Les Epitres dédicatoires font aussi embaraЛantes pour VA. R. que pour les Auteurs qui Vous adreffent leurs bommages. Vous y craignez les

louanges que la vérité leur demande pour vos Vertus, & qu'ils ont tant de peine à assaijonner de la délicatesse qui pourroit Vous les rendre fuportables. Mais malgré ces réflexions MONSEIGNEUR, je ne puis réfifter davantage à la vive reconnoissance que j'ai de vos bontés.

Je n'ai qu'une Comédie à vous offrir, & je Vous la préfente avec ce zèle qui met toujours quelque prix aux moindres offrandes. Je ne fais point d'excufe à V. A. R. pour le genre de l'Ouvrage que j'ofe mettre fous vos aufpices. Quelque disproportion qui paroisse d'abord entre un grand Prince, tout occupé du Gouvernement des Peuples, & une Comédie qui ne semble être faite que pour amujer l'oifiveté, il n'eft pas difficile de raprocber ces deux idées. Les Princes comme Vous, MONSEIGNEUR font leur félicité de répandre la joye dans les Etats qu'ils gouvernent; & les Auteurs Comiques, Miniftres en cela des intentions d'un bon Prince, tacbent

nourir cette joye innocente. Ils travaillent même à la rendre utile par une peinture des mœurs également fine & naïve, & plus propre peutêtre à les corriger, que les leçons févères des Philofopbes.

Je ne demande donc d'indulgence à V. A. R. que pour les défauts particuliers de mon Ouvrage. Vos bontés, MONSEIGNEUR, m'animeront fans doute à quelque progrès, & elles échaufferont du moins d'autres génies plus capables que le mien de les mériter. Et de quel Prince les Arts efpéreront ils jamais une protection plus fignalée, que d'un Prince dont le goût & le génie les embraffe tous, qui en difcerne fi furement toutes les

beautés, & qui, connoissant également ce qu'ils ent d'agréable & ce qu'ils ont d'utile, les regarde comme une des fources de la grandeur & de l'utilité des Etats ? Je fuis avec le plus profond respect,

DE VOTRE ALTESSE ROYALE,

Le très-humble & très-obéiffant
Serviteur,

NERICAULT DESTOUCHES.

ACTEURS.

LISIMON, Vieillard.
LICANDRE, autre Vieillard.
JULIE, cruë Niéce de Licandre.
LA COMTESSE de la Pepiniere.
ANGELIQUE, Fille de la Comtesse.
LEANDRE, Amant de Julie.

VALERE, Fils de Lifimon, Petit-Maître.

NERINE, Suivante de Julie.

CRISPIN, Valet de Léandre.
PASQUIN, Valet de Valere.

La Scène eft dans la Maifon de Lifimon.

L'OBSTACLE IMPREVU,

O U

L'OBSTACLE SANS OBSTACLE,

COMEDIE.

ACTE PREMIER.

SCENE PREMIER E.

VALERE, PASQUI N. (Ils entrent par deux différens cotés du Theatre.)

M

VALERE du côté par où il entre.

ORBLEU, Vous avez beau dire, je n'en ferai qu'à ma tête.

PASQUI N.

Ah! voici mon étourdi de Maître.

VALERE,

Il n'y a plus moyen de vivre avec lui, & il faut

que nous rompions ensemble.