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Mayer). C'est par cette voie que se produisent les empoisonnements par les matières gazeuses, les poudres inorganiques et organiques qui voltigent dans l'atmosphère, que se contractent les maladies épidémiques, miasmatiques, etc. Le curare, le venin des serpents venimeux, inactifs par la muqueuse gastro-intestinale et buccale, par la peau, sont au contraire très-actifs par cette voie (Voy. Empoisonnement par les matières gazeuses, tome II).

9° Ayant passé en revue les principales voies d'introduction des poisons dans l'économie, celles par lesquelles se produisent ordinairement les empoisonnements accidentels ou criminels, comme complément nous dirons seulement quelques mots des autres surfaces absorbantes. Sur les séreuses l'absorption est aussi prompte que sur le tissu cellulaire, et 8 à 10 fois plus active que dans l'estomac. Christison ayant déposé 120 gram. d'un soluté d'acide oxalique dans la cavité péritonéale, n'en trouva que 4 gram. après la mort, qui eut lieu en 14 minutes. De l'huile phosphorée étant injectée dans la plèvre, le péritoine, l'air expiré devient phosphorescent en moins de 2 minutes. Les poisons déposés sur les parois veineuses et artérielles sont aussi absorbés, mais moins promptement dans le dernier cas. Injectés dans ces vaisseaux, leur effet est des plus prompts. Le chloroforme, l'acide cyanhydrique, etc., agissent avec une rapidité extrême. Des doses médicamenteuses peuvent, par cette voie, agir comme toxiques, soit par leur effet chimique sur le sang (sels de plomb, de bismuth, d'étain, etc.), soit par leur effet dynamique sur le cœur, les centres nerveux (digitale, strychnées, etc.). Cependant 20, 40 centigr. d'émétique ont été injectés dans les veines sans inconvénients pour l'expulsion des corps étrangers engagés dans l'oesophage, tandis que la même dose peut intoxiquer par le tissu cellulaire. Les strychnées, les sels de morphine, l'acide cyanhydrique, poisons si actifs, lorsqu'ils arrivent au centre nerveux par voie d'absorption,

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que peu ou pas d'effet lorsqu'ils sont déposés sur les nerfs bien isolés, même sur le cerveau, le cervelet. Le venin de la vipère, appliqué sur les muscles, les enflamme sans produire de trouble général (Fontana). Enfin l'absorption est excessivement lente sur les tendons, les aponévroses, les os, tissus qui sont encore bien moins vasculaires que le cerveau, les nerfs.

10° Les poisons insolubles sont-ils absorbés? Cette question n'est pas tout à fait résolue. Il y a des faits pour et contre. En général on admet que les corps complétement insolubles ne sont pas absorbés, à moins qu'ils ne deviennent solubles sous l'influence des chlorures alcalins, des acides, comme l'a démontré M. Mialhe pour les mercuriaux et autres poisons minéraux, et M. Orfila pour les borate, tartrate, oxalate, phosphate de plomb, et M. Melsens pour le sulfate. Cependant voici des faits qui prouveraient le contraire: Kramer introduit dans l'estomac d'un chien du cinabre, et constate ce corps, en nature, dans les vaisseaux capillaires de cet organe. Le professeur OEsterlin frictionne la peau du ventre d'un chat, pendant 4 jours, avec de l'onguent mercuriel, et trouve du mercure, en nature, dans les fèces, le sang, et en grande quantité dans le foie, surtout dans la vésicule, la rate, le dépôt des urines, non dans le système nerveux. Il a obtenu à peu près les mêmes résultats sur un chat auquel il a fait avaler, pendant 7 jours, de l'onguent mercuriel. Le même professeur a trouvé du charbon dans le sang des veines mésaraïques, de la veine porte, du foie, du cœur droit, chez des lapins, des chats, des coqs qui avaient avalé, pendant 6 jours, du charbon. M. Meisonide a trouvé du charbon dans les cloisons interlobulaires des poumons sur les animaux qui en avaient pris. Le résultat a été négatif dans le cas contraire. Il a constaté des globules d'amidon dans le sang mésentérique des animaux, auxquels il en avait administré. MM. Mialhe, Lébert, Bernard n'ont pas obtenn les mêmes résultats. MM. Bérard

Orfila, Robin donnent à un chien, à jeun depuis 24 heures; 16 gram. de charbon de bois porphyrisé. Deux jours après, l'animal étant toujours à jeun, ils le tuent, et trouvent des molécules de charbon anguleuses dans le sang du foie, examiné au microscope, à un grossissement de 450. Ils en trouvent moins dans les poumons, un ganglion mésentérique, le sang de l'oreillette gauche du cœur, et aucune trace dans la veine porte, le chyle. Ils n'en trouvèrent pas chez un chien qui avait copieusement mangé, auquel ils avaient donné, en deux doses, 32 gram. de charbon porphyrisé. Mêmes résultats sur un chien, à jeun depuis 24 heures, auquel ils avaient administré 32 gr. de noir de fumée, en deux jours, et qui fut tué et examiné le troisième. Il en a été de même pour l'amidon, donné aussi à la dose de 32 gram., en deux jours, sur deux chiens à jeun, tandis qu'il y avait des globules amylacés dans l'intestin. M. Bérard pense que si le charbon porphyrisé est absorbé, non lë noir de fumée, c'est qu'étant anguleux et acéré, il peut 'ainsi s'insérer dans la substance molle des villosités et s'ouvrir un passage.

