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Dont il s'agit ici.

LISIMON.

Qui, moi ? Je n'en ai point.

LE COMTE.

Comment donc ? Vous n'avez aucune Seigneurie? LISIMON.

Ah! je me fouviens d'une. Ecrivez, je vous prie.

( Il di&te. )

,, Antoine Lifimon, Ecuyer.

LE COM TE.

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Rien de plus ?

LISIM ON.

"Et Seigneur fuzerain.... d'un million d'écus.

LE CO M T E.

Vous vous moquez, je crois ? L'argent eft-il un titre ?
LLSIMO N.

Plus brillant que les tiens. Et j'ai dans mon Pupître.
Des billets au porteur, dont je fais plus de c ́s,
Que de vieux parchemins, nourriture des rats.
Mr. JOSSE

Il a raifon.

LE CO MT E.

Pour moi, je tiens que la nobleffe...
Mr. JOSS E.

Oh! nous autres Bourgeois nous tenons pour l'efpéce. (à Lifimon.)

C'à, ftipulons la dot.

LISIMON.

Le Gendre que je prens
M'engage à la porter à neuf-cens mille francs.
Mr. JOS SE au Comte.

Voilà pour la future un titre magnifique,
Et qui foutiendra bien votre nobleffe antique.
LE COM TEà Mr. Jofle, bas.
Monfieur le Garde notte, oui, l'argent nous foutient;
Mais nous purifions la fource dont il vient.

MR JOSSE.

Et quel douaire aura l'Epouse contractante?

LE COM T E.

Quelle douaire, Monfieur? vingt mille francs de rente. LISETTE à part.

Mon Frere eft magnifique. En tout cas, je fçais bien Que s'il donne beaucoup, il ne s'engage à rien.

MR JOSSE au Comte.

Sur quoi l'affignez-vous ?

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Signons donc maintenant. La nôce se fera
Auffi tôt qu'à Paris ton Pere arrivera.
LE COMTE.

Mon Pere, dites-vous? Il ne faut point l'attendre,
Jamais en ce païs il ne pourra fe rendre..
La goute le retient au lit depuis fix mois.

LISETTE à part.

Mon Frere, en vérité, ment fort bien quelquefois LE COM TE.

Mais nous irons le voir après le mariage.

LISIMO N.

Avec bien du plaifir je ferai le voyage..

SCENE DERNIERE.

LES ACTEURS PRECEDENS,

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LICANDRE.

LE COMTE à part.

H! le voici lui-même. O Ciel ! que! incident !
LISIMON à Licandre.

Que voulez-vous? Parbleu, c'eft Monfieur l'Inten

dant.

LICANDRE au Comte.

Je viens fçavoir, mon Fils...

VALERE & ISABELLE.

Son Fils!

LE COMTE à part.

Je meurs de honte:

LISIMO N.

Vous m'aviez donc trompé ? Répondez, mon cher Comte.

LE COMTE à Licandre.

Eh quoi ! dans cet état ofez-vous vous montrer ?
LICAN DR E.

Superbe, mon aípect ne peut que t'honorer.
Mon arrivée ici t'allarme & t'importune;
Mais aprens que mes droits vont devant ta fortune.
Rends leur hommage, Ingrat, par un plus tendre
accueil.

LE COM TE.

Eh!le puis-je, au moment.

LISIMO N.

Baron de Montorgueil,

C'est donc-là ce fuperbe & brillant équipage
Dont tu faifois tantôt un fi bel étalage?

LICAN DRE à Lisimon.

L'état où je parois, & fa confufion,

D'un exceffiforgueil font la punition.

(Au Comte.)

Je la lui réservois. Je benis ma mifére,
Puifqu'elle t'humilie, & qu'elle venge un Pere.
Ah! bien loin de rougir, adoucis mes malheurs.
Parle; reconnois-moi.

Lifette?

ISABELLE à Lifette.

Vous voilà tout en pleurs,

LISETTE à Ifabelle.

Vous allez en aprendre la caufe.
LICANDRE.

Je vois qu'à ton penchant la vanité s'opose.
Mais je veux la dompter. Redoute mon couroux,
Ma malédiction, ou tombe à mes genoux.
LE COM TE.

Je ne puis réfifter à ce ton refpectable.

Eh bien, vous le voulez, rendez-moi méprifable.
Jouiffez du plaifir de me voir fi confus.

Mon cœur, tout/fier qu'il eft, ne vous méconnoît plus
Oui, je fuis votre Fils; & vous êtes mon Pere.
Rendez votre tendreffe à ce retour fincére.
(Il fe met aux genoux de Licandre.)
Il me coûte affez cher, pour avoir mérité
D'éprouver deformais toute votre bonté.
LISIMON à Licandre.
Il a, ma foi, raison. Par ce qu'il vient de faire,
Je jurerois, morbleu, que vous êtes fon Pere.

LICANDRE releve le Comte, & l'embrasse.
En fondant votre cœur, j'ai frémi, j'ai tremblé.
Mais malgré votre orgueil, la nature a parlé.
Qu'en ce moment pour moi ce triomphe a de charmes
Je dois donc maintenant terminer vos allarmes,
Oublier vos écarts qui font affez punis.

Mon Fils, raffurez-vous. Nos malheurs font finis
Le Ciel enfin pour nous devenu plus propice,
A de mes ennemis confondu la malice.

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Notre augufte Monarque inftruit de mes malheurs,
Et des noirs attentats de mes Perfécuteurs,
Vient par un jufte Arrêt de finir ma mifére.

Il me rend mon honneur ; à vous il rend un Pere
Rétabli dans fes droits, dans fes biens, dans fon rang,
Enfin dans tout l'éclat qui doit fuivre mon fang.
J'en reçois la nouvelle. Et ma joye eft extrême
De pouvoir à prefent vous l'annoncer moi-même.
LE COMTE.

Qu'entens-je? Jufte Ciel! Fortune, ta faveur
Au mérite, aux vertus, égale le bonheur;
Oui,tu merends mes biens, mon rang, & ma naissance;
Et j'en ai deformais la pleine jouiffance.

LICAN DRE.

Devenez plus modefte en devenant heureux.

LISIMO N.

C'est bien dit. Je vous fais compliment à tous deux.
Je n'ai pas attendu ce que je viens d'aprendre,
Pour choisir votre Fils en qualité de Gendre,
Parce qu'à l'orgueil près, il est joli garçon.
Voici notre contrat, fignez-le fans façon..
LICAN DRE.

Quoique notre fortune ait bien changé de face,
De vos bontez pour lui je dois vous rendre grace ;
Et pour m'en acquittér encor plus dignement,
Je prétens avec vous m'allier doublement.

Comment ?

LISIMO N.

LICANDRE.

Pour votre Fils, je vous offre ma Fille. VALERE à Lifette.

Je fuis perdu!

LISIMON.

L'honneur eft grand pour ma famille. Très-agréablement vous me voyez furpris. J'accepte le projet. Mais eft-elle à Paris, Votre Fille ?

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