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SCÈNE I.

ALCESTE, CÉLIMÈNE,

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ALCESTE.
ADAME,

,

voulez-vous que je vous parle net?
De vos façons d'agir je suis mal satisfait ;
Contre elles dans mon cæur trop de bile s'assemble,
Et je sens qu'il faudra que nous rompions ensemble.
Oui, je vous tromperois de parler autrement :
Tôt ou tard nous rumprons indubitablement;
Et je vous promettrois mille fois le contraire,
Que je ne servis pas en pouvoir de le faire.

CÉLIMÈNE.
C'est pour me quereller donc, à ce que je voi,
Que vous avez voulu me ramener chez moi ?

ALCESTE.

Je ne querelle point. Mais votre humeur, madame, Ouvre au premier venu trop d'accès dans votre âme, Vous avez trop d'amants qu'on voit vous obséder; Et inou coeur de cela ne peut s'accommoder.

CÉLIMÈNE. Des amants que je fais me rendez-vous coupable? Puis-je empêcher les gens de me trouver aimable? Et lorsque pour me voir ils font de doux efforts, Dois-je prendre un bâton pour les mettre dehors?

ALCESTE.

Non, ce n'est pas, madame, un bâton qu'il faut

prendre, Mais un crur à leurs vaux inoins facile et moins

tendre. Je sais que vos appas vous suivent en tous lieux ; Mais votre accueil retient ceux qu'attirent vos yeux; Et sa douceur, offerte à qui vous rend les armes,

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Achève sur les cœurs l'ouvrage de vos charmes.
Le trop riant espoir que vous leur présentez
Attache autour de vous leurs assiduités ;
Et votre complaisance un peu moins étendue
De tant de soupirants chasseroit la cohue.
Mais, au moins, dites-moi , madame, par quel sort
Votre Clitandre a l'heur de vous plaire si fort.
Sur quel fonds de mérite et de vertu sublime
Appuyez-vous en lui l'honneur de votre estime?
Est-ce par l'ongle long qu'il porte au petit doigt
Qu'il s'est acquis chez vous l'estime où l'on le voit!
Vous êtes-vous rendue, avec tout le beau monde,
Au mérite éclatant de sa perruque blonde ?
Sont-ce ces grands canons qui vous le font aimer?
L'amas de ses rubans a-t-il su vous chariner?
Est-ce par les appas de sa vaste ihingrave
Qu'il a gagné votre âme en faisant votre esclave?
Ou sa façon de rire et son ton de fausset
Ont-ils de vous toucher sur trouver le secret?

CÉLIMÈNE.
Qu'injustement de lui vous prenez de l'ombrage !
Ne savez-vous pas bien pourquoi je le ménage ?
Et que, dans inon procès , ainsi qu'il m'a promis ,
Il peut intéresser tout ce qu'il a d'amis ?

ALCESTE.

ALCESTE.

Perdez votre procès, madame, avec constance,
Et ne ménagez point un rival qui m'offense.

CÉLIMINE.
Mais de tout l'univers vous devenez jaloux!
C'est

it
tout l'univers est bien reçu de vous.
que

CÉLI MENE. C'est ce qui doit rasseoir votre âme effarouchée. Puisque ma complaisance est sur tous épanchée; Et vous auriez plus lieu de vous en offenser Si vous me la voyiez sur un seul ramasser. Mais moi, que vous blâmez de trop de jalousie, Qu'ai je de plus qu'eux tous, madame, je vous prie?

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ALCESTE.

CÉLIM ŠNE.
Le bonheur de savoir que vous êtes aimé.

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ALCESTE.

ALCESTE,

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Et quel lieu de le croire a mon cæur enflammé ?

CÉLIMÈNE.
Je pense qu'ayant pris le soin de vous le dire,
Un aveu de la sorte a de quoi vous suffire.
Mais qui m'assurera que, dans le même instant,
Vous n'en disiez peut-être aux autres tout autant ?

CÉLIMÈNE.
Certes, pour un amant la fleurette est inignonne,
Et vous me traitez là de gentille personne !
Hé bien! pour vous ôter d'un semblable souci,
De tout ce qui j'ai dit je me dédis ici,
Et rien ne sauroit plus vous tromper que vous-même:
Soyez content.

ALCESTE.

Morbleu! faut-il que je vous aime! Ah! que si de vos mains je rattrape mon cour, Je bénirai le ciel de ce rare bonheur Je ne le cele pas, je fais tout mon possible A rompre de ce cour l'attachement terrible; Mais, ines plus grands efforts n'ont rien fait jusqu'ici; Et c'est pour mes péchés que je vous aime ainsi.

CÉLIMÈNE. Il est vrai, votre ardeur est pour moi sans seconde. Oni, je puis là-dessus défier tout le monde. Mon amour ne se peut concevoir; et jamais Personne n'a, madame, aimé comme je fais.

CÉLIMÉNE. En effet, la méthode en est toute nouvelle, Car vous aimez les gens pour leur faire querelle ; Ce n'est qu'en mots fàcheux qu'éclate votre ardeur, Et l'on n'a vu jaunais un amour si grondeur. Mais il ne tient qu'à vous que son chagrin ne passe.' A tous nos démêlés coupons chemin, de grâce ;

ALCESTE.

ALCESTR.

Parlons à cœur ouvert, et voyons d'arrêter...

SCÈNE II.

CÉLIMÈNE, ALCESTE, BASQUE,

CÉLIMÉNE.
Qu'est-ce?

BASQUE
Acaste est la-bas.

CÉLIMINE

IIé bien ! faites inonter,

SCENE II.

CÉLIMÈNE, ALCESTE.

ALCESTB.

Quoi ! l'on ne peut jainais vous parler tête à tête !
À recevoir le monde on vous voit toujours prête !
Et vous ne pouvez pas, un seul moment de tous,
Vous résoudre à souffrir de n'être pas chez vous !

CÉLIMÈNE.
Voulez-vous qu'avec lui je me fasse une affaire ?

ALCESTE.

ALCESTE.

Vous avez des égards qui ne sauroient me plaire.

CÉLIMIỀNE. C'est un homme à jamais ne me le pardonner, S'il savoit que sa vue eût pu m'importuoer. Et que vous fait cela, pour vous gêner de sorte...

CÉLIMÈNE. Mon Dieu! de ses pareils la bienveillance importe; Et ce sont de ces gens qui , je ne sais comment, Ontgagné, dans la cour, de parler hautement, Dans tous les entretiens on les voit s'introduire :

Ils ne sauroient servir, mais ils peuvent vous nuire; Et jamais, quelque appui qu'on puisse avoir d'ailleurs, On ne doit se brouiller avec ces grands brailleurs.

ALCESTE. Enfin , quoi qu'il en soit, et sur quoi qu'on se fonde, Vous trouvez des raisons pour souffrir tout le monde Et les précautions de votre jugementua

SCÈNE IV

ALCESTE, CELIMÈNE, BASQUE.

BASQUE. Voici Clitandre encor, madame..

ALCESTR..

Justement.

CKLIMÈNE. Où courez-vous ?

ALCESTE.

Je sors.

CKLIMÉNE

Demeurez
ALCESTF.

Punr quoi faire ?
CÉLIMÈNE.

Demeurez.

ALCESTE

Je ne puis.

CÉLIMINE.
Je le veux.
ALCESTE.

Point d'assaire:-
Ces conversations ne font que ni'ennuyer,
Et c'est trop que vouloir me les faire essuyer..

CÉLIMÉNE.
Je le veux, je le veux

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