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» 1°. A l'Empereur, la Flandre française, le Hainault français, la partie française d'entre Sambre et Meuse, la Lor» raine et les Trois-Évêchés ;

» 2°. Au roi de Sardaigne, le Bugey, la Bresse, le pays de » Gex et Briançon;

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»

» 30. A l'Angleterre, la Bretagne, ou la Martinique et Saint-Domingue; item, Pondichéry et les autres établissemens français dans les Indes orientales;

» 52......

» 6o. L'Empereur sera dédommagé de sa partie de la Gueldre, par la possession de Maëstricht; l'Alsace aura » pour souverain un prince de l'Empire, qui n'est pas encore désigné ;

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7°. Quant à la Hollande, le rétablissement du Stathoudérat garanti par toutes les puissances coalisées; une nou» velle alliance avec l'Angleterre et ses alliés, et l'île de » Walcheren cédée à perpétuité aux Anglais..... »

O comble de la scélératesse et de la barbarie! Les patriotes belges, les patriotes hollandais livrés aux poignards et aux échafauds de l'empereur et du prince d'Orange! Jamais autant de projets destructeurs ne furent plus perfidement combinés et plus ouvertement tramés! Et cependant, par un prodige inoui, vous triomphez du nombre et de la scélératesse de vos ennemis!

Oui, représentans, vous avez vaincu! Au centre de la conjuration, vous venez de remporter sur la coalition des rois une victoire définitive sans doute; mais il faut que l'élan et l'énergie de vos ames répondent au mouvement et au feu des armes vous en perdez tous les fruits, si vous n'arrachez à leurs émissaires tous les moyens d'assassiner la liberté jusque dans son sanctuaire. Union sincère et forte entre tous les républicains, mais haine profonde et éternelle à tous les royalistes; une barrière insurmontable entre eux et nous ! Qu'ils aillent porter autour des trônes leurs richesses corrup

trices, leurs bassesses, leurs poignards et leur fureur de servir des maîtres et de multiplier des esclaves!

Les royalistes ont tout osé pour consommer le crime de la tyrannie: osez tout pour le triomphe de la république ; elle est perdue si vous ne vous montrez inflexibles envers tous les traîtres! Que peuvent des paroles de clémence envers des ennemis qui ne respirent que les haines et les vengeances?

Vous les croyez anéantis. Prêtez l'oreille à leurs cris sinistres et à leurs discours féroces : tout ce qu'ils n'ont pu corrompre est proscrit; tout ce qui s'est opposé à la ruine de la république sera immolé. Encore quelques jours, disent-ils, et nous achèverons le massacre de ces orgueilleux fondateurs! Encore quelques jours, et il ne restera pas un seul fondateur de la liberté sur la terre; nous n'y trouverons plus un seul

accusateur.

Parcourez leurs correspondances; ils annoncent dans leur joie affreuse aux tyrans avec lesquels ils conspirent, qu'ils touchent au moment de se baigner dans le sang du peuple français et de ses plus fidèles représentans; tous vos amis, les braves citoyens, les héros qui ont défendu la représentation nationale, qui ont sauvé la république dans l'immortelle journée du 13 au 14, sont déjà poursuivis dans leur pensée comme des brigands et des assassins. Que dis-je? Ce blaspheme impie est échappé de la bouche de leurs bourreaux; il a retenti jusque dans cette enceinte !

Représentans du peuple, mon devoir est de tout vous dire, de tout braver pour sauver mon pays. Celui qui, dans ces momens de danger, ne se passionne pas pour les moyens de le sauver, vous trahit; il conspire.

J'entends dire que les rebelles sont désarmés; mais leurs partisans, leurs complices, leurs effrontés protecteurs sont encore puissans; vous les voyez plus occupés à consoler les ombres sacrifiées des conspirateurs, qu'à sonder les plaies de la patrie, qu'à soulager avec vous la douleur publique : ces hypocrites vous séduisent par l'apparence de quelques vertus

qui vous sont habituelles; mais ils vous combattent en secret par la ruse, le mensonge et la perfidie; ils s'isolent de vous pour mesurer les coups qu'ils se préparent à vous porter.

Le point d'appui du royalisme est frappé, mais il n'est pas abattu; son horrible ouvrage subsiste tout entier; la famine, la banqueroute, l'assassinat des patriotes restent organisés : les conjurés vont s'asseoir parmi les magistrats, parmi les mandataires du peuple; et lorsque la royauté seule devrait être en deuil, par quelle fatalité le crêpe du malheur et de la mort enveloppe-t-il toujours le sol de la république?

Représentans du peuple, la punition du crime n'épouvante que la faiblesse ; vous êtes comptables au peuple de sa grandeur : si vous n'atteignez tous les traîtres par la rigueur de la justice, si vous ne punissez pas les attentats qui ont fait couler des flots de sang et de larmes, vous vous chargez d'une responsabilité terrible.

Songez qu'après la scélératesse, ce qui menace le plus la patrie, c'est la pusillanimité des gens de bien; leur mollesse assure l'impunité, encourage le crime, et laisse opprimer le peuple.

C'est surtout par amour pour la justice et l'humanité que j'évoque du fond de vos cœurs les sentimens forts et énergiques d'une fermeté inébranlable. Une justice prompte et inflexible eût déjà rompu tous les complots; votre indulgence les a fait renouer: plus vous attendrez, plus vous verrez s'accroître les obstacles et les dangers. Que les leçons de l'expérience nous apprennent à être sages! Le temps est précieux; si vous persistez à vous montrer indulgens aujourd'hui, vous serez cruels demain. Soyez sévères pour que personne ne soit atroce; soyez fermes, afin de n'être jamais exagérés; maintenez-vous à la hauteur de la justice, si vous ne voulez être obligés dans quelques jours de forcer toutes les mesures. Ceux qui cherchent à couvrir le crime de leurs manteaux, qu'ont-ils fait au moment du danger contre vos ennemis ? Que vous proposent-ils aujourd'hui pour sauver la république

trahie et menacée sur tous les points? Eclairons la conduite de tous les traîtres, de tous ceux qui ont protégé le royalisme; portons la lumière dans tous les replis des complots: les tempêtes ne sortent jamais que du sein des nuages et des ténèbres. Je vous le déclare, représentans du peuple, si vous laissez les rênes de la révolution dans des mains criminelles ou suspectes, personne ne peut être certain de son avenir; l'ordre social est troublé pour long-temps jusque dans ses sources les plus profondes. Un siècle de discordes civiles et de calamités publiques désolera notre malheureuse patrie.

Soyez donc aujourd'hui ce que vous avez été dans toutes les circonstances menaçantes! Conservez ce courage vertueux qui vous a fait accomplir de si hautes destinées. Soyez grands et magnanimes comme le peuple que vous représentez; faites pour le triomphe de la république ce qu'on tente pour le retour de la monarchie; pardonnez à l'erreur, mais montrezvous inébranlables les traîtres! La clémence, pour dans ce cas, serait funeste au peuple : ne laissons pas à d'aussi vils ennemis un triomphe qui serait à la fin la perte et la honte de l'humanité.

Il n'appartient pas au chef de la force armée de vous proposer aucune mesure: mon devoir est de faire exécuter celles que vous commandent les intérêts et les dangers de la république.

Sur ce rapport, la Convention nomma une commission de cinq membres chargée de présenter des mesures de salut public.

FIN DES PIÈCES.

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