est Dieu et homme tout ensemble. Aussi reconnaît-il que le Père est plus grand que lui, et qu'il est venu, non pour faire sa propre volonté, mais la volonté de celui qui l'a envoyé (1), ce qui ne lui peut convenir que comme homme. Et il montre clairement qu'il est Dieu et homme (2), lorsqu'il dit : Personne ne monte au ciel, que celui qui est descendu du ciel, le fils de l'homme qui est au ciel.

LEÇON XXXIII.

De l'amour de Dieu et du prochain. JÉSUS-CHRIST nous montre que sa venue est la preuve de l'amour que Dieu nous porte.

(3) Car, Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point (4), mais qu'il ait la vie éternelle. Il est donc bien juste de l'aimer. Aussi déclare-t-il que notre unique affaire et la seule chose nécessaire, est de nous attacher à Dieu; que toute la loi de Dieu, et tout ce qu'il nous enseigne dans ses saintes écritures (5), se rapporte à ces deux commandemens: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu (6) de tout ton cœur, de toute ton ame, de tout ton esprit, de toute la force. Voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable:

(1) Joan. XIV, 28: Joan. VI, 32. (2) Joan. 111, 13. (3) Joan. III, 15. (4) Luc. X, 45. (5) Matt. XXII, 35. (6) Marc. XII, 39. (7) Luc X, 30.

Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Or, tout homme est notre prochain, même un étranger et un infidèle. Aimant ainsi le prochain, nous le traiterons comme nous voulons que l'on nous traite nous-mêmes (1), et nous emploierons la même mesure pour lui que pour nous (2). Nous lui pardonnerons ses fautes, comme nous voulons que l'on nous pardonne les nôtres; nous ne reprendrons point ses défauts, tandis que nous en aurons de pareils, ou de plus grands; nous ne le jugerons point, comme nous ne voulons point qu'il nous juge en un mot, nous ne ferons à personne ce que nous ne voudrions point qu'un autre nous fit. Aussi il enseigne qu'il ne suffit pas de pratiquer la loi extérieurement et à la lettre (3), comme faisaient les Juifs charnels (4). Ce n'est pas assez de ne pas tuer, il faut combattre mème la colère, qui produit les haînes, les querelles et les meurtres. Ce n'est pas assez d'aimer nos amis (5), il ne faut haïr personne, et aimer même ceux qui nous haïssent et nous persécutent. Il ne suffit pas (6) de ne pas commettre d'adultère, il ne faut pas mème regarder une femme avec un mauvais désir et le mariage doit être réduit à sa première institution d'une seule femme avec un seul homme, qui ne doivent se séparer qu'à la mort. Il ne faut pas se contenter de ne pas prendre injustement le bien d'autrui (7); il ne faut pas même se faire justice à la rigueur; il faut céder et relàcher de

(1) Luc X, 30. (a) Matt. XVII, 12. (3) Luc. VI, 31. (4) Matt. V, 20. (5) Ibid. 43. (6) Matt. XIX, 4. (7) Matt. V, 33.

ses intérêts, perdre ou souffrir quelque chose plutôt que de blesser la charité, n'avoir aucune inquiétude pour la nourriture, le vêtement et les autres nécessités de la vie, s'abandonner à la providence, et chercher avant toutes choses royaume de Dieu et la vertu.

le

LEÇON XXXIV.

·Des conseils, de la grace et de la prière.

