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souvenir et union, et qu'en réunissant les royalistes sous la bannière de leurs souvenirs, autour de la royauté, il eût enfin anéanti des espérances factieuses qu'il avait enfantées lui-même, et qu'il entretenait par son malheureux système de la bascule.

Dans ces temps, M. de la Bourdonnaye prononça un discours rempli de vérités, inspiré par un vrai patriotisme, et dans lequel il donnait aux ministres les avis les plus utiles, et démontrait l'existence de la faction. Dès lors il fut regardé par les ministres comme un ennemi. Il fut vigoureusement soutenu par M M. de Castelbajac, Duhamel, Agier et Hyde de Neuville. M. Bertin de Veaux parla sur le même sujet avec beaucoup de force.

CHAPITRE VII.

Nouvelles preuves de l'existence d'une faction
fortifiée par le gouvernement.

Les ministres demandent la censure.

Je suis nommé membre et rapporteur de la commission.

JE poursuis ces pénibles souvenirs, parce que je veux prouver que c'est le gouvernement luimême qui s'est détruit de ses propres mains, depuis la restauration, comme en 1789 et 1792. Il est bien important de le prouver; car cette vérité peut seule, dans la suite des évènements qui nous attendent, préserver les ministères de commettre les mêmes fautes.

J'avais remis un mémoire au roi pendant les

cent jours. J'y prouvais cette vérité de touts les siècles: L'autorité une fois assise, devient ce qu'elle se fait elle-même. Mon dessein est donc de montrer à chaque page de ces Mémoires comment le trône a été renversé trois fois. Je n'en la conduite du gou

vois pas d'autre cause que vernement. Pour le prouver, il faut montrer que la faction annonçait ouvertement ses desseins, et que les députés royalistes ne cessaient d'avertir et de stimuler les ministres.

Parlant un jour contre la loi relative aux donataires, j'exprimai mon étonnement de l'oubli dans lequel on avait laissé la généreuse proposition faite par M. le maréchal Macdonald, dès la première restauration, en faveur des émigrés. J'ajoutai :

« Je demande quel motif a pu empêcher de <«<lui donner de la suite, pourquoi toujours elle « a été repoussée, et comme anéantie. Je n'en «< vois qu'une cause; c'est ce malheureux senti« ment qui a fait tant de mal dans la révolution, « le sentiment de la peur, la peur d'une faction qui n'est rien, dès l'instant qu'on la regarde en « face. On a ressuscité cette faction en lui ten«‹ dant une main favorable, et en lui disant : Lève<«< toi et marche Elle en a été surprise elle-même; « elle a regardé autour d'elle dans son étonne

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<< ment, et quand elle a vu qu'elle ne se trom<< pait pas, elle a montré quelles ressources elle << savait trouver dans la faiblesse. C'est donc uni<< quement par la peur qu'elle a inspirée, qu'on « n'a jamais rétabli cette noble proposition de M. le maréchal Macdonald. »

On voit par ces paroles, que ce n'est pas d'aujourd'hui seulement, et après la catastrophe de 1830, que je soutiens cette opinion, qui est la base de ces Mémoires. Le gouvernement a encouragé, fortifié la faction; il s'est détruit lui-même. Seul, il pouvait se détruire, comme Bonaparte seul, mais par des causes bien différentes, a pu détruire Bonaparte. Beaucoup de membres du côté droit, MM. de Labourdonnaye, Donnadieu, Castelbajac, Duhamel, Hyde de Neuville, Dudon et autres ont parlé comme moi, ont averti les ministres. M. Royer-Collard lui-même leur a dit ces mots souvent répétés : La démocratie coule à plein bord. Tout a été inutile; ils ont persisté dans leur système; ils ont administré plus ou moins bien; mais ils n'ont pas gouverné.

Je ne pourrais vous donner sur le temps dont je parle des idées aussi justes que celles que je trouve dans l'Histoire de la session de 1820, par M. Fiévée:

Depuis six ans le ministère s'est toujours

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placé dans l'étrange nécessité d'user ses forces « à détourner les conséquences de la dernière « mesure qu'il a prise. Après son ordonnance << du 5 septembre (dissolution de la Chambre << de 1815), toute son activité était employée à empêcher les libéraux d'arriver au pouvoir, et « à les maintenir dans son alliance. Pour y par<< venir, il leur sacrifiait les royalistes; destitutions, calomnies, emprisonnements, rien n'était épargné aux amis de la monarchie, parmi lesquels on confondait de droit quiconque fai<< sait preuve d'humanité, de raison et de pré« voyance. Pourquoi les libéraux ne se conten<< taient-ils pas des injustices prodiguées pour « leur plaire? Les choses iraient encore comme «< elles allaient alors. La monarchie aurait péri, « sans qu'il fût permis de déclarer qu'elle était en « danger..... Ils s'étaient emparés des colléges « électoraux; ils allaient avoir la majorité. Par la « majorité, ils auraient renversé les ministres,

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qui voulaient bien leur faire touts les sacri«fices possibles, excepté celui de leurs places. « Pour se sauver, le ministère proclama les dan<«<gers de la monarchie, et se tourna brusque«ment vers les royalistes. Aujourd'hui, comme

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après l'ordonnance du 5 septembre, la tactique << ministérielle consiste à caresser les passions du

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