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l'appelaient, dit-on, taouia: son aubier blanchâtre donne une infusion contre les ophthalmies, et qui, prise à l'intérieur, passe pour utile dans le choléra-morbus. Mais c'est surtout l'extrait résineux de ce bois qu'on a vanté à la dose d'un gros à demionce (4 à 16 grammes), délayé dans du jaune d'œuf, comme efficace contre la néphrite calculeuse.

Or, d'après les descriptions faites par divers botanistes, depuis Patrice Browne (1) et Jacquin jusqu'aux plus modernes (2), ce végétal est de la famille naturelle des rubiacées; il appartient au genre crithalis, sous le nom spécifique fruticosa, L. Ses fleurs blanches sont d'odeur agréable; elles donnent une baie purpurine. On en cite une variété inodore à bajes en panicules blanches. La plupart des îles Antilles possèdent cet arbuste à feuilles ponctuées.

Célébré par quelques praticiens créoles, ce bois nous semble aujourd'hui réservé plutôt pour de jolis meubles que pour l'usage médical, quoiqu'il puisse être expérimenté sans inconvénient.

Note sur deux espèces de cire végétale du Brésil.

Par M. SIGAUD.

La première espèce de cire, désignée sous le nom de Carnauba, est produite par un palmier qui croît en abondance dans les provinces du nord du Brésil, notamment dans la province du Ceara. Elle est fournie par les feuilles de l'arbre, à la surface desquelles elle forme une mince couche. Les feuilles coupées, on les fait sécher à l'ombre, et bientôt il s'en détache des écailles d'un jaune pâle qui fondent au feu et donnent une masse d'une véritable cire, dont le seul défaut est d'être uu peu cassante.

Les premiers échantillons de cette cire furent envoyés par le gouverneur de Rio-Grande du nord au comte de Galveas, lequel les envoya à son tour à lord Grenville, à Londres. M. Brande,

(1) On Jamaica, pl. XVII, fig. 3, p. 165. Jacquin, Americ. plant., p. 72, pl. 173, fig. 23.

(2) De Candolle, Prodrom., t. IV, p. 465. Les baies contiennent cinq ou six pyrènes.

Voisin des nonatelia, des caféiers, comme les rubiacées baccifères.

de la Société royale, en publia une analyse dans les Transactions philosophiques en 1811. M. Brande avait cherché un moyen de blanchir la cire de carnauba, mais il n'avait pas complétement réussi ; il fut plus heureux dans quelques essais qu'il fit pour en fabriquer des bougies. Ces essais ont été renouvelés récemment à Rio-Janeiro, et le résultat en a été très-satisfaisant; aussi aujourd'hui cette substance est-elle devenue un objet de commerce. Elle se vend bien sur le marché de Rio-Janeiro, quand elle y paraît, et des navires vont la chercher jusque dans le Ceara, pour la transporter en Angleterre.

La deuxième espèce de cire, connue dans le pays sous le nom de cire Ocuba, provient d'un arbuste très-répandu dans la province du Para, et qui paraît se rencontrer également dans la Guyane française. Cet arbre, assez touffu, atteint à peine 30 palmes de hauteur; il croît dans des terrains marécageux; aussi il abonde sur les bords de la rivière des Amazones et de ses innombrables affluents. Il donne un fruit de la forme et de la grosseur d'une balle de fusil ayant un noyau recouvert d'une pellicule épaisse cramoisie, qui teint l'eau en rouge en. donnant une excellente couleur pourprée. Après un premier lavage, le noyau conserve sa couleur noire; on le pile et on le réduit en pulpe; on la fait bouillir un certain temps, et, moyennant cette ébullition, on obtient une cire qui surnage à la surface du vase. Cette cire brute ressemble beaucoup à celle des abeilles; elle a aussi beaucoup d'analogie avec la cire ibucuiba, sur laquelle M. de Humboldt a publié un travail à son retour d'Amérique, et dont j'ai conservé un échantillon, comme objet de comparaison. Soumise à l'épuration, la cire ocuba acquiert une vive blancheur, et, employée en bougies, elle donne une lumière semblable à celle du gaz. C'est à Bélem, capitale du Para, que l'industrie a dès longtemps fait usage de cette cire: les bougies qu'on y fabrique à bas prix sont d'une blancheur éclatante. On tire de 16 kilogrammes de semences, 3 kilogrammes de cire. Il y a un si grand nombre de ces arbres au Para, le long de la rivière des Amazones, que dans les mois de janvier, février et mars, on est entièrement occupé à la récolte des semences ou fruits, comme on l'est en Europe aux époques de septembre et octobre pour les vignobles.

Sciences Médicales.

- De la température chez les enfants à l'état physiologique et pathologique, par M. le docteur ROGER. L'étude des modifications que les maladies font subir à la température de la peau de l'homme, étude à laquelle ont pris part Hunter, MM. Andral, Bouillaud, Gavarret, etc., n'a, jusqu'à présent, fait jaillir aucun trait de lumière propre à jeter du jour sur la nature différente des affections morbides. Chez l'adulte, au moins, les variations de température ont été trop minimes pour donner des indications précieuses. Il paraît que dans l'enfance, époque où le système nerveux joue un rôle si énergique et si dominant, la caloricité éprouve des modifications tout à fait remarquables, et qui peuvent motiver jusqu'à un certain point la distinction de plusieurs groupes de maladies. Voici du reste à quels principaux résultats est parvenu M. Roger.

Après avoir établi la chaleur normale dans l'enfance, et ses variations physiologiques (lesquelles sont de 36 à 39o), il étudie la température dans les maladies de cet âge. Il trouve comme limite des variations qu'entraîne la maladie dans la température des enfants, 23°,50 et 42°,50, c'est-à-dire 19 degrés d'oscillation, tandis que M. Andral n'a trouvé que 7o de variation chez l'adulte.

