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près le combat (1), la couronne de justice les attendait dans le ciel, et ne comptant (2) pour rien les souffrances de cette vie, en comparaison de la future. Enfin ils souffrirent tous le martyre par divers supplices (3), et donnèrent constamment leur vie pour témoignage des vérités qu'ils prêchaient, particulièrement de la résurrection de Jésus-Christ. Saint Pierre fut crucifié, saint Paul eut la tête tranchée, tous deux à Rome en un mème jour, sous l'empereur Néron, le plus méchant de tous les hom-mes, et le premier des empereurs qui persécuta les Chrétiens.

LEÇON L.

Des persécutions.

L'EGLISE continua d'ètre persécutée pendant trois cents ans, et il y eut une multitude innombrable de martyrs (4). Les Chrétiens ne faisaient de mal à personne, vivant la plupart du travail de leurs mains, dans une grande humilité et une grande modestie (5). Au contraire, ils faisaient beaucoup de bien, et par leurs grandes aumônes, et par la guérison des maladies, et les autres miracles qui étaient encore fréquens. Cependant tout le monde les haïssait, et le seul nom de Chrétien passait pour un crime (6). On disait qu'ils n'avaient point de Dieu, parce qu'ils n'avaient point d'idoles, et n'adoraient qu'en esprit. On

(1) 2 Cor. I, 5. (2) 2 Tim. IV, 8. (3) Rom. VI, 18. (4) Clem. Alex. 3 Pæd., 10. (5) Cons. Apos., c. 4 2 ult. (6) Tertul, Apol. I, c. 3.

regardait comme des grandes impiétés tout ce qu'ils disaient contre l'idolatrie et contre les superstitions auxquelles on était accoutumé (1). Ils ne prenaient point de part aux spectacles et aux divertissemens publics, fuyaient le jeu et la débauche, jeûnaient souvent, ne portaient ni habits précieux ni ornemens. Tout cela les faisait passer pour des esprits mal faits et mélancoliques; et quand ils parlaient de la résurrection et de l'autre vie, où ils attendaient d'ètre heureux, on les croyait tout-à-fait insensés; joint que l'on imputait à tous les Chrétiens de grandes abominations que commettaient plusieurs hérétiques. On voulait donc les exterminer (2); on les bannissait; on les mettait en prison; on confisquait leurs biens; on les envoyait travailler aux mines, enchaî nés; on les condamnait à mort (3). Et comme les empereurs et les magistrats virent que bien loin de craindre la mort, ils la recevaient avec joie, parce qu'elle leur ouvrait la vie éternelle, ils employaient contr'eux tous les plus cruels supplices, et en inventaient de nouveaux (4). Ils faisaient étendre les martyrs sur des chevalets, ou pendre avec des poids aux pieds; et en cet état on les battait de verges, on leur déchirait la chair avec des peignes de fer, et on leur brûlait les côtes avec des flambeaux. Quelquefois on les faisait brûler à petit feu on les rôtissait sur des grils ou dans des poëles de fer, où on les attachait à des lits ou à des sièges de fer tout rouge. Il

(1) Ibid. c. 15. (2) Baron. ann. 120 N (3) Cypr. serm, ad mart.

22,

etha

(4) Gallon, de cruc. mart,

ours,

y en avait à qui l'on écorchait le visage ou tout le corps; à qui l'on coupait les pieds et les mains; que l'on sciait en deux ; à qui l'on arrachait les yeux, les dents ou les ongles; à qui l'on tirait les entrailles, étant vivans. D'autres ont été déchirés par des chiens des 2 des lions et d'autres bêtes cruelles ; d'autres exposés au soleil, frottés de miel pour être piqués par les mouches; d'autres arrosés d'huile bouillante ou de plomb fondu, et tout cela souvent à plusieurs fois et à diverses reprises. Après les avoir long-tems tourmentés, on les renfermait dans les prisons obscures et infectées, semées de clous ou de verres cassés. La plupart ont eu enfin la tête tranchée.