Pour accomplir la loi plus facilement, et

arriver à la perfection dont les hommes sont capables, Jésus-Christ nous a donné des conseils outre les commandemens. Il conseille (1) à ceux qui voudront se mettre en sûreté contre l'avarice, de vendre tout leur bien, le donner aux pauvres, et le suivre lui-même dans la pauvreté, dont il nous a donné l'exemple, et il leur promet un trésor dans le ciel. Pour s'assurer contre l'incontinence, il conseille de renoncer au mariage (2), et de vivre dans la continence parfaite; ajoutant néanmoins que tous n'en sont pas capables, mais seulement ceux à qui il est donné par sa grace. Il nous enseigne que par nous-mêmes nous ne pouvons pratiquer ni ses commandemens ni ses conseils. Sans moi, dit-il, vous ne pouvez rien faire (3), comme une branche ne peut porter de fruit, si elle ne demeure sur l'arbre. Et ailleurs: Je suis la

(1) Matth. XIX, 23. (2) Ibid, II. (3) Joan IV, 51.

voie, la vérité et la vie, et ailleurs: je suis porte, si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé (1). Et ailleurs il dit : Qu'il donne une ́eau qui rejaillit jusqu'à la vie éternelle (2), et que qui croit en lui, deviendra une source d'eau vive; ce qu'il entendait de l'esprit (3) que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. Toutes ces figures signifient, que pour accomplir la loi de Dieu, et nous sauver nous avons besoin du secours de sa grace, qui est le don du Saint Esprit. Mais la grace ne dépend pas de nous (4), l'esprit souffle où il veut, dit Jésus. Et ailleurs (5) Personne ne peut venir à moi, si le père qui m'a envoyé ne l'attire. Il est donc bien nécessaire de prier pour demander à Dieu cette grace, sans laquelle nous ne pouvons rien faire. Aussi n'y a-t-il rien que Jésus nous ait plus recommandé que la prière. Il dit qu'il faut toujours prier sans jamais se rebuter (6); il dit : Demandez (7), et vous recevrez; cherchez et vous trouverez; frappez, et on vous ouvrira. Ses disciples lui demandèrent un jour qu'il leur apprît à prier; il leur donna ce modèle de prière (8) Notre père qui êtes dans les cieux, que votre nom soit sauctifié, que votre règne vienne, que votre volonté soit faite en la terre comme au ciel; donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien ; remettez-nous nos dettes, comme nous remettons à ceux qui nous doivent, et ne nous induisez point

(1) Joan. X, 9. (2) Joan. IV, 14. (3) Joan. VII, 587 (4) Joan. III, 8. (5) Joan. IV, 44. (6) Luc XVIII. (7) Matth. VII, 7. (8) Luc, XI, maith. VI, 9.

en tentation, mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il. Nous l'appelons l'oraison dominicale, c'est-à-dire l'oraison du Seigneur.

JÉSUS

LEÇON XXXV.

ÉSUS-CHRIST nous découvrant la perfection où Dieu nous appèle en cette vie, nous' montre aussi quelle en sera la récompense. Nous ne devons pas borner nos espérances sur la terre (1) comme faisaient les Juifs charnels. Nous ne devons pas amasser ici-bas des trésors périssables, mais thesoriser dans le ciel. Malheur aux riches, parce qu'ils ont leur consolation: Malheur à ceux qui rient (2), et à ceux qui sont honorés des hommes. Efforcez-vous, dit-il (5), d'entrer par la porte étroite, car il y a deux portes et deux voies une voie large qui mène à la perdition, et où marche le plus grand nombre; et une étroite, qui mène à la vie, et que peu de gens trou

vent. Pour suivre Jésus-Christ dans cette voie étroite, il faut renoncer à tout, et porter sa croix. Tous ceux qui nous voudraient séparer de lui (4), et nous servir de scandale, c'est-àdire de pierre en notre chemin (5), nous devons les haïr quels qu'ils soient, amis, parens, père, mère mari ou femme (6). Il faut couper notre main droite (7), si

,

(1) Matth. V, 19. (2) Luc. VI, 14. (3) Matth. XII, 15. Luc. XIII, 25. (4) Luc. XIV, 33 et 37. (5) Matth. X, 37. (6) Matth. V, 19. (7) Matth XVI, 24. Joan. XII. 25; Joan. XVIII, 39; Matth, XV1, ei.