Le Rhin: lettres à un ami

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Soc. des Bibliophiles Belges, 1842

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Page 18 - Il y avait cinq personnes royales dans la voiture ; le misérable avec un mot les frappa toutes les cinq. Ce Bonjour, sire, ce fut pour Louis XVI, pour Marie-Antoinette et pour Madame Elisabeth, la guillotine; pour le dauphin, l'agonie du Temple; pour Madame Royale, l'extinction de sa race et l'exil.
Page 245 - ... reflets d'or noyés dans le bleu des lointains, magiques forêts pareilles à des touffes de plumes vertes , horizons moirés d'ombres et de clartés. — C'était un de ces lieux où l'on croit voir faire la roue à ce paon magnifique qu'on appelle la nature.
Page 259 - ... entouré d'un cadre noir que je ne sais quelle servante allemande avait accroché au mur. Il représentait une vieille tour isolée, moisie, délabrée , entourée d'eaux profondes et noires qui la couvraient de «vapeurs, et de montagnes qui la couvraient d'ombre. Le ciel de cette tour était morne et plein de nuées hideuses. Le soir, après avoir prié Dieu et avant de m'endormir, je regardais toujours ce tableau. La nuit je le revoyais dans mes rêves, et je l'y revoyais terrible.
Page 204 - J'habite des intérieurs de Rembrandt avec des cages pleines d'oiseaux aux fenêtres, des lanternes bizarres au plafond, et, dans le coin des chambres, des degrés en colimaçon qu'un rayon de soleil escalade lentement.
Page 129 - Saint-Martin avec ses deux tourelles percées à jour. Presque en face de moi la sombre abside-cathédrale, dressant, ses mille clochetons aigus, figurait un hérisson monstrueux, accroupi au bord de l'eau, dont la grue du clocher semblait former la queue et auquel deux réverbères allumés vers le bas de cette masse ténébreuse faisaient des yeux flamboyants.
Page 259 - Dans mon enfance, j'avais au-dessus de mon lit un petit tableau entouré d'un cadre noir que je ne sais quelle servante allemande avait accroché au mur. Il représentait une vieille tour isolée, moisie, délabrée , entourée d'eaux profondes et noires qui la couvraient de «vapeurs, et de montagnes qui la couvraient d'ombre.
Page 221 - A pied! On s'appartient, on est libre, on est joyeux; on est tout entier et sans partage aux incidents de la route, à la ferme où l'on déjeune, à l'arbre où l'on s'abrite, à l'église où l'on se recueille. On part, on s'arrête, on repart; rien ne gêne, rien ne retient. On va et on rêve devant soi. La marche berce la rêverie; la rêverie voile la fatigue. La beauté du paysage cache la longueur du chemin. On ne voyage pas, on erre.
Page 224 - A tout prendre, il ouvrait bien la gueule, mais il l'ouvrait comme on ouvre une bouche. Ce n'était pas un rictus, c'était un bâillement; ce n'était pas féroce, c'était presque littéraire. Cet ours avait je ne sais quoi d'honnête, de béat, de résigné et d'endormi; et j'ai trouvé depuis cette expression de physionomie à de vieux habitués de théâtre qui écoutaient des tragédies.
Page 266 - Je ne me l'étais pas imaginée plus effrayante. Tout y était : la nuit, les nuées, les montagnes, les roseaux frissonnants, le bruit du fleuve plein d'une secrète horreur comme si l'on entendait le sifflement des hydres cachées sous l'eau, les souffles tristes et faibles du vent, l'ombre, l'abandon, l'isolement, et jusqu'à la vapeur de fournaise sur la tour, jusqu'à l'âme de Hatto!
Page 223 - Une histoire d'ours. Je me rappelle qu'il ya sept ou huit ans j'étais allé à Claye, à quelques lieues de Paris. Je m'en revenais à pied ; j'étais parti d'assez grand matin, et vers midi, les beaux arbres de la forêt de Bondy m'invitant, à un endroit où le chemin tourne brusquement, je m'assis, adossé à un chêne, sur un talus d'herbe, les pieds pendant dans un fossé, et je me mis à crayonner sur mon livre vert.

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