Sous le rapport de la température, on peut partager les maladies de l'enfance en trois groupes comprenant : 1o celles où la température est augmentée; 2° celles où elle est normale; 3° celles où elle est diminuée.

Dans le premier groupe, qui renferme les fièvres, l'élévation de température est un phénomène constant. Mais chose remarquable, ce n'est pas dans les inflammations des organes, mais bien dans la fièvre typhoïde, que ce phénomène est le plus marqué.

Un des caractères de cette maladie, est de produire une trèsgrande quantité de calorique, même alors qu'elle est sans gra

vité.

-Dans le second groupe, celui des maladies dans lesquelles la

température reste normale, on trouve l'hydropisie, les tuberla coqueluche, le rachitisme, etc.

-Dans le troisième groupe, l'auteur distingue : 1° les maladies où l'abaissement de la température est partiel; 2° celles où il y a diminution de la température générale.

Parmi ces dernières figure en première ligne l'œdème des nouveau-nés.

M. Roger arrive ensuite à exposer les conclusions pratiques qui découlent de ses recherches, et dans le détail desquelles nous ne pouvons pas entrer. Contentons-nous, pour citer un exemple frappant de l'importance des résultats auxquels il est parvenu, de citer le fait suivant :

Si chez un enfant, dont la respiration et le pouls sont notablement accélérés, le thermomètre marque 41° ou même 40°, on peut, sans crainte de se tromper, avancer qu'il y a pneumonie; or cette appréciation rigoureuse de la chaleur au moyen de l'instrument importe beaucoup à la distinction de la pneumonie, ou inflammation du parenchyme pulmonaire, avec la bronchite capillaire, ou inflammation des rameaux aériens. En effet, le traitement de ces deux maladies diffère à beaucoup d'égards.

Quoique les expériences sur lesquelles s'appuie M. Roger n'aient pas toute la précision désirable, que par exemple il ne tienne aucun compte de la température du milieu dans lequel il a observé, ni de plusieurs autres circonstances importantes, cependant, nous pensons avec lui que l'usage du thermomètre doit être introduit dans la clinique, non-seulement comme instrument de précision qui confirme ou rectifie les appréciations vagues du toucher ou les sensations du malade, mais encore comme un auxiliaire très-utile pour le diagnostic des maladies. (Séance de l'Institut du 26 décembre.)

Analyse du sang dans un cas de colique saturnine, par M. le professeur Cozzi. M. A. Cozzi, chargé d'analyser une certaine quantité de sang tiré de la veine d'un sujet atteint de colique saturnine, a recherché si ce liquide renfermait des sels ou des oxydes de plomb, et si ces substances se trouvaient combinées avec tous les principes immédiats du sang, ou seulement avec quelques-uns d'entre eux.

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Il y a constaté la présence d'un sel ou d'un oxyde de ce métal, et il a reconnu de plus, qu'au lieu d'être uni à l'hématosine, au périglobule, à la fibrine, il était entré en combinaison avec l'albumine..

Cette analyse qui vient à l'appui des théories déjà exposées par Schnebler, Berzélius, Lassaigne et Taddei, est la première qui nous ait fait connaître avec lequel des matériaux immédiats du sang le plomb entrait en combinaison. (Gazette des hôpit.)

Empoisonnement par l'aconit Napel, par M. le docteur F. DEVAY. — Observation Le 26 octobre 1843, huit heures du soir, un garçon de pharmacie, âgé de trente-cinq ans, avale par mégarde, après sa soupe, 40 grammes d'alcoolature d'Aconit. Il éprouve immédiatement une sensation de chaleur et de constriction à la gorge, et s'aperçoit de son erreur. Il prend aussitot 5 centigrammes d'émétique, délayés dans beaucoup d'eau. Pas de vomissements; sensation brûlante le long de l'œsophage. A dix heures, nausées sans coliques, vacillation des membres, qui se meuvent sans cesse (émétique, 15 centigrammes, eau, 125 grammes, I gramme d'ipécacuanha). Le malade avale le breuvage avec avidité. Au bout de huit minutes, vomissements répétés. A onze heures du soir, mouvements convulsifs : les membres sont fortement fléchis, et il est impossible de les étendre; sueurs visqueuses et froides; le globe de l'œil est porté en haut; les artères ne battent plus. Cet état de spasme dure trois minutes environ, puis la détente générale lui succède; perte de la vue, vomissements abondants.

A minuit et demi, même état (mixture avec 15 centigr. d'émétique, et 12 grammes de sulfate de soude; eau, 150 grammes); vomissements abondants, non soulageants (lavement avec 16 grammes de sulfate de soude, et le vin émétique trouble; eau vinaigrée en boissons).

A une heure, la vue est recouvrée, mais les crises sont effrayantes; la température de la peau baisse à chaque instant. Frissons, puis froid glacial; facies hippocratique, tête rejetée en arrière, respiration stertoreuse; insensibilité des poignets; intelligence complète. (Sinapismes sur tout le corps; eau iodée à l'intérieur.)

Jusqu'à trois heures du matin, affaissement effrayant; le pouls se relève alors. Vomissements; sensation de mieux être et de chaleur. (Stimulants diffusibles et révulsifs appliqués sur les membres.)

A quatre heures du matin, sueurs abondantes; guérison assurée. Un lavement purgatif fait rendre des matières noirâtres; urines foncées, peu abondantes; le malade guérit en conservant un air étonné pendant quelques jours.

Ce fait est remarquable, comme le dit l'auteur lui-même, par la gravité des accidents. La dose de poison ingérée était très

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