11° Quelle est l'influence du système nerveux, et en particu lier du nerf pneumogastrique sur l'absorption des poisons? Elle paraît être peu marquée, et même nulle. Brodie coupe les nerfs d'un membre, dépose du worara sur une plaie, et l'intoxication a lieu aussi rapidement que si les nerfs eussent été intacts. Après avoir coupé tous les rameaux nerveux qui se distribuent à la lèvre supérieure ou à la langue d'un chien, M. Panizza instille sur ces parties i goutte d'acide cyanhydrique, et les effets sont aussi prompts que dans l'état normal (M. Berard).

Quant à l'influence des nerfs pneumogastriques sur l'absorption stomacale, les opinions varient à cet égard, ou sont diversement interprétées, ce qui dépend probablement de l'espèce animale qui a servi à l'expérimentation, de la manière dont les expériences ont été instituées. La

section de ces nerfs, d'après Dupuy, M. Brachet s'oppose à l'absorption; selon MM. Magendie, Longet, Coindet et Christison, elle la retarde; d'après Nysten, Brodie, MM. Muller, Panizza, elle n'a aucune influence, et les effets se manifestent aussi promptement que lorsque ces nerfs sont intacts. M. Bouley fils injecte 32 grammes d'extrait de noix vomique, délayé dans 2 décilitres d'eau, dans l'estomac d'un cheval, par un trou pratiqué à l'œsophage 1/4 d'heure après, symptômes d'intoxication, mort en 1 heure et 1/2. Sur un autre cheval, dont il a réséqué les pneumogastriques la veille, quoique à jeun, la même expérience n'a encore rien produit 31 heures après; ce cheval est tué; le liquide contenu dans son estomac, donné à un chien, l'intoxique en 25 minutes. Dans une autre expérience, il laisse les pneumogastriques intacts, lie le pylore, et il n'y a aucun effet toxiqne pendant 48 heures; le pylore est alors délié, et le cheval succombe en moins de 25 minutes dans les convulsions. M. Bouley conclut de ces expériences que la section des pneumogastriques paralyse l'estomac, lequel ne peut alors se contracter pour chasser le poison dans les petits intestins, qui sont les véritables absorbants chez les ruminants. En effet, l'estomac des animaux, soumis à cette opération, est flasque, immobile, plein de matières, tandis que les intestins se contractent encore. M. le professeur Bérard, tout en admettant cette explication, interprète, en outre, autrement les faits. Ayant trouvé l'estomac des ruminants, dans sa partie splénique, recouvert d'une couche d'épithélium pavimenteux, presque aussi épais que celui de la peau, dont il se dépouille en partie du côté du pylore, et offre, en cet endroit, une surface plutôt sécrétante qu'absorbante, pense que l'absorption stomacale, chez les ruminants, est nulle ou presque nulle, tandis que dans l'estomac de l'homme et du chien, qui offre un épithélium cylindrique, l'absorption y est très-active, aussi ces derniers sont-ils

également intoxiqués que les nerfs pneumogastriques soient coupés ou restent intacts. MM. Perolino, Beruti, Triolani et Vella de Turin, ayant répété les expériences de M. Bouley sur des chevaux, avec du cyanure jaune, au lieu d'extrait de noix vomique, se sont assurés que, lorsque le pylore était lié, ce sel était absorbé dans l'estomac ; mais qu'au lieu de passer par la grande circulation, il refluait dans les reins; était éliminé, en grande partie, par cet émonctoire. Dans une expérience, le cheval étant tué 2 heures après l'ingestion du sel, ils ont trouvé le cyanure dans l'estomac, les reins, la vessie, le sang de la veine porte et des veines rénales, non dans celui des veines caves, jugulaires, artères rénales, etc. Dans une autre, cheval étant tué 48 heures après, tout le sel a complétement passé dans les urines, et ils n'en trouvent ni dans l'estomac, ni dans toute autre partie du corps.

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Relativement à l'influence de la circulation, de l'âge, du sexe, de l'état morbide et autres circonstances sur l'absorption des poisons, voyez l'article suivant et les effets.

II. — Séjour, élimination des poisons.

Depuis longtemps, on avait constaté que des médicaments (éther, camphre, etc.), des matières colorantes (indigo, rhubarbe, etc.), odorantes (musc, etc.), étaient éliminés soit par les urines, le lait, la muqueuse pulmonaire, gastro-intestinale, la peau, etc., le temps qu'elles mettaient à parcourir l'arbre circulatoire, les transformations que quelques-unes subissaient; plusieurs poisons avaient même été constatés dans le sang, les urines, les organes, mais ces recherches n'avaient point été envisagées exclusivement sous le point de vue médico-légal, c'est-àdire après combien de temps les poisons étaient complétement éliminés de l'organisme, si l'élimination se faisait d'une manière continue ou intermittente, par quelles voies;

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