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comme une couveuse artificielle destinée à faire pulluler les petits Français. Nous voyons les œufs cassés. Nous ne trouvons ni omelette ni poulets.

Il en sera de même au Tonkin. Le docteur C. Maget considère que les Européens ne doivent pas y séjourner plus de deux ans (1).

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Les colonies de l'Afrique présentent-elles plus de ressources à l'émigration française que les établissements de l'Inde et notre empire « Indo-Chinois ? »

Occupée depuis 1638 par les Français, elle a toujours été en leur possession, sauf pendant une période de quatre ans, de 1810 à 1814. Nous avons donc pu y faire une expérience complète.

Sa température moyenne est de 24 degrés au-dessus de zéro, mais dans la plaine des Palmistes, à 930 mètres d'altitude, elle n'est que de 16°3. Les blancs sont sinon tous riches, du moins aisés. Il y a un type de «< petits blancs », produits d'un croisement de blancs avec femmes malgaches, très vigoureux. Cette colonie se présente donc dans de bonnes conditions.

En 1872, la population était de 193,000 habitants: en 1882, elle n'est plus que de 170,518 habitants; différence 23,000. Pour la moyenne quinquennale de 1877 à 1881 le nombre des naissances a été de 4,492, celui des décès de 6,378: différence, 1886. Cette différence a un peu diminué en 1882; le nombre des décès a été seulement de 5,340 et le nombre (1) Arch. de méd. navale. Mai 1881.

des naissances de 4,647 différence, 694. Grâce à cette diminution dont nous ne connaissons pas les causes, la moyenne de l'excès des décès pour les cinq années 1878-1882 est ramenée à 1774.

Sainte-Marie de Madagascar

compte 7,189 habitants sur lesquels une centaine de blancs. En 1722, Carpeau de Saussay la nommait le « cimetière des Français, parce qu'il n'y a aucun navire qui n'y laisse bon nombre de personnes pour peu de séjour qu'il y fasse. »

Nossi-Bé.

9,009 habitants; 1881, 29 naissances et 18 décès pour les Européens.

Cependant on aurait tort de conclure de ces chiffres à la salubrité de l'île. En 1853, la colonie comptait 123 Européens; en quelques mois, 15 étaient morts. De 1842 à 1866, la mortalité des Européens a été de 7.3 0/0; loin de diminuer elle s'est élevée à 7, 5, 8, 10 0/0. Les créoles de la Réunion ne résistent pas mieux que les Européens. En 40 ans, les fonctions de chef de service de santé ont été remplies par 39 médecins !

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En 1872, le Sénégal avait une population de 210,823 habitants; en 1873, il V avait eu une augmentation de la population de 3,368 et une diminution de 14,537; perte: 11,169.

Les renseignements pour 1880 donnent 191,608 habitants; différence en moins: 20,000. Ceux de 1882 prouvent une nouvelle diminution: 189,564, avec un excédent de décès sur les naissances de 525.

Mais ce serait une grande erreur de croire que ces chiffres sont ceux de la population colonisatrice; ils représentent les indigènes, et rien que les indigènes, Yoloffs, Sereres, Sousous, Bogos, Mandingues, Sarracolets, Peuls, etc., auxquels il faut ajouter une population flottante de 2,095 individus, fonctionnaires et soldats qui sont l'élément colonisateur ! Cependant, il paraît qu'il y avait, en 1872, 655 colons tant portugais, qu'anglais et français.

Le Dr Corre estime qu'à Saint-Louis il y a 280 créoles blancs qui résisteraient, mais dont la natalité serait très faible. Les documents publiés par le ministère ne donnent point ces renseignements qui seraient cependant intéressants. En 1881, il y avait 6,000 électeurs inscrits. Quelles sont leurs origines diverses?

D'après le Dr Borius (1) le nombre de frébricitants est à Saint-Louis de 33, à Dugana de 48, à Bakel de 72, à Sedhion de 87 pour 100.

La mortalité y est pour l'ensemble des fonctionnaires et colons de 7,7 0/0; pour les médecins de 18,3 0/0. Les turcos ne résistent pas même au climat. Sur 1,080 hommes d'effectif, dans une même période, les Européens ont donné 1,789 entrées à l'hôpital, coûté 34,007 journées et compté 119 dé

(1) Borius. Arch. de méd. navale. Topographie médicale du Sénégal,

cès; les Arabes 1,235 entrées, 26,137 journées et 176 décès.

Les statistiques de 1843-44-45-47 qui entrent dans des détails qu'on ne retrouve pas dans les Tableaux de population, donnent pour les Européens 391 décès pour 100 naissances. La situation ne parait pas s'être améliorée, d'après le Dr Gestin, qui affirme qu'il n'y a pas, au Sénégal, un seul blanc qui ne souffre de l'hypochondre droit.

Bérenger-Féraud, qui a fait une étude complète du Sénégal, déclare que l'acclimatement au Sénégal est une chimère. « Que ceux qui voudraient soutenir, dit-il, qu'on parvient à s'acclimater au Sénégal, regardent seulement ceux qui se prétendent acclimatés, et je suis persuadé qu'ils ne continueront plus à discuter. » Un fonctionnaire, observant les conditions les plus hygiéniques, les plus strictes, ne peut pas résister plus de trois ans dans l'intérieur du pays.

A Saint-Louis, sur le bord de la mer, quatre, cinq ans, huit ans au grand maximum. Tous sont victimes de l'impaludisme, de la dysenterie ou de l'hépatite, sans compter les insolations. La fièvre jaune. en 1878 et en 1881, est venue ravager le pays, et est cause que nous n'avons pas la statistique de 1881 qui aurait montré un déchet beaucoup plus considérable encore que dans les années précédentes. Le nombre des Européens atteints a été, en moyenne, de 80 0/0; celui des morts de 46 0/0.

Nous occupons le Sénégal depuis 1664: nous l'avons perdu et recouvré dans le dix-huitième

siècle, puis dans les guerres de l'empire. Notre occupation, depuis 1817, n'a subi aucune interruption. Quels résultats nous a-t-elle donnés au point de vue de l'expansion de notre race et de notre langue? Quel avenir réserve-t-il aux Français qui vont s'y établir?

Côte de Guinée.

Sur la Côte de Guinée, nous possédons quatre ou cinq petits comptoirs, où sont une demi-douzaine de maisons françaises. L'Européen ne peut vivre dans ces parages. En six ans, à Lagos, sur 80 blancs on compte 48 décès. Ce climat est si terrible, qu'il a mauvaise réputation même au Sénégal. Tout est relatif.

Gabon.

Le chiffre de la population indigène n'est pas connu. Le document officiel résume par cette phrase vague la situation: « Sur le littoral occupé par l'élément européen, la population s'élève à environ 200 (deux cents) âmes, presque tous Portugais. »

La température moyenne est de 28°3 au-dessus de zéro. La plupart des Européens y périssent de fièvre palustre et d'une langueur énervante si caractéristique qu'elle a reçu le nom « d'anémie du Gabon. >>

La moitié des Européens qui ont fait partie de la mission Brazza (mars 1883 avril 1884), subiront toute leur vie les conséquences de leur séjour à l'Ogooué. Ils laissaient cinq morts derrière eux.

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