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de telle sorte que l'auditeur croie en écoutant, qu'il espère en croyant, et qu'il aime en espérant. Or, l'amour de Dieu, l'espérance ou la craimte ne s'inspirent pas d'ordinaire, en disant seulement qu'il faut aimer, craindre ou espérer, quoique l'on se répète plusieurs fois, principalement si on le dit d'une manière sèche et désagréable. Il faut dire des choses qui inspirent effectivement l'amour ou la crainte, soit que vous les nommiez ou non puisqu'il importe bien plus au disciple de les avoir que de les connaître. La crainte de Dieu entrera dans les esprits, si l'on sait bien représenter la création, les miracles du désert et les autres faits qui montrent sa grandeur et sa toute-puissance; si l'on raconte bien le déluge, l'embrasement de Sodôme les plaies d'Egypte, la captivité de Babylone, et les autres effets de sa justice; la seule déduction de ces faits rendra Dieu terrible, même sans dire qu'il le soit. Au contraire, on le fera voir aimable par les biens qu'il a faits à Abraham, par le soin qu'il a eu du peuple dans le désert, par sa fidélité a accomplir ses promesses, par la prospérité de David et de Salomon, par le retour de Babylone; mais bien plus, sans comparaison, par l'incarnation de son Fils, par la vie et la passion de Jésus-Christ. Après avoir raconté fidèlement tout cela, quand même vous ne diriez point à vos auditeurs qu'ils doivent aimer Dieu, ils l'aimeront ou ils seront insensibles. Mais tant qu'ils ne sauront point tous ces faits, ou qu'ils n'en auront ouï par

ler que légèrement et confusément, en sorte que l'impression en sera' faible, quoique l'on s'échauffe en leur disant qu'il faut aimer Dieu quoiqu'on leur fasse apprendre par cœur divers motifs d'amour, quoiqu'ils en prononcent des actes, il est à craindre qu'ils ne demeurent aussi froids qu'auparavant.

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La manière d'enseigner y fait encore. Si le Cathéchiste parle des mystères de la religion séchement et froidement comme de choses indifférentes, s'il marque de l'ennui ou du dégoût, s'il s'impatiente et se met en colère, s'il se familiarise trop, s'il lui échappe quelque parole ou quelque geste indigne du personnage qu'il fait, il ne faut pas attendre grand fruit de son instruction. Les enfans avant que d'entendre le langage de leur pays, entendent ce langage naturel et commun à tous les hommes, qui consiste dans le mouvement des yeux, du visage et de tout le corps, dans le ton ou le mouvement de la voix, et qui, sans paroles, exprime toutes les passions. Ainsi ils voient fort bien si l'on agit sérieusement, ou si l'on se joue, si on les flatte ou si on les menace, si on est tranquille ou passionné. Ils reçoivent mieux l'impression des mouvemens que des paroles. Si vous voulez donc leur inspirer la crainte et l'amour de Dieu, il faut que vous paraissiez pénétré de ces sentimens ; et pour le paraître, il le faut être en effet. Quand ils vous verront raconter les merveilles de Dieu avec un profond respect, montrant naturellement par vos gestes que vous êtes saisi d'admiration et

de crainte, ils suivront vos mouvemens. Il en sera de même de l'espérance, si vous leur paraissez frappé de l'attente de Jésus-Christ; si, levant les yeux et les mains au ciel, vous soupirez après cette bienheureuse éternité; si vous représentez dignement la gloire des corps ressuscités et la joie du paradis. Il en sera de même de l'amour si Vous savez bien peindre les souffrances du Sauveur; si vous les décrivez avec tendresse, si vous êtes pénétré jusqu'à verser des larmes. Or tout cela viendra de soi-même, si vous êtes bien touché des vérités de la religion, et vous le serez si vous êtes homme d'oraison.

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C'est par ce conseil que je finis l'instruction de quiconque voudra se servir de ce Catéchisme. On ne peut bien écrire une méthode qui doit varier infiniment selon les sujets et les occasions; mais il est assuré que l'on fera bien si l'on a une véritable charité pour Dieu et pour le prochain; et c'est par la prière qu'elle s'acquiert et se fortifie. Prious donc sans cesse et de toutes nos forces, que Dieu envoie de dignes ouvriers dans sa moisson, qu'il leur donne les lumières nécessaires pour instruire les simples, la charité et toutes les vertus qui doivent soutenir ces instructions. Puisque nous sommes appellés à une fonction si noble, prions que nous ne la déshonorions pas par notre négligence à nous en acquitter, et par votre vie peu édifiante. Demandons un zèle ardent qui nous fournisse mille saintes inventions pour attirer les petits et les grands, les simples et les sages,

et qui nous fasse être toujours prêts à donner des instructions à ceux qui les voudront recevoir. Demandons une patience invincible pour supporter leurs défauts et la fatigue de l'instruction; enfin une humilité solide, qui nous persuade sincèrement que nous y comet que nous mettons une infinité de fautes 9 ne faisons que gâter l'œuvre de Dieu. Nous devons aussi beaucoup prier pour ceux que nous instruirons, demander à Dieu qu'il nous fournisse les occasions, et nous ouvre les portes; qu'il donne à ceux qui nous écou tent la docilité, l'intelligeuce, l'affection, la persévérance. On peut se servir très - utilement des prières que l'Eglise a instituées pour les catéchumènes, et que nous avons encore dans le rituel, au commencement de la cérémonie du baptême. Voilà ce que j'avais à dire sur le dessein de ce Catéchisme.

PETIT

CATÉCHISME

HISTORIQUE.

PREMIÈRE PARTIE,

CONTENANT

EN ABRÉGÉ L'HISTOIRE SAINTE.

LEÇON PREMIÈRE.

De la Création.

DIEU IEU a fait le monde de rien par sa parole et sa volonté, et pour sa gloire; il l'a fait en six jours. Le premier jour, il a créé le ciel et la terre, ensuite la lumière; le second jour, il créa le firmament, qu'il appela le ciel; le troisième jour, il sépara l'eau et la terre, et fit produire à la terre toutes les plantes; le quatrième, il créa le soleil, la lune et les étoiles; le cinquième, il forma les oiseaux dans l'air et les poissons dans la mer; le sixième, il produisit les animaux terrestres, et forma l'homme à son image, et Dieu se reposa le septième jour. Pour faire

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