LEÇON LI.

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Des Confesseurs et Martyrs. CEUX qui demeuraient en vie après avoir

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souffert la persécution, étaient nommés Confesseurs, pour marquer qu'ils avaient eu le courage de confesser le nom de Jésus-Christ devant les juges, et on leur rendait toute leur vie de grands honneurs dans l'Eglise (1). Ceux qui mouraient étaient appelés martyrs, et on les honorait encore plus. Les reliques de leur corps étaient conservées soigneusement et on les embaumait, et on les enveloppait d'étoffes précieuses; on recueillait jusqu'aux gouttes de leur sang. Les jours de leur

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(1) Euseb. 5 hist., 1.

mort, on s'assemblait pour en célébrer la mémoire, et pour honorer leur naissance, c'est-àdire leur entrée à la vie éternelle. On faisait de ces jours des fetes semblables aux dimanches, pour s'assembler auprès de leurs tombeaux, remercier Dieu de la force qu'il a donnée à ses Saints, les prier de continuer à prier pour nous comme ils faisaient quand ils étaient sur la terre, et s'exciter à imiter leurs vertus, en lisant leurs actes et les histoires de leurs souffrances (1): on les représentait même par des peintures dans les églises, pour l'instruction de ceux qui ne pouvaient pas lire. Dieu faisait souvent des miracles aux tombeaux des martyrs, et souvent aussi il en faisait à leur martyre; en sorte que plusieurs des assistans se convertissaient, et quelquefois les bourreaux et les juges mêmes. Ainsi, plus on faisait mourir de chrétiens, plus ils multipliaient (2). Mais quoiqu'ils fussent en si grand nombre qu'ils pouvaient faire de grandes armées, ils n'usèrent jamais d'aucune violence pour se défendre contre ceux qui les traitaient si cruellement; il y eut des légions entières de soldats chrétiens comme celle de Saint Maurice, qui se laissèrent massacrer, plutôt que de se servir de leurs armes contre leur prince (3). Ils avaient appris des Apôtres qu'il faut respecter les puissances établies de Dieu même en la personne des méchans, et obéir à nos maîtres, quelque fàcheux qu'ils soient. On (1) Prud. perl. Step. 9 et 11. Greg. II, ap. 1. (2) Tertul. Apol. 35, etc. (3) Rom, XIII, 1. Pet. II, 33, etc.

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lit encore tous les jours à l'église les martyrologes, où l'on a recueilli les noms d'un grand nombre de martyrs et l'abrégé de leur histoire. Il y en a qui sont honorés par toute l'église, comme S. Jean-Baptiste, les Apôtres, S. Etienne, S. Laurent, S. Sébastien, S. Vincent, Sainte Agnès, Sainte Luce. D'autres sont plus connus aux lieux où ils ont souffert, comme S. Irénée à Lyon, S. Denis à Paris, S. Saturnin à Toulouse S. Lucien à Beauvais, et ainsi des autres.

LEÇON LII.

Dieu

De la liberté de l'Église et de la vie monastique. APRÈS trois cents ans de souffrances, donna la paix à son Église sous l'Empereur Constantin, qui embrassa la foi chrétienne. Cette liberté rendit plus solennelle les prières publiques et les assemblées des fidèles, qu'il fallait souvent faire la nuit et en cachette du tems des persécutions. On fit aussi des édifices plus magnifiques; on augmenta le nombre des ornemens et des vaisseaux sacrés; on donna de grandes richesses aux églises pour l'entretien du luminaire et des bâtimens, pour la nourriture des clercs et des pauvres; l'on fonda des hôpitaux de toutes sortes; mais en même-tems la vertu commença à se relàcher dans le commun des chrétiens. Comme il n'y avait plus de péril à l'étre, plusieurs en faisaient profession sans être bien con

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