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Il l'emporte en tremblant; le chemin dans sa fuite
Disparaît sous ses pas que l'espoir précipite:

Il revoit son Eustelle; il tombe à ses genoux;
Il se soumet d'avance à son juste courroux,
Et lui conte en pleurant ce que l'on vient d'entendre.
Eustelle tour à tour est inflexible et tendre;

Sa bouche à son amant donne l'ordre de fuir,
Et son œil indulgent lui défend d'obéir;
D'une main délicate à qui l'on porte envie
Elle enferme en son sein l'oiseau presque sans vie,
Qui, de ces doux elimats aspirant la chaleur,
Recouvre par degrés sa première vigueur.
Eutrope en insistant sut obtenir sa grâce:
Eh! qui ne l'aurait pas obtenue à sa place!

Beau sexe, à ton courroux dusses-tu m'immoler,

C'est ton plus grand secret que je vais révéler :

Tu peux dans certains cas prendre un air inflexible;
Mais sans doute une fois que ta pudeur sensible,
Après avoir longtemps prolongé nos désirs,

Nous a fait par l'estime arriver aux plaisirs,
Eussions-nous par hasard rallenti nos hommages,
Fussions-nous bien ingrats, fussions-nous bien volages,
Jamais le triple airain de la froide rigueur

Ne peut malgré nos torts barricader ton cœur;

La vengeance en cachette a beau t'offrir des armes,
L'Amour reprend ses droits en répandant des larmes ;
Son flambeau rallumé jette encor plus de feu,
Et ton premier pardon vaut ton premier aveu.

J'ai su depuis qu'Eutrope avec la jeune Eustelle Avait serré les noeuds d'une chaîne éternelle,

Qu'au pigeon réchappé des horreurs de la mort
Une tendre colombe avait uni son sort,

Et

que le brave Ogier, déposant son armure, Rappelait aux amans leur tant douce aventure En faisant tous les ans couver sous leurs regards Les oiseaux de Vénus dans le casque de Mars.

Des vers alexandrins, aidé de l'épisode,
Si j'ai su préciser le rhythme et la méthode,
Rimeurs, de notre langue admirons tout le prix;
Elle est, quand il le faut, dans nos auteurs chéris
Et sublime et folâtre, et simple et tempérée.

Quand nous aurons gravi la montagne sacrée, Songeons qu'il est un art de peindre par les mots, Et copions toujours la nature à propos;

Tâchons que les patois, épurés dans leur course,
Viennent de jour en jour se confondre à la source;
Et puisse le berger s'écrier sous ses toits:
La langue que je parle est la langue des rois!

FIN DU QUATRIÈME ET DERNIER CHANT.

NOTES

DU

CHANT PREMIER.

Il est,

PAGE 3, VERS 1.

n'en doutons pas, il est une harmonie

Qui naît du choix des mots qu'enchaîne le génie,

Les fréquens exemples d'harmonie imitative qui se trouvent dans les poëtes latins peuvent-ils être rendus dans notre langue d'une manière satisfaisante? C'est aux vers de Boileau et à ceux de M. l'abbé Delille à répondre. L'art de disposer les mots de la manière la plus convenable aux idées, aux images et aux sentimens qu'on veut employer, peut-il exister dans la langue française? C'est aux grands poëtes du siècle de Louis XIV et du nôtre à le prouver.

Les différentes recherches que j'ai faites sur la partie mécanique du style m'ont démontré à moi-même

qu'il était possible, dans tous les genres, et surtout dans les morceaux de poésie descriptive, de combiner des expressions analogues par leurs sons particuliers au ton général du sujet.

Je conviendrai sans doute avec un écrivain d'un mérite distingué que le poëte le plus heureusement né est celui qui peint à l'oreille sans s'en apercevoir, et qui dans ses vers nombreux voit venir les termes sonores s'accorder d'eux-mêmes avec la pensée.

Mais il conviendra peut-être avec moi qu'on peut rapprocher avantageusement certaines syllabes, multiplier à propos certaines lettres, et faire résulter de ce calcul, puérile au premier coup d'œil, des effets variés de mélodie et d'harmonie poétiques.

PAGE 3, VERS 6.

Et chaque alexandrin, qu'une image décore,

Voltaire a fort bien défini, dans son épître au roi de la Chine, cette espèce de vers, plus noble que les autres et en même temps plus difficile.

Ton peuple est-il soumis à cette loi si dure
Qui veut qu'avec six pieds d'une égale mesure,
De deux alexandrins côte à côte marchans,
L'un serve pour la rime, et l'autre pour le sens?

PAGE 4, VERS 9.

Qu'un poëte fidèle à l'onomatopée

Ce mot est grec: ivoμatozoid, comme pour dire rỡ

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