Images de page
PDF
ePub
[blocks in formation]

DU

DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.

LA VOIX DU BARDE.

« Guide mes pas, chasseur du Glentivar.

[ocr errors]

Qu'y cherches-tu ? Je vais combattre; il chante la victoire.

Où ? Dans ce bois.

Vois ce tombeau !...

-

Montre-moi mon chemin.

Dans le tombeau ne descend pas la gloire !

[ocr errors][merged small]

Ce cor....

[ocr errors]

Vieillard j'aurai vaincu demain :

Je reviendrai; tu diras cette histoire.

[blocks in formation]

Slivar:

« Pourquoi ce bruit? — Jeune homme! c'est la gloire,

[ocr errors]

La voix du Barde. Au tombeau que tu vois

Slivar repose; et l'oreille des rois
N'entendra plus l'écho de la victoire.

VICTORIN FABRE.

VII.

I

LES ERMITES EN LIBERTÉ,

PAR E. JOUY ET A. JAY,

POUR FAIRE SUITE AUX OBSERVATIONS SUR LES MOEURS

FRANÇAISES, T. Ier (1).

TOUTES les nations ont eu leurs moralistes; depuis les Essais de Montaigne jusqu'au Glaneur, le nombre des ouvrages écrits sur les mœurs est capable d'effrayer les lecteurs les plus intrépides; mais il ne doit pas décourager les écrivains. La physionomie morale des nations change de siècle en siècle, et souvent à chaque lustre; plus la copie de la veille a été fidèle, moinst le lendemain elle ressemble au modèle du jour.

L'Ermite de la Chaussée d'Antin est d'hier; que reste-t-il aujourd'hui des personnages, des mœurs et des gloires de cette époque? Les tableaux de M. Jouy. Qui sait si, avant dix années, le goût, l'élégance et l'éclat qu'on remarque en ce moment chez les Parisiens de toutes les classes, n'auront pas fait place à d'autres goûts, à un éclat nouveau, à une élégance toute différente? Peintres des mœurs, reprenez donc, à chaque instant, vos pinceaux pour reproduire ces traits mobiles qui ne vieillissent pas, mais qui changent avec l'âge des nations.

Cette pensée paraît avoir présidé aux nouvelles

(1) Chez Ladvocat, libraire au Palais-Royal, galeries de bois; et chez Mongie, boulevard des Italiens, no 10.

[graphic][subsumed][subsumed][subsumed]

observations que viennent de publier les Ermites en liberté. On dirait que leur livre est le procès-verbal philosophique de l'état du monde parisien, en 1824. Le caractère distinctif des différentes peuplades qui habitent sur la rive droite et sur la rive gauche de la Seine, et les limites dans lesquelles chacune de ces peuplades est renfermée, y sont tracés de manière à faciliter les recherches des moralistes futurs, lorsqu'ils essaieront de déterminer les époques des conquêtes de la civilisation, la transmigration des idées et les différentes fusions de centuries parisiennes, dans le cours des siècles à venir..

Grâces aux deux Ermites, la postérité saura que, dans la vingt-quatrième année du dix-neuvième siècle, les théâtres, les jardins, les cafés, les guinguettes, presque tous les établissemens destinés aux plaisirs des habitans se trouvaient réunis sur la rive droite de la Seine; que sur la gauche étaient les amphithéâtres, les colléges, les hôpitaux, les prisons; que l'emplacement de l'abbaye de Saint-Victor, où Santeuil composa ses hymnes, où Abeilard donna des leçons d'éloquence, était converti en céliers; elle saura qu'alors le nombre des jeunes femmes augmentait chaque jour, et que celui des vieillards diminuait à vue d'œil sur cette rive fortunée. L'explication de ce phénomène physiologique ne se trouve point dans les Ermites : les Cabanis futurs en chercheront l'explication dans les Mémoires de notre temps.

[ocr errors]

La manie des mémoires n'est pas un des travers les moins ridicules de notre époque. N'est-ce pas une chose admirable, dit M. Jay, que cette prodigieuse quantité

d'écrits où les auteurs se mettent en scène avec tant de naïveté, nous racontent leur naissance, les diverses aventures de leur vie sociale, et se présentent, sous le jour le plus favorable, à l'admiration contemporaine? Il m'importerait fort peu de lire les Mémoires de M. de Portal, mais, dit le malin Ermite, j'attacherais un grand prix aux révélations de M. de Talleyrand, En effet, rien n'est moins utile que de savoir par quel accident tel républicain déterminé s'est trouvé un beau jour affublé des cordons de l'empire. Changer avec la fortune, c'est l'histoire ancienne et moderne.

La huitième lettre est un Essai sur les Mœurs de l'époque, et plus spécialement sur la soif de distinctions, titres honorifiques et ordres de chevalerie; sur le trafic des opinions politiques et des doctrines littéraires, et sur les causes du progrès de la corruption morale au temps où nous vivons. L'auteur regarde cette corruption comme une crise momentanée, dont la conscience publique sera le médecin et qui, par degrés, doit nous ramenér à des idées saines, à des sentimens généreux. « Si, dit-il, les mœurs publiques sont dépravées, les mœurs privées ont éprouvé de sensibles améliorations. Les vertus sont rentrées dans la famille et vivent sous la protection des dieux domestiques : on ne rougit plus de remplir ses devoirs d'époux et de père : c'est du moins une espérance pour l'avenir. »

Jusqu'à présent je n'ai guères cité qu'un des deux Ermites; l'autre n'est pourtant pas le moins célèbre, il excelle dans les détails, il compose des tableaux charmans c'est une justice que je me plais à lui rendre avec son confrère : ses esquisses de la rive droite, des contrastes, du concert d'amateurs, des femmes d'au

« PrécédentContinuer »