, en habit de médecin;

LISETTE.

CLITANDRB.

Hé bien! Lisette , que dis-tu de mon équipage ? crois-tu qu'avec cet habit je puisse duper le bon homme? me trouves-tu bien ainsi ?

LISETTE.

Le mieux du monde, et je vous attendois avec impatience. Enfin le ciel m'a faite d'un naturel le plus

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