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L. DE BURE, LIBRAIRE, RUE DE BUSSY,

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N° 30.

M DCCC XXVI.

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DE GRESSET.

VER-VERT.

A MADAME L'ABBESSE D***.

CHANT PREMIER.

Vous, près de qui les graces solitaires
Brillent sans fard et règnent sans fierté;
Vous, dont l'esprit, né pour la vérité,
Sait allier à des vertus austères

Le goût, les ris, l'aimable liberté ;

Puisqu'à vos yeux vous voulez que je trace D'un noble oiseau la touchante disgrace,

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Soyez ma muse, échauffez mes accents,
Et prêtez-moi ces sons intéressants,
Ces tendres sons que forma votre lyre
Lorsque Sultane, au printemps de ses jours,
Fut enlevée à vos tristes amours,
Et descendit au ténébreux empire.
De mon héros les illustres malheurs
Peuvent aussi se promettre vos pleurs.
Sur sa vertu par le sort traversée,
Sur son voyage et ses longues erreurs,
On auroit pu faire une autre Odyssée,
Et par vingt chants endormir les lecteurs :
On auroit pu des fables surannées
Ressusciter les diables et les dieux;
Des faits d'un mois occuper des années,
Et, sur des tons d'un sublime ennuyeux,
Psalmodier la cause infortunée

D'un perroquet non moins brillant qu'Énée,
Non moins dévot, plus malheureux que lui.
Mais trop de vers entraînent trop d'ennui.
Les muses sont des abeilles volages;
Leur goût voltige, il fuit les longs ouvrages,
Et, ne prenant que la fleur d'un sujet,
Vole bientôt sur un nouvel objet.

Dans vos leçons j'ai puisé ces maximes